vendredi, décembre 23, 2005

De la calomnie
par Daniel Laprès
Article paru dans La Presse, sous la rubrique «Québec Grand Angle», le 23 décembre 2005

Alors que le Bloc québécois domine allègrement dans les sondages, sa campagne est marquée par certaines pratiques et attitudes qui devraient nous inciter à réfléchir un peu.

De nos jours, de moins en moins de personnes de valeur se lancent en politique. C’est pourquoi on devrait tous se réjouir d’une candidature de l’envergure de celle d’un Marc Garneau, car toute notre vie démocratique y gagne. Malheureusement, dès l’annonce de cette candidature libérale prestigieuse, le premier réflexe du Bloc a été d’utiliser la matraque de la calomnie, en déformant grossièrement une vieille déclaration de M. Garneau, afin de laisser croire qu’il serait contre l’appui public aux personnes démunies ou limitées physiquement ou intellectuellement.

La déclaration en question date de 1986. Or, quelques années à peine avant, Gilles Duceppe était encore l’un des dirigeants d’une organisation maoïste. S’il fallait appliquer la logique bloquiste employée contre M. Garneau, faudrait-il accabler M. Duceppe avec ses propres louanges de l’époque à Mao Tsé Toung. Je crois que ce serait là le calomnier bassement. En fait, notre vie démocratique a besoin de l’exact contraire d’une pratique aussi vicieuse, à laquelle le Bloc a cependant recouru sans hésiter. Avec la perspective de se voir sournoisement sali de la sorte, pas surprenant que les gens de qualité répugnent à s’engager en politique.

Ensuite, le Bloc s’efforce de faire mousser le cynisme à son profit, en évoquant constamment les «libéraux corrompus». Pourtant, le rapport Gomery a clairement démontré que le scandale des commandites était le fait d’une poignée de parasites, contre lesquels d’ailleurs, à moins d’être hypocrite, aucun parti ne peut prétendre être immunisé. Au fait, Jean Brault, président de Groupaction, n’a-t-il pas affiché ses convictions souverainistes? Cet individu n’est donc pas un libéral, mais un pur profiteur. D’ailleurs, sans la commission Gomery, personne n’aurait découvert les importantes sommes d’argent livrées par Brault au Parti québécois lorsque ce dernier était au pouvoir. Évidemment, le Bloc ne parle pas de ces choses et, contre la vérité des faits, il choisit la démagogie en salissant tous les libéraux québécois, car selon lui les indépendantistes auraient le monopole exclusif de la vertu.

En politique, on devrait toujours respecter la dignité de ses adversaires. Personnellement, bien que je ne pense pas comme eux, je reconnais néanmoins que plusieurs militants indépendantistes font preuve d’un grand dévouement au nom de leur idéal, sans attendre rien en retour pour eux-mêmes. Et cela inspire le respect, sinon l’admiration. Mais les militants libéraux méritent le même respect. Dans le Québec d’aujourd’hui, être un libéral, ou même seulement un fédéraliste, c’est faire preuve d’une grande force de conviction, sinon d’abnégation. Les militants libéraux sont des citoyens qui croient suffisamment à leurs idéaux pour s’engager quand même dans une campagne où l’adversité est particulièrement dure contre eux. Mais ainsi, ils contribuent au maintien de notre vie démocratique. Ne serait-ce que pour cette raison, ils méritent bien autre chose que d’être traités de «corrompus», surtout quand ce sont leurs propres idéaux qui ont été souillés par une clique de parasites qu’ils méprisent eux aussi.

M. Duceppe et le Bloc devraient donc faire preuve de bien plus de classe que ce qu’ils ont montré jusqu’à présent, en respectant davantage l’engagement démocratique de leurs adversaires au lieu de les calomnier, ou encore d’appeler à les «faire disparaître». En démocratie, il faut qu’il y ait des camps adverses pour que soit préservée la pluralité des options. Autrement, ce serait se situer dans une logique de parti unique, selon laquelle l’adversaire doit être rayé de la carte. En passant, la calomnie, en plus d’être une pratique totalitaire bien connue, constitue une autre manière d’en arriver au même résultat…

En politique, c’est souvent dans le succès que l’on révèle qui on est vraiment. C’est pourquoi ces attitudes du Bloc ont de quoi laisser songeur, surtout à l’heure où notre démocratie éprouve un cruel besoin d’hommes et de femmes politiques qui savent faire preuve de dignité et de respect dans le débat politique, et qui sont capables d’inspirer les citoyens dans ce qu’ils portent de meilleur.

Remarque: En lisant La Presse ce matin, je découvre que la députée libérale et candidate dans la circonscription de Gatineau, Françoise Boivin, a lancé des insultes grossières contre Gilles Duceppe. Bon sang, quand les politiciens vont-ils finir par comprendre que les insultes contres l'adversaire ne font qu'écoeurer les citoyens par rapport à la politique? En tout cas, je trouve ironique, et plutôt exaspérant, de constater que ces insultes de la part d'une candidate libérale sont publiées le même jour et dans le même journal où j'appelle à plus de dignité et de respect dans le débat politique. Il faut espérer que le message passe, et que des citoyens et citoyennes, de plus en plus nombreux, fassent savoir aux politiciens qu'ils veulent que les choses changent radicalement à cet égard...

lundi, décembre 19, 2005

Jean-Charles Harvey :
un combattant
pour les libertés
au Québec

Jean-Charles Harvey (1891-1967) n'est pas (et ceci est très malheureux) une figure bien connue de l'histoire du Québec. Pourtant, son influence a été déterminante durant toute la période qui a préparé la modernisation du Québec, un livre l'ayant même consacré comme un précurseur de la Révolution Tranquille (Jean-Charles Harvey, précurseur de la révolution tranquille, par Marcel-Aimé Gagnon, éditions Beauchemin, 1970).

Il y a quelques années cependant, une excellente biographie écrite par l'historien Yves Lavertu a été publiée (Jean-Charles Harvey, le Combattant, par Yves Lavertu, éditions Boréal, 2000), mais elle passa quasi inaperçue, comme si nos élites intellectuelles, soumises à l'idéologie nationaliste et indépendantiste, préféraient ignorer une partie importante de notre passé, tout simplement parce qu'elle n'entre pas dans les termes de leur orthodoxie. Ainsi, au lieu de débattre de la pensée et de l'oeuvre d'un adversaire idéologique du passé, on semble préférer le silence. C'est plus efficace quand on veut que certaines idées soient étouffées à jamais. Aussi, c'est la meilleure censure qui puisse être...

Contrairement à son adversaire juré Lionel Groulx, qui était un fasciste et antisémite et qui est le père de l'idéologie nationaliste qui prévaut dans le Québec d'aujourd'hui et dont les nationalistes se réclament toujours (même s'ils nient l'évidence quand aux positions de Groulx), Jean-Charles Harvey n'a ni rue, ni station de métro, ni collège à son nom. Pourtant, il a farouchement défendu les libertés et les droits dont nous jouissons dans le Québec d'aujourd'hui. Il a aussi vaillamment promu la culture et la langue françaises, tout en se battant pour la modernisation de notre système d'éducation. Penseur d'esprit libéral et fédéraliste convaincu, il était tout le contraire d'un «porteur d'eau», selon l'image calomnieuse, démagogique et mensongère que les gourous indépendantistes d'aujourd'hui répandent contre les fédéralistes québécois: Jean-Charles Harvey avait de l'ambition pour les francophones d'ici, et il les incitait à s'investir dans l'économie, la culture, les arts, le tout d'une manière ouverte créative et audacieuse, et qui invitait aussi à ne pas avoir peur de partager un même pays avec une culture différente de la nôtre.

Harvey a publié en 1934 un roman, Les Demis-Civilisés, qui s'est mérité la censure de l'archevêque de Québec. C'était un roman anti-conformiste et audacieux, qui visait à éveiller les gens de chez nous contre la domination du clergé et pour la défense des libertés.

Durant le 2e guerre mondiale, tandis que toute l'élite nationaliste du Québec, de Lionel Groulx jusqu'au quotidien Le Devoir, idolâtrait Mussolini et louangeait les mérites du régime de Pétain qui en France collaborait avec les nazis, Harvey était l'un des seuls, avec son journal hebdomadaire Le Jour, à défendre la France libre et le camp de la démocratie contre le nazisme. Plusieurs écrivains de renom et leaders résistants français collaboraient à son journal, qui était à l'époque de la guerre le seul dans le monde francophone à assumer la mission de défendre ouvertement les libertés démocratiques.

C'est une véritable honte que la vie et l'oeuvre de cet homme courageux, qui fut souvent laissé bien seul dans son combat, soient plus longtemps réduites au silence, et cela pour la simple raison qu'il se méfiait du nationalisme et qu'il croyait dans le Canada. Il faut faire connaître sa pensée, son oeuvre et ses idées, dans lesquelles plusieurs se reconnaîtront, particulièrement les jeunes, qu'ils soient souverainistes ou fédéralistes, mais à condition qu'ils soient ouverts d'esprit et qu'ils sachent ne pas se limiter aux lieux communs et aux idées préfabriquées.

Récemment, son fils Axel m'a donné la collection complète du journal Le Jour, qui appartenait à son père lui--même. Ceci m'a profondément touché et me remplit de fierté. Je compte en tirer une série d'articles écrits par Jean-Charles Harvey, et les publier dans un recueil qui pourrait sortir en janvier 2007, ce qui correspondra au 40e anniversaire de son décès. En relisant les pages du journal Le Jour, je suis étonné de voir combien certaines choses n'ont pas changé au Québec: même absolutisme politique, même climat étouffant avec un nationalisme prônant une Terre Promise illusoire, mêmes accusations pour tous nos maux contre les «méchants Anglais», même sacralisation de la «différence» comme si c'était une absurdité de vouloir construire un même pays avec des gens de langues et de cultures différentes; on n'aurait qu'à changer certains noms mais on retrouverait exactement le même discours.

Aussi, nous allons organiser un événement pour commémorer cet anniversaire, afin de nous souvenir de ce qu'il a représenté pour le Québec moderne ainsi que pour nos libertés, car on y trouve une énorme matière à inspiration. Je vous tiendrai au courant.

En attendant, pour vous donner un avant-goût de la pensée de ce grand humaniste qu'était Jean-Charles Harvey, je vous propose de lire un texte de lui que je reproduis ici-bas, et qui était consacré au thème du nationalisme...



Réflexions sur le nationalisme
Jean-Charles Harvey (tiré de Art et Combat, éditions ACF, 1937)

Entre le nationalisme comme on le pratique aujourd’hui et le patriotisme, il y a toute la distance de la haine à l’amour. On a confondu volontairement les deux mots, pour mieux émouvoir chez les jeunes qu’on veut berner, soulever et exploiter, un des sentiments les plus chers à l’homme.

On a fait servir ainsi la noblesse et la générosité des âmes simples, tantôt à la démagogie d’aventuriers politiques, tantôt à l’autocratie de certains chefs absolus et violents. Pour comble d’horreur, on a fusionné la notion d’État et la notion de patrie, de façon à mieux soumettre les peuples à des formules ou régimes politiques qui sacrifient l’humain, le rationnel, je dirais le bonheur des individus, à ce qu’il y a de plus précaire, de plus conventionnel et de plus arbitraire dans l’existence d’une agglomération humaine. Le nationalisme moderne n’est guère que l’instrument de la passion des uns et du sectarisme des autres. C’est pourquoi, malgré tout l’amour que j’ai pour mon pays, je ne suis pas un nationaliste de cette trempe. Mais patriote, je le serai tant qu’on voudra!

[…] La caractéristique des principaux meneurs nationalistes de notre temps, ce n’est pas tant l’amour du pays natal que l’idée de domination et l’orgueil collectif. Ils exploiteront surtout ce préjugé presque universel qui semble s’être greffé sur la nature, qui veut qu’une nation, un peuple penché sur son histoire ou ses légendes, ait l’impression d’être le nombril du monde, le point de mire de la Providence, le bras de Dieu, parce qu’ils savent qu’en remuant ces sentiments qui ne manquent pas de noblesse par certains côtés, ils pourront fanatiser les masses aveugles et ignorantes, plus aisément persuadées par des contes et des mystifications que par la raison simple et nue, qui est à la portée de tous et qui, comme telle, frappe moins l’imagination et la sensibilité. En ce faisant, les chefs éprouvent pour la foule qu’ils hypnotisent un mépris souverain, mais un mépris qui leur vaut la gloire et la force, sans donner plus de bonheur aux pauvres diables qui se sacrifient et ne servent que de mortier au piédestal d’une idole.

[…] S’il faut considérer toutes les questions politiques uniquement dans leur rapport avec l’intérêt national, on justifie par le fait toutes les spoliations, tous les coups de force. S’il était dans l’intérêt national de l’Allemagne par exemple, un jour qu’elle se sentirait plus forte que toute l’Europe et appuyée par les principales nations, de s’emparer de la France, elle pourrait se servir du principe maurrassien pour écraser la patrie de Maurras, et Maurras devrait avouer que tout cela est juste et bon. Or, la doctrine de Maurras a guidé une partie de notre jeunesse qui ne sait pas réfléchir.

[…] Dans le politique, le point de vue national ne doit venir qu’en second lieu : « L’humain conditionne le politique par en haut et le national par en bas; l’humain à la manière des causes finale et formelle, le national à la manière d’une cause matérielle. Il n’y a au concret qu’un ordre politique, mais beaucoup plus influencé par l’humain que le national… Par conséquent, le politique se rapporte surtout à ce qu’il y a d’humain et spécifique en nous, le national à ce qu’il y a d’individué. » Est-ce assez clair?

Certes, tout homme de cœur doit défendre son individualité dans la mesure où la société n’en souffre pas, comme il doit défendre sa famille dans tous ses droits légitimes; et la nation n’étant que la famille agrandie, il doit de même la défendre contre tout empiétement qui pourrait l’humilier, lui ravir des habitudes chères, des traditions, du bien-être, une langue, une foi. Il doit défendre tout cela jalousement, mais en respectant l’ordre humain et universel dans les bornes de la Loi suprême qui est au-dessus de tout et pour laquelle les nations ne sont que de splendides accidents. Il n’y a rien d’essentiel dans la nation prise comme telle. C’est par des causes purement accidentelles que la nation s’est formée au cours des ans, de même que c’est par des causes purement accidentelles que, comme individu, je suis né et ai vécu sur les bords du Saint-Laurent et ai été incorporé au peuple Canadien-français.

C’est par des habitudes naturelles que je suis né nationalisé, et non pas directement par la nature elle-même. La nature a fait de moi un homme. L’accident a fait de moi un Canadien français. Je suis celui-là avant d’être celui-ci. Je dois me soumettre à l’humain éternel avant de me soumettre à l’humain accidentel. Aucune philosophie au monde ne peut aller là-contre. Que la naissance, l’hérédité, la langue, le climat, l’éducation et le milieu m’aient donné un caractère spécifique dans la grande famille humaine, ce caractère j’y tiens et veux bien le conserver malgré ses multiples imperfections; mais par ce qu’il y a en moi de plus élevé, de plus noble, de plus incorruptible, par la pensée qui pense et par la raison qui raisonne et aussi par les voix les plus profondes de ma conscience, je suis humain et respecte l’humain avant toute autre chose; et j’entends par humain tout ce qui fait le fond même de l’esprit et du cœur, ce qui existe au même degré sous toutes les latitudes et qui fait que, à quelque nation, à quelque race qu’on appartienne, on puisse toujours se comprendre et s’aimer.

Je considère ou comme des êtres inférieurs ou comme des sectaires ou comme des exploiteurs, les hommes qui se barricadent derrière l’idée nationale et qui seraient prêts à tout sacrifier à cette idée, sans tenir compte de tous les bonheurs que peut éteindre une telle idéologie et de toutes les douleurs qu’elle peut susciter. […]

À mesure qu’un individu s’élève, que son cœur s’élargit, que son intelligence s’éclaire, que sa raison s’équilibre, il se dépouille d’une foule d’éléments passionnels qui entravaient ses facultés supérieures alors qu’il les croyaient essentiels; son front se dresse plus haut, plus pur et plus serein dans la lumière de la vérité; il voit mieux la bonté, la beauté, la sublime ordonnance des choses; il distingue nettement l’accident de l’essence, il sépare l’être de ses propriétés et de ses habitudes et il acquiert par là cette note profonde d’universalité sans laquelle aucune perfection humaine n’est possible. C’est pourquoi je ne crois pas que les hommes vraiment supérieurs puissent s’emprisonner dans le nationalisme.

mardi, décembre 13, 2005

Un de nos plus grands poètes face au nationalisme

J'aime beaucoup lire les classiques de la littérature de chez nous. On y trouve souvent des trésors pour la réflexion et la compréhension du monde qui est le nôtre. J'aimerais vous présenter un texte tiré du Journal du grand poète québécois Hector de Saint-Denys Garneau (mort à 31 ans seulement, en 1943), qui fut et demeure l'un des piliers de notre littérature. (Pour le découvrir, on lira avec beaucoup de profit les ouvrages que lui a consacré le poète François Charron, aux éditions Les Herbes Rouges).

Cette entrée de son journal date de 1938, et porte sur le nationalisme. À l'époque, comme on le sait, le nationalisme était ici, tout comme aujourd'hui, l'idéologie dominante dans la société québécoise. Le jeune poète revenait ce soir-là d'une réunion du groupe La Relève, durant laquelle on avait parlé du nationalisme. Cette discussion avait laissé un certain malaise dans l'esprit de Saint-Denys Garneau, car selon lui le nationalisme était potentiellement porteur du danger de sacraliser la «Nation» au détriment de l'«Humain».

Je trouve ces lignes très lucides quant aux dérives potentielles du nationalisme, qui est devenu, dans le Québec d'aujourd'hui, une idéologie obligatoire, faute de quoi on ne serait pas un Québécois, du moins aux yeux de certains dont l'influence est prédominante chez nous. Il serait temps, pourtant, qu'on commence au Québec un vrai débat sur la pertinence ou non de l'idéologie nationaliste. Faut-il être absolument être nationaliste pour assumer son identité linguistique et culturelle? N'y a-t-il pas d'autres approches qui seraient moins exclusives et plus ouvertes à l'égard des autres cultures qui existent dans notre pays?

En tout cas, ce ne sont pas les questions qui manquent. Mais je crois qu'en lisant ce texte d'un de nos plus grands poètes québécois, on peut trouver matière à réflexion et, surtout, affronter ces questions, au lieu de les ignorer comme on le fait trop souvent. Il est aussi à signaler qu'il est assez singulier que ce texte de St-Denys Garneau ne soit pas encore aussi connu qu'il devrait l'être. Après tout, St-Denys Garneau est un pilier de notre littérature, mais peut-être que cela ne ferait pas l'affaire des gardiens de l'orthodoxie nationaliste qui s'est emparée de nos élites culturelles de voir un tel texte davantage connu, lu et réfléchi...


Extrait du Journal du poète Hector de Saint-Denys Garneau* :

Notes sur le nationalisme

Rencontre ce soir chez Claude Charbonneau, qui veut définir dans une manière de manifeste les positions de La Relève en matière de nationalisme.

Qu’est-ce que le nationalisme?

C’est une façon d’envisager les problèmes par rapport à la nation.

Quels problèmes peuvent être légitimement envisagés sous cet angle, et jusqu’à quel point?

L’économie, il est impossible, à leur dire (Robert et Robert) de l’envisager sous cet angle. Cela reviendrait à transporter la richesse des capitalistes Anglais aux capitalistes Canadiens Français, par quoi l’état du peuple, de la nation ne serait pas amélioré. (Même si cela donnait de l’argent aux Canadiens Français pour encourager la culture; car il est avéré que, ayant l’argent, ils se referment sur la jouissance et la sécurité qu’ils en tirent.)

Une politique nationaliste. Qu’est-ce que cela donnerait? Un boycottage politique des Anglais. Et après? Ce qu’il nous faudrait c’est un gouvernement non pas nationaliste mais simplement honnête. Et pour que l’État ait toutes les initiatives? Cette centralisation ne serait bonne à rien. (Je n’y vois pas grand-chose d’ailleurs, pour ma part.)

Il reste les problèmes de culture. Est-ce que la culture peut être envisagée sous l’angle nationaliste? Il me semble que non. La culture est chose essentiellement humaine dans son but, elle est essentiellement humaniste. Faire des Canadiens Français est une notion qui a peut-être cours mais qui n’a aucun sens. Elle est même à contresens et contre-nature. On peut prendre conscience de soi pour se donner, se parfaire : mais non pas pour se parfaire SOI, mais bien pour se parfaire HOMME.

D’ailleurs on devient soi non pas tant en se cherchant qu’en agissant. Tout mouvement vers soi est stérile. Et surtout je crois pour un peuple. Un peuple se fait en agissant, en créant, c'est-à-dire en communiquant. Il prend conscience de soi dans la communication. Depuis le temps qu’on attend le créateur, le poète, qui donnera au peuple C.F. son image. Il viendra à son heure sans doute et quand la substance du peuple sera assez forte et réelle, et assez unique, différenciée de tout autre pour inspirer d’une façon puissante le génie attendu.

Car le génie n’est pas le produit du peuple. Toutefois il participe à sa culture, son ambiance; et étant plus proche de ce peuple, c’est lui qu’il verra le mieux et pourra le mieux rendre. Le peuple, la nation ici joue un rôle de matière. Quant à une façon de concevoir canadienne française à laquelle participerait l’artiste canadien français, je ne vois rien encore dans ce sens, et je ne crois pas que cela soit près de se manifester d’une façon très définie. Il appartiendra donc à ce créateur de présenter au peuple son visage reconnaissable et idéal. Cela l’aidera sans doute à prendre conscience de soi, à exister. Mais cela est le signe que ses traits sont accusés et non pas le signe selon lequel accuser ses traits. Encore une fois, toute cette mystique rétroactive me semble contre-nature, stérile, stérilisante.

(Cette façon de concevoir, est-ce une façon d’envisager les problèmes, la vie? Chacun en diffère. Mais y aurait-il un résidu selon quoi chacun pour obtenir des résultats différents passerait par certains processus communs? Je ne saurais dire s’il existe rien de tel ici. En tout cas il ne me semble pas qu’une recherche de ce fonds commun et spécifiquement C.F. soit bien féconde. De plus je vois difficilement qu’on puisse baser une culture sur quelque chose d’aussi difficile à saisir. Et il est inadmissible de diriger la culture vers une accentuation de ces traits individualistes.)

La culture a donc un sens de perfectionnement humain. Elle est essentiellement humaniste. Elle veut faire des hommes et non pas des Canadiens Français. Il n’y a pas ici opposition, mais seulement une distinction de priorité de valeur, de direction. Faire des hommes avec des C.F. et non pas des C.F. avec des hommes. On prétend bien en faisant des C.F. faire des hommes plus hommes. Mais toute méthode qui n’est pas proprement dirigée vers l’humain a peine à n’être pas restrictive et de courte vue. Ainsi toute l’éducation historique et nationaliste.

La nation C.F. me semble donc devoir être considérée par rapport à la culture comme un donné. Un donné que la culture humaniste (dans le sens d’humaine et non pas d’élite lettrée) doit élargir à l’humain.

Tout l’effort, me semble-t-il, tout le problème consiste à libérer l’humain (non pas libérer le C.F.). D’ailleurs, cela ne tend pas à faire des êtres uniformes et à enlever à la Nation C.F. ses traits caractéristiques; au contraire, si cela efface ses traits déformants, ses défauts et tout le restrictif, si cela tend à la vie pleine, à la libération de la vie, les communications plus véritables, plus simples et plus vivantes avec le milieu (nature, travail, etc.) laisseront ces traits essentiels s’accuser avec plus de caractère, plus de fermeté. Ce sera un peuple vraiment soi pour communiquer avec d’autres peuples.

Mais dans une œuvre qui tendrait à cultiver la Nation C.F., à libérer l’humain dans notre peuple, il faut tenir compte de ce donné qu’est la nationalité. Et c’est là que se place l’équivoque. Certains réduisent tout à ce donné, veulent inclure tout dans ce donné dans ses caractéristiques nationales (d’où prêche nationaliste qui ignore l’humain, et moyens courts et inefficaces) alors qu’il importe de tenir compte dans ce donné de l’humain, c'est-à-dire de tout ce qui ouvre et non de ce qui ferme en tâchant de définir.

C'est-à-dire qu’il faut tenir compte du donné essentiel humain dans le but de le libérer, et des conditions où ce donné se trouve pour choisir les méthodes pour sa libération.

Maintenant, ces conditions prennent plusieurs aspects. Il y a la nationalité C.F. qui affecte ce donné humain. Puis il y a les conditions économiques, conditions de vie, de travail, d’état.

Une action, pour être efficace, suppose donc une connaissance des conditions où se trouvent ceux auxquels elle s’adresse. Mais ici encore la considération de l’aspect C.F. de ces conditions ne me semble pas un guide profond pour agir. Ce que nous voulons améliorer, par exemple, c’est la condition de l’ouvrier, non pas en tant que C.F. mais en tant qu’ouvrier. Et ainsi pour le paysan. À moins que le problème ouvrier et paysan n’offre un aspect proprement C.F. Et ainsi certaines justes revendications prendraient un caractère proprement nationaliste, d’un frère qui réclame justice pour un frère qu’on exploite.

Ainsi il y aurait en effet un certain aspect proprement C.F. de la question qui légitimerait une attitude nationaliste. Cela consisterait surtout à s’unir pour certaines revendications. Le terrain d’entente pour ces revendications serait proprement C.F. donc nationaliste. (Ceci surtout pour l’emploi des C.F. et leur accession à des fonctions plus hautes, plus rémunératrices.)

Mais notre action qui veut envisager la vie de notre patrie, la vie et notre vie dans le milieu où la Providence nous a placés veut être plus profonde et plus radicale. Et de ce point de vue, le problème humain déborde de partout le problème national. Ce n’est pas en tant que national qu’il nous interpelle le plus profondément, mais en tant qu’humain. Et c’est par des moyens humains qu’on peut remédier aux maux de nos compatriotes et non aux maux humains par des moyens nationalistes. Car le mal dépasse la notion de national, il est humain, et seuls peuvent le vaincre des moyens humains.

Est-ce que nos maux sont nationaux? Non pas. Ils peuvent nous être particuliers mais ce sont des défauts humains qui affectent les C.F. Il y faut des remèdes pleinement humains.

Ainsi le grand problème de l’éducation nationale. Qu’est-ce que l’éducation nationale? Est-ce une éducation pour créer une nation selon le type C.F. ? Et alors la présentation au peuple de certains types, de certaines formules, d’une mystique nationale. Est-ce que cela donne au peuple la conscience de faire partie d’une nation? Et puis, ensuite? Même, cette éducation peut-elle exister sans un sens restrictif?

Dès qu’on parle d’éducation, il semble que le mot national tombe de lui-même comme inadéquat. La matière qui nous est offerte est pleinement humaine, et dès que l’attention dévie sur le national il semble que l’équilibre est rompu en faveur de l’immédiat et perd tout de suite de sa profondeur, c’est-à-dire qu’on n’en touche plus le fond. Est-ce que des éducateurs formés dans le sens du national ne risquent pas d’avoir l’esprit vite arrêté, de ne pas voir les problèmes dans toute leur ampleur, qui est humaine?

En tout cas, actuellement, la réalité en péril nous sollicite dans toute son ampleur. Le problème qui se pose est humain en son fond. C’est en cherchant l’humain, les valeurs humaines et la justice humaine que nous pourrons y apporter quelque chose. Nous considérons l’état humain de la nation.

Le problème et la solution sont humains, avec un corollaire de bien secondaire importance dans le sens nationaliste.

Il faut distinguer ce qui dans notre problème est proprement national et humain. Ce à quoi il faut apporter remède humain et non national. Ce où une action nationale est nuisible. Ce où elle est inadéquate. Ce où elle est inadmissible.

*Tiré de : GARNEAU, Hector de St-Denys, Journal, Montréal, (collection Bibliothèque Québécoise), 1996.

samedi, novembre 26, 2005

Bêtise.ca

Cet éditorial http://uni.ca/noirceur_fr.html, qui vient de paraître sur le site uni.ca, lequel prétend défendre le fédéralisme, ne constitue rien d'autre qu'un summum de bêtise et de calomnie. J'en ai plus qu'assez des fanatiques et imbéciles de toutes les sortes qui répandent toutes sortes d'inepties et qui étalent leur délire, et ce peu importe de quel bord ils sont, même, sinon surtout, quand ils proviennent de mon propre camp.

Premièrement, d'illustrer cet éditorial avec une photo des jeunesses hitlériennes (tiens, tiens: cette photo a été enlevée du site 29-11-05...) est non seulement une diffamation très grave contre les souverainistes, mais aussi une insulte à l'intelligence, voire un assaut contre la décence la plus élémentaire. Je condamne vivement un geste aussi ignoble, qui en plus est une injure aux vraies victimes de l'horreur nazie. On n'a aucun droit de récupérer une telle tragédie qu'a été le nazisme pour attaquer injustement nos adversaires. En tant que fédéraliste, j'ai honte d'un procédé aussi répugnant, qui relève de la démagogie la plus odieuse qui soit.

Deuxièmement, le contenu même de cet éditorial déforme grostesquement la teneur réelle des débats qui ont eu lieu lors du congrès du Bloc québécois au sujet de l'éventualité de la création d'une armée québécoise dans un éventuel Québec indépendant. Que ceux qui pensent créer un État indépendant envisagent la création d'une armée, voilà qui ne saurait surprendre, les forces armées étant l'une des manifestation de l'existence de tout État. Mais au lieu de débattre intelligemment de ce genre de question, les gens d'Uni.ca ont plutôt choisi de laisser croire que, contre l'évidence même des choses, les militants du Bloc et du PQ seraient en train d'échafauder des plans pour créer des hordes militarisées d'exhaltés barbares. Une telle caricature de la réalité est une infâmie qui couvre de honte le groupuscule d'insignifiants qui viennent de la signer.

Il y a certes des tendances fanatiques et intolérantes dans le mouvement indépendantiste québécois. Il y a même aussi une complaisance inacceptable à leur égard de la part de plusieurs membres de l'élite politique et intellectuelle de ce mouvement. J'ai déjà longuement élaboré là-dessus dans ce blogue et dans mes autres interventions publiques. Mais quand on dénonce ce genre de tendances, on doit appuyer nos dires sur des faits réels et vérifiables, ce que j'ai également fait. Les gens d'Uni.ca, eux, ont plutôt choisi de lancer toutes sortes d'affirmations grossières, sans démontrer quoi que ce soit quant aux faits qui pourraient appuyer leurs dires. Cette méthode est carrément malhonnête et mensongère.

Aussi, malgré toutes les questions qu'il faut poser, en toute légitimité, quant aux tendances fanatiques et intolérantes qui sont bel et bien agissantes dans le mouvement indépendantiste, il faut quand même reconnaître, par souci d'honnêteté, que la vérité n'en demeure pas moins que la vaste majorité des militants souverainistes ne sont ni fanatiques, ni intolérants.

Je suis en faveur d'un vigoureux débat avec les indépendantistes, notamment sur la pertinence de l'idéologie nationaliste; mais ceci dit, pour pouvoir débattre, il faut savoir respecter l'adversaire lorsqu'il se révèle respectable. Il est vrai que je suis sans concession aucune pour les Pierre Falardeau et autres brutes intolérantes et fanatiques de son genre, qui sèment ouvertement, sinon fièrement, la haine contre tout ce qui ne pense pas comme eux. Je les ai dénoncés, et je les dénoncerai encore, car ces gens-là méprisent la démocratie et ils méprisent les Québécois eux-mêmes, dont la vaste majorité est loin de partager leur fanatisme délirant. Mais il s'agit là de simples groupuscules de brutes intolérantes en manque d'émotions fortes, des paranoïaques qui voient des «traîtres» partout et qui, n'ayant rien d'autre à faire de leurs vies, voudraient nous rejouer ad nauseam la bataille des Plaines d'Abraham.

Ceci dit, la plupart des souverainistes que je connais sont des gens décents et intelligents, dont les convictions sont remplies d'idéal et de noblesse, et qui croient en la démocratie et dans le respect de toute personne humaine, y compris de ceux qui ne pensent pas comme eux. Et ce n'est pas en les calomniant outrancièrement comme viennent de le faire les gens d'Uni.ca qu'on peut arriver à poser les termes du débat national d'une manière plus utile et plus saine que ce à quoi nous en sommes rendus présentement.

Les fanatiques et imbéciles, quels qu'ils soient, nuisent toujours à la cause qu'ils prétendent promouvoir. Les gens d'Uni.ca viennent de le prouver d'une façon plus qu'éloquente. En tant que fédéraliste et démocrate, j'exige qu'ils présentent des excuses pour l'acte dégradant que constitue cet éditorial diffamatoire, car non seulement ils diffament gravement les souverainistes démocrates, mais ils viennent également de souiller de leur bêtise l'option fédéraliste elle-même.
De l'imposture
Les fédéralistes québécois sont tout aussi aptes que le PQ et le Bloc à se revendiquer des intérêts du Québec
Daniel Laprès
(Article publié dans le cadre de la rubrique «Québec Grand Angle», La Presse, 26 nov. 2005)
Voyons les choses en face : il y a au Québec, et depuis trop longtemps, quelque chose de profondément malsain dans la manière dont se déroule le débat national. Les indépendantistes prétendent détenir l’absolu monopole de l’identité québécoise et des intérêts du Québec, et pour mieux ostraciser les fédéralistes québécois, ils répandent cette fausse perception qui veut laisser croire que l’adhésion à l’idéal canadien serait incompatible avec l’attachement au Québec ainsi qu’à la culture et à la langue françaises.

Ce thème a été particulièrement martelé lors du récent congrès du Bloc québécois, où on a entendu plusieurs orateurs haranguer la foule en vociférant contre tout ce qui est libéral et fédéraliste une litanie d’accusations et d’insultes souvent grotesques, le tout pour rassasier l’appétit de meutes en mal de nationalisme exacerbé. Par exemple, la pathétique prestation du leader parlementaire du Bloc, Michel Gauthier, était à cet égard très révélatrice : M. Gauthier n’a eu qu’à désigner certains noms pour que la foule se mette aussitôt à crier en chœur son mépris, sinon sa haine.

Nous en sommes donc rendus là au Québec : au lieu de débattre de ses idées, il suffit de lancer en pâture les noms de certaines personnes du camp adverse pour que, sans autre argument ou démonstration, l’auditoire se mette à exprimer sa hargne rageuse. C’est avec une telle logique qu’on nourrit l’intolérance, d’autant plus que, dans le cas évoqué ici, les personnes visées étaient désignées en tant qu’«ennemis du Québec», et ce pour la simple raison que leur point de vue diffère de celui des indépendantistes.

Bien entendu, les débats politiques ne peuvent toujours faire dans la dentelle. Une certaine virulence est nécessaire au choc des idées, surtout lorsque des convictions profondes sont en jeu, et Dieu sait combien l’enjeu national peut relever de passions difficilement maîtrisables. Mais la désignation de soi-disant «traîtres à la Nation» et l’excitation des foules par la démagogie haineuse doivent être radicalement rejetées, particulièrement à notre époque où le cynisme mine gravement nos institutions démocratiques, au point où le taux de participation aux scrutins baisse de façon déjà bien inquiétante.

Indépendantistes et fédéralistes sont également concernés, car c’est la classe politique dans son ensemble qui est touchée par ces dérives qui affaiblissent notre vie démocratique. (C’est d’ailleurs pourquoi, bien que fédéraliste convaincu, je n’ai pas hésité à condamner les récentes insultes contre les chefs du PQ lancées par le ministre Pierre Pettigrew, qui n’a ainsi en rien aidé à rehausser le niveau du débat, en plus de donner une tonalité insignifiante au discours fédéraliste, tonalité qui m’horripile de plus en plus car elle jette le discrédit sur une option et un idéal qui méritent bien mieux qu’une performance aussi lamentable).

Gilles Duceppe, dans sa logique habituelle du «deux poids, deux mesures», vient d’accuser les libéraux de «confondre l’intérêt du parti libéral avec l’intérêt du Canada»; pourtant, le Bloc ne cesse de prétendre qu’il serait le seul à défendre les intérêts des Québécois, même si, en réalité, ce parti ne défend rien d’autre que la vision indépendantiste du Québec. Devant quoi ce qu’il faut rappeler, c’est que ni le Bloc québécois, ni le Parti québécois, ni le mouvement indépendantiste, ne sont les seuls dépositaires des intérêts des Québécois. Les indépendantistes ne détiennent aucune exclusivité en ce qui concerne l’identité et les intérêts du Québec; prétendre le contraire relève de l’imposture pure et simple.

Les fédéralistes québécois sont tout aussi aptes que les indépendantistes à se revendiquer des intérêts du Québec et des Québécois; ils ont pleinement le droit, avec au moins la moitié de la population québécoise sinon plus, de partager la conviction que les intérêts du Québec en matière de prospérité sociale, culturelle et économique passent par la participation à ce pays toujours en chantier qu’est le Canada, dans lequel les Québécois peuvent, s’ils le veulent, être des leaders, dans une optique ambitieuse pour le Québec et les Québécois. Et on ne devrait plus tolérer que certains interdisent de penser ainsi au Québec.

jeudi, novembre 17, 2005

Pettigrew: c'est assez !!!

Pierre Pettigrew vient de nous servir, encore une fois, une belle démonstration de son ineptie et de son insipidité, en traitant hier les chefs du PQ de «losers». En plus de ne rien apporter au débat, une telle déclaration étonne, venant de quelqu'un qui a senti le boulet du canon siffler à son oreille lors de l'élection de 2004 puisqu'il a bien failli bien perdre son comté, n'ayant été élu que par quelques centaines de voix de majorité sur une adversaire bloquiste totalement inconnue et âgée de seulement 20 ans. Lors de l'élection prochaine qui devra avoir lieu en janvier, Pettigrew risque d'ailleurs très fort de devenir lui-même un «loser», ayant cette fois-ci affaire à une adversaire bloquiste bien plus connue et redoutable, Vivian Barbot.

Pettigrew devrait donc se montrer beaucoup moins triomphaliste, d'autant plus qu'il est loin d'être l'une des personnalités en vue qui ont aidé la cause fédéraliste au Québec. En effet, je suis porté à croire qu'il est de ces leaders fédéralistes que Henry Mintzberg, dans le Globe and Mail d'hier, dénonçait pour leur exaspérante nullité.

Qu'on se comprenne bien: je suis fédéraliste et libéral, mais je crois que la perte d'un tel individu serait loin d'être tragique pour le camp fédéraliste, et même pour le parti libéral. Ça nous forcerait à nous renouveler, et nous en avons un urgent besoin. En fait, Pettigrew n'a contribué en rien à faire progresser l'idéal canadien au Québec, et il fait partie de ces politiciens qui n'ont pas la moindre préoccupation pour le mieux-être des citoyens. Pas étonnant que son message ne passe pas auprès du public, sa crédibilité étant nulle. De plus, sa gestion ministérielle, partout où il est passé, s'est surtout avérée un échec lamentable. On se souvient par exemple du fiasco au ministère des ressources humaines, qui a eu lieu durant son règne à la tête de ce ministère, et que c'est sa collègue, Jane Steward, qui a dû écoper à sa place. Et aux affaires étrangères, il est l'un des pires ministres que ce ministère ait subi depuis des décennies, tellement il est insignifiant et complètement désengagé.

Pour titre de ma dernière chronique «Québec Grand Angle» de La Presse, le 29 octobre, la rédaction du journal avait choisi pour titre: «Les fédéralistes doivent parler». J'aurais préféré «Pour un Big Bang fédéraliste», car au fond, même si je conviens que les fédéralistes doivent parler, ils doivent surtout cesser de dire n'importe quoi, et surtout pas des insipidités comme celle livrée par Pettigrew hier, qui ne font qu'imposer une image gravement négative et médiocre des fédéralistes. C'est pourquoi le «Big Bang» dont je parlais contient aussi l'idée de se débarrasser une fois pour toutes de certaines pratiques et comportements qui affectent gravement la crédibilité du fédéralisme au Québec. Je disais précisément qu'il faut rompre avec la médiocrité; il semble assez évident que Pettigrew et ceux qui agissent comme lui ne peuvent comprendre un tel langage.

Pourtant, André Boisclair est éminemment vulnérable. Mis à part la faiblesse de caractère qu'a montré sa gestion de la crise autour de sa consommation de cocaïne, il est un politicien qui ne peut rien dire de concret sur ce qu'il entend faire des problèmes criants que confronte la société québécoise. Son discours sonne creux, même s'il est paré de termes grandiloquents qui semblent faire davantage plaisir à celui qui les prononce qu'aux nombreux citoyens qui se sentent concernés par les enjeux sociaux et politiques que nous vivons. Sur le front des idées, nous pourrions le contester vigoureusement, tellement ce gars-là n'est qu'une image complètement vide de contenu. C'est pourquoi il m'enrage de constater que, pour toute réponse, un Pierre Pettigrew, qui aime pourtant bien se donner des airs de pseudo-intello, ne sait que lancer des insultes tellement maladroites et grossières, qui en plus sont choquantes pour le public, qui veut, à juste titre, des débats politiques d'un plus haut niveau et davantage orientés vers l'intérêt général.

L'idéal canadien mérite bien mieux que des porte-parole aussi ineptes, qui permettent notamment aux indépendantistes de compter des buts les uns après les autres auprès de l'opinion publique. Tant et aussi longtemps que nous ne romprons pas avec des représentants politiques aussi insipides, les indépendantistes seront en avance, et nous n'aurons personne d'autre à blâmer que nous-mêmes.

Il nous faut, et ça presse, de nouvelles idées et de nouveaux leaders. En fait, il nous faut des leaders qui sont capables d'avoir des idées et d'être à la hauteur de l'idéal canadien.

samedi, novembre 12, 2005

Du nationalisme étriqué
Cornellier, Louis
Le Devoir, 12 novembre 2005

Fondateur du journal indépendantiste Le Québécois, Patrick Bourgeois est un militant batailleur. Les fédéralistes, pour lui, sont moins des adversaires idéologiques que des ennemis. Inspiré par la pensée décolonisatrice d'Albert Memmi, Bourgeois considère le Canada comme un pays agressivement assimilateur et le Québec comme une colonie en lutte pour sa liberté. Cause première de ce triste état de fait, la Conquête anglaise, selon lui, aurait transformé les Québécois en êtres peureux et traumatisés sur le plan identitaire, et seule l'indépendance pourrait renverser la situation. Aussi, si vous êtes favorable à cette solution, Bourgeois vous considère comme un frère d'armes, mais si vous êtes contre, vous êtes un traître, un vendu ou, comme Pierre Elliott Trudeau, un «génocidaire en puissance». On est près, ici, de la pensée d'un Pierre Falardeau qui, d'ailleurs, est le préfacier de ce livre.

Pour être contestable à certains égards, cette pensée un peu brutale n'en reste pas moins légitime en ce qu'elle s'appuie sur certains arguments valables. Le malaise ressenti à la lecture de We Are Québécois when ça nous arrange ne tient donc pas au parti pris indépendantiste et décolonisateur de son auteur, mais plutôt aux insinuations à saveur ethnique qui lui tiennent lieu de stratégie argumentative.

On peut penser, en effet, que Justin Trudeau, Ben Mulroney et Yann Martel, en se faisant les chantres d'un bilinguisme salvateur et garant d'une ouverture sur le monde, se trompent, nuisent au projet souverainiste et doivent être contestés. Laisser entendre, comme ils le font, que le projet d'un Québec indépendant et français est rétrograde parce que l'avenir sera aux identités multiples relève de la bêtise idéologique et de la mesquinerie. Aussi, critiquer leur attitude de parvenus identitaires est donc un devoir intellectuel et il est pertinent de s'y employer.

Là où Bourgeois dérape, toutefois, c'est quand il attribue la source de leur attitude à leurs origines ethniques. Facile de comprendre, suggère-t-il, pourquoi ces gens-là sont des traîtres quand on constate qu'ils appartiennent à «une nouvelle race de bâtards» issue, par filiation, du «métissage ethnique» et riche en «collabos» à la double identité. On croirait lire du mauvais Lionel Groulx (je précise, parce qu'il y en a du bon)! Ce glissement du débat d'idées vers une chasse au complot fondé sur l'origine ethnique est profondément malsain et n'aide pas la cause souverainiste en donnant raison à ses adversaires les plus primaires.

Montrer que Jean Charest nuit au Québec en s'accrochant obséquieusement à la logique fédéraliste, que Paul Martin n'a rien d'un ami du Québec et qu'Alain Dubuc est prêt à toutes les bassesses argumentatives pour discréditer le projet souverainiste est un juste combat. Affirmer, par ailleurs, que leur fédéralisme s'explique par leur identité métissée relève de la xénophobie la plus crasse et est parfaitement indéfendable puisque cela voudrait dire que les idées tiennent à l'origine ethnique.

Il n'y a rien de scandaleux, redisons-le, à qualifier des gens de mauvais penseurs, d'adversaires, de mercenaires, voire d'opportunistes, quand on a des arguments pour ce faire. On peut, oui, dire haut et fort: voici, à mon avis, des gens dont les opinions et les gestes nuisent au progrès du Québec. Nous sommes, alors, dans l'argumentation, aussi polémique soit-elle. Présumer d'un lien de causalité entre les origines ethniques et la pensée (et non entre la culture et la pensée, ce qui serait autre chose) nous fait toutefois quitter ce terrain pour nous entraîner dans l'orbite d'un antihumanisme déshonorant que le souverainisme, tout comme le fédéralisme d'ailleurs, doit fuir comme la peste.

***
We are Québécois when ça nous arrange
Patrick Bourgeois
Les Intouchables
Montréal, 2005, 160 pages

La critique de Louis Cornellier est intéressante. Indépendantiste chevronné, il n'en sait pas moins faire preuve de civilité, contrairement à la haine totalitaire des responsables du journal Le Québécois qu'il critique dans son article. Ceci dit, Cornellier lui-même, dans ce même article, tient un propos qui n'en est pas moins porteur d'éléments questionnables en matière d'éthique du débat public.

Premièrement, Cornellier évoque le livre de Bourgeois comme étant «bien près de la pensée d'un Pierre Falardeau». Pas besoin pourtant de prendre une telle précaution: les vues de Bourgeois et de Falardeau sont carrément identiques, fondées sur une haine politique, un fanatisme et une intolérance qui incarnent l'exact contraire de l'esprit de la démocratie. Nous sommes ici en présence d'une pensée politique totalitaire, où quiconque pense autrement est vu comme l'«ennemi de la Nation» qu'il faut abattre, et non comme une personne ayant le droit à son opinion. Apologistes de la violence verbale, les Bourgeois et Falardeau nourrissent une haine qui pourrait bien, si on n'y prend garde, développer des conséquences funestes pour notre société.

Aussi, il ne s'agit pas d'une pensée «un peu» brutale, comme le dit Cornellier. Cette pensée EST carrément brutale, pas seulement «un peu». Pourquoi Cornellier sent-il le besoin d'utiliser une telle précaution, alors que les faits démontrent que ces gens-là sont des apologistes de la violence?

Cornellier s'amuse aussi à trouver du «bon» dans l'oeuvre de Lionel Groulx, ce chantre du fascisme et du nationalisme identitaire qui a imprégné de sa marque le nationalisme québécois contemporain. J'aimerais bien qu'il expose davantage en quoi Lionel Groulx a laissé du «bon». Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'essentiel de son oeuvre a fait la promotion d'un nationalisme ethnique, refermé sur lui-même, en plus d'avoir livré une conception de l'histoire qui est gravement mensongère, déformant les faits les uns après les autres.

Enfin, Cornellier fait preuve d'une certaine intolérance lorsqu'il parle des fédéralistes. Ainsi, Jean Charest s'accrocherait «obséquieusement» au fédéralisme, comme s'il ne défendait en rien les intérêts du Québec, alors que son bilan jusqu'à maintenant n'est pas sans accrochages sérieux avec Ottawa. Serait-ce que chaque fédéraliste québécois serait nécessairement «obséquieux»? Pourquoi recourir à une telle insulte? Pourtant, il n'y a qu'à écouter les leaders indépendantistes pour se rendre compte qu'eux aussi ne sont pas sans «obséquiosité» lorsqu'ils évoquent, de manière souvent lyrique et exhaltée, les «lendemains radieux» de l'accession du Québec à l'indépendance politique, qu'ils présentent constamment comme l'avènement de la «Terre Promise».

Et bien entendu, Cornellier, en bon indépendantiste inconditionnel, se doit de qualifier un Alain Dubuc d'adepte de «toutes les bassesses argumentatives pour discréditer le projet souverainiste». Dans cette logique, n'importe quel commentateur et analyste fédéraliste ne saurait jamais être entendu, peu importe l'aspect rationnel et fondé de ses arguments, et si vous critiquez le projet indépendantiste avec une certaine efficacité en appuyant vos propos sur les faits bien tangibles, votre critique ne peut, selon les propos de Cornellier, qu'être vile et basse. Au diable donc le respect qui pourrait permettre un débat plus éclairant qu'un tel lancement d'anathèmes...

En ce sens, Cornellier n'est guère éloigné de la pensée de Bourgeois et de Falardeau, qu'il semble critiquer, assez timidement je ferai remarquer, seulement pour se démarquer de l'aspect infréquentable de cens gens-là, mais, ceci dit, il ne semble guère remarquer que les leaders politiques les plus en vue du camp indépendantiste, soit les Bernard Landry, Jacques Parizeau, Gilles Duceppe et consorts, ne cessent d'appuyer les oeuvres du journal Le Québécois, en y participant fièrement. On n'a qu'à faire la somme de toutes les publicités dans ce journal payées par les députés du Bloc Québécois et du Parti Québécois (publicités en fait payées par les contribuables), pour s'en rendre compte. Que l'élite politique du mouvement indépendantiste donne ainsi sa caution à ces adeptes du fanatisme et de l'intolérance, voilà une chose sur laquelle Cornellier ne semble guère se formaliser, alors que s'il était vraiment l'humaniste qu'il affirme être, il devrait s'en indigner.

mardi, novembre 08, 2005

Délire, acte 2

On entend souvent parler des «rêves» et de l'«imaginaire» qui seraient à la base du projet indépendantiste. En surfant sur le net, on trouve en effet plusieurs sites qui présentent d'innombrables thèses souvent contestables et peu appuyées par les faits. Et il existe une véritable constellation de tels sites, tout aussi créatifs les uns que les autres.

Je désire aujourd'hui vous signaler l'un de ces sites, celui-là bien dur à battre en matière d'imagination fertile. Je vous invite donc à cliquer sur le lien suivant, et surtout à écouter religieusement le document audio MP3 auquel vous aurez accès en cliquant sur l'image d'une espèce de personnage barbu et couronné que vous trouverez en haut de page.

Vous constaterez alors qu'il existe au moins une certaine frange du mouvement indépendantiste québécois qui carbure à un pareil délire. Le plus singulier est que les gens concernés semblent se prendre tout-à-fait au sérieux.

Le tout prendra 5 minutes de votre temps, mais je vous assure que vous ne trouverez pas le temps long...

http://esoterisme-exp.com/francais/main/actualites/occasion/sacres/grandmonarque.htm

samedi, novembre 05, 2005

Commentaire de M. Pierre Lemay

Bonjour M. Daniel Laprès!

La lecture de votre article « Les fédéralistes doivent parler » et les commentaires émis sur votre site, m’ont motivé à émettre mes visions personnelles sur les événements qui forgent ou ont forgé notre pays « le Canada ».

D’abord un aperçu de mon profil : natif de Lévis, 67 ans, marié, « cours classique partiel», diplôme collégial en techniques aéronautiques, 32 ans militaire, 12 ans chez Pratt&Whitney/CAE/Bombardier et maintenant retraité.

La formation reçue au collège de Lévis, l’éducation que j’ai eue à la maison ainsi que le milieu social dans lequel j’ai grandi m’ont façonné et m’ont donné l’identité de Canadien Français…. une identité que je ne renierai jamais à moins qu’un jour mon pays me persécute ou me malmène à un point tel que je doive m’expatrier.

Avant de poursuivre, je dois absolument exprimer ma déception à propos de la quasi disparition de l’appellation « Canadien Français ». Ne pas s’identifier comme Canadien Français est une double faute parce que le peuple Canadien fut le premier peuple conquérant et fondateur de notre beau et grand pays. Que l’origine de ce peuple fondateur était la très belle France où j’y ai séjourné durant huit ans et où j’y ai voyagé dans presque tous les coins. Mes deux ancêtres étaient natifs de la Vallée de la Loire où ils se sont mariés avant de venir s’établir au Cap de la Madeleine.

À la suite du délaissement par la France des ses colonies en Amérique, la porte s’est toute grande ouverte aux autres conquérants, notamment les Anglais qui lorgnaient de ce côté-ci depuis longtemps. En rétrospective je préfère avoir été conquis par les Anglais plutôt que par les Espagnols ou les Portugais. L’expression bien connue « fair play » n’a certainement pas pris ses origines dans ces deux derniers pays!!

Nos conquérants Anglais ne pouvant gérer un pays aussi grand que le Canada ont du s’allier la population conquise pour mener à bien l’exploitation des richesses et le développement de la société. Ils ont donc fait des concessions notamment au niveau de la langue et de la religion. Ces deux nations fondatrices d’origines différentes ont cheminé ensemble, non sans heurts, et nous ont permis d’évoluer pour atteindre un niveau de qualité de vie très enviable à la grandeur de la planète.J’habite au Saguenay maintenant et je vis au milieu d’une majorité dont je ne partage pas les vues politique. Il en va de même avec une de mes sœurs, une belle-sœur et une nièce. J’ai noté un comportement identique chez tous ceux qui prônent la séparation, l’indépendance ou la souveraineté du Québec, cette dernière appellation étant leur préférée parce que les deux autres leur font peur.

Je disais donc que j’ai observé un comportement émotif de leur part qui m’empêche de tenir avec eux une conversation politique intelligente. L’adhésion à leur cause est viscérale; essayez donc de raisonner quelqu’un qui a extrêmement soif, faim ou froid? Tout discours rationnel les met en colère et les poussent à dire des choses abominables ou dénier des faits irréfutables. Ma propre sœur m’a même qualifié de traître parce que je n’embrasse sa cause.

Comment nos concitoyens Québécois en sont-ils venus à rejeter le pays que leurs ancêtres ont fondé? Qui sont-ils? Quelle sorte de gens sont-ils?

J’ai réfléchi durant plusieurs années pour trouver leurs raisons, leurs motivations et qu’est-ce qui les a amenés à adopter une telle position. Ceux qui me rendent le plus perplexe sont ceux qui sont scolarisés et qui oeuvrent dans des postes de prestige.

Je vais vous faire part de mes observations et nommer les modèles que j’ai identifiés (bien entendu ils ne seraient certainement pas d’accord avec mon analyse ainsi que les raisons que j’invoque et qui les ont poussé à adopter une position aussi radicale et souvent non objective et irrationnelle).

Alors voici ce que j’ai observé comme étant les raisons qui motivent ceux qui prônent la séparation :

1) l’influence du milieu (familial, scolaire, de travail, des voisins, et même du clergé dont j’ai été personnellement témoin)

2) le manque de formation ou d’information (souvent des gens qui se nourrissent intellectuellement à partir des autres ou de sources vraiment biaisées vers la doctrine indépendantiste.

3) des gens frustrés suite à l’échec de leur carrière qui trouvent très accommodant de blâmer le fédéral, les Anglais et tout et tout ce qui n’est pas Québécois. Ce sont souvent des gens, qui dans leur quotidien, ont de la difficulté à s’affirmer. Il s’en trouve d’autres, très bien formés/informés mais opportunistes. Ils voient la belle occasion de facilement enrôler des militants candides en jouant sur leur ego et en leur faisant briller le statu de « MAÎTRE CHEZ NOUS »…. et au diable les autres!!n enfin vous avez le type « gau-gau-che genre altermondialiste/anarchiste qui est contre tout ce qui reflète l’ordre et tout ce n’est pas gratuit ».

Alors comment gérer nos communications avec eux afin de leur démontrer notre bonne volonté et que le but que nous visons est le bien de tous? Il va sans dire que l’approche adoptée par nos dirigeants fédéraux s’est avérée un échec total et il est grand temps que nous, « Monsieur/Madame Toutlemonde » prenions, comme vous le faites, l’initiative d’informer intelligemment nos concitoyens. Il faut absolument éviter de tomber dans le piège des batailles de mots et éviter de blesser, même si souvent l’occasion est propice et alléchante de répliquer subtilement et peut-être un peu méchamment! Il faut adopter une attitude conciliante voire même aimante. Il faut faire un effort pour comprendre pourquoi ils en sont arrivés à penser : « indépendance », « séparation » et « rejet de tout ce qui a une connotation Canadienne ».

Alors de qu’elle façon procéder pour passer notre message en faveur du Canada? Certainement pas la méthode Chrétien, Dion & Cie. Il n’y a rien de bon dans la confrontation. Il faut que le mouvement de formation/information vienne de la base (c.à.d. nous qui prenons un peu de notre temps pour la cause canadienne) et diffuser nos points de vue via les journaux, qu’ils soient de masse ou intello. Il faut identifier un ou des porte-parole parmi nous qui s’avéreraient de bons interlocuteurs lors d’entrevues avec les média. Encore faudrait-il trouver le moyen de provoquer de tels entrevues.

Je vais donc poursuivre ma réflexion, essayer d’élaborer des solutions innovatrices et intelligentes et vous en faire part.

«Canadiennement » vôtre.

Pierre Lemay

Cher Monsieur Lemay,

Je vous remercie d'avoir pris le temps de partager vos vues sur notre enjeu national. Il y a plusieurs éléments dans vorte analyse qui rejoignent mes propres perceptions, et d'autres sur lesquels je suis moins d'accord. Mais l'important est d'échanger et de débattre dans le respect des opinions, et en ce sens votre contribution mérite d'être saluée.

Sur le fait que bien des Québécois ont renié leur identité de Canadien français, cela me fait penser au fait, d'ailleurs souligné dans l'excellent article de Claude Castonguay dans La Presse d'aujourd'hui, que ces mêmes Québécois ont carrément répudié toute solidarité avec nos compatriotes francophones des autres provinces. Ces gens, qui partagent notre langue, notre culture, nos racines et notre histoire, ont été complètement évacués du débat, comme si on se foutait d'eux, et comme si on ne se sentait pas concernés par le fait que si on se séparait, on se séparerait d'eux aussi. Pourtant, nous les condamnerions ainsi à la disparition à court terme, devant quoi on peut dire que c'est une bizarre de manière de défendre le français que de se désolidariser d'un million de Franco-Canadiens. Ne devrions-nous pas ré-apprendre à construire ce pays avec eux, pour redéployer une influence francophone dynamique dans tout le Canada?

Évidemment, bien des indépendantistes nous servent souvent la rengaine de l'assimilation des francophones hors-Québec. Pourtant, ils le font sans se demander quelle est notre responsabilité de Québécois à cet égard. Qu'est-ce que nous, Québécois, faisons-nous de concret en termes de solidarité, d'échanges culturels et institutionnels, de coopération sociale et politique, etc., etc. pour renforcer mutuellement l'influence des Québécois francophones et des francophones hors-Québec? Pas grand chose, on doit l'admettre. Tout est devant nous à ce chapitre.


Il est vrai que plusieurs des postulats indépendantistes reposent sur des prémisses fausses. C'est bien beau de décrier le «Canada Anglais» comme si tous les citoyens que cette appellation recoupe se levaient à chaque matin en songeant à «écraser» les Québécois. Pareille paranoïa est surtout synonyme de rejet a priori de l'Autre et de fermeture, et elle n'est pas justifiée par la réalité. Il y a plein de gens ouverts à la réalité du Québec et au fait français dans tout le Canada, et on devrait se solidariser avec eux pour construire un projet commun, dans le respect de l'identité de chacun. En cela, nous pourrions devenir un réel exemple pour notre monde divisé par les haines raciales, ethniques et religieuses.

Quant aux façons de s'investir dans le débat, je comprends votre point de vue. Il faut en effet faire preuve d'ouverture et de compréhension à l'égard de la vaste majorité des souverainistes qui se montrent respectueux de la démocratie et refusent la haine de l'opinion adverse.

Mais toutefois, je suis d'avis qu'il faut dénoncer vigoureusement les tenants de la haine, de l'intolérance et du fanatisme, qui ont bénéficié jusqu'ici d'une complaisance lâche et lamentable de la part des élites médiatiques, intellectuelles et politiques indépendantistes. Ces individus sont les plus grandes menaces à la démocratie québécoise, et leur mépris évident des valeurs démocratiques, perceptible dans leur comportement et leurs paroles écrites ou verbales, doit être combattu sans concession. Et s'ils persistent à dénigrer, insulter, menacer, intimider, nous devrons leur tenir tête, pour leur montrer que nous ne céderons pas à la peur qu'ils essaient d'instiller dans les esprits. Aussi, nous devons démontrer qu'au-delà de l'insulte et de la haine, ces gens-là n'ont rien à dire et ne peuvent apporter aucun argument raisonnable et valable. La lutte contre ces gens-là devrait concerner non pas seulement les fédéralistes, mais aussi, sinon surtout, les souverainistes, qui voient leur option gravement discréditée par ces gens-là.

En tout cas, cher Monsieur Lemay, merci pour votre contribution, et au plaisir de vous lire de nouveau.

Daniel

vendredi, novembre 04, 2005

Quand ça délire, ça délire fort...


Amis lecteurs, je ne peux résister à la tentation de vous présenter l'intégrale de la prose qu'a dédiée à mon sujet une certaine Marianne Vaucouleurs, de Lévis, en réponse au texte que j'ai fait paraître dans La Presse, le 29 octobre.

Il est fascinant de découvrir un tel délire hargneux, qui prouve toutefois à quel point l'insulte et la calomnie sont l'arme des faibles, cette digne militante indépendantiste, fanatisée à l'extrême, n'ayant absolument aucun argument à opposer à ceux que j'avance.

Il est à noter que le site web indépendantiste Vigile.net s'est empressé de publier ce très édifiant écrit. Le texte comportait toutefois, jusqu'à ce soir, une phrase diffamatrice que la dame Vaucouleurs avait écrite contre moi.

J'ai donc fait parvenir le message suivant à Vigile.net, qui a ensuite retiré ladite phrase du texte. Ceci dit, je n'avais aucunement l'intention de leur demander de retirer l'entièreté du texte de la dame Vaucouleurs, car il ne fait que prouver qu'un certain fanatisme complètement délirant s'est emparé des rangs indépendantistes; d'ailleurs, la diffusion d'écrits du genre nuit en fait considérablement à la crédibilité de la cause indépendantiste, donc ce n'est certainement pas moi qui y posera obstacle.

Il est toutefois pathétique que l'auteure de cette prose délirante ne semble même pas consciente du ridicule auquel elle s'expose si fougueusement...


Le 2 novembre 2005

Aux responsables du site Internet «Vigile.net»,

Le 31 octobre dernier, vous avez publié sur votre site un texte signé par Mme Marianne Vaucouleurs à mon sujet.

Mme Vaucouleurs m'y insulte copieusement, mais je ne m'en formalise guère; cependant, par le biais de votre site, elle porte atteinte à ma réputation en me diffamant grossièrement, lorsqu'elle affirme ceci:

«Et une p'tite commandite émanant de notre bon vieux «Canadian Liberal Government» corrompu, en appoint, ça ne ferait pas de mal non plus, faut dire. J'imagine que vous ne me contredirez pas au moins sur ce point.
Votre compte en banque non plus.»

De cette façon, Mme Vaucouleurs laisse entendre que mes dépenses de fonction auraient un lien avec le scandale des commandites, en plus de prétendre que ces dépenses, vérifiées et approuvées dans le cadre des missions que j'effectuais alors et qui n'avaient rien à voir avec de la propagande politique, mais tout à voir avec le service de mon ministère aux citoyens du Québec, auraient servi à m'enrichir personnellement, ce qui est complètement faux et mensonger.

Je crois qu'il est inévitable d'avoir des débats virulents en politique, mais ce genre de diffamation est inacceptable, de la part d'une citoyenne et d'une publication Internet comme la vôtre.

Par conséquent, je vous mets en demeure, via le présent courriel, de retirer ces lignes diffamatoires du texte de Mme Vaucouleurs avant vendredi prochain le 4 novembre à minuit, à défaut de quoi Mme Vaucouleurs et votre organisme recevront une mise en demeure légale émise par mon avocat et qui sera expédiée dès lundi le 7 novembre, le tout suivi d'une poursuite devant les tribunaux si vous refusez encore d'obtempérer.

Et n'allez pas prétendre ensuite que je voudrais restreindre votre liberté d'expression; il s'agit ici de pure diffamation, et c'est mon droit démocratique de me défendre devant une attaque aussi foncièrement vicieuse, non fondée et malhonnête.

Bien à vous,

Daniel Laprès



LE JÉSUITISME DE DANIEL LAPRÈS

Marianne Vaucouleurs TRIBUNE LIBRE, Vigile.Net, 31 octobre 2005

Ou comment présenter des discours de propagande sous couvert d'«argumentation éthique» Note préliminaire : je propose ce commentaire à Vigile parce que ce forum de Cyberpresse (Gesca => : «La Presse», «Le Droit», «Le Soleil» et al.) procède à des rejets et des censures sur une base systématique lorsqu'il s'agit de réflexions (trop ?) critiques sur le Canada et ses thuriféraires. Tout prétexte est recevable en ces lieux pour ignorer un bon nombre de textes de cette nature (présumés "hors-sujet», "irrespectueux", etc.), alors que tout ce qui est pro-Canada (et souvent carrément anti-Québec) est reçu avec... bienveillance - quels que soient les contenus les plus méprisants, les plus malhonnêtes, les plus ad hominem et les plus «hors-d'ordre» que l'on puisse dénicher. Le proverbial deux poids/deux mesures qui prévaut dans les salles éditoriales de messieurs André Pratte et Alain Dubuc, quoi...

M. Laprès, votre disposition pour ainsi dire viscérale à «inoculer» chez vos «ennemis idéologiques» votre propre haine personnelle de ceux-ci (car vous adorez étaler votre prolixe prose sur toutes les tribunes - voir encore tout récemment: - qui tombent sous vos yeux), haine que vous avez toujours l'extrême culot de présenter avec pompes et sous forme en principe intellectuellement acceptable (ah... quel labeur de trouver une idée à peu près cohérente ici ou là dans tout ce fatras de mots qui n'en finit jamais). Respect, tolérance, ouverture, démocratie, intégrité intellectuelle, débat..., etc. sont en effet autant de vocables que vous utilisez à satiété et que, visiblement, vous présentez en paravent pour mieux fouler aux pieds ces «valeurs chéries» - et ce, constamment - dans le fond même de votre discours (mais encore faut-il, il est vrai, avoir la générosité d'aller jusqu'au bout de vos serpentins constrictors, qui par ailleurs rappellent fort les «récits» de votre ami Gabriel Racle, sans nous laisser broyer par l'ennui).

Mais il est vrai qu'ici au Québec (depuis votre château-fort d'Ottawa...), on est devenu passablement imperméable à ce type d'entreprise, que l'on a tellement connu depuis une quarantaine d'années: se faire traiter de tous les noms par le biais de discours doucereux qui prônent les plus nobles valeurs pour laisser entendre que les tenants de la libération du Québec en sont fondamentalement dénués. Ce qui se ramène à peu près à la dialectique suivante, si «on fait» brachylogique: la "CIVILISATION" CANADIENNE d'une part (ouverture, grandeur d'âme, tolérance, générosité, accueil, universalité, démocratie, le multi...n'importe quoi, etc.), La TRIBALITÉ QUÉBÉCOISE d'autre part (les valeurs opposées, pardi!). Et il est vrai que la plupart du temps il s'agit tout bêtement d'une extraordinaire malhonnêteté intellectuelle.

Rhétorique par ailleurs bien connue par les Pierre S. Pettigrew et les Stéphane Dion de ce monde.

Comme quoi on peut atteindre à la plus vulgaire primarité (le discrédit de l'Autre par tous les moyens) sous le couvert des plus emphatiques envolées littéraires inspirées par les plus nobles idéaux de l'humanité. C'est vieux comme le monde, certes, mais parfois «it works yet»... D'où la perpétuelle renaissance - ou clonage - de gens comme vous, M. Laprès, qui s'efforcent de confondre leurs préférences idéologiques, ô combien intéressées, avec les sommets de la pensée ouverte et généreuse.

Comme disait l'immense Goethe il y a maintenant deux cents ans, et un demi-siècle avant Marx, «L'idéologie d'une époque est l'idéologie des maîtres de cette époque». Quel est le «truc»? Convaincre le plus grand nombre que «mon» intérêt est aussi «le vôtre»... À la différence - vous en êtes la démonstration irréfutable, M. Daniel Laprès - que le procédé est désormais à la portée de tous. Compte tenu de l'accès libre à la parole publique dans une société qui chérit la liberté et la démocratie comme la nôtre, la québécoise, il est possible pour tout un chacun, en effet, de tenter de se dénicher un auditoire à «travailler au corps». Suffit d'avoir son ballot de phrases tout fin prêt dans sa garde-robes, avoir du temps ensuite, beaucoup de temps, et, probablement aussi, se trouver - de manière ponctuelle ou en permanence, c'est selon - dans un état chronique de désoeuvrement avancé.

(...): C'est ici que l'ineffable dame Vaucouleurs avait mis sa phrase diffamatrice.

Enfoncer sa partisanerie, étriquée et négatrice de l'«autre», à grands coups de valeurs universelles: ce peut être amusant, rasoir, distrayant, soporifique, ridicule, selon les cas et les sensibilités de l'auditeur, ou que sais-je encore.

Sauf que par-delà un certain seuil (la «répétition du même» jusqu'à l'acharnement, la démonisation du «différent», et tutti quanti), ça devient du fanatisme. Un fanatisme qui ne s'exprime pas forcément par le biais de yeux exorbités ou d'une veine cave exposée jusqu'à la l'exhibitionnisme, mais c'est celui qui est le plus répugnant de tous. Parce qu'il se présente masqué derrière une tolérance qu'il exige de tous hormis de lui-même. C'est le fanatisme du jésuite. *

Marianne Vaucouleurs,Lévis, QuébecCe 30 octobre 2005, à la faveur du 10e anniversaire du «référendum volé» par vos amis purs comme jeunes vierges...

* Il est vrai qu'en termes cliniques - toute morale, idéologie et activisme politique mis à part - on dira plutôt qu'il s'agit de «formation réactionnelle». Or un individu lourdement inconscient des motifs qui le font mouvoir, on en conviendra sans peine, n'est pas totalement responsable de ses actes. D'où le pardon possible si l'intéressé consent à recevoir les soins appropriés. Par conséquent, outre l'hypothèse du fanatisme à proprement parler (que j'ai retenue ici en première ligne par respect élémentaire pour la santé psychique de mon interlocuteur), il faut hélas! comprendre que c'est là sans doute l'issue qui reste à l'analyste de M. Laprès. Cornellien dilemme.

jeudi, novembre 03, 2005

Autres réponses laissées sur Cyberpresse:

Denis Richard:

Vous êtes complètement aveugle, sourd et sans mémoire vous fédéralistes! Vous avez toujours supportés les Trudeau/Chrétien dans leurs démarches pour écraser les aspiration du peuple Québécois.Aucun respect des compétences, la langue, société distincte, rapatriment unilatéral de la constitution, la nuit des long couteux, vole à l'assurance emloi etc.: gouvernement centralisateur! Vous êtes fier d'être des sujets britaniques alors n'essayez pas de nous brainwasher avec vos discours d'assimilateurs! Votre exemple de Wellstone est de l'illusion, vous avez coupés dans l'assurances emploi, volées les travailleurs, couper aux transferts dans la santé et j'en passe!Ça ne sert à rien d'amener un âne à l'abreuvoir si...


Cher Monsieur Richard,

Votre problème, c'est que vous mettez tous les fédéralistes dans le même sac. Il y a autant de façons d'être fédéraliste que d'être souverainiste.

Quant à votre accusation «d'écraser les aspirations du peuple québécois», il va bien falloir qu'un jour les indépendantistes de votre genre comprennent que leurs aspirations politiques ne correspondent pas aux aspirations du peuple québécois. C'est de leur option indépendantiste qu'il s'agit, et celle-ci ne représente pas l'essentiel des aspirations du peuple québécois; il y a au moins la moitié du peuple québécois qui n'est pas indépendantiste et dont les aspirations se reconnaissent dans l'idéal canadien. Et ces gens n'en sont pas moins québécois que vous.

Quant à certaines du politiques du gouvernement fédéral que vous dénoncez, je suis moi-même fédéraliste et les dénonce autant que vous. Vous seriez d'ailleurs surpris de l'ampleur de ma liste de récriminations contre l'État fédéral et sa bureaucratie. Et je ne suis pas le seul fédéraliste à agir et penser ainsi. Etre fédéraliste n'empêche pas de conserver un esprit critique devant les manquements du fédéral à ses responsabilités en matière de justice sociale et de service aux citoyens.

Le temps des adhésions aveugles est dépassé, et je vous ferai noter que ça devrait concerner les indépendantistes autant que les fédéralistes. Si on s'implique dans les enjeux politiques, c'est parce qu'on veut changer ou améliorer des choses, et non pour répéter les dogmes et credos des leaders de nos options respectives. On peut critiquer son propre camp sans pour autant renoncer à son option politique.

Enfin, je suis fier d'être un Québécois francophone qui s'assume et qui ne croit pas que c'est en se repliant autour d'un nationalisme comme le vôtre, qui à vous lire est d'essence purement ethnique, qu'on trouvera des garanties de préservation et de développement de notre langue et de notre culture.

Donc, le qualificatif de «sujet britannique», gardez-le pour vous, et gardez aussi votre accusation d'«assimilateur», à moins que vous en fassiez la démonstration basée sur des faits en ce qui me concerne, puisque c'est moi que vous calomniez ainsi. Je lutte pour la langue française depuis toujours, et pas mal plus que certains séparatistes en passant, et j'ai le droit d'être fédéraliste en même temps.

Vous n'avez aucun droit de m'enlever ou d'essayer de me voler mon identité de Québécois et de francophone; les indépendantistes et nationalistes n'ont pas le monopole de la défense des aspirations et des intérêts des Québécois et des francophones qui vivent au pays. Ils n'ont que le monopole de leur vision politique indépendantiste, et je le leur laisse volontiers.


Daphney Dubuisson:

Quelqu'un propose une solution pour mettre fin à ce débat ridicule. Et tout ce qu'on trouve à lui dire ce sont des accusations et des insultes qui ne font que confirmer ses dires.

Lorsque je lis les commentaires de plusieurs intervenants, je ne peux m'empêcher de rire.L'un d'entre-eux déclare que les fédéralistes sont les seules brutes violentes qui existe. J'imagine que le meurtre d'un ministre fédéral par le FLQ c'est seulement passé dans notre imaginaire collectif...

Un autre déclare que le Québec s'est fait injustement accusé d'être une province raciste et que «heureusement» on semble de moins en moins en entendre parler. Eh bien je dis à cette personne d'aller se promener dans les quartiers multiethniques et de répéter ses propos aux personnes qui le vivent au quotidien. Les réponses pourraient la surprendre. Encore mieux, qu'elle regarde les réponses de certains intervenants dans ce forum. Les réponses teintées de racisme ne manquent pas. Les pires qui me reviennent à l'esprit sont celles qui dénoncaient le fait que la St-Jean était animé par des noirs dans différentes villes du Québec. Animées par des noirs qui sont nés au Québec ce qui fait d'eux des Québecois. Mais il semble que ce n'était pas assez pour certains...

Il y a quand même eu certains commentaires censés. Un intervenant a dit que les politiciens que nous avons en ce moment (dans les 2 camps), ne sont pas des intellos. Et comment! La plupart sont des avocats de profession, des businessmen, etc. et n'on aucune formation politique. Aucune. Il ne faut pas se surprendre des commentaires qui sont émis parfois. Ces gens n'ont aucune notion de diplomatie.

Un autre citait la lettre d'une personne qui déclarait que la souveraineté était l'opium du peuple Québecois. Cette affirmation est, selon moi, on ne peut plus vraie. Tous ces débats et efforts dépensés sur la souveraineté n'ont fait que diviser le Québec et par conséquent, contribuer à nous mettre en retard, à plusieurs niveaux, quant au développement de la province par rapport aux autres provinces du pays.

Il y a encore d'autres exemples qui ressortent mais j'en ai assez dit. L'opinion émise par M. Laprès cherche une voie pour faire évoluer le dialogue en dehors des chicanes de basse-cours qui sévissent depuis trop longtemps.

Plusieurs intervenants se plaisent à ré-ouvrir de vieilles blessures pour appuyer leurs arguments (j'en suis moi-même coupable j'en conviens) mais ils le font uniquement pour chiâler.À quoi bon se rappeller du passé si on en apprend rien?

Il est temps de faire évoluer le discours pour trouver des solutions qui vont plaire autant aux souverainistes qu'aux fédéralistes. Ce n'est pas impossible. Il faut juste un peu de volonté des deux côtés.

Chère Madame Dubuisson,

Effectivement, il est assez troublant de voir que, mis à part quelques exceptions fort honorables, les réactions des indépendantistes à mon article se révèlent plutôt pitoyables. Leurs insultes et leur grossièreté me confortent toutefois, car elles font la preuve que ces gens-là n'ont pas d'arguments, et on peut même trouver intéressant le fait qu'une simple opinion émise par un individu qui n'est ni un politicien, ni une personnalité influente et connue, déclenche tant de fureurs. Cela voudrait-il dire que ces gens craignent le débat d'idées, ou en sont tout simplement incapables? Aussi, serait-ce qu'ils ne sont pas habitués à se faire riposter dans leur salissage systématique de ceux qui ne pensent pas comme eux?

Évidemment, les débats politiques peuvent être virulents. On ne devrait pas s'en plaindre. Moi-même, je suis très dur dans mes propos à l'égard de la frange fanatique, intolérante et haineuse du mouvement indépendantiste. Mais je pense être capable de justifier mes dires par des faits, et plus les termes que j'emploie sont durs, plus je m'efforce de mesurer mon propos et d'en démontrer les fondements (exemple: ce que je dis d'un Pierre Falardeau, et que je redirai tant et aussi longtemps que cet individu sera un propagateur de haine; sauf que je m'efforce de démontrer en quoi les propos de cet individu sont haineux et intolérants).

C'est pourquoi j'apprécie hautement les quelques messages laissés par des souverainistes plus ouverts au débat, et qui se montrent respectueux de la personne qui tient un point de vue différent, et qui ainsi font la preuve de leur attachement aux valeurs démocratiques. Ces gens-là font honneur à leur option politique, contrairement aux vulgaires lanceurs d'insultes et de diffamation, qui ne font que démontrer leur fanatisme et leur haine contre toute idée de dissidence, tout en affichant leurs tendances totalitaires. Et après, qu'ils ne viennent pas brailler parce qu'ils sont dénoncés pour ce qu'ils sont.


David Toussaint:

Faut être un pelteux de nuage pour dire que les Québécois sont présentement libres ...

D'ailleurs, la cour suprême vient de vous le rapeller dernièrement dans le dossier des garderies.. Imaginez, on a même pas le plein contrôle de nos garderies ! Vous apellez ça être libre ? Peut-être que le dictionnaire vous aidez..

Mais vous savez, malgré tout je comprends pourquoi certain on répondu non lors des deux référendum... Si vous votez non, vous allez en avoir du changement ! On met nos sièges en jeux !25 ans plus tard ? rien... Pas capable d'ouvrir la constitution sans subir revers par desus revers. Et la 3iem fois ? allez-vous les croires ?

Je me demande quand le peuple québécois aura le courage d'en terminer avec la mauvaise foi fédéraliste. Quand il aura le courage de mettre se projet à terme et de prendre le plein contrôle de ses affaires. Pas le projet du PQ comme je vous entend déjà le dire. Mais le projet dont on parle depuis la conquête des anglais en 1700. Rapellez-vous !

Cher Monsieur Toussaint,

Pouvez-vous me dire en quoi, sérieusement et avec des faits tangibles et non avec des fantasmes de prétendues victimes, les Québécois ne sont pas libres au sein du Canada? Ils peuvent élire des représentants indépendantistes jusqu'au Parlement fédéral ! Même une institution fédérale par excellence comme Radio-Canada regorge de commentateurs, animateurs et journalistes indépendantistes; d'ailleurs, l'ineffable Pierre Falardeau lui-même y avait sa tribune durant des années, lors d'une émission du vendredi soir. Les indépendantistes peuvent dire ce qu'ils veulent, et ils monopolisent les milieux culturels et artistiques, les institutions d'enseignement, etc.

En fait, l'attitude de la frange fanatique qui gravite autour de Falardeau et de ses semblables est ce qui, présentement, est en train de miner la liberté au Québec. Dès qu'un petit fédéraliste sans influence ni pouvoir de mon genre ose s'exprimer, ils se mettent à le diffamer, à le matraquer à coups d'insultes et d'accusation de ne pas être un vrai Québécois, etc. etc. etc. D'où le fait que, jusqu'ici, bien des fédéralistes québécois craignaient de s'exprimer pour s'éviter ces attaques sauvages; voir par exemple le message laissé par une certaine Marianne Vaucouleurs, de Lévis, que j'ai reproduit dans ce blogue, et qu'elle a fait publier, dans une version encore plus diffamatrice, dans le site indépendantiste Vigile.net; comme quoi ces individus n'ont aucun scrupule lorsqu'il s'agit de salir quiconque est perçu par eux comme une menace.

Mais ce dont ces fanatiques zélés ne se rendent pas compte, c'est que plus ils agissent ainsi, plus ils discréditent leur propre option politique. Et c'est pourquoi je crois qu'on ne devrait plus se laisser intimider par eux. Plus ils nous salissent, plus nous devons leur tenir tête. Il est fini le temps où leur sauvagerie va museler des citoyens au Québec. S'ils ne l'ont pas encore compris, ils vont s'en apercevoir bientôt...

Mais je reviens à votre propos, Monsieur Toussaint. Vous prouvez que vous ne savez pas de quoi vous parlez, hélas. Le jugement récent de la Cour suprême que vous voulez mentionner ne concerne pas les garderies. Il concerne plutôt les congés parentaux, ce qui n'est pas la même chose car ça impliquait le programme d'assurance-emploi.
Aussi, ce jugement n'affectait en rien l'entente signée juste avant entre le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec, qui permet au Québec de gérer ses propres congés parentaux, le fédéral ayant accepté de transférer les fonds requis au gouvernement du Québec pour que celui-ci puisse gérer comme il l'entend son propre programme de congés parentaux.

Donc, vous évoquez cet exemple pour confirmer que les Québécois ne sont pas libres, mais les faits réels indiquent que vous êtes complètement dans l'erreur, du moins sur cette question-là, et que votre opinion est fondée sur une analyse complètement faussée de la réalité.

mercredi, novembre 02, 2005

Froid dans le dos

Cette lettre ouverte, signée M. Clément Pelletier, de Rimouski, a été publiée dans le journal Le Soleil, de Québec, vendredi le 28 octobre:

«Sans cautionner M. Lafond, permettez-moi quelques réflexions sur les commentaires de Patrick Bourgeois, tels que rapportés dans LE SOLEIL du 27 octobre. Nous vivons dans une démocratie où chacun peut s'exprimer, changer d'idée, changer d'allégeance (sinon nous aurions toujours le même parti au pouvoir ! ). Or, Patrick Bourgeois et ses acolytes qualifient de traîtres ceux et celles qui n'ont pas leur façon de voir.

Gilles Duceppe a pris ses distances envers ce groupe en disant que ce n'était pas tout le mouvement souverainiste qui pensait ainsi, mais quelques individus. Penser qu'un pays serait gouverné par ce groupe où nous n'aurions pas le droit de nous exprimer librement me donne froid dans le dos.»



Patrick Bourgeois, dont parle M. Pelletier, est l'un des dirigeants du journal Le Québécois, lequel est ardemment appuyé par les Pierre Falardeau, Jacques Parizeau et Bernard Landry, et qui ne cesse de répandre la haine et l'intolérance contre les fédéralistes québécois. Journal antidémocratique s'il en est un, qui reçoit l'appui de deux chefs récents du PQ et ex-Premiers ministres par surcroît, ce qui en dit long sur les conceptions démocratiques de ces gens-là et sur le genre de société qu'ils nous préparent...

Ceci dit, Gilles Duceppe a peut-être, du bout des lèvres, pris ses distances envers ce groupe. Mais leur journal est financé, en très large partie, grâce à des publicités provenant des députés du Bloc Québécois, payées à même les fonds publics, puisque ces fonds proviennent des budgets de publicité des députés et octroyés par la Chambre des Communes.


Si Gilles Duceppe avait vraiment pris ses distances par rapport à ces propagateurs de haine et d'intolérance, il aurait interdit à ses députés de financer ce journal. Tout le monde connaît l'autoritarisme du cabinet du chef du Bloc à l'égard de tous ses députés, le cabinet du chef contrôlant strictement tout et maintenant une discipline de fer. Si Gilles Duceppe avait vraiment tenu à prendre ses distances d'avec le groupe qui anime le journal Le Québécois, il aurait ordonné à ses députés de ne pas y placer de publicité.

Donc, encore une fois, nous avons devant nous le spectacle de la duplicité du chef du Bloc Québécois.

mardi, novembre 01, 2005

Réponses (2)

Je réponds à d'autres commentaires laissés sur le site de Cyberpresse, en réaction à mon texte du 29 octobre:


Etienne Devillier:

1- Les «fédéralistes» ont Jeff Filion, nous on a Falardeau. J'aime autant avoir Falardeau.

2-Brutes? Les derniers meurtres politiques ont été fait par les fédéralistes, par le Caporal Lortie, qui a abattu 3 personnes innocentes. Ce n'est pas brutal ça?

3- Si je vous comprends tous ceux qui ne partagent pas votre idéal monarchiste sont des «haineux et intolérants».

4- Traîtres, collabos, vendus? Les Anglais nous ont effectivement envahis avec brutalité et vous les servez, vous appelez ça comment vous? Une douce invasion gentille? Des «loyalistes»? Servir les Anglais au détriment des Québécois c'est de la traîtrise que vous aimiez le mot ou non.

5- Vos idéaux démocratiques? Une monarchie? Un sénat non élu? Une Haïtienne non élue? Des juges nommés parce qu'ils sont des organisateurs du parti libéral?

6- L'idéologie nationaliste identitaire?... votre ami Mathieu Laberge a anglicisé son nom et s'appelle maintenant «Matt»... c'est ça pour vous protéger votre langue?... virer anglais?

7- Assumer son identité? Avez-vous lu la version de Mario Cardinal de la CBC «Le Canada une histoire populaire»? C'est l'identité british seulement, et c'est payé par le gouvernement de la monarchie du «Canada». C'est un déni total de l'histoire des Québécois.

8- Un repli identitaire? Cacher un peuple dans un autre c'est quoi selon vous?9- Un projet commun? Les premiers ministres anglais ont réécrit leur constitution en pleine nuit dans une chambre d'hôtel... la monarchie du «Canada» c'est leur projet, pas un projet en commun avec nous.

Le problème des monarchistes c'est de nier la réalité. Vous n'avez pas le courage de faire face à la réalité en allant voir qui fête vraiment la monarchie du «Canada» le 1er juillet. De voir que les supporteurs de votre monarchie sont des anglais et des immigrants qui vivent en anglais. Vous n'avez pas le courage de voir la réalité en face, et les voir viendrait contredire tout ce que vous soutenez comme réalité virtuelle que vous avez inventé. Les Québécois francophones sont des Québécois qui fêtent leur pays le 24 juin.

Le 1er juillet est une horreur à chaque année. Y allez-vous?Encore une fois les monarchistes comme vous vont aller promettre au Québécois un «Canada» qui n'existe pas. Charest parle encore d'un «Canada» réformé parce qu'il ne peut pas vendre la réalité. Mais ce mensonge ne fonctionne plus. Les Québécois ont compris que les Anglais ne changeront pas. Votre «Canada» virtuel est fantastique. Mais il n'existe que dans votre tête. La réalité c'est que le «Canada» est une monarchie qui n'est pas notre pays. On n'a aucune influence sur sa constitution qu'on n'a pas consenti ou son histoire qui fait tout pour nous effacer.

Cher Monsieur Devillier,

Vous y allez pas mal fort en fureur démagogique concentrée!!!

D'abord, Jeff Fillion, un personnage répugnant à mon avis, est le fils d'un ex-député du Bloc québécois, et il est loin d'être un défenseur du fédéralisme. De plus, j'étais un chaud partisan de Sophie Chiasson dans sa bataille juridique contre ce personnage odieux, et je sautais de joie lorsqu'elle l'a vaincu. De plus, si jamais Fillion se revendiquait du fédéralisme, je le vomirais et le dénoncerais sans concessions, contrairement aux gens comme vous qui idolâtrent ce démagogue haineux et intolérant qu'est Falardeau.

Ensuite, de faire porter comme vous le faites sur le dos des fédéralistes la tuerie commise par le caporal Lortie à l'Assemblée nationale, est odieux et ignoble de votre part. Vous devriez avoir honte d'une telle bassesse, et ayez au moins la décence de respecter la mémoire des victimes innocentes de cette tragédie, en évitant de récupérer celle-ci pour salir vos adversaires.

Oui, votre «héros» Pierre Falardeau est une brute. On ne peut qualifier autrement un homme qui écrit et publie qu'il se retient de ne pas «fesser» à «coups de 2 X 4» ou de «découper à la chain-saw» les fédéralistes, ou qui insulte ses adversaires ou quiconque est plus modéré que lui, même dans le camp souverainiste, en les traitant de «trou de cul», «charogne», etc., ou qui encore banalise et justifie l'assassinat de Pierre Laporte par ses petits amis du FLQ dont il tente de faire des «héros de la Nation». Une authentique brute, donc.

Sur la monarchie, eh bien vous vous mettez un doigt dans l'oeil, car je suis contre toute monarchie. Vous devriez savoir qu'être en désaccord avec certaines choses relatives au fédéralisme canadien ne doit pas nécessairement faire de nous des séparatistes. Je m'intéresse à la politique car je pense que la politique existe pour faire changer les choses, pas pour les laisser en leur état actuel. Il y a bien des choses à changer et à améliorer dans le fédéralisme, et je vois cela comme un défi stimulant. C'est d'ailleurs pourquoi, bien que fédéraliste, je ne me gêne pas pour attaquer les représentants politiques de mon propre camp, et aussi plusieurs pratiques de l'État fédéral, notamment sa bureaucratie... Etre fédéraliste, ça ne veut pas dire de magnifier béatement tout ce qui vient du camp fédéraliste, et ça ne dispense non plus personne de conserver un esprit critique, autrement rien ne progresserait.

Vous dénoncez le fait que Michaëlle Jean soit Haïtienne, on dirait. Attention, votre propos sent la xénophobie...

Quant à mon ami Mathieu Laberge, savez-vous qu'il est souverainiste, et qu'il a été vice-président du Comité national des Jeunes du PQ? Pourquoi insultez-vous ainsi jusqu'aux gens de votre propre camp, mais qui sont plus modérés que vous et qui surtout sont attachés à la tolérance et au respect de la diversité des opinions? Essayez-vous ainsi d'insinuer qu'il faut absolument être un fanatique comme vous pour être indépendantiste? Vous allez faire sortir bien du monde de vos chapelles si vous persistez dans ce sens-là...

«Servir les Anglais au détriment des Québécois», dites-vous... Ce genre de propos de votre part est indigne. Comme fédéraliste et fier francophone, j'ai le droit de penser que le Canada est une bonne chose pour les francophones du Québec et d'ailleurs au pays. Vous n'avez aucun droit de m'enlever mon identité francophone. C'est une pratique intolérante et ignoble, car ce que vous exprimez ainsi, c'est: «Tu n'es pas un vrai Québécois parce que tu ne penses pas comme moi». Après, ne vous plaignez pas qu'on accuse d'intolérance et de fanatisme haineux les gens comme vous.

La «Terre Promise» que devrait apporter un Québec indépendant, elle est dans votre tête aussi... À chacun ses idées, mais respectez le droit des autres à différer de votre conception politique, à moins que vous soyez en faveur d'un régime autre que celui que suppose la démocratie.


Gilles Morissette:

Tant que les fédéralistes québécois auront des portes-paroles aussi peu crédibles que Stéphane Dion, Jean Lapierre Pierre Pettigrew et Jean Charest, leur cause n'avancera jamais dans l'opinion publique.

Et même s'il trouvait des porte-paroles crédibles, la «mafia syndicalo-séparatiste» qui contrôle les médias, va tout faire pour miner sa crédibilité. Parlez-en à Mario Dumont. Il est passé par là.

En passant, les séparatistes, vous aimez ça vous draper dans le grand drapeau de la vertu et faire la morale aux fédéralistes avec le scandale des commandites. Et si on parlait des gaspillages de fonds publics version «séparatiste»? Les dossiers du prolongement du métro à Laval, du «sauvetage» de la Gaspésia, des coûts faramineux de construction de la Grande bibliothèque de Montréal ainsi que du siège social de la Caisse de Dépôt et de Placement, ça vous dit quelque chose?Vous en voulez une belle histoire d'horreur? Relisez donc le rapport de la Commission d'enquête présidé par le juge Lesage sur les dépassements de coûts du «pseudo-sauvetage» de la Gaspésia.

En matière de «p'tite vite», le PQ n'a rien à envier à personne.Et puis, si je me rappelle bien, il a été dit, à la Commission Gomery que le PQ avait lui aussi touché de «l'argent sale» des commandites, pas autant que les Libéraux bien sûr mais le montant n'a pas d'importance. C'est le principe qui compte.Alors avant de faire le procès des fédéralistes, assurez vous donc que vous n'avez pas de squelette caché dans le placard, d'accord!

Cher Monsieur Morrissette,

Je suis ravi qu'un fédéraliste comme vous soit d'accord avec le fait que la plupart de nos représentants politiques sont présentement d'une médiocrité qui les empêche de rejoindre nos concitoyens et concitoyennes. Il faut faire émerger un nouveau leadership, ça presse! Mais ce leadership viendra des citoyens concernés comme vous et moi, après on aura les leaders qui correspondront à ce qu'on veut construire.

Concernant le monopole de la «vertu» auquel prétendent les indépendantistes, en effet, ils ont intérêt à fouiller dans leur propre placard. Je travaille avec des amis sur plusieurs des éléments que vous évoquez, et il y a d'autres, encore plus scandaleuxs, comme les 300 millions de dollars gaspillés en pure perte dans le «Plan Paillé», en 1994-95, pour amadouer un grand nombre de québécois. Il est temps qu'on riposte, ce qui ne doit toutefois pas nous rendre moins durs dans nos critiques contre les voleurs qui ont sali notre option fédéraliste en s'en mettant plein les poches avec les fonds publics. Il faut être à nous-mêmes les juges les plus impitoyables de notre propre camp, et ainsi nous serons crédibles lorsqu'on en arrivera à attaquer les malversations des souverainistes soi-disant «vertueux», mais dont la plus haute vertu est apparamment inspirée par Tartuffe...


Jean-François Leduc:

Je ne voudrais pas «crever» votre bulle, mais je ne crois pas que le discours des représentants fédéralistes québécois change radicalement de se qu'il a toujours été. Voyez-vous, à chaque effort que je fais pour me convaincre des biens-faits du «meilleur pays du monde», survient un événement qui fait en sorte de briser les aspirations des Québécois.

Je ne reviendrai pas sur le scandale des commandites. Par contre, personnellement, je suis «fatigué» de voir les représentants du gouvernement québécois (qu'ils soient libéraux ou péquistes) devoir faire la «pute», de devoir toujours quémander à Ottawa, NOS TAXES ET NOS IMPÔTS, pour mettre en place les programmes que les citoyens québécois désirent bénéficier...Je crois qu'il est inutile de faire la liste des projets qui sont retardés inutilement à cause de négociations qui n'aboutissent jamais entre le provincial et le fédéral

Cher Monsieur Leduc,

Je crois qu'en effet, le discours des représentants politiques actuels du fédéralisme ne changera pas. Ils sont trop nuls et médiocres pour cela. Mais ceci dit, il ne faut plus attendre après eux pour préparer l'avenir. C'est à nous tous, citoyens fédéralistes et fiers Québécois, de prendre la parole, et d'exprimer notre propre vision sur l'enjeu national. Et on n'a pas de permission à demander à personne pour cela.

Enfin, j'apprécie ce que vous dites sur la nécessité d'en finir avec les chicanes fédérales-provinciales. Les responsables politiques et bureaucratiques des deux paliers devraient privilégier l'intérêt des citoyens, qui doit passer bien avant la préservation de leurs chasses-gardées respectives. J'en ai assez que les responsables de l'État, québécois ou canadien, considèrent l'État comme leur chose à eux, et non pas comme un outil pour accroître les services aux citoyens. Privilégier l'intérêt public, donc l'intérêt de chaque citoyen, et non les pouvoirs des politiciens et surtout des bureaucrates (on ne parle pas assez de ces derniers!) devrait être une dimension du renouvellement de notre discours politique.


Paul Lafrance:

Je n'en reviens pas de lire certains textes prétextant que l'argent du Fédéral a volé le dernier référendum. Vous imaginez vous que le gouvernement péquiste de l'époque n'a dépensé que les sommes prévues dans la loi référendaire?

Le PQ a dépensé des centaines de millions AVANT le début de la campagne et en voici quelques exemples:

L'investissement massif dans certains programmes ou entreprises vouées à l'avance à l'échec tels Québecair (des centaines de millions gaspillés pour faire croire aux Québecois que nous avions les moyens de faire compétition à Air Canada), Tricofil que les péquistes savaient à l'avance que cette entreprise ne serait jamais rentable;

les jeunes entrepreneurs dont à peine 5 % n'ont pas déclaré faillite dans les 24 mois suivant leurs débuts;

les campagnes publicitaires comme «on s'attache au Québec», les panneaux avec publicité subliminales en provenance de nombreux ministères, l'utilisation de l'appareil gouvernemental, les photocopieurs, téléphones, fax, papeterie, les milliers de drapeaux fleurdelisés que l'on plantait à peu près partout, etc. tout celà avant le début de la campagne et NON COMPTABILISÉ dans les dépenses référendaires.

Sans parler de la bataille du cable et de toutes les autres publicités visant à discréditer tout ce que le gouvernement fédéral faisait.

Accuser le gouvernement fédéral de s'être impliqué dans cette campagne référendaire relève de la plus pure démagogie, comme si cette campagne ne regardait que les Québécois et que le reste des Canadiens n'avaient pas leur mot à dire.

Le PQ est spécialiste de la désinformation et a même réussi à obtenir d'une foule d'enseignants très bien syndiqués leur appui, ceux-ci ayant comme mission de dire à leurs jeunes élèves facilement impressionnables qu'ils n'étaient pas Canadiens, mais Québecois. Ayant moi-même quatre enfants qui ont subi ce lavage de cerveau, je sais de quoi je parle. Alors, pour ce qui est de l'argent sale du Fédéral, regardez dans votre propre cour.

Cher Monsieur Lafrance,

Vous visez très juste. D'ailleurs, ce que vous évoquez au sujet des nouvelles entreprises dont seulement 5% n'ont pas fait faillite après deux ans, est justement le fameux «Plan Paillé». Je suis en train de faire une recherche là-dessus, et prouverai que plus de $300 millions ont été gaspillés en pure perte dans ce programme qui visait à accorder des prêts garantis par le gouvernement du Québec, à toutes sortes de projets de nouvelles entreprises, dont un bon nombre étaient loufoques ou sans plan d'affaires sérieux. Le but: créer un climat favorable chez des dizaines de milliers de personnes (les entrepreneurs et leurs réseaux de proches), juste avant le référendum. À noter enfin que, dès le lendemain du référendum, soit le 1er novembre 1995, la garantie du gouvernement quant à ces prêts bancaires n'existait plus pour ceux qui voulaient se prévaloir de ce programme, qui fut ensuite éliminé en douce par le gouvernement du PQ, qui n'avait vraisemblablement plus besoin d'acheter des votes à $50 000 la tête...

Sur le plan des campagnes publicitaires à connotation politique du gouvernement Parizeau, et payées à même les fonds publics pour favoriser le OUI, là aussi nous allons sortir des chiffres qui promettent d'être renversants, et aussi dévoiler les firmes publicitaires souverainistes qui se sont alors graissées la patte. Bizarre que personne n'ait jusqu'ici osé se pencher là-dessus!!!


Nancy Gagnon:

Comment rompre avec cette médiocrité qui caractérise si bien les fédéralistes québécois? Je suis parfaitement d'accord avec votre opinion concernant ce manque de transparence dont font preuve nos représentants libéraux.

Manque de transparence dans leur discours, dans leurs idéaux... Jamais au grand jamais je n'ai entendu les partis libéraux (fédéral et provincial confondus) se prononcer sur leur attachement à la langue française, à la culture québécoise qui nous caractérise de manière viscérale. Au lieu de cela, on nous minimise en parlant des deux solitudes dans ce pays.

Pour ma part, je n'ai jamais senti autre chose que l'apât du gain en terme de $$$ de la part des libéraux. Le scandale des commandites m'en a d'ailleurs donné une excellente preuve. Je suis âgée de 30 ans et je suis une indépendantiste convaincue, parce que depuis toute ces années je n'ai jamais sentie que les partis libéraux s'adressaient ou se préoccupaient des citoyens. Les libéraux en ont seulement après ceux qui ont des fortunes, les autres étant laissés pour compte. Alors, étant donné que la population québécoise n'est pas principalement composée de gens fortunés, ceux-ci se tournent vers des gens qui les comprennent... et actuellement, il n'y a que le parti québécois qui semble se rapprocher le plus des préoccupations de la population... Bref, on récolte ce que l'on sème...

Chère Madame Gagnon,

Je ne puis qu'être d'accord avec plusieurs éléments du diagnostic que vous posez, quoique le PQ n'est pas un parti progressiste; il prétend l'être, mais regardez ce qu'il fait quand il est au pouvoir et vous verrez qu'il n'en est rien.

Nous différons d'opinions seulement sur le remède à apporter, car je crois, en tant que fédéraliste, qu'il est possible, et nécessaire, de renouveler radicalement notre discours et nos pratiques, et surtout de se débarrasser de nos représentants politiques actuels, dont la médiocrité et le manque de passion pour le bien-être des gens nuisent à l'idée fédéraliste.

D'ailleurs, il serait bon que les tenants des deux côtés fassent le ménage dans leur propre camp. Pour les fédéralistes, il s'agit de se départir de l'insignifiance et des discours de la peur, ainsi que des parasites et voleurs qui ont trop longtemps tourné autour; pour les souverainistes, il faudrait que les leaders cessent de se draper dans une apparence de «vertu» qui est bien hypocrite, et qu'ils arrêtent aussi de jeter en patûre à leurs troupes ceux qui ne pensent pas comme eux comme étant des «anti-Québécois», ce qui est une attitude qui encourage l'intolérance, le fanatisme et la haine, et qui tue aussi l'esprit de la démocratie. Aussi, les leaders indépendantistes auraient intérêt à regarder dans leur propre placard pour ce qui est des tendances corruptrices, au lieu d'accuser TOUS les fédéralistes d'être des corrompus.

Mais j'anticipe avec plaisir de débattre avec des souverainistes comme vous, qui êtes attachée au bien commun et à la justice avant tout. Si les fédéralistes et les souverainistes centraient leurs débats sur les enjeux qui concernent le mieux-être des citoyens, on pourrait faire progresser la façon dont les débats politiques se déroulent chez nous, et nous discuterions enfin dans le respect mutuel qui est nécessaire à la démocratie, et aussi dans la recherche du bien commun.