Une candidate pas comme les autres...
J'habite dans la circonscription de Mercier, et je dois dire que j'ai vraiment de la chance. Car voyez-vous, je ne suis ni indépendantiste ni nationaliste, et je suis aussi un progressiste qui déplore le fait que les partis politiques qui représentent les forces fédéralistes au Québec, et cela aux deux niveaux de gouvernements, ne sont pas connus pour embrasser naturellement les enjeux sociaux et humains, qui sont pourtant la principale raison d'être de l'action politique. En ce sens, il m'arrive trop souvent d'être mis face à des candidats qui ne suscitent pas beaucoup d'enthousiasme en moi, même si le choix pour un Québécois fédéraliste est surtout limité au parti libéral. En fait, il m'est même arrivé de ne pas voter libéral, incapable que j'étais de mettre mon "X" à côté du nom d'un candidat trop médiocre...
Pourtant, comme le disait le regretté sénateur du Minnesota Paul Wellstone, qui est une de mes plus grandes inspirations en politique (et qui à bien des égards ressemble beaucoup à Nathalie, mais j'ignore si elle le sait), la politique n'a qu'un but: rendre meilleure la vie des gens. C'est simple, c'est clair, et pas besoin d'un doctorat pour comprendre ça.
Si j'ai vraiment de la chance, comme je vous disais, c'est que la candidate libérale dans mon comté de Mercier est Nathalie Rochefort. Nathalie est non seulement une candidate pas comme les autres, mais aussi une libérale pas comme les autres. Si vous la rencontrez, vous vous en rendrez vite compte. D'abord, son style, bien naturel, est aux antipodes du politicien "têteux" qui ne semble s'intéresser à vous que pour quêter votre vote. Ce qui frappe chez elle, c'est qu'elle vous aborde d'emblée comme si vous étiez de sa "gang". Et sa " gang" à elle, ce ne sont pas les apparatchiks d'un quelconque appareil partisan, mais ceux qui s'activent pour la justice sociale, qui refusent que des gens soient exclus dans notre société, et qui, comme elle le dit à chaque fois qu'elle en a occasion, sont «complètement outrés par le fait que l'humanité, capable de si grandes choses, accepte encore la pauvreté, la faim, l'absence d'éducation, la maladie, l'exploitation, le racisme et la discrimination». Voilà un discours qu'on n'entend pas assez souvent en politique.
Nathalie dit ces choses, mais elle ne fait pas qu'en parler. Le fait qu'elle est candidate n'est qu'une suite logique de son implication sur le terrain en faveur de la justice sociale et de la dignité humaine: «Je choisis la politique pour contribuer aux changements dans ma communauté». En cela, elle est une femme de parole et d'action, pour qui les paroles doivent être suivies de gestes concrets. Ayant toujours été solidaire de ces grands exclus s'il en est que sont les jeunes de la rue, Nathalie vient du milieu des organisations populaires et communautaires, où elle milite pour faire valoir les droits des jeunes, des gais et lesbiennes et des démunis, tout en encourageant toutes les personnes qui peuvent aider notre société à évoluer dans un sens plus juste, où chacun a sa place pleine et entière, peu importe ses différences ou sa condition sociale et culturelle.
À mes yeux, Nathalie est une vraie anti-conformiste. Cependant, je ne l'ai jamais entendue se qualifier elle-même de la sorte. Son non-conformisme, elle le vit, tout simplement.
En avril 2001, elle avait causé toute une surprise en se faisant élire députée de Mercier lors d'une élection partielle. Députée durant deux ans, cette fonction ne l'a pas changée, bien au contraire, car Nathalie n'a durant ce temps jamais renoncé à se considérer comme une personne du milieu, se foutant pas mal des honneurs et du prestige dont bien trop de politiciens sont avides. D'ailleurs, lors de son assermentation comme députée, elle avait réuni en plein Salon Rouge de l'Assemblée nationale un grand nombre de jeunes de la rue et d'exclus de toutes sortes, pour bien signifier que sa priorité à elle, ce sont ces gens-là, et non les bonzes de la politique et des médias, qu'elle a d'ailleurs toujours refusé de courtiser.
Et aussi, Nathalie ne craint pas de déranger même les apparatchiks de son parti, qui ont bien besoin de se faire brasser la cage, et cela plus souvent qu'autrement, sur les enjeux sociaux et humains. Pour elle, être libéral, c'est aussi travailler pour que chacun et chacune dans la société puisse devenir ce qu'il est, se réaliser, s'épanouir, jouir des libertés et des droits qui lui sont dûs en tant que citoyen et citoyenne. En ce sens, le libéralisme politique de Nathalie se conjugue intimement avec la justice sociale.
Alors qu'on est dans une époque où les politiciens suscitent généralement la méfiance, sinon le mépris, il me paraît évident qu'on a besoin d'une Nathalie Rochefort à l'Assemblée nationale, afin que les sans-voix puissent trouver en elle une porte-parole libre, engagée et déterminée. Donc, dans le comté de Mercier, ceux qui croient que, par-delà les idéologies de toutes sortes, la politique est avant tout une affaire de construction d'une société meilleure et sans exclusion, ont en Nathalie Rochefort une option capable de satisfaire leurs vues.
C'est pourquoi j'appuie avec enthousiasme Nathalie Rochefort, et c'est avec beaucoup de fierté et de confiance que, le 26 mars, je mettrai mon "X" à côté de son nom.
mardi, février 27, 2007
lundi, février 26, 2007
MM. Lester et Philpot me répondent
Messieurs Normand Lester et Robin Philpot, militants indépendantistes et co-auteurs du livre Les secrets d'Option Canada, ont eu l'amabilité de répondre à l'article que j'ai publié vendredi dernier dans La Presse. Vous pourrez trouver l'intégrale de leur réponse sur cette page de la tribune libre du site indépendantiste Vigile.
Bien entendu, le propos de MM. Lester et Philpot démontre qu'ils restent fermement campés sur leurs positions, mais je dois cependant dire que le ton courtois et civilisé de leur réponse est tout à leur honneur, ce qui nous change pas mal des niaiseries délirantes qu'on trouve sur certains forums indépendantistes, ainsi que des radotages hystériques que n'ont pas manqué de dédier à mon article, et pour mon plus grand amusement, l'habituelle clique de zélés - bien sûr toujours sous le couvert bien confortable de pseudonymes - qui occupent le forum du site du journal intégriste Le Québécois, dont Bernard Landry, Jacques Parizeau et l'Imam Pierre Falardeau constituent à eux trois l'édifiante Sainte Trinité des supporteurs les plus célèbres.
Je prends donc la liberté de retourner leur politesse à MM. Lester et Philpot en leur répondant à mon tour.
D'abord, MM. Lester et Philpot m'invitent à "poursuivre mes recherches", en évoquant, sur la questions des bulletins de vote massivement rejetés dans les circonscriptions fédéralistes, le rapport du Directeur général des élections (DGE) de l'époque, Pierre F. Côté, et publié le 13 mai 1996. Je peux confirmer à ces messieurs que cela fait belle lurette que j'ai ce rapport en main, et je dois dire qu'il n'a rien de convaincant. L'enquête semble avoir été carrément bâclée et faite à la va-vite, avec notamment très peu de témoins rencontrés sur la masse énorme de ceux qui étaient disponibles et que, pour ma propre enquête, j'ai interviewés en grand nombre.
Aussi, M. Côté a bloqué toute tentative de recomptage des boîtes de scrutin qui étaient litigieuses, sous prétexte de la Loi sur les référendums, qui, contrairement aux élections législatives, interdit un recomptage dans une seule ou dans un certain nombre de circonscriptions. Bizzare de procédure que celle-là : le seul recomptage possible dans le cadre d'un référendum, d'après cette loi imposée par nul autre que le Parti québécois, devrait concerner la totalité des votes exprimés sur l'ensemble du territoire du Québec.
Évidemment, il y a là de quoi décourager quiconque voudrait remettre en question les résultats d'un référendum dans un ou quelques comtés, avec les frais juridiques et administratifs démesurés que cela occasionnerait pour les demandeurs, en plus de l'absurdité d'avoir à ouvrir toutes les boîtes de scrutin de tout le Québec, alors que les circonscriptions en cause sont aisément identifiables et cernables. La loi est peut-être la loi, mais cela ne signifie pas pour autant qu'elle soit juste dans les conditions actuelles, qui imposent des obstacles énormes à tout recomptage, donc à la transparence pleine et entière des résultats réels.
Aussi, je m'étonne franchement que MM. Lester et Philpot ne trouvent rien à redire, au moins sur le plan éthique, au sujet des taux anormalement élevés de bulletins rejetés dans des circonscriptions qui, comme par hasard, sont identifiées comme fédéralistes. Nos deux auteurs admettent tout de même, en citant le DGE, qu'il y a eu une "problématique importante", mais cette expression relève davantage d'un complaisant euphémisme qui semble fait pour éviter de nommer la chose par son vrai nom: un viol de démocratie. Pour défendre leur point de vue, ils emploient ainsi le terme de "problématique importante", pour nous renvoyer aussitôt au fait que, dans son rapport, l'enquête du DGE Côté "n'a pas révélé raison de croire qu'il y ait eu complot national orchestré".
Je peux rassurer MM. Lester et Philpot à l'effet que, par nature, je ne suis pas enclin à embrasser les théories du complot, quelles qu'elles soient. Je préfère m'en tenir à la froide observation des faits. Et les faits relatifs à cette affaire des bulletins rejetés me semblent toujours questionnables, malgré le rapport d'enquête du DGE. Contrairement à une élection législative générale, au référendum de 1995, ce n'était pas le parti du député élu dans chaque circonscription qui désignait les scrutateurs des bureaux de scrutin, mais le parti du gouvernement. Donc, c'était le Parti québécois qui avait choisi ces scrutateurs. Plusieurs parmi eux provenaient d'en dehors de ces circonscriptions, et un nombre substantiel de ces scrutateurs étaient des militants ou permanents syndicaux, les centrales syndicales étant alors étroitement alliées au PQ.
Bien entendu, il est difficile de prouver matériellement que ces scrutateurs auraient reçu une formation spéciale visant à rejeter un grand nombre de votes NON. Mais les résultats, eux, démontrent que quelque chose de gravement anormal s'est déroulé, avec des taux de rejet des votes NON qui sont démesurément disproportionnels par rapport à la moyenne de toutes les circonscriptions non touchées. Et ce phénomène s'est produit uniquement dans les comtés à prédominance fédéraliste.
Donc, peut-être qu'il n'y aurait pas eu "complot" à l'échelle de tout le Québec, mais dans bon nombre de circonscriptions bien ciblées et à prédominance fédéraliste, il s'est tout de même passé des choses nettement anormales et qui s'apparentent sérieusement avec, comme je l'ai évoqué plus haut, un viol de démocratie. On peut donc être justifié de douter que ces milliers de vote NON rejetés aient été le seul fruit du hasard ou d'une fantaisie spontanée des scrutateurs concernés. En ce sens au moins (et il y a bien d'autres dimensions de cette "problématique importante" sur lesquelles je travaille), l'enquête du DGE ne me paraît ni complète et ni crédible.
Sur le Conseil de la souveraineté, MM. Lester et Philpot n'ont pas manqué, dans leur réponse, d'affirmer que le DGE Côté leur a assuré qu'il a enquêté sur les faits questionnables que j'évoquais dans mon article, au sujet notamment des $1, 8 millions de fonds publics octroyés à cet organisme, et cela en pleine campagne référendaire, par le gouvernement du Parti québécois, en prétendant que c'était pour des dépenses engagées avant la campagne référendaire comme telle.
Mais je me demande si MM. Lester et Philpot ont vu le rapport de l'enquête en question: une déclaration d'une page et demie écrite à la main, datant du 3 septembre 1997, et un rapport de deux pages et demie indiquant qu'une seule entrevue a été faite par l'officier enquêteur du DGE (la personne interviewée étant vraisemblablement la directrice générale de l'organisme), et ne mentionnant nullement que les livres comptables de l'organisme aient été scrutés. Tout ce qu'on retrouve dans ce rapport d'enquête, ce sont des banalités sur le conseil d'administration du Conseil de la souveraineté, et quelques vagues évocations de sa mission. Et c'est tout. Si on appelle cela une "enquête", le moins qu'on puisse en dire est qu'il s'agit d'une farce de mauvais goût, d'autant plus si l'on tient compte de l'importance de la somme de fonds publics en cause dans cette affaire...
MM. Lester et Philpot ajoutent: «Pour les autres exemples donnés, il s'agit d'activités publiques lancées à divers moments pour les organismes cités. Rien n'a été caché (...)». Le problème est que l'on peut bien affirmer comme le font nos deux auteurs que "rien n'a été caché", mais ils ne démontrent strictement rien à l'appui de leur thèse. Les questions que je posais concernaient les stratégies syndicales établies dans un document de la FTQ et selon lequel un vaste nombre de permanents syndicaux devaient faire de la campagne référendaire leur "priorité d'action", et cela "jusqu'au jour du vote", en plus de mentionner les "ressources techniques" et autres mises à la disposition du Comité du OUI. J'ai scruté ligne par ligne le rapport officiel des dépenses du camp du OUI, et je n'ai absolument pu rien trouver (et j'ai pourtant cherché en diable!) concernant l'inclusion de la contribution syndicale qui était, comme le souligne le document de la FTQ que je citais, d'une importance telle qu'elle aurait dû figurer dans ce rapport.
Même chose au sujet de la vaste constellation d'organismes de toutes sortes qui militaient pour le OUI. Donc, il s'avère que bien des choses sont restées encore cachées à ce jour... Mais si MM. Lester et Philpot disposent d'informations concrètes permettant d'appuyer leurs dires, je serais ravi qu'ils m'en fassent part, et je fermerai volontiers cette partie du dossier.
Pour ce faire, et s'il le fallait, je peux même assurer M. Lester que, à l'image de l'intrépide redresseur de torts qu'il est, je ne ressentirais aucune gêne à plonger tête première dans les conteneurs à déchets d'un quelconque centre d'achats qu'il aurait la bienveillance de m'indiquer, afin que je puisse y trouver les documents relatifs aux dépenses et manoeuvres du camp du OUI, et qui à ce jour restent encore secrets...
MM. Lester et Philpot affirment que, selon eux, le problème est que le DGE ignorait l'existence d'Option Canada, et cela jusqu'au 22 mars 1997. Je veux bien les croire, car cela correspond aux faits. Voilà donc une chose qu'il faudra éviter à l'avenir de voir se reproduire. Mais, ceci dit, rien n'indique dans les montagnes de documents provenant du DGE et que j'ai étudiés à la loupe, que ce dernier connaissait également l'existence des documents relatifs à la stratégie syndicale que j'évoquais, ni les activités et dépenses des très nombreux organismes indépendantistes qui étaient actifs sur tout le territoire du Québec durant la campagne référendaire.
MM. Lester et Philpot poursuivent en évoquant la planification du comité pour le NON, et en mentionnant certains acteurs et partis politiques qui y jouaient leur rôle. Pourtant, je ne vois rien d'étonnant là-dedans. Il est bien normal que les deux camps constituaient des coalitions qui avaient intérêt à s'organiser et à planifier leurs stratégies. Le OUI a fait exactement la même chose avec sa propre coalition, qui comprenait les organismes que j'ai mentionnés et qui ne figurent nulle part dans le rapport des dépenses référendaires du camp du OUI.
Option Canada, ainsi que le Conseil pour l'unité canadienne d'où il émanait, faisaient partie de la coalition du NON, selon MM. Robin et Philpot. Je leur accorde volontiers que ce fait est plus que probable. Selon eux, «la grande question qui reste encore sans réponse est celle-ci: Qui de la coalition du NON savait quoi et à quel moment?»
Mais si, comme le prétendent MM. Lester et Philpot à la toute fin de leur réponse, l'enjeu consiste réellement à «assurer une plus grande transparence lors de tout futur référendum au Québec», il faut également poser, cette fois concernant les faits et questionnements que j'ai soulevés dans mon article au sujet des manoeuvres et dépenses non déclarées du camp du OUI, cette tout aussi "grande question" qui reste, elle aussi, sans réponse: Qui de la coalition du OUI savait quoi et à quel moment?
Les Québécois, quelle que soit leur option constitutionnelle, méritent que toute la lumière soit faite aussi là-dessus, et ainsi, nous pourrons tirer des leçons bénéfiques qui nous éviteront une situation trouble comme celle que nous avons tous subie en 1995.
Messieurs Normand Lester et Robin Philpot, militants indépendantistes et co-auteurs du livre Les secrets d'Option Canada, ont eu l'amabilité de répondre à l'article que j'ai publié vendredi dernier dans La Presse. Vous pourrez trouver l'intégrale de leur réponse sur cette page de la tribune libre du site indépendantiste Vigile.
Bien entendu, le propos de MM. Lester et Philpot démontre qu'ils restent fermement campés sur leurs positions, mais je dois cependant dire que le ton courtois et civilisé de leur réponse est tout à leur honneur, ce qui nous change pas mal des niaiseries délirantes qu'on trouve sur certains forums indépendantistes, ainsi que des radotages hystériques que n'ont pas manqué de dédier à mon article, et pour mon plus grand amusement, l'habituelle clique de zélés - bien sûr toujours sous le couvert bien confortable de pseudonymes - qui occupent le forum du site du journal intégriste Le Québécois, dont Bernard Landry, Jacques Parizeau et l'Imam Pierre Falardeau constituent à eux trois l'édifiante Sainte Trinité des supporteurs les plus célèbres.
Je prends donc la liberté de retourner leur politesse à MM. Lester et Philpot en leur répondant à mon tour.
D'abord, MM. Lester et Philpot m'invitent à "poursuivre mes recherches", en évoquant, sur la questions des bulletins de vote massivement rejetés dans les circonscriptions fédéralistes, le rapport du Directeur général des élections (DGE) de l'époque, Pierre F. Côté, et publié le 13 mai 1996. Je peux confirmer à ces messieurs que cela fait belle lurette que j'ai ce rapport en main, et je dois dire qu'il n'a rien de convaincant. L'enquête semble avoir été carrément bâclée et faite à la va-vite, avec notamment très peu de témoins rencontrés sur la masse énorme de ceux qui étaient disponibles et que, pour ma propre enquête, j'ai interviewés en grand nombre.
Aussi, M. Côté a bloqué toute tentative de recomptage des boîtes de scrutin qui étaient litigieuses, sous prétexte de la Loi sur les référendums, qui, contrairement aux élections législatives, interdit un recomptage dans une seule ou dans un certain nombre de circonscriptions. Bizzare de procédure que celle-là : le seul recomptage possible dans le cadre d'un référendum, d'après cette loi imposée par nul autre que le Parti québécois, devrait concerner la totalité des votes exprimés sur l'ensemble du territoire du Québec.
Évidemment, il y a là de quoi décourager quiconque voudrait remettre en question les résultats d'un référendum dans un ou quelques comtés, avec les frais juridiques et administratifs démesurés que cela occasionnerait pour les demandeurs, en plus de l'absurdité d'avoir à ouvrir toutes les boîtes de scrutin de tout le Québec, alors que les circonscriptions en cause sont aisément identifiables et cernables. La loi est peut-être la loi, mais cela ne signifie pas pour autant qu'elle soit juste dans les conditions actuelles, qui imposent des obstacles énormes à tout recomptage, donc à la transparence pleine et entière des résultats réels.
Aussi, je m'étonne franchement que MM. Lester et Philpot ne trouvent rien à redire, au moins sur le plan éthique, au sujet des taux anormalement élevés de bulletins rejetés dans des circonscriptions qui, comme par hasard, sont identifiées comme fédéralistes. Nos deux auteurs admettent tout de même, en citant le DGE, qu'il y a eu une "problématique importante", mais cette expression relève davantage d'un complaisant euphémisme qui semble fait pour éviter de nommer la chose par son vrai nom: un viol de démocratie. Pour défendre leur point de vue, ils emploient ainsi le terme de "problématique importante", pour nous renvoyer aussitôt au fait que, dans son rapport, l'enquête du DGE Côté "n'a pas révélé raison de croire qu'il y ait eu complot national orchestré".
Je peux rassurer MM. Lester et Philpot à l'effet que, par nature, je ne suis pas enclin à embrasser les théories du complot, quelles qu'elles soient. Je préfère m'en tenir à la froide observation des faits. Et les faits relatifs à cette affaire des bulletins rejetés me semblent toujours questionnables, malgré le rapport d'enquête du DGE. Contrairement à une élection législative générale, au référendum de 1995, ce n'était pas le parti du député élu dans chaque circonscription qui désignait les scrutateurs des bureaux de scrutin, mais le parti du gouvernement. Donc, c'était le Parti québécois qui avait choisi ces scrutateurs. Plusieurs parmi eux provenaient d'en dehors de ces circonscriptions, et un nombre substantiel de ces scrutateurs étaient des militants ou permanents syndicaux, les centrales syndicales étant alors étroitement alliées au PQ.
Bien entendu, il est difficile de prouver matériellement que ces scrutateurs auraient reçu une formation spéciale visant à rejeter un grand nombre de votes NON. Mais les résultats, eux, démontrent que quelque chose de gravement anormal s'est déroulé, avec des taux de rejet des votes NON qui sont démesurément disproportionnels par rapport à la moyenne de toutes les circonscriptions non touchées. Et ce phénomène s'est produit uniquement dans les comtés à prédominance fédéraliste.
Donc, peut-être qu'il n'y aurait pas eu "complot" à l'échelle de tout le Québec, mais dans bon nombre de circonscriptions bien ciblées et à prédominance fédéraliste, il s'est tout de même passé des choses nettement anormales et qui s'apparentent sérieusement avec, comme je l'ai évoqué plus haut, un viol de démocratie. On peut donc être justifié de douter que ces milliers de vote NON rejetés aient été le seul fruit du hasard ou d'une fantaisie spontanée des scrutateurs concernés. En ce sens au moins (et il y a bien d'autres dimensions de cette "problématique importante" sur lesquelles je travaille), l'enquête du DGE ne me paraît ni complète et ni crédible.
Sur le Conseil de la souveraineté, MM. Lester et Philpot n'ont pas manqué, dans leur réponse, d'affirmer que le DGE Côté leur a assuré qu'il a enquêté sur les faits questionnables que j'évoquais dans mon article, au sujet notamment des $1, 8 millions de fonds publics octroyés à cet organisme, et cela en pleine campagne référendaire, par le gouvernement du Parti québécois, en prétendant que c'était pour des dépenses engagées avant la campagne référendaire comme telle.
Mais je me demande si MM. Lester et Philpot ont vu le rapport de l'enquête en question: une déclaration d'une page et demie écrite à la main, datant du 3 septembre 1997, et un rapport de deux pages et demie indiquant qu'une seule entrevue a été faite par l'officier enquêteur du DGE (la personne interviewée étant vraisemblablement la directrice générale de l'organisme), et ne mentionnant nullement que les livres comptables de l'organisme aient été scrutés. Tout ce qu'on retrouve dans ce rapport d'enquête, ce sont des banalités sur le conseil d'administration du Conseil de la souveraineté, et quelques vagues évocations de sa mission. Et c'est tout. Si on appelle cela une "enquête", le moins qu'on puisse en dire est qu'il s'agit d'une farce de mauvais goût, d'autant plus si l'on tient compte de l'importance de la somme de fonds publics en cause dans cette affaire...
MM. Lester et Philpot ajoutent: «Pour les autres exemples donnés, il s'agit d'activités publiques lancées à divers moments pour les organismes cités. Rien n'a été caché (...)». Le problème est que l'on peut bien affirmer comme le font nos deux auteurs que "rien n'a été caché", mais ils ne démontrent strictement rien à l'appui de leur thèse. Les questions que je posais concernaient les stratégies syndicales établies dans un document de la FTQ et selon lequel un vaste nombre de permanents syndicaux devaient faire de la campagne référendaire leur "priorité d'action", et cela "jusqu'au jour du vote", en plus de mentionner les "ressources techniques" et autres mises à la disposition du Comité du OUI. J'ai scruté ligne par ligne le rapport officiel des dépenses du camp du OUI, et je n'ai absolument pu rien trouver (et j'ai pourtant cherché en diable!) concernant l'inclusion de la contribution syndicale qui était, comme le souligne le document de la FTQ que je citais, d'une importance telle qu'elle aurait dû figurer dans ce rapport.
Même chose au sujet de la vaste constellation d'organismes de toutes sortes qui militaient pour le OUI. Donc, il s'avère que bien des choses sont restées encore cachées à ce jour... Mais si MM. Lester et Philpot disposent d'informations concrètes permettant d'appuyer leurs dires, je serais ravi qu'ils m'en fassent part, et je fermerai volontiers cette partie du dossier.
Pour ce faire, et s'il le fallait, je peux même assurer M. Lester que, à l'image de l'intrépide redresseur de torts qu'il est, je ne ressentirais aucune gêne à plonger tête première dans les conteneurs à déchets d'un quelconque centre d'achats qu'il aurait la bienveillance de m'indiquer, afin que je puisse y trouver les documents relatifs aux dépenses et manoeuvres du camp du OUI, et qui à ce jour restent encore secrets...
MM. Lester et Philpot affirment que, selon eux, le problème est que le DGE ignorait l'existence d'Option Canada, et cela jusqu'au 22 mars 1997. Je veux bien les croire, car cela correspond aux faits. Voilà donc une chose qu'il faudra éviter à l'avenir de voir se reproduire. Mais, ceci dit, rien n'indique dans les montagnes de documents provenant du DGE et que j'ai étudiés à la loupe, que ce dernier connaissait également l'existence des documents relatifs à la stratégie syndicale que j'évoquais, ni les activités et dépenses des très nombreux organismes indépendantistes qui étaient actifs sur tout le territoire du Québec durant la campagne référendaire.
MM. Lester et Philpot poursuivent en évoquant la planification du comité pour le NON, et en mentionnant certains acteurs et partis politiques qui y jouaient leur rôle. Pourtant, je ne vois rien d'étonnant là-dedans. Il est bien normal que les deux camps constituaient des coalitions qui avaient intérêt à s'organiser et à planifier leurs stratégies. Le OUI a fait exactement la même chose avec sa propre coalition, qui comprenait les organismes que j'ai mentionnés et qui ne figurent nulle part dans le rapport des dépenses référendaires du camp du OUI.
Option Canada, ainsi que le Conseil pour l'unité canadienne d'où il émanait, faisaient partie de la coalition du NON, selon MM. Robin et Philpot. Je leur accorde volontiers que ce fait est plus que probable. Selon eux, «la grande question qui reste encore sans réponse est celle-ci: Qui de la coalition du NON savait quoi et à quel moment?»
Mais si, comme le prétendent MM. Lester et Philpot à la toute fin de leur réponse, l'enjeu consiste réellement à «assurer une plus grande transparence lors de tout futur référendum au Québec», il faut également poser, cette fois concernant les faits et questionnements que j'ai soulevés dans mon article au sujet des manoeuvres et dépenses non déclarées du camp du OUI, cette tout aussi "grande question" qui reste, elle aussi, sans réponse: Qui de la coalition du OUI savait quoi et à quel moment?
Les Québécois, quelle que soit leur option constitutionnelle, méritent que toute la lumière soit faite aussi là-dessus, et ainsi, nous pourrons tirer des leçons bénéfiques qui nous éviteront une situation trouble comme celle que nous avons tous subie en 1995.
dimanche, février 25, 2007
Langue de bois interdite
(+ une lettre inédite de Pierre K. Malouf à l'Imam Pierre Falardeau)
Plusieurs courriels reçus au cours des dernières semaines m'encouragent à parler de temps à autres de livres qui ne sont pas toujours parus au cours de la période récente, mais qui passèrent quasi inaperçus parce qu'ils n'entraient pas dans les cadres restrictifs de la pensée unique à la québécoise.
Le petit livre que je vous présente aujourd'hui, Lettre ouverte aux chiens édentés qui agitent la queue et à leurs chiots qui mordillent, est une sorte de coup de poing, un pavé lancé dans la marre des bien-pensants de toutes sortes, un gros NON aux idées reçues et aux prêts-à-penser. Les adeptes de la langue de bois liront ce livre à leurs risques et périls, car ils risquent d'en être traumatisés.
L'auteur, Pierre K. Malouf, est un ancien enseignant au primaire, et l'auteur de plusieurs pièces de théâtre et de quelques romans, dont Les enfants de Schubert (éditions Varia), qui fut très remarqué au moment de sa parution en 1999. Il a été aussi très actif au sein du Centre d'essai des auteurs dramatiques, et cela durant plusieurs années.
Malouf a entamé la rédaction de sa lettre ouverte quelques jours à peine après les attaques terroristes du 11 septembre 2001, en réaction à certains discours stupéfiants de bêtise et tenus par les bien-pensants d'une prétendue gauche anti-mondialiste qui soit banalisaient l'horreur perpétrée ce jour-là, ou encore allaient jusqu'à la justifier, au nom d'un anti-américanisme primaire. Comme si c'était être "progressiste" que de trouver du bon à cet acte commis par des intégristes et fanatiques religieux, et de condamner seulement le dieu de Bush et non celui des talibans et autres extrémistes délirants. Toujours la logique du deux poids, deux mesure, en quelque sorte. Pour ma part, les deux "dieux" en question sont chacun à rejeter et à combattre, quoique, bien que Bush incarne tout ce qui me répugne le plus en politique, je suis d'accord avec Malouf à l'effet que «dans la bouche de Bush, Dieu est un hochet de circonstance, tandis que dans la bouche de Ben Laden, Dieu est un bâton de dynamite». Un certain sens de la nuance s'impose donc.
C'est qu'en fait, nos bien-pensants et nos belles âmes de la «gauche» antimondialisate semblent avoir perdu tout sens de la réalité et de la mesure, en trouvant bien peu à critiquer dans le fait de prendre des avions remplis de civils et de les projeter dans des gratte-ciels eux aussi remplis de civils. Ces gens se disent pourtant "progressistes", comme si un tel acte allait faire avancer la cause de la justice sociale et de la dignité humaine. D'ailleurs, notre fier imbécile national et Guide Spirituel de l'aile réactionnaire du mouvement nationaliste québécois, l'Imam Pierre Falardeau, était l'un de ces bien-pensants, comme l'a révélé en décembre dernier le journaliste Patrick Lagacé sur son blogue. Mais bon, on ne doit pas s'attendre à autre chose d'un type qui s'est fait une marque de commerce - assez rentable doit-on remarquer - en se vautrant allègrement dans le crétinisme fanatisé, donc on ne doit pas être surpris du fait que cet intégriste idéologique s'identifie davantage à un autre intégriste, celui-là religieux, Mohammed Attah (le leader des commandos-suicide du 11 septembre), plutôt qu'aux secrétaires et concierges qui sont morts eux aussi dans l'effondrement du World Trade Center.
Mais revenons au livre de Pierre K. Malouf, qui est pas mal plus intéressant que les éructations verbales grotesques et haineuses de ce saltimbanque auto-patenté et hochet consentant des médias assoiffés de cotes d'écoute qu'est l'Imam Falardeau...
Au fond, ce que Malouf a tenté, avec succès à mon avis, de faire en écrivant ce pamphlet percutant, c'est de brasser la cage et de dénoncer l'hypocrisie de ceux qui, sous couvert de lutte «anti-impérialiste», sont prêts à justifier n'importe quoi, même l'intégrisme religieux, au nom de cette même lutte. En ce sens, Malouf aura même fait figure de précurseur, en lançant un appel à la raison et au bon sens, renouvelé d'ailleurs l'an dernier par l'écrivaine de gauche et féministe française Caroline Fourest, dans son excellent et très lucide livre La tentation obscurantiste. Car c'est bel et bien d'obscurantisme qu'il s'agit, lorsqu'on se montre complaisant pour toute forme d'extrémisme et de haine, quelles que soient leurs motivations.
Et c'est encore plus vicieux lorsque cet obscurantisme se travestit en discours "progressiste" prétendant, au nom d'un collectivisme effréné et souvent délirant, vouloir "libérer" n'importe quoi, sauf les individus qui, pourtant, sont les seuls dans lesquels peut s'incarner réellement la liberté. Malouf, qui est tout sauf un de ces «chiens édentés» qu'il pourfend de sa plume acérée et sous l'appellation de laquelle il désigne les gueulards qui ne savent que gueuler en se parant des atours de ceux qui veulent "libérer" tout le monde mais toujours en leur nom et surtout à leur place, déchire à pleines dents leur fatuité et l'inconscience crasse de leurs discours faits de slogans répétitifs qui relèvent davantage de l'ânerie réactionnaire que d'un vrai sens de la justice et de la liberté.
Malouf nous renvoie aussi à certains éléments de notre propre histoire, en évoquant notamment la Crise d'octobre à partir de laquelle, là encore, les «chiens édentés» ont jappé pas mal fort (et d'ailleurs ils jappent toujours), incapables qu'ils sont d'admettre que la vraie victime de cette crise, celle dont ils parlent pourtant le moins en bons hypocrites qu'ils sont, avait pour nom Pierre Laporte, froidement étranglé par quelques "libérateurs" autoproclamés de la Nation, ces "libérateurs" n'étant pourtant que des adeptes d'une raison idéologique poussée à outrance et aux accents bien totalitaires.
En somme, ce petit livre de Malouf nous appelle à la lucidité. Au lieu de «chiens édentés», notre démocratie et nos libertés fondamentales ont besoin de vrais défenseurs et d'esprits libres, en un mot, de chiens de garde vigilants qui ne craignent pas d'aller à contre-courant s'il le faut. Malouf nous incite à penser par nous-mêmes, et à démasquer les tendances souvent totalitaires masqués derrière les beaux discours soi-disant "progressistes" des adeptes d'une langue de bois surtout bonne pour gueuler, mais qui est incapable d'éveiller en que ce soit des esprits réellements libres.
Le livre étant depuis quelque temps devenu introuvable en librairie, j'ai vérifié auprès de son auteur, qui en a toujours quelques dizaines d'exemplaires, qui restent donc disponibles aux intéressés. Donc, ceux qui voudront se dégourdir l'esprit en le lisant peuvent toujours se le procurer, pour à peine $10, en lui écrivant directement: pkm@sympatico.ca
Aussi, lors de ma première rencontre avec lui, il y a quelques semaines, Pierre K. Malouf m'avait montré le texte d'une lettre ouverte qu'il avait écrite pour répondre au texte délirant de haine que l'Imam Pierre Falardeau avait éructé lors du décès de Claude Ryan, à propos duquel le coeur de l'Imam en dégoulinait de joie, en bon "démocrate" et amant du genre humain qu'il est. Malheureusement, les journaux ont refusé de publier la lettre de Malouf, la jugeant sans doute trop irrévérencieuse pour la dignité de son ineffable destinataire.
Mais, puisque l'Imam Falardeau revendique toujours fièrement son morceau de fumier, allant jusqu'à le reproduire en juin dernier dans son site web, j'ai trouvé alors dommage que la missive que Malouf lui adressait alors lui soit, jusqu'à présent, demeurée inconnue. J'ai donc demandé à son auteur la permission de la reproduire sur mon blogue, permission qu'il m'a aimablement accordée sans hésiter. La voici donc:
Lettre inédite de Pierre K. Malouf à l'Imam Pierre Falardeau:
"Allez, Falardeau, encore un effort !
Tu te réjouis de la mort de Claude Ryan ; dimanche dernier à la radio, l’écrivain Gilles Archambault s’est dit incapable de te blâmer. Moi non plus, mais je trouve que tu n’es pas allé assez loin.
Allez, Falardeau, encore un effort ! Bien sûr, les fédéralistes (anonymes ou illustres, journaliers ou politiciens, masseuses ou travailleuses sociales) vont tous finir un jour par casser leur pipe. Que de joies en perspectives, mon vieux ! Croisant dans la rue le corbillard du dernier traître, la plupart des patriotes, sous prétexte de savoir-vivre, dissimuleront lâchement leur spasme derrière un kleenex desséché ; tandis que toi, glorieux porte étendard du Québec libre, tu éjaculeras des actions de grâce aux obsèques des canailles.
Aaah ! que crèvent au plus sacrant les ennemis de la Patrie afin que tu puisses répandre plus abondamment ta semence fertile sur nos coeurs timorés. Mais je crains pour toi, car vois-tu, mon vieux, au Québec même, les ennemis de la Patrie se comptent par millions ! Et tu risques fort de crever toi-même avant que ne meure de sa belle mort la dernière des salopes.
Allez, Falardeau, encore un effort ! Va jusqu’au bout ! Cesse d’écornifler au chevet des agonisants. Sors de ta réserve ! Pourquoi n’irais-tu pas étrangler de tes propres mains le sénateur Jacques Hébert, le comédien Jean-Louis Roux, l’écrivain Roch Carrier, qui sont pour le moins d’aussi immondes crapules que l’était cette face de rat de Claude Ryan ?
Mieux, pourquoi n’irais-tu pas commettre lors d’un caucus du Parti libéral ou dans une réunion du Conseil du patronat un attentat kamikaze qui te couvrirait de gloire et de sang ? Ta joie serait fugitive mais enfin complète.
Allez, Falardeau, encore un effort !
Pierre K. Malouf "
(+ une lettre inédite de Pierre K. Malouf à l'Imam Pierre Falardeau)
Plusieurs courriels reçus au cours des dernières semaines m'encouragent à parler de temps à autres de livres qui ne sont pas toujours parus au cours de la période récente, mais qui passèrent quasi inaperçus parce qu'ils n'entraient pas dans les cadres restrictifs de la pensée unique à la québécoise.
Le petit livre que je vous présente aujourd'hui, Lettre ouverte aux chiens édentés qui agitent la queue et à leurs chiots qui mordillent, est une sorte de coup de poing, un pavé lancé dans la marre des bien-pensants de toutes sortes, un gros NON aux idées reçues et aux prêts-à-penser. Les adeptes de la langue de bois liront ce livre à leurs risques et périls, car ils risquent d'en être traumatisés.
L'auteur, Pierre K. Malouf, est un ancien enseignant au primaire, et l'auteur de plusieurs pièces de théâtre et de quelques romans, dont Les enfants de Schubert (éditions Varia), qui fut très remarqué au moment de sa parution en 1999. Il a été aussi très actif au sein du Centre d'essai des auteurs dramatiques, et cela durant plusieurs années.
Malouf a entamé la rédaction de sa lettre ouverte quelques jours à peine après les attaques terroristes du 11 septembre 2001, en réaction à certains discours stupéfiants de bêtise et tenus par les bien-pensants d'une prétendue gauche anti-mondialiste qui soit banalisaient l'horreur perpétrée ce jour-là, ou encore allaient jusqu'à la justifier, au nom d'un anti-américanisme primaire. Comme si c'était être "progressiste" que de trouver du bon à cet acte commis par des intégristes et fanatiques religieux, et de condamner seulement le dieu de Bush et non celui des talibans et autres extrémistes délirants. Toujours la logique du deux poids, deux mesure, en quelque sorte. Pour ma part, les deux "dieux" en question sont chacun à rejeter et à combattre, quoique, bien que Bush incarne tout ce qui me répugne le plus en politique, je suis d'accord avec Malouf à l'effet que «dans la bouche de Bush, Dieu est un hochet de circonstance, tandis que dans la bouche de Ben Laden, Dieu est un bâton de dynamite». Un certain sens de la nuance s'impose donc.
C'est qu'en fait, nos bien-pensants et nos belles âmes de la «gauche» antimondialisate semblent avoir perdu tout sens de la réalité et de la mesure, en trouvant bien peu à critiquer dans le fait de prendre des avions remplis de civils et de les projeter dans des gratte-ciels eux aussi remplis de civils. Ces gens se disent pourtant "progressistes", comme si un tel acte allait faire avancer la cause de la justice sociale et de la dignité humaine. D'ailleurs, notre fier imbécile national et Guide Spirituel de l'aile réactionnaire du mouvement nationaliste québécois, l'Imam Pierre Falardeau, était l'un de ces bien-pensants, comme l'a révélé en décembre dernier le journaliste Patrick Lagacé sur son blogue. Mais bon, on ne doit pas s'attendre à autre chose d'un type qui s'est fait une marque de commerce - assez rentable doit-on remarquer - en se vautrant allègrement dans le crétinisme fanatisé, donc on ne doit pas être surpris du fait que cet intégriste idéologique s'identifie davantage à un autre intégriste, celui-là religieux, Mohammed Attah (le leader des commandos-suicide du 11 septembre), plutôt qu'aux secrétaires et concierges qui sont morts eux aussi dans l'effondrement du World Trade Center.
Mais revenons au livre de Pierre K. Malouf, qui est pas mal plus intéressant que les éructations verbales grotesques et haineuses de ce saltimbanque auto-patenté et hochet consentant des médias assoiffés de cotes d'écoute qu'est l'Imam Falardeau...
Au fond, ce que Malouf a tenté, avec succès à mon avis, de faire en écrivant ce pamphlet percutant, c'est de brasser la cage et de dénoncer l'hypocrisie de ceux qui, sous couvert de lutte «anti-impérialiste», sont prêts à justifier n'importe quoi, même l'intégrisme religieux, au nom de cette même lutte. En ce sens, Malouf aura même fait figure de précurseur, en lançant un appel à la raison et au bon sens, renouvelé d'ailleurs l'an dernier par l'écrivaine de gauche et féministe française Caroline Fourest, dans son excellent et très lucide livre La tentation obscurantiste. Car c'est bel et bien d'obscurantisme qu'il s'agit, lorsqu'on se montre complaisant pour toute forme d'extrémisme et de haine, quelles que soient leurs motivations.
Et c'est encore plus vicieux lorsque cet obscurantisme se travestit en discours "progressiste" prétendant, au nom d'un collectivisme effréné et souvent délirant, vouloir "libérer" n'importe quoi, sauf les individus qui, pourtant, sont les seuls dans lesquels peut s'incarner réellement la liberté. Malouf, qui est tout sauf un de ces «chiens édentés» qu'il pourfend de sa plume acérée et sous l'appellation de laquelle il désigne les gueulards qui ne savent que gueuler en se parant des atours de ceux qui veulent "libérer" tout le monde mais toujours en leur nom et surtout à leur place, déchire à pleines dents leur fatuité et l'inconscience crasse de leurs discours faits de slogans répétitifs qui relèvent davantage de l'ânerie réactionnaire que d'un vrai sens de la justice et de la liberté.
Malouf nous renvoie aussi à certains éléments de notre propre histoire, en évoquant notamment la Crise d'octobre à partir de laquelle, là encore, les «chiens édentés» ont jappé pas mal fort (et d'ailleurs ils jappent toujours), incapables qu'ils sont d'admettre que la vraie victime de cette crise, celle dont ils parlent pourtant le moins en bons hypocrites qu'ils sont, avait pour nom Pierre Laporte, froidement étranglé par quelques "libérateurs" autoproclamés de la Nation, ces "libérateurs" n'étant pourtant que des adeptes d'une raison idéologique poussée à outrance et aux accents bien totalitaires.
En somme, ce petit livre de Malouf nous appelle à la lucidité. Au lieu de «chiens édentés», notre démocratie et nos libertés fondamentales ont besoin de vrais défenseurs et d'esprits libres, en un mot, de chiens de garde vigilants qui ne craignent pas d'aller à contre-courant s'il le faut. Malouf nous incite à penser par nous-mêmes, et à démasquer les tendances souvent totalitaires masqués derrière les beaux discours soi-disant "progressistes" des adeptes d'une langue de bois surtout bonne pour gueuler, mais qui est incapable d'éveiller en que ce soit des esprits réellements libres.
Le livre étant depuis quelque temps devenu introuvable en librairie, j'ai vérifié auprès de son auteur, qui en a toujours quelques dizaines d'exemplaires, qui restent donc disponibles aux intéressés. Donc, ceux qui voudront se dégourdir l'esprit en le lisant peuvent toujours se le procurer, pour à peine $10, en lui écrivant directement: pkm@sympatico.ca
Aussi, lors de ma première rencontre avec lui, il y a quelques semaines, Pierre K. Malouf m'avait montré le texte d'une lettre ouverte qu'il avait écrite pour répondre au texte délirant de haine que l'Imam Pierre Falardeau avait éructé lors du décès de Claude Ryan, à propos duquel le coeur de l'Imam en dégoulinait de joie, en bon "démocrate" et amant du genre humain qu'il est. Malheureusement, les journaux ont refusé de publier la lettre de Malouf, la jugeant sans doute trop irrévérencieuse pour la dignité de son ineffable destinataire.
Mais, puisque l'Imam Falardeau revendique toujours fièrement son morceau de fumier, allant jusqu'à le reproduire en juin dernier dans son site web, j'ai trouvé alors dommage que la missive que Malouf lui adressait alors lui soit, jusqu'à présent, demeurée inconnue. J'ai donc demandé à son auteur la permission de la reproduire sur mon blogue, permission qu'il m'a aimablement accordée sans hésiter. La voici donc:
Lettre inédite de Pierre K. Malouf à l'Imam Pierre Falardeau:
"Allez, Falardeau, encore un effort !
Tu te réjouis de la mort de Claude Ryan ; dimanche dernier à la radio, l’écrivain Gilles Archambault s’est dit incapable de te blâmer. Moi non plus, mais je trouve que tu n’es pas allé assez loin.
Allez, Falardeau, encore un effort ! Bien sûr, les fédéralistes (anonymes ou illustres, journaliers ou politiciens, masseuses ou travailleuses sociales) vont tous finir un jour par casser leur pipe. Que de joies en perspectives, mon vieux ! Croisant dans la rue le corbillard du dernier traître, la plupart des patriotes, sous prétexte de savoir-vivre, dissimuleront lâchement leur spasme derrière un kleenex desséché ; tandis que toi, glorieux porte étendard du Québec libre, tu éjaculeras des actions de grâce aux obsèques des canailles.
Aaah ! que crèvent au plus sacrant les ennemis de la Patrie afin que tu puisses répandre plus abondamment ta semence fertile sur nos coeurs timorés. Mais je crains pour toi, car vois-tu, mon vieux, au Québec même, les ennemis de la Patrie se comptent par millions ! Et tu risques fort de crever toi-même avant que ne meure de sa belle mort la dernière des salopes.
Allez, Falardeau, encore un effort ! Va jusqu’au bout ! Cesse d’écornifler au chevet des agonisants. Sors de ta réserve ! Pourquoi n’irais-tu pas étrangler de tes propres mains le sénateur Jacques Hébert, le comédien Jean-Louis Roux, l’écrivain Roch Carrier, qui sont pour le moins d’aussi immondes crapules que l’était cette face de rat de Claude Ryan ?
Mieux, pourquoi n’irais-tu pas commettre lors d’un caucus du Parti libéral ou dans une réunion du Conseil du patronat un attentat kamikaze qui te couvrirait de gloire et de sang ? Ta joie serait fugitive mais enfin complète.
Allez, Falardeau, encore un effort !
Pierre K. Malouf "
vendredi, février 23, 2007
De l'hypocrisie !
Le Parti québécois ne détient pas le monopole de la vertu
NOTE: Ceci est le texte intégral de mon article publié dans La Presse d'aujourd'hui, dont des parties ont dû être retranchées, faute d'espace:
Collaborateur occasionnel à La Presse, l’auteur travaille notamment à la rédaction d’un ouvrage sur les agissements du camp du OUI et du gouvernement du PQ dans le contexte entourant le référendum de 1995.
Ainsi donc, voilà que le PQ recoure une nouvelle fois à sa tactique, devenue coutumière, consistant à salir son adversaire. Cette fois, c’est par la voix de sa députée Diane Lemieux que le PQ accuse le chef de cabinet du premier ministre Jean Charest, Stéphane Bertrand, d’avoir détourné une certaine somme au profit du camp du NON, lors du référendum de 1995. Or, tout semble indiquer qu’il s’agit ici d’une facture reproduite dans le livre des militants indépendantistes Normand Lester et Robin Philpot, Les secrets d’Option Canada, que les gens du PQ ont, comme Mme Lemieux a elle-même dû l’avouer, passée au «liquid paper» pour en cacher la mention attestant que cette facture fut officiellement payée par le comité du NON.
Outre le fait que cette prétendue «preuve» fut ainsi grossièrement trafiquée, ce qui en soi démontre un manque d’éthique assez sérieux et une tentative d’induire le public en erreur tout en posant des préjudices potentiellement graves aux personnes visées, ce qui choque le plus dans ce nouvel épisode est le fait qu’encore une fois, le PQ s’acharne à vouloir faire croire qu’il détiendrait le monopole absolu de la vertu. Or, on l’a vu en juin dernier lors du dépôt du rapport du juge Moisan, le PQ a violé la loi sur le financement des partis politiques en encaissant au moins $96 400 en contributions illégales de la célèbre firme Groupaction, celle-là même qui fut au cœur du scandale des commandites, à partir duquel les «purs» du PQ, ces «plus blancs que neige» autoproclamés, de même que leur succursale fédérale du Bloc Québécois, se sont acharnés à salir injustement l’ensemble du camp fédéraliste.
Pourtant, lorsqu’on étudie minutieusement l’ensemble des faits concernant les deux camps opposés lors du référendum de 1995, on se rend compte que toute cette obsession du PQ consistant à exploiter à tort et à travers certains faits réels ou allégués concernant la gestion de l’organisme Option Canada, de même que l’accusation d’un «référendum volé» par les fédéralistes, relève de l’hypocrisie la plus évidente. En effet, tout indique que la présente enquête du directeur général des élections et pour laquelle a été mandaté le juge Bernard Grenier ─ enquête provoquée par la seule sortie du livre de Lester et Philpot ─ devrait s’élargir également aux multiples manœuvres et tactiques douteuses du gouvernement du PQ de cette époque et du camp du OUI. Car si le but d’une enquête de cet ordre vise vraiment à assurer la transparence et l’honnêteté du processus démocratique, plusieurs faits et agissements du camp indépendantiste doivent eux aussi être examinés en profondeur.
Parmi les questions qui doivent être posées, il n’y a pas que ce viol de démocratie que constitue l’affaire des bulletins de vote rejetés à des taux massifs par des scrutateurs zélés nommés par le PQ dans certaines circonscriptions à forte prédominance fédéraliste (11,61%, soit 5426 votes dans Chomedey, entre autres). Plusieurs éléments concernant les fonds publics massivement dépensés par le gouvernement Parizeau en propagande et manœuvres partisanes, de même que des dépenses jamais comptabilisées de la campagne du OUI, n’ont, à ce jour, subi d’enquête sérieuse :
· Le PQ affectionne de parler d’Option Canada, accusé notamment dans le livre de Lester et Philpot d’avoir financé la soirée référendaire du NON. Mais il ferait bon de regarder aussi du côté du Conseil de la souveraineté, disposant d’un budget de $ 4 438 376 (financé au moins à 85% à même les fonds publics par le gouvernement Parizeau), qui dépensa $196 443 pour la soirée référendaire du OUI. De plus, en pleine campagne référendaire, ce même organisme a reçu du Secrétariat à l’avenir du Québec une subvention de $ 1 882 462, pour des dépenses prétendument encourues avant la période référendaire, sans que cette prétention n’ait été jusqu’ici confirmée hors de tout doute.
· Qu’en est-il des nombreux organismes indépendantistes actifs durant toute la campagne référendaire, du genre, entre de multiples autres, Artistes pour la souveraineté, Les Jeunes souverainistes, Mouvement National des Québécois, Partenaires pour la souveraineté de la Montérégie, qui ont dépensé des sommes considérables pour vanter les mérites de leur option, mais dont on ignore la provenance et qui ne seront jamais comptabilisées par le OUI? Où sont les états financiers de ces organismes?
· Les centrales syndicales, à même les cotisations des travailleurs dont tous n’étaient forcément pas indépendantistes, ont investi des ressources importantes dans le camp du OUI. Ainsi, la FTQ, dans un document daté du 19 janvier 1995, avait énoncé la stratégie syndicale allant «jusqu’au jour du vote», spécifiant notamment que ses permanents «seront également mis à contribution», devant «libérer leur agenda en conséquence», la campagne du OUI devant «être la priorité d’action de tous les permanents». Qui dit permanent dit aussi personnel payé à plein temps, et non des bénévoles. «Tous les permanents» concernés, selon le terme employé par ce document de la FTQ et dont on ignore le nombre, auraient-ils alors tous pris des congés sans solde pour «libérer leur agenda en conséquence»? Si oui, où en sont les preuves concrètes? Si non, ces éventuelles dépenses n’ont pas été ajoutées à celles du camp du OUI. Et nous ne comptons ici ni la CSN, ni l’ex-CEQ, très engagées elles aussi pour le OUI.
· Les indépendantistes ont dénoncé à tous vents les dépenses de «propagande» du gouvernement fédéral. Or, qu’en est-il des campagnes publicitaires massives à saveur nettement propagandiste payées à même les fonds publics par le gouvernement Parizeau, qui a conscrit jusqu’à Hydro-Québec et d’autres sociétés d’État pour nourrir la ferveur nationaliste durant la campagne référendaire, au coût de $2, 8 millions pour le seul cas d’Hydro-Québec? Dans quelles conditions ces contrats publicitaires ont-ils été octroyés? Et à quelles firmes? Quelles furent les sommes totales de ces campagnes de propagande gouvernementale partisane? Ces questions sont toujours sans réponse.
Ce ne sont là que quelques-uns parmi les nombreux éléments du dossier référendaire sur lesquels la lumière reste à faire, car il faut aussi compter avec d’autres faits, comme ceux entourant le processus douteux d’attribution par le gouvernement du PQ des contrats nécessaires à la réalisation des fameuses Études Le Hir sur la restructuration du Québec, de même que les centaines de millions qu’a coûté, en pure perte, le tout aussi fameux Plan Paillé qui, au cours de la période pré-référendaire, octroyait des prêts de $50 000 garantis à 90% par le gouvernement à quiconque voulait lancer son entreprise, tout cela pour créer un climat de confiance économique artificiel en vue du référendum.
Il est plus que temps que toute la lumière soit enfin faite sur ces faits qui pourraient bien prouver que les agissements du PQ sont fort incompatibles avec son habituelle prétention au monopole de la vertu. Avant de salir systématiquement ses adversaires et de ternir ainsi notre processus démocratique, ce parti devrait se regarder un peu plus dans le miroir, et surtout faire preuve de moins d’hypocrisie. Et tous les Québécois y gagneraient, car on assurerait ainsi à long terme une meilleure probité à nos institutions politiques, de même qu’une confiance renouée de la part des citoyens à l’égard de la classe politique.
Ainsi donc, voilà que le PQ recoure une nouvelle fois à sa tactique, devenue coutumière, consistant à salir son adversaire. Cette fois, c’est par la voix de sa députée Diane Lemieux que le PQ accuse le chef de cabinet du premier ministre Jean Charest, Stéphane Bertrand, d’avoir détourné une certaine somme au profit du camp du NON, lors du référendum de 1995. Or, tout semble indiquer qu’il s’agit ici d’une facture reproduite dans le livre des militants indépendantistes Normand Lester et Robin Philpot, Les secrets d’Option Canada, que les gens du PQ ont, comme Mme Lemieux a elle-même dû l’avouer, passée au «liquid paper» pour en cacher la mention attestant que cette facture fut officiellement payée par le comité du NON.
Outre le fait que cette prétendue «preuve» fut ainsi grossièrement trafiquée, ce qui en soi démontre un manque d’éthique assez sérieux et une tentative d’induire le public en erreur tout en posant des préjudices potentiellement graves aux personnes visées, ce qui choque le plus dans ce nouvel épisode est le fait qu’encore une fois, le PQ s’acharne à vouloir faire croire qu’il détiendrait le monopole absolu de la vertu. Or, on l’a vu en juin dernier lors du dépôt du rapport du juge Moisan, le PQ a violé la loi sur le financement des partis politiques en encaissant au moins $96 400 en contributions illégales de la célèbre firme Groupaction, celle-là même qui fut au cœur du scandale des commandites, à partir duquel les «purs» du PQ, ces «plus blancs que neige» autoproclamés, de même que leur succursale fédérale du Bloc Québécois, se sont acharnés à salir injustement l’ensemble du camp fédéraliste.
Pourtant, lorsqu’on étudie minutieusement l’ensemble des faits concernant les deux camps opposés lors du référendum de 1995, on se rend compte que toute cette obsession du PQ consistant à exploiter à tort et à travers certains faits réels ou allégués concernant la gestion de l’organisme Option Canada, de même que l’accusation d’un «référendum volé» par les fédéralistes, relève de l’hypocrisie la plus évidente. En effet, tout indique que la présente enquête du directeur général des élections et pour laquelle a été mandaté le juge Bernard Grenier ─ enquête provoquée par la seule sortie du livre de Lester et Philpot ─ devrait s’élargir également aux multiples manœuvres et tactiques douteuses du gouvernement du PQ de cette époque et du camp du OUI. Car si le but d’une enquête de cet ordre vise vraiment à assurer la transparence et l’honnêteté du processus démocratique, plusieurs faits et agissements du camp indépendantiste doivent eux aussi être examinés en profondeur.
Parmi les questions qui doivent être posées, il n’y a pas que ce viol de démocratie que constitue l’affaire des bulletins de vote rejetés à des taux massifs par des scrutateurs zélés nommés par le PQ dans certaines circonscriptions à forte prédominance fédéraliste (11,61%, soit 5426 votes dans Chomedey, entre autres). Plusieurs éléments concernant les fonds publics massivement dépensés par le gouvernement Parizeau en propagande et manœuvres partisanes, de même que des dépenses jamais comptabilisées de la campagne du OUI, n’ont, à ce jour, subi d’enquête sérieuse :
· Le PQ affectionne de parler d’Option Canada, accusé notamment dans le livre de Lester et Philpot d’avoir financé la soirée référendaire du NON. Mais il ferait bon de regarder aussi du côté du Conseil de la souveraineté, disposant d’un budget de $ 4 438 376 (financé au moins à 85% à même les fonds publics par le gouvernement Parizeau), qui dépensa $196 443 pour la soirée référendaire du OUI. De plus, en pleine campagne référendaire, ce même organisme a reçu du Secrétariat à l’avenir du Québec une subvention de $ 1 882 462, pour des dépenses prétendument encourues avant la période référendaire, sans que cette prétention n’ait été jusqu’ici confirmée hors de tout doute.
· Qu’en est-il des nombreux organismes indépendantistes actifs durant toute la campagne référendaire, du genre, entre de multiples autres, Artistes pour la souveraineté, Les Jeunes souverainistes, Mouvement National des Québécois, Partenaires pour la souveraineté de la Montérégie, qui ont dépensé des sommes considérables pour vanter les mérites de leur option, mais dont on ignore la provenance et qui ne seront jamais comptabilisées par le OUI? Où sont les états financiers de ces organismes?
· Les centrales syndicales, à même les cotisations des travailleurs dont tous n’étaient forcément pas indépendantistes, ont investi des ressources importantes dans le camp du OUI. Ainsi, la FTQ, dans un document daté du 19 janvier 1995, avait énoncé la stratégie syndicale allant «jusqu’au jour du vote», spécifiant notamment que ses permanents «seront également mis à contribution», devant «libérer leur agenda en conséquence», la campagne du OUI devant «être la priorité d’action de tous les permanents». Qui dit permanent dit aussi personnel payé à plein temps, et non des bénévoles. «Tous les permanents» concernés, selon le terme employé par ce document de la FTQ et dont on ignore le nombre, auraient-ils alors tous pris des congés sans solde pour «libérer leur agenda en conséquence»? Si oui, où en sont les preuves concrètes? Si non, ces éventuelles dépenses n’ont pas été ajoutées à celles du camp du OUI. Et nous ne comptons ici ni la CSN, ni l’ex-CEQ, très engagées elles aussi pour le OUI.
· Les indépendantistes ont dénoncé à tous vents les dépenses de «propagande» du gouvernement fédéral. Or, qu’en est-il des campagnes publicitaires massives à saveur nettement propagandiste payées à même les fonds publics par le gouvernement Parizeau, qui a conscrit jusqu’à Hydro-Québec et d’autres sociétés d’État pour nourrir la ferveur nationaliste durant la campagne référendaire, au coût de $2, 8 millions pour le seul cas d’Hydro-Québec? Dans quelles conditions ces contrats publicitaires ont-ils été octroyés? Et à quelles firmes? Quelles furent les sommes totales de ces campagnes de propagande gouvernementale partisane? Ces questions sont toujours sans réponse.
Ce ne sont là que quelques-uns parmi les nombreux éléments du dossier référendaire sur lesquels la lumière reste à faire, car il faut aussi compter avec d’autres faits, comme ceux entourant le processus douteux d’attribution par le gouvernement du PQ des contrats nécessaires à la réalisation des fameuses Études Le Hir sur la restructuration du Québec, de même que les centaines de millions qu’a coûté, en pure perte, le tout aussi fameux Plan Paillé qui, au cours de la période pré-référendaire, octroyait des prêts de $50 000 garantis à 90% par le gouvernement à quiconque voulait lancer son entreprise, tout cela pour créer un climat de confiance économique artificiel en vue du référendum.
Il est plus que temps que toute la lumière soit enfin faite sur ces faits qui pourraient bien prouver que les agissements du PQ sont fort incompatibles avec son habituelle prétention au monopole de la vertu. Avant de salir systématiquement ses adversaires et de ternir ainsi notre processus démocratique, ce parti devrait se regarder un peu plus dans le miroir, et surtout faire preuve de moins d’hypocrisie. Et tous les Québécois y gagneraient, car on assurerait ainsi à long terme une meilleure probité à nos institutions politiques, de même qu’une confiance renouée de la part des citoyens à l’égard de la classe politique.
jeudi, février 15, 2007
Moi, un «fou» ? Ben oui, Mon Onc' Jasmin !
Un ami m'a gentiment rapporté que, sur son site web, l'ineffable Claude Jasmin, un écrivain nationaliste dans ce qu'il y a de plus réactionnaire mais qui en même temps sait donner dans le burlesque, me fait l'honneur de me dédier un texte à propos de mon dernier article paru dans La Presse du 28 janvier.
Le plus drôle, c'est que Jasmin m'y traite d'emblée de «fou», le titre de son texte étant rien d'autre que: «La complainte du fou». Mais là, franchement, je suis complètement pris au dépourvu, forcé que je suis de reconnaître que Jasmin est vraiment perspicace. Car «fou», oui je le suis, totalement.
D'abord, croyez-le ou non, ma blonde se plaît à m'appeler son «Fou». Son «Fou» à elle, bien sûr, mais un «Fou» quand même. Et figurez-vous que, pas plus tard que ce matin, je faisais un courriel à un ami en lui disant que je suis en train de devenir «complètement fou» avec mon engouement pour le chef d'orchestre Carlos Kleiber, pour lequel je suis devenu épris d'une vénération qui frise un heureux délire, car je suis rendu que j'en parle à tout le monde, tout le temps, me disant qu'il faut absolument que le plus de gens possible le découvrent pour qu'ils puissent jouir à leur tour de son art... Moi qui ne suis pas riche du tout, j'ai même payé une petite fortune, récemment, pour une des très rares photos signées de Kleiber, que j'ai dénichée chez un marchand de souvenirs musicaux autrichien... Donc, plus «fou» que ça, tu meurs... (Au fait, allez voir ici cette petite performance endiablée de 3 minutes de Kleiber, mais attention, il y a un risque de contagion et ça pourrait vous rendre «fou» vous aussi...)
Mais aussi, étant soucieux de mettre les choses au clair dès le départ lorsque j'ai lancé ce blogue afin de ne pas induire les lecteurs en erreur, j'avais déjà publiquement admis, dans un billet qui date déjà, que je ne suis rien d'autre qu'un fou à lier et à enfermer d'urgence à l'asile psychiatrique, dans une chambre bien capitonnée. C'est que, pour les tenants de l'aile réactionnaire du mouvement nationaliste et indépendantiste québécois, dont Claude Jasmin et son acolyte l'Imam Pierre Falardeau sont des chefs de file, les bonnes vieilles recettes totalitaires sont de mise: quiconque n'est pas un adepte de leur idéologie doit se voir assujetti à ce qu'on appelle le traitement psychiatrique de la dissidence, car on ne peut pas, selon eux, être sain d'esprit si on ne partage pas leurs vues. Donc, vous n'êtes ni nationaliste, ni indépendantiste, et vous pensez en même temps que vous avez le droit de penser par vous-mêmes et de dire tout haut ce que vous pensez? Ben, réveillez-vous, gang de malades!!! Vous êtes complètement «fous», c'est bien clair, et il faut vous faire soigner, et vite!
Pour revenir à cette drôlerie bien tordante qu'est ce texte de Jasmin, tout ce que je puis dire, c'est que, mis à part d'avoir reconnu le fait que je suis un «fou» à lier, Jasmin a tout faux, car contrairement au titre de son texte, je ne me plaignais pas du tout dans mon article du 28 janvier. Bien au contraire, le titre étant : «Vive l'hérésie!», j'exprimais une certaine jubilation à l'idée qu'il fait bon d'être un hérétique et un dissident, et que c'est là un atout.
En somme, je vous invite à lire l'écrit de Jasmin tel quel, et vous pourrez en juger par vous-même, car je ne trouve pas que ça vaut la peine de commenter davantage, puisque tout ce que fait Jasmin, c'est de déformer grossièrement mon propos, en citant par exemple entre guillemets des choses que je n'ai pas écrites, ou de me prêter des propos qui sont ceux de gens que, contrairement à Jasmin, je citais de manière exacte. Notons en passant qu'il est assez révélateur de constater que cet écrivain ne connaît pas l'usage propre des guillemets lorsqu'on écrit. Pour le reste, ce n'est qu'un ramassis de radotages nostalgiques, de dénégations piteuses de l'hégémonie culturelle et idéologique du nationalisme qui prédomine bien réellement au Québec, et de divagations creuses autour d'un prétendu "Québec libre", mais dans lequel seuls ceux qui pensent comme Jasmin auraient droit à la liberté, tandis que les autres ne seraient que des «fous» à enfermer...
Un ami m'a gentiment rapporté que, sur son site web, l'ineffable Claude Jasmin, un écrivain nationaliste dans ce qu'il y a de plus réactionnaire mais qui en même temps sait donner dans le burlesque, me fait l'honneur de me dédier un texte à propos de mon dernier article paru dans La Presse du 28 janvier.
Le plus drôle, c'est que Jasmin m'y traite d'emblée de «fou», le titre de son texte étant rien d'autre que: «La complainte du fou». Mais là, franchement, je suis complètement pris au dépourvu, forcé que je suis de reconnaître que Jasmin est vraiment perspicace. Car «fou», oui je le suis, totalement.
D'abord, croyez-le ou non, ma blonde se plaît à m'appeler son «Fou». Son «Fou» à elle, bien sûr, mais un «Fou» quand même. Et figurez-vous que, pas plus tard que ce matin, je faisais un courriel à un ami en lui disant que je suis en train de devenir «complètement fou» avec mon engouement pour le chef d'orchestre Carlos Kleiber, pour lequel je suis devenu épris d'une vénération qui frise un heureux délire, car je suis rendu que j'en parle à tout le monde, tout le temps, me disant qu'il faut absolument que le plus de gens possible le découvrent pour qu'ils puissent jouir à leur tour de son art... Moi qui ne suis pas riche du tout, j'ai même payé une petite fortune, récemment, pour une des très rares photos signées de Kleiber, que j'ai dénichée chez un marchand de souvenirs musicaux autrichien... Donc, plus «fou» que ça, tu meurs... (Au fait, allez voir ici cette petite performance endiablée de 3 minutes de Kleiber, mais attention, il y a un risque de contagion et ça pourrait vous rendre «fou» vous aussi...)
Mais aussi, étant soucieux de mettre les choses au clair dès le départ lorsque j'ai lancé ce blogue afin de ne pas induire les lecteurs en erreur, j'avais déjà publiquement admis, dans un billet qui date déjà, que je ne suis rien d'autre qu'un fou à lier et à enfermer d'urgence à l'asile psychiatrique, dans une chambre bien capitonnée. C'est que, pour les tenants de l'aile réactionnaire du mouvement nationaliste et indépendantiste québécois, dont Claude Jasmin et son acolyte l'Imam Pierre Falardeau sont des chefs de file, les bonnes vieilles recettes totalitaires sont de mise: quiconque n'est pas un adepte de leur idéologie doit se voir assujetti à ce qu'on appelle le traitement psychiatrique de la dissidence, car on ne peut pas, selon eux, être sain d'esprit si on ne partage pas leurs vues. Donc, vous n'êtes ni nationaliste, ni indépendantiste, et vous pensez en même temps que vous avez le droit de penser par vous-mêmes et de dire tout haut ce que vous pensez? Ben, réveillez-vous, gang de malades!!! Vous êtes complètement «fous», c'est bien clair, et il faut vous faire soigner, et vite!
Pour revenir à cette drôlerie bien tordante qu'est ce texte de Jasmin, tout ce que je puis dire, c'est que, mis à part d'avoir reconnu le fait que je suis un «fou» à lier, Jasmin a tout faux, car contrairement au titre de son texte, je ne me plaignais pas du tout dans mon article du 28 janvier. Bien au contraire, le titre étant : «Vive l'hérésie!», j'exprimais une certaine jubilation à l'idée qu'il fait bon d'être un hérétique et un dissident, et que c'est là un atout.
En somme, je vous invite à lire l'écrit de Jasmin tel quel, et vous pourrez en juger par vous-même, car je ne trouve pas que ça vaut la peine de commenter davantage, puisque tout ce que fait Jasmin, c'est de déformer grossièrement mon propos, en citant par exemple entre guillemets des choses que je n'ai pas écrites, ou de me prêter des propos qui sont ceux de gens que, contrairement à Jasmin, je citais de manière exacte. Notons en passant qu'il est assez révélateur de constater que cet écrivain ne connaît pas l'usage propre des guillemets lorsqu'on écrit. Pour le reste, ce n'est qu'un ramassis de radotages nostalgiques, de dénégations piteuses de l'hégémonie culturelle et idéologique du nationalisme qui prédomine bien réellement au Québec, et de divagations creuses autour d'un prétendu "Québec libre", mais dans lequel seuls ceux qui pensent comme Jasmin auraient droit à la liberté, tandis que les autres ne seraient que des «fous» à enfermer...
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