Pourquoi j'appuie Bob Rae
La course au leadership du parti libéral du Canada présente déjà un assez grand nombre de candidats, dont quelques-uns sont très valables, d'autres beaucoup moins. Mais il y en a un qui, à mon sens, vaut beaucoup mieux que tous les autres réunis, et c'est Bob Rae.
Mon choix repose sur plusieurs raisons. Premièrement, il y a des années que je considère que le parti libéral du Canada est tenu de se renouveler en profondeur, et radicalement, tant dans ses idées que dans sa culture interne. Au Québec en particulier, cette exigence en est même devenue dramatique, ce dont les deux dernières élections fédérales ont témoigné de façon très éloquente.
Venant de l'extérieur du parti, mais pourvu d'une expérience non seulement politique, mais aussi d'une réelle connaissance du pays en entier, ainsi que du Québec en particulier de même que de la culture et de l'esprit francophones, Bob Rae apporte une garantie que ce renouvellement plus que nécessaire aura bel et bien lieu s'il remportait la course au leadership. Sur le plan des idées, il incarne une combinaison de progressisme social et de pragmatisme économique qui répond aux exigences d'aujourd'hui. Et sur le plan de la culture interne du parti, Bob Rae est d'une intégrité totale et irréprochable, ce qui est justement ce dont le PLC éprouve un cruel besoin, car des ruptures radicales doivent être faites avec les comportements et attitudes qui ont mené le parti au désastre.
Pour donner une idée concrète de l'intégrité de Bob Rae, je peux témoigner du fait qu'il a toujours refusé catégoriquement de participer aux magouilles et aux manoeuvres intestines dont certains autres candidats ont fait la preuve au cours de la dernière année, par exemple lorsqu'ils déclaraient publiquement ne pas être intéressés par le leadership mais tout en montant leurs organisations en même temps. Bob Rae disait à ses éventuels supporteurs que le leadership n'était pas encore vacant, et donc qu'il ne voulait pas manoeuvrer dans le dos du chef en place. Aussi, il a refusé tout aussi catégoriquement de lancer des attaques personnelles pour discréditer les autres candidats (ce que pourtant certains parmi ces derniers n'ont pas hésité à faire contre lui), car il affirmait que ce n'était pas son style et que ce ne le sera jamais. Pour Bob Rae, il faut avoir le souci d'un vrai débat d'idées durant la course, et aussi de préserver l'unité des libéraux.
Bob Rae comprend aussi que le PLC, particulièrement au Québec, doit cesser d'être une coquille vide et un désert sur le plan des idées, et qu'il doit aussi cesser d'incarner une formation contrôlée par des apparatchiks et mercenaires qui y oeuvrent seulement parce qu'ils sont payés. Pour confirmer son optique, il est à noter qu'il refuse de prendre dans son organisation pour le leadership aucun des mercenaires qui se sont fait une réputation douteuse en se vendant au plus offrant, comme par exemple ces gens qui se sont vite laissés achetés par Stronach, pour ensuite passer tout aussi vite dans le camp Ignatieff (à ma grande surprise d'ailleurs, car jusque-là je ne croyais pas M. Ignatieff désireux de s'entourer de manière aussi douteuse, vu ses belles paroles sur la rupture à faire dans la culture interne du parti).
Ces gens-là ont miné le dynamisme du parti, et le fait que certains candidats les aient déjà recrutés indique que, s'ils gagnent, ces gens auront encore une influence prédominante dans le parti. Pourtant, ce sont eux qui, lorsqu'ils étaient à la «centrale» du PLC-Q, ont carrément abandonné les militants libéraux de la base dans les régions du Québec qui étaient difficiles pour le PLC. Personnellement, je refuse catégoriquement d'envisager un PLC encore contrôlé par de pareils individus. Au moins, on peut avoir confiance en Bob Rae car, sur cette question, ses choix et ses actes sont pleinement cohérents avec ce qu'il dit et pense.
Une autre raison d'appuyer Bob Rae repose sur le fait qu'il a une réelle expérience politique. Il connaît l'administration de l'État, et comme ancien premier ministre d'une province importante, il connaît parfaitement les besoins des provinces. Mais bien entendu, plusieurs répandent toutes sortes de calomnies contre Bob Rae, au sujet de l'expérience difficile qui fut la sienne lors de ses années au pouvoir en Ontario. Il est plus que temps de rectifier clairement les faits à cet égard.
Premièrement, il faut savoir que Bob Rae avait été élu au début septembre 1990, après que son prédécesseur, David Peterson, ait déclenché une élection précipitée, et ceci deux ans et demi à peine après avoir reçu un mandat très fort aux élections de 1987. Les Ontariens, furieux à cause d'une campagne électorale intattendue et injustifiée, et qui par surcroît s'était déroulée en plein été, ont voté massivement contre le gouvernement Peterson, et ont élu le NPD dirigé par Bob Rae, et ceci pour la première fois dans l'histoire de l'Ontario. Bob Rae lui-même en fut le premier surpris.
Mais la raison pour laquelle Peterson avait déclenché l'élection a été comprise seulement au moment où Bob Rae a pris le pouvoir. Peterson savait que le déficit de la province allait augmenter considérablement, et qu'une récession approchait. Il a déclenché cette élection précipitée pour cacher ce fait aux Ontariens, en espérant obtenir facilement un autre mandat avant que les faits sur les finances de la province soient révélés. Donc, dès ses premiers jours au pouvoir, Bob Rae a été pris avec un déficit colossal par rapport aux prévisions annoncées par Peterson. Par la suite, la récession économique a vite commencé à surgir, et les coupures dans les transferts fédéraux aux provinces ont elles aussi commencé à faire leurs ravages.
Donc, c'est une calomnie et une hypocrisie détestable de prétendre que Bob Rae aurait mis les finances de la province en faillite, comme le laissent entendre ses adversaires. Il a réagi alors de façon socialement responsable, en procédant à des restrictions budgétaires nécessaires, mais jamais en coupant sur les emplois des personnes, ni en coupant sur l'éducation, la culture et les programmes sociaux. Mais les syndicats ont alors réagi stupidement. Ils n'ont jamais voulu accepter aucune concession, et ils se sont attaqués durement au gouvernement Rae. Bob Rae leur a quand même tenu tête, même s'il avait à peu près tout le monde contre lui: les syndicats, et aussi les financiers doctrinaires de Bay Street pour qui un gouvernement social-démocrate représentait presque l'Union soviétique!!!
Compte tenu des circonstances, et de l'importance de la récession d'alors, Bob Rae a gouverné de façon responsable. Ses ennemis d'alors l'étaient, eux, beaucoup moins. Bien entendu, il a sûrement fait des erreurs, comme tous les gouvernements, sans exception, en commettent. Et aujourd'hui, quand on voit la longue et cohérente évolution qui fut celle de Bob Rae, on constate qu'il a assez d'humilité et de lucidité pour avoir appris de ses erreurs, ce qui est un atout important pour tout candidat à la tête d'un parti national et du pays. Et au moins, il a une expérience concrète de l'État, ce qui est aussi un autre atout, notamment pour éviter de répéter certaines erreurs, dont les leçons que Bob Rae en a tirées peuvent fort bien profiter à l'État fédéral.
Certains des adversaires de Bob Rae laissent entendre, plutôt sournoisement, que le PLC perdrait l'Ontario s'il était chef. Cet argument est totalement faux et de mauvaise foi. Bob Rae irait d'abord chercher une large part de l'électorat du NPD dans cette province, en plus de consolider les votes de ceux qui, très nombreux en Ontario, appuient le PLC pour résister au conservatisme social des conservateurs.
Aussi, une tout aussi large part de l'électorat ontarien appuyait le PLC jusqu'ici parce que, à leurs yeux, ce parti incarnait l'unité nationale et qu'il était le parti fédéral le plus influent au Québec. Or, présentement, ce sont les conservateurs qui ont pris une avance considérable au Québec, le PLC ayant atteint le plus bas niveau de son histoire. Si le PLC n'a pas un chef qui est capable de rejoindre réellement les Québécois, cette portion importante de l'électorat ontarien qui privilégie l'unité nationale va tout simplement passer aux conservateurs à la prochaine élection, car ces gens votaient libéral surtout parce qu'ils croyaient que ce parti était encore capable de défendre le fédéralisme au Québec. Ceci ferait perdre une quantité importante de sièges aux libéraux en Ontario, et on n'a qu'à constater la faible majorité libérale dans plusieurs comtés de l'Ontario pour en mesurer l'impact.
Bob Rae est le seul parmi les candidats au leadership du PLC à pouvoir rejoindre l'électorat québécois. D'abord, il est progressiste, tout en étant fiscalement responsable. Ses valeurs de justice sociale, de tolérance et d'ouverture rejoignent en effet beaucoup de Québécois. Aussi, Bob Rae a toujours été profondément loyal au Québec: il a vigoureusement appuyé les accords du Lac Meech, et depuis il ne cesse d'affirmer que le Québec est et sera toujours une société distincte.
Il est à noter également que Bob Rae n'est pas seulement un parfait bilingue: il connaît le Québec, il comprend l'âme et la culture québécoise. Pour lui, la dimension francophone du Canada, dont le coeur est le Québec, doit être reconnue et appuyée, et il l'a toujours prouvé par ses actes et par son engagement. Comme ancien premier ministre provincial, il connaît les besoins des provinces et le caractère sacré de leurs juridictions, et ainsi il peut offrir une approche équilibrée quant au rôle et aux responsabilités du gouvernement fédéral à l'égard des provinces, notamment pour ce qui concerne les transferts financiers du fédéral vers les provinces.
Donc, Bob Rae dispose de l'ouverture d'esprit, de la compréhension et des atouts qui pourront permettre au PLC de se refaire une crédibilité au Québec. Ce faisant, il pourra consolider le vote libéral en Ontario, en empêchant que les Ontariens qui privilégient l'unité nationale de passer aux conservateurs, et aussi en allant chercher une large part de l'électorat du NPD (car Bob Rae comme chef libéral serait le cauchemar de Jack Layton).
Bien entendu, les calomnies fuseraient contre Bob Rae sur l'Ontario. C'est pourquoi les faits sur la situation budgétaire de la province lorsqu'il la dirigeait doivent et seront systématiquement rectifiés. Mais aussi, la politique est et sera toujours une bataille. Il faudra donc se battre, en Ontario comme partout ailleurs au pays. C'est là une exigence que tous les candidats au leadership doivent affronter, sans exception. C'est pourquoi l'argument qui prétend que Bob Rae ferait perdre l'Ontario au PLC me semble lâche, pernicieux et irresponsable. Il nous faut un chef qui est capable d'aller chercher également le Québec, faute de quoi le PLC reculera aussi considérablement en Ontario. C'est là aussi un fait qu'il serait très dangereux pour le PLC de négliger. Et Bob Rae reste le seul à être réellement capable de gagner le Québec. On le constate déjà, d'ailleurs, par le nombre et la qualité impressionnante de jeunes Québécois qui adhèrent présentement au parti pour la première fois, et ceci pour l'appuyer, ce qui est garant d'un vent de nouveauté pour le parti.
En fait, il faut aussi aborder les différents dossiers qui ont été confiés à Bob Rae au cours de la dernière décennie, et qui témoignent avec éloquence de l'étendue de ses compétences réelles. Les exemples sont tellement nombreux que je ne peux en mentionner que quelques-uns:
1) Après que le scandale du sang contaminé ait miné la crédibilité de la Croix-Rouge canadienne, Bob Rae a pris en main le conseil d'administration de cet organisme, et en a complètement rétabli la crédibilité, la transparence et l'efficacité, ce qui était une tâche considérée comme impossible au moment où il s'y est engagé.
2) À Toronto, il y a eu la construction d'une salle pour l'orchestre symphonique de cette ville. C'était devenu un trou budgétaire sans fond, avec des dizaines de millions de dollars perdus. Bob Rae s'est engagé dans ce dossier, et a complètement remis ce projet sur ses rails, avec une approche financièrement responsable.
3) Bob Rae s'est fait confier la responsabilité de coordonner l'enquête sur le dossier complexe de l'attentat contre un avion d'Air India, qui en 1985 a coûté la vie à des centaines de personnes. En décembre dernier, il a présenté son rapport. Et ce sont les familles des victimes, ayant apprécié son dévouement et sa loyauté à leur égard, qui lui ont par la suite elles-mêmes demandé de poursuivre son action dans ce dossier, tellement les familles ont apprécié sa manière d'exercer ses responsabilités. Ceci est, soit dit en passant, un signe important de la confiance que les familles des victimes de cette tragédie ont eu pour les qualités de leadership de Bob Rae, car elles ont pu mesurer de près la valeur de l'homme en le voyant agir.
4) Ayant donné beaucoup de son temps au Forum des fédérations, Bob Rae a joué un rôle crucial sur la scène internationale en utilisant cet organisme comme levier pour aider à la pacification de la guerre civile au Sri Lanka, et aussi en Irak, où on lui a demandé de participer à la rédaction de la Constitution irakienne. Dans ces dossiers complexes et sensibles pour la communauté internationale, Bob Rae a apporté une contribution déterminante et, là aussi, il a fait preuve d'un leadership fort, ce qui augure bien pour quelqu'un qui aspire à devenir Premier ministre du Canada. Quand on connaît le rôle positif que notre pays peut jouer dans le monde, c'est là un fait qui n'est sûrement pas à négliger.
La course au leadership du parti libéral du Canada présente déjà un assez grand nombre de candidats, dont quelques-uns sont très valables, d'autres beaucoup moins. Mais il y en a un qui, à mon sens, vaut beaucoup mieux que tous les autres réunis, et c'est Bob Rae.
Mon choix repose sur plusieurs raisons. Premièrement, il y a des années que je considère que le parti libéral du Canada est tenu de se renouveler en profondeur, et radicalement, tant dans ses idées que dans sa culture interne. Au Québec en particulier, cette exigence en est même devenue dramatique, ce dont les deux dernières élections fédérales ont témoigné de façon très éloquente.
Venant de l'extérieur du parti, mais pourvu d'une expérience non seulement politique, mais aussi d'une réelle connaissance du pays en entier, ainsi que du Québec en particulier de même que de la culture et de l'esprit francophones, Bob Rae apporte une garantie que ce renouvellement plus que nécessaire aura bel et bien lieu s'il remportait la course au leadership. Sur le plan des idées, il incarne une combinaison de progressisme social et de pragmatisme économique qui répond aux exigences d'aujourd'hui. Et sur le plan de la culture interne du parti, Bob Rae est d'une intégrité totale et irréprochable, ce qui est justement ce dont le PLC éprouve un cruel besoin, car des ruptures radicales doivent être faites avec les comportements et attitudes qui ont mené le parti au désastre.
Pour donner une idée concrète de l'intégrité de Bob Rae, je peux témoigner du fait qu'il a toujours refusé catégoriquement de participer aux magouilles et aux manoeuvres intestines dont certains autres candidats ont fait la preuve au cours de la dernière année, par exemple lorsqu'ils déclaraient publiquement ne pas être intéressés par le leadership mais tout en montant leurs organisations en même temps. Bob Rae disait à ses éventuels supporteurs que le leadership n'était pas encore vacant, et donc qu'il ne voulait pas manoeuvrer dans le dos du chef en place. Aussi, il a refusé tout aussi catégoriquement de lancer des attaques personnelles pour discréditer les autres candidats (ce que pourtant certains parmi ces derniers n'ont pas hésité à faire contre lui), car il affirmait que ce n'était pas son style et que ce ne le sera jamais. Pour Bob Rae, il faut avoir le souci d'un vrai débat d'idées durant la course, et aussi de préserver l'unité des libéraux.
Bob Rae comprend aussi que le PLC, particulièrement au Québec, doit cesser d'être une coquille vide et un désert sur le plan des idées, et qu'il doit aussi cesser d'incarner une formation contrôlée par des apparatchiks et mercenaires qui y oeuvrent seulement parce qu'ils sont payés. Pour confirmer son optique, il est à noter qu'il refuse de prendre dans son organisation pour le leadership aucun des mercenaires qui se sont fait une réputation douteuse en se vendant au plus offrant, comme par exemple ces gens qui se sont vite laissés achetés par Stronach, pour ensuite passer tout aussi vite dans le camp Ignatieff (à ma grande surprise d'ailleurs, car jusque-là je ne croyais pas M. Ignatieff désireux de s'entourer de manière aussi douteuse, vu ses belles paroles sur la rupture à faire dans la culture interne du parti).
Ces gens-là ont miné le dynamisme du parti, et le fait que certains candidats les aient déjà recrutés indique que, s'ils gagnent, ces gens auront encore une influence prédominante dans le parti. Pourtant, ce sont eux qui, lorsqu'ils étaient à la «centrale» du PLC-Q, ont carrément abandonné les militants libéraux de la base dans les régions du Québec qui étaient difficiles pour le PLC. Personnellement, je refuse catégoriquement d'envisager un PLC encore contrôlé par de pareils individus. Au moins, on peut avoir confiance en Bob Rae car, sur cette question, ses choix et ses actes sont pleinement cohérents avec ce qu'il dit et pense.
Une autre raison d'appuyer Bob Rae repose sur le fait qu'il a une réelle expérience politique. Il connaît l'administration de l'État, et comme ancien premier ministre d'une province importante, il connaît parfaitement les besoins des provinces. Mais bien entendu, plusieurs répandent toutes sortes de calomnies contre Bob Rae, au sujet de l'expérience difficile qui fut la sienne lors de ses années au pouvoir en Ontario. Il est plus que temps de rectifier clairement les faits à cet égard.
Premièrement, il faut savoir que Bob Rae avait été élu au début septembre 1990, après que son prédécesseur, David Peterson, ait déclenché une élection précipitée, et ceci deux ans et demi à peine après avoir reçu un mandat très fort aux élections de 1987. Les Ontariens, furieux à cause d'une campagne électorale intattendue et injustifiée, et qui par surcroît s'était déroulée en plein été, ont voté massivement contre le gouvernement Peterson, et ont élu le NPD dirigé par Bob Rae, et ceci pour la première fois dans l'histoire de l'Ontario. Bob Rae lui-même en fut le premier surpris.
Mais la raison pour laquelle Peterson avait déclenché l'élection a été comprise seulement au moment où Bob Rae a pris le pouvoir. Peterson savait que le déficit de la province allait augmenter considérablement, et qu'une récession approchait. Il a déclenché cette élection précipitée pour cacher ce fait aux Ontariens, en espérant obtenir facilement un autre mandat avant que les faits sur les finances de la province soient révélés. Donc, dès ses premiers jours au pouvoir, Bob Rae a été pris avec un déficit colossal par rapport aux prévisions annoncées par Peterson. Par la suite, la récession économique a vite commencé à surgir, et les coupures dans les transferts fédéraux aux provinces ont elles aussi commencé à faire leurs ravages.
Donc, c'est une calomnie et une hypocrisie détestable de prétendre que Bob Rae aurait mis les finances de la province en faillite, comme le laissent entendre ses adversaires. Il a réagi alors de façon socialement responsable, en procédant à des restrictions budgétaires nécessaires, mais jamais en coupant sur les emplois des personnes, ni en coupant sur l'éducation, la culture et les programmes sociaux. Mais les syndicats ont alors réagi stupidement. Ils n'ont jamais voulu accepter aucune concession, et ils se sont attaqués durement au gouvernement Rae. Bob Rae leur a quand même tenu tête, même s'il avait à peu près tout le monde contre lui: les syndicats, et aussi les financiers doctrinaires de Bay Street pour qui un gouvernement social-démocrate représentait presque l'Union soviétique!!!
Compte tenu des circonstances, et de l'importance de la récession d'alors, Bob Rae a gouverné de façon responsable. Ses ennemis d'alors l'étaient, eux, beaucoup moins. Bien entendu, il a sûrement fait des erreurs, comme tous les gouvernements, sans exception, en commettent. Et aujourd'hui, quand on voit la longue et cohérente évolution qui fut celle de Bob Rae, on constate qu'il a assez d'humilité et de lucidité pour avoir appris de ses erreurs, ce qui est un atout important pour tout candidat à la tête d'un parti national et du pays. Et au moins, il a une expérience concrète de l'État, ce qui est aussi un autre atout, notamment pour éviter de répéter certaines erreurs, dont les leçons que Bob Rae en a tirées peuvent fort bien profiter à l'État fédéral.
Certains des adversaires de Bob Rae laissent entendre, plutôt sournoisement, que le PLC perdrait l'Ontario s'il était chef. Cet argument est totalement faux et de mauvaise foi. Bob Rae irait d'abord chercher une large part de l'électorat du NPD dans cette province, en plus de consolider les votes de ceux qui, très nombreux en Ontario, appuient le PLC pour résister au conservatisme social des conservateurs.
Aussi, une tout aussi large part de l'électorat ontarien appuyait le PLC jusqu'ici parce que, à leurs yeux, ce parti incarnait l'unité nationale et qu'il était le parti fédéral le plus influent au Québec. Or, présentement, ce sont les conservateurs qui ont pris une avance considérable au Québec, le PLC ayant atteint le plus bas niveau de son histoire. Si le PLC n'a pas un chef qui est capable de rejoindre réellement les Québécois, cette portion importante de l'électorat ontarien qui privilégie l'unité nationale va tout simplement passer aux conservateurs à la prochaine élection, car ces gens votaient libéral surtout parce qu'ils croyaient que ce parti était encore capable de défendre le fédéralisme au Québec. Ceci ferait perdre une quantité importante de sièges aux libéraux en Ontario, et on n'a qu'à constater la faible majorité libérale dans plusieurs comtés de l'Ontario pour en mesurer l'impact.
Bob Rae est le seul parmi les candidats au leadership du PLC à pouvoir rejoindre l'électorat québécois. D'abord, il est progressiste, tout en étant fiscalement responsable. Ses valeurs de justice sociale, de tolérance et d'ouverture rejoignent en effet beaucoup de Québécois. Aussi, Bob Rae a toujours été profondément loyal au Québec: il a vigoureusement appuyé les accords du Lac Meech, et depuis il ne cesse d'affirmer que le Québec est et sera toujours une société distincte.
Il est à noter également que Bob Rae n'est pas seulement un parfait bilingue: il connaît le Québec, il comprend l'âme et la culture québécoise. Pour lui, la dimension francophone du Canada, dont le coeur est le Québec, doit être reconnue et appuyée, et il l'a toujours prouvé par ses actes et par son engagement. Comme ancien premier ministre provincial, il connaît les besoins des provinces et le caractère sacré de leurs juridictions, et ainsi il peut offrir une approche équilibrée quant au rôle et aux responsabilités du gouvernement fédéral à l'égard des provinces, notamment pour ce qui concerne les transferts financiers du fédéral vers les provinces.
Donc, Bob Rae dispose de l'ouverture d'esprit, de la compréhension et des atouts qui pourront permettre au PLC de se refaire une crédibilité au Québec. Ce faisant, il pourra consolider le vote libéral en Ontario, en empêchant que les Ontariens qui privilégient l'unité nationale de passer aux conservateurs, et aussi en allant chercher une large part de l'électorat du NPD (car Bob Rae comme chef libéral serait le cauchemar de Jack Layton).
Bien entendu, les calomnies fuseraient contre Bob Rae sur l'Ontario. C'est pourquoi les faits sur la situation budgétaire de la province lorsqu'il la dirigeait doivent et seront systématiquement rectifiés. Mais aussi, la politique est et sera toujours une bataille. Il faudra donc se battre, en Ontario comme partout ailleurs au pays. C'est là une exigence que tous les candidats au leadership doivent affronter, sans exception. C'est pourquoi l'argument qui prétend que Bob Rae ferait perdre l'Ontario au PLC me semble lâche, pernicieux et irresponsable. Il nous faut un chef qui est capable d'aller chercher également le Québec, faute de quoi le PLC reculera aussi considérablement en Ontario. C'est là aussi un fait qu'il serait très dangereux pour le PLC de négliger. Et Bob Rae reste le seul à être réellement capable de gagner le Québec. On le constate déjà, d'ailleurs, par le nombre et la qualité impressionnante de jeunes Québécois qui adhèrent présentement au parti pour la première fois, et ceci pour l'appuyer, ce qui est garant d'un vent de nouveauté pour le parti.
En fait, il faut aussi aborder les différents dossiers qui ont été confiés à Bob Rae au cours de la dernière décennie, et qui témoignent avec éloquence de l'étendue de ses compétences réelles. Les exemples sont tellement nombreux que je ne peux en mentionner que quelques-uns:
1) Après que le scandale du sang contaminé ait miné la crédibilité de la Croix-Rouge canadienne, Bob Rae a pris en main le conseil d'administration de cet organisme, et en a complètement rétabli la crédibilité, la transparence et l'efficacité, ce qui était une tâche considérée comme impossible au moment où il s'y est engagé.
2) À Toronto, il y a eu la construction d'une salle pour l'orchestre symphonique de cette ville. C'était devenu un trou budgétaire sans fond, avec des dizaines de millions de dollars perdus. Bob Rae s'est engagé dans ce dossier, et a complètement remis ce projet sur ses rails, avec une approche financièrement responsable.
3) Bob Rae s'est fait confier la responsabilité de coordonner l'enquête sur le dossier complexe de l'attentat contre un avion d'Air India, qui en 1985 a coûté la vie à des centaines de personnes. En décembre dernier, il a présenté son rapport. Et ce sont les familles des victimes, ayant apprécié son dévouement et sa loyauté à leur égard, qui lui ont par la suite elles-mêmes demandé de poursuivre son action dans ce dossier, tellement les familles ont apprécié sa manière d'exercer ses responsabilités. Ceci est, soit dit en passant, un signe important de la confiance que les familles des victimes de cette tragédie ont eu pour les qualités de leadership de Bob Rae, car elles ont pu mesurer de près la valeur de l'homme en le voyant agir.
4) Ayant donné beaucoup de son temps au Forum des fédérations, Bob Rae a joué un rôle crucial sur la scène internationale en utilisant cet organisme comme levier pour aider à la pacification de la guerre civile au Sri Lanka, et aussi en Irak, où on lui a demandé de participer à la rédaction de la Constitution irakienne. Dans ces dossiers complexes et sensibles pour la communauté internationale, Bob Rae a apporté une contribution déterminante et, là aussi, il a fait preuve d'un leadership fort, ce qui augure bien pour quelqu'un qui aspire à devenir Premier ministre du Canada. Quand on connaît le rôle positif que notre pays peut jouer dans le monde, c'est là un fait qui n'est sûrement pas à négliger.
Les exemples du genre pullulent, et on peut en trouver bien d'autres en n'ayant pas besoin de chercher bien longtemps. Je peux juste signaler pour ceux qui veulent en savoir plus qu'en juillet dernier, qu'un long article du Globe and Mail avait surnommé Bob Rae «Mr. Fix-It», à cause de ses capacités à résoudre des dossiers complexes et à insuffler une bonne gestion financière dans plusieurs organismes et corporations.
Une autre raison fondamendale d'appuyer Bob Rae est le fait, bien tangible, qu'il est l'un des rares candidats à avoir fait preuve d'un réel leadership en faveur de l'unité nationale. En fait, s'il est candidat, c'est pour beaucoup à cause de sa préoccupation pour l'unité et l'avenir du Canada. Même après avoir quitté la politique en 1996, alors d'ailleurs qu'il ne songeait certainement pas à y revenir, Bob Rae s'est engagé pour l'unité nationale. Il s'est investi dans plusieurs organisations, et il a toujours ramené cet enjeu sur le devant de la scène, et ce tandis que la plupart des autres candidats semblaient endormis sur cette question. Non seulement Bob Rae a fait preuve de leadership sur l'unité nationale, mais il a aussi suscité des multitudes d'autres gens à s'engager et à prendre leur propre part du leadership nécessaire à l'unité du pays.
On l'a donc vu constamment sur le terrain, ici même au Québec et ailleurs au pays, pour sensibiliser les citoyens sur l'importance de cet enjeu. Moi-même, étant préoccupé par cette question, j'ai pu, avec bien d'autres, compter sur lui. Je l'ai d'ailleurs connu dans ce contexte, dès 1997. Et depuis, son appui a toujours été loyal, ferme et constant. Il était là pour nous, alors que tant d'autres ne nous étaient même pas connus. M. Ignatieff par exemple: il est apparemment dans la course pour «sauver» le Canada. Mais cependant, où était M. Ignatieff lorsqu'il était le temps de s'engager sur le terrain, particulièrement durant toute la décennie qui a suivi le référendum de 1995? J'ignore en fait où il était, sauf qu'il enseignait à Harvard et que, ces dernières années, il écrivait des textes supportant la guerre de Bush en Irak (ce qui, soit dit en passant, est loin d'être une garantie qu'il susciterait de nouveaux appuis pour le PLC au Québec s'il devenait chef du parti).
Mais je sais que Bob Rae, lui, était sur le terrain, avec nous, et qu'il a inspiré bien des gens à s'engager. Bob Rae a fait ses preuves sur cette question, et il a prouvé qu'on peut compter sur sa connaissance profonde des réalités du pays, et du Québec en particulier.
Donc, en somme, je suis convaincu que Bob Rae est le leader qu'il faut non seulement aux libéraux, mais également au pays. Nous avons besoin des qualités de leader dont il a toujours fait preuve. Nous avons besoin de sa loyauté au Québec et aux francophones de partout au pays. Nous avons besoin de son expérience concrète de l'administration publique, et même des leçons qu'il a pu tirer des erreurs qu'il a le courage et l'intégrité d'admettre lui-même. Nous avons besoin de sa capacité à inspirer et à mobiliser les forces vives et les jeunes de partout au pays.
Aussi, il faut prendre en compte le fait que Bob Rae comme Premier ministre du Canada lors d'un prochain référendum au Québec, ce serait un cauchemar pour les indépendantistes québécois. Imaginez: un Premier ministre canadien progressiste, intelligent, connaissant profondément les Québécois et leur culture, qui connaît d'expérience les besoins des provinces tout en étant fortement engagé pour un Canada fort et uni, et qui en plus est un leader très expérimenté dans le dossier constitutionnel. Les leaders indépendantistes doivent prier en ce moment pour que les libéraux choisissent un autre chef que Bob Rae. Il n'y a pas beaucoup d'autres candidats dont on pourrait en dire autant.
J'invite donc les libéraux à considérer sérieusement la candidature de Bob Rae et à l'aborder à la lumière du leadership dont il a déjà amplement fait preuve. J'y invite aussi tous ceux qui ont vraiment à coeur l'unité de notre pays, car Bob Rae a les qualités requises pour devenir le leader national d'un pays comme le nôtre, et aussi la capacité d'inspirer ces qualités en nous-mêmes.
J'ai vu l'homme agir de près, et le fait qu'il sait accorder ses actes avec sa pensée, ainsi que le leadership dont il a fait clairement preuve depuis plus de 10 ans pour l'unité de notre pays en prenant les risques qu'il fallait pour le faire, est ce qui fonde mon choix en sa faveur. Parce que Bob Rae est réellement un homme de parole, d'expérience, de conviction et d'engagement.