samedi, février 18, 2006

Falardeau le réactionnaire, encore et toujours...

Pierre Falardeau, le «Grand Homme» de la frange la plus fanatique et intolérante du mouvement indépendantiste, vient de récidiver avec sa démence réactionnaire bien typique. Il est vrai qu'on ne se surprend plus au Québec des sorties haineuses et délirantes de ce gesticulateur grotesque de «2 par 4» et de «chainsaw» (avec lesquelles il a déjà menacé les «infidèles» à la «Cause», c'est-à-dire les fédéralistes et quiconque n'est pas un fanatique aussi dément que lui).

Le «Grand Homme» est de plus en plus connu pour donner dans l'auto-admiration. Par exemple, il aime bien se qualifier lui-même d'«intellectuel» (dans son cas, les guillemets sont plus qu'appropriés!). Comme ça, il se pare d'une étiquette qui le conforte dans son auto-illusion qu'il dirait des choses intelligentes. Il est vrai que le «Grand Homme» a son troupeau de disciples et de dévots qui le vénèrent béatement, alors ça l'aide à croire que tout ce qui sort de son cerveau de fumiste réactionnaire est Vérité d'Évangile. Les fanatiques sont tous comme cela: ils se croient, voyez-vous.

Un exemple qui démontre jusqu'à quel point il se croit, notre «Grand Homme» Falardeau: vous vous souvenez de son apparition à «Tout le Monde en Parle», en octobre dernier? Lorsque Guy-A. Lepage lui a demandé pourquoi il avait accepté le prix de $20 000 de la Fondation Molson tout en crachant sur la famille Molson, le «Grand Homme» s'est justifié niaiseusement comme lui seul sait le faire: «Ben, faut ben que je fasse vivre mes enfants!!!». Pitoyable. C'est comme ça que le «Grand Homme» se montre un maître dans l'art de se donner des airs de bonne conscience tout en se prostituant pour de l'argent. Agir en pute tout en s'efforçant de se donner les airs effarouchés d'une Sainte Nitouche qui n'en est pas moins ravie de prendre l'argent: ça, c'est du vrai Falardeau à l'état pur. Mais le problème pour lui, c'est que ça ne marche pas totalement, sauf pour les disciples du «Grand Homme» qui ne demandent qu'à le vénérer comme les aveugles qu'ils sont; mais beaucoup de gens (et pas seulement des fédéralistes) ont alors bien compris son petit jeu, et ils ont jugé le «Grand Homme» à la hauteur de ce qu'il vaut réellement: pas grand chose.

Le journal Le Québécois, qui regroupe une petite clique faite des plus zélés et fanatisés parmi les dévots du «Grand Homme», vient de publier un petit livre, que je me suis fait un devoir d'acheter cette semaine, et qui a pour titre: «Manifeste lucide pour la fin de l'hégémonie fédéraliste sur l'information», et dont le titre aurait tout aussi bien pu être: «Manifeste paranoïaque pour purger la scène publique québécoise de tous les Infidèles». Évidemment, ses disciples ont profité de l'occasion pour donner une autre tribune à leur Guide et «Grand Homme» Falardeau. Celui-ci ne s'en est donc pas privé, mais cependant ce fut, je dois dire, pour notre plus grand plaisir, tellement le «Grand Homme» y dévoile toute son ineptie et sa nullité rageuses.

D'abord, on retrouve dans le chapitre écrit par cet «intellectuel» autoproclamé qu'est notre «Grand Homme» un amoncellement d'expressions qui, en effet, rappellent les plus hauts sommets de la pensée, au point toutefois où on se demande si le «Grand Intellectuel» ne sombre pas dans la projection psychologique: «attardés mentaux», «débiles légers», «trisomiques à batteries», «deux-de-pique dégénérés», tous des termes qui d'ailleurs nous rappellent le langage réactionnaire d'un certain Goebbels, à une époque où celui-ci pourfendait les ennemis du nazisme en Allemagne. Mais, il y a encore mieux, car la profondeur de l'intellect de notre «Grand Homme» se manifeste également par l'emploi de termes scatologiques, tels «le va-vite» et les «hémorroïdes saignantes», scatologie dont le «Grand Homme» est particulièrement friand depuis quelques temps, tel qu'on l'a vu entre autres dans son dernier film. J'imagine que ça l'aide à se sentir comme étant un esprit bien supérieur à celui des «Infidèles» fédéralistes que toute son existence est vouée à anéantir (d'où sans doute le fait que le «Grand Homme» ne se fatiguera jamais assez d'ériger en modèles à suivre ceux qui ont étranglé Pierre Laporte en 1970).

Le «Grand Homme» sait aussi faire preuve d'un grand esprit d'originalité. Il a donc nommé son chapitre: «Star Académie». Apparemment, l'Imam Falardeau a emprunté ce titre pour désigner les «Infidèles» fédéralistes à qui il consacre cette nouvelle «Fatwa» qu'est son chapitre de ce livre: «Eux y sont quétaines, pas nous autres», voilà la quintessence de la Pensée Falardienne. «Mon père est meilleur que le tien», en quelque sorte... C'est fort, vraiment très fort. Y m'en coupe le sifflet, le Falardeau...

Mais aussi, je vous disais qu'il s'admire, notre «Grand Homme» Falardeau. En effet, il n'y a dans tout l'espace littéraire, culturel et politique québécois que lui, et lui seul, pour se référer à tout bout de champ à son personnage d'Elvis Gratton. Même au Festival «Juste Pour Rire» on ne le mentionne jamais! Donc, bien entendu, le «Grand Homme» de mentionner dans son chapitre un «étalage de mongoleries grattoniennes», encore une fois (Ô surprise!) pour désigner les positions de ceux qui pensent autrement que lui. «Gratton par ci, Gratton par là, Gratton comme ci, comme ci, comme ça...»: le «Grand Homme», il en voit vraiment partout des Elvis Gratton. C'est au point où on commence à s'inquiéter pour son équilibre mental, le narcissisme étant une porte pouvant ouvrir vers la démence.

Puis le «Grand Homme» y aller d'une série d'insultes grotesques, autre manifestation de son esprit de «Grand Intellectuel», contre les gens qui envoient des lettres aux lecteurs à La Presse: «déficients mentaux», «crétins libéraux», «abrutis de droite» et, injure suprême aux yeux de l'Imam Falardeau: «canadiens d'expression francophone», comme quoi les «fédéralistes à consanguinité douteuse» qu'il dépeint entachent à ses yeux la Pureté Immaculée de cette Glorieuse Nation dont il se fait le Guide Spirituel et l'«Émancipateur» autoproclamé (c'est fou combien il s'autoproclame, ce gars-là!).

Bon, il est vrai que La Presse publie un lot important de lettres envoyées par des indépendantistes, et même Louise Beaudoin, la passionaria de l'Indépendance, a sa chronique régulière dans ce journal! Sans parler du fait que, souvent, Jacques Parizeau lui-même choisit La Presse pour publier ses textes d'opinion. Mais il est vrai aussi que le Guide et Imam Falardeau, s'il veut maintenir son emprise mentale sur sa bande de disciples et de dévots, doit se sentir bien obligé de faire semblant d'être lui aussi sourd et aveugle. Donc, le «Grand Homme» Falardeau s'acharne uniquement contre les autres, les fédéralistes et les collaborateurs anglophones de La Presse, ceux-ci étant d'ailleurs insultés grossièrement en tant qu'anglophones («bloke de service», écrit-il), la grossièreté étant d'ailleurs le style de prédilection de notre «Grand Intellectuel». «Le Mal, c'est eux, et seulement eux, tandis que le Bien et la Pureté, c'est Nous et seulement Nous, les indépendantistes»: voilà une autre devise falardienne, bien à l'image du fanatisme du «Grand Homme». Ceux qui, de nos jours, offrent un million à quiconque tuera un certain caricaturiste danois sont épris du même genre de mentalité.

Comme tout bon Guide Spirituel, le «Grand Homme» se doit de désigner un «Grand Satan». Dans son écrit, il s'agit, vous l'aurez deviné, de Power Corporation, qu'il présente comme l'instigatrice du «Grand Complot» dont les chroniqueurs de La Presse seraient, aux yeux du «Grand Homme», les vulgaires mercenaires. C'est drôle, je lisais justement cette semaine un nouveau livre de Pierre-André Taguieff, «La foire aux Illuminés», consacré aux liens entre l'ésotérisme, les théories du complot et l'extrémisme (Éditions Mille et une Nuits). Dommage que le livre d'où je sors toute cette prose falardienne ne soit pas sorti plus tôt, car Taguieff aurait pu le citer en exemple...

Ensuite, figurez-vous donc que le «Grand Homme» Falardeau me dédie une attaque à moi tout seul! Oui, moi, le petit Laprès qui ai de la misère à peser 125 lbs, et moi qui suis tellement «puissant» et riche à force d'être un «vendu» que j'en finis mes mois avec même pas $50 dans son compte de banque! (Mais faites-vous en pas pour moi, j'ai pour ambition dans la vie de ne pas mourir riche, et croyez-moi, je suis bien parti pour ça!).

Je commence à peine, depuis quelques mois, à publier dans la rubrique «Québec Grand Angle» de La Presse, mais voilà-t-y pas que c'en est déjà trop pour le «Grand Homme». Puisque l'Imam Falardeau ne peut pas tolérer la moindre expression d'hérésie, il se devait donc de lancer sans tarder sa Fatwa contre ma petite personne. Après donc à peine 2 articles de ma part au moment où il a écrit sa prose, l'Imam Falardeau a donc sorti son sabre pour couper la tête d'un nouvel «Infidèle» qui a osé publier ce qu'il pense du fanatisme et de l'intolérance à la sauce Falardeau. Probablement une autre manifestation de son grand amour pour la liberté, quoique il est vrai que celle-ci, à ses yeux de fanatique, est intolérable lorsque quelqu'un ose penser d'une manière différente de la sienne.

Le «Grand Homme» débute sa charge ainsi, y allant de sa plume savante:

«Pour travailler à la Presse, on dirait qu'il faut absolument écrire comme un pied et surtout penser comme un pied. Penser avec ses deux pieds vous assure une place au sommet de l'échelle (pas gentil pour Louise Beaudoin, en passant, ainsi que pour les autres indépendantistes qui publient dans La Presse). Ainsi, on a recruté récemment à La Presse un Monsieur Laprès, sans jeu de mots. Pour l'instant, il préside un quelconque institut de quelque chose (c'est fou ce qu'on préside comme institut dans ce milieu).»

Bon! Ça commence mal pour moi, faut bien dire. Le «Grand Homme» me traite de «pied». Y est don' pas fin, pis y me fait don' de la grosse pe-peine, le Falardeau! J'en ai braillé sur mon lit toute la soirée... Se faire traiter de pied par un si grand «Intellectuel», ça fait don' un gros bobo à l'égo... Snif, snif... Aussi, le «Grand Homme» a décidé que je présidais un institut quelconque. Sauf que le problème, c'est que je ne préside rien dans ma vie, et puis il n'y a pas d'institut du tout. Mais le «Grand Homme» Falardeau, lui, il est comme un Dieu, y sait tout, y connaît tout. Il est très fort. Vraiment très fort. J'en suis tout confondu. Mais je peux quand même lui faire un gros pied de nez...

Aussi, le «Grand Homme» semble se formaliser du nombre d'«instituts» fédéralistes, qui en réalité se révèlent très peu nombreux. Mais comme il dit parce que lui il sait tout, «c'est fou ce qu'on préside comme instituts dans ces milieux-là!». Évidemment, notre «Grand Homme» fait peu de cas du nombre absolument phénoménal d'«instituts» et organismes indépendantistes de toutes sortes; ça commence par le Conseil pour la souveraineté, les Intellectuels pour la Souveraineté (dont le «Grand Homme» est sûrement l'un des plus grands porte-parole), la SSJB, le MNQ, et j'en passe, il y en a des centaines de ces groupes et «instituts» indépendantistes qu'on peut trouver juste en surfant sur l'Internet, du genre «Musiciens Souverainistes de l'Outaouais» ou «Fédération indépendantiste des tricoteuses de St-Clinclin-des-Cochons-qui-Toussent»... Donc, c'est fou ce qu'on préside comme instituts dans ces milieux-là aussi...

Et le «Grand Homme» de continuer: «Autrefois, il (Laprès) écrivait, paraît-il, des discours pour un quelconque ministre à Ottawa. On pouvait difficilement descendre plus bas. Le fond du baril, quoi! Le candidat idéal pour chroniquer en toute quiétude entre Mario Roy et André Pratte. Je me suis même laissé dire, mais cela sous toutes réserves, que Laprès avait été de gauche dans sa jeunesse, ce qui ne gâte rien dans ce métier. Comme quoi, au pays d'Elvis Gratton, la gauche mène à tout, surtout à la droite la plus pure et la plus dure. Attention à Mère Térésa David que La Presse va mettre de l'avant en long, en large et en travers. À qui profite le crime?».

Nous voilà bel et bien entrés au coeurs du délire paranoïaque falardien (car après tout, le «génie» est proche de la folie). Je vous disais qu'y sait tout, le «Grand Homme». Donc, j'aurais été un «speech writer» à Ottawa. Une chance que je l'apprends aujourd'hui, car je ne m'en étais vraiment pas rendu compte dans le temps. Je devais être schizo, quoi. Merci «Grand Homme» de me dire ce qu'était ma job dans ce temps-là. Puis le «Grand Homme» parle de ma jeunesse (je suis pas encore rendu vieux, heureusement, quoique mon coloc me nargue souvent là-dessus...). Ben oui, j'étais de gauche dans le temps, et je le suis encore aujourd'hui. Mais le «Grand Homme», lui, il sait c'est quoi la gauche et la droite. Comme il se prend pour le «Grand Guide» de tout et de rien, il s'arroge le monopole de la définition des termes.

Évidemment, notre «Grand Homme» ne se pense pas de droite, lui, car ça sonnerait mal dans les milieux indépendantistes, qui se prétendent de gauche. En fait pourtant, les positions politiques du «Grand Homme» Falardeau sont fondées sur la haine, l'intolérance, l'ethnicisme le plus grotesque, l'anti-démocratisme, toutes de belles caractéristiques d'une pensée liberticide et essentiellement réactionnaire, donc d'extrême-droite. Une extrême-droite pas mal teintée de brun, en passant. Goebbels lui-même se pâmerait d'admiration devant ce monument de haine viscérale qu'est la prose falardienne. Faites une petite comparaison, et vous verrez que je n'exagère pas du tout.

Mais au Québec, notre réactionnaire «National» (parce qu'y paraît que tout doit être «National» au Québec) se fait passer, habilement il faut l'admettre, pour un «Émancipateur», un «Esprit Libre» parce qu'«il dit ce qu'il pense». Même si ce qu'il pense, c'est le mépris de la démocratie et du droit des autres à avoir leurs propres opinions et à différer de lui, et aussi l'intolérance la plus abjecte. Mais il le dit, ce qu'il pense, donc il faut bien l'admirer, béatement comme des moutons qui suivent leur «Berger». Parce que les moutons, eux, ils ont pas besoin de dire ce qu'ils pensent, puisque le «Grand Homme» Falardeau, lui, il le fait. À leur place, bien sûr. C'est moins compliqué comme ça, parce que penser par soi-même, c'est bien trop dur pour ceux qui têtent aux pis de la démagogie haineuse falardienne. Mais ces moutons-là oublient que d'autres crétins réactionnaires comme Pat Buchanan aux USA, ou ceux qui ces temps-ci appellent à tuer les caricaturistes danois, eux aussi, «y disent ce qu'ils pensent». Ils n'en sont pas moins crétins pour autant...

«Au pays d'Elvis Gratton», qu'y dit, notre «Grand Homme». Encore une fois. Je vous le disais, le «Grand Homme», il la voit voit partout, sa créature, et il est tellement convaincu de sa propre génialité qu'il se réfère frénétiquement au personnage qu'il a inventé. On peut parier qu'il se pense ben bon et ben fort, qu'il est ben fier de son propre génie, dès qu'il couche le mot «Gratton» sur un bout de papier. Mais faut le comprendre, après tout: son imagination n'a pas besoin de déborder bien au-delà de son cerveau si sublime. Faut le comprendre donc, vu qu'il est tellement fort, le «Grand Homme». C'est donc normal qu'il puisse pas voir plus large que le bout de son nez. Il n'en a pas besoin, au fond. Quand on est un «Grand Homme», puis qu'on le sait, puis qu'on nous le dit, on se suffit à soi-même, et on n'a plus juste qu'à se citer soi-même.

Ensuite, place à nouveau au délire paranoïaque de notre «Grand Homme». Françoise David et son mouvement de gauche, c'est Power Corporation qu'il l'aurait inventé, et toute la machine de presse du groupe Gesca serait consacrée à faire la promotion des thèses de gauche. Parce que, «À qui profite le crime?», comme le dit si bien notre très paranoïaque «Grand Homme», puisque son omniscience le fait savoir que tout cela, c'est un «grand complot» des «fédérats». C'est sûrement pourquoi, la semaine passée, Alain Dubuc, autre incarnation du Mal selon l'Imam Falardeau, a descendu durement dans La Presse le nouveau parti de gauche fondé par Mme David.

Et l'autre message que livre le «Grand Homme», c'est que vous avez beau être indépendantiste comme Françoise David, si vous osez commettre l'hérésie de dire les choses à votre façon à vous, ou encore de partir de perspectives différentes que celles du nationalisme haineux professé par l'Imam Falardeau, celui-ci se mettra sans tarder à lancer contre vous sa Fatwa, et vous serez alors ridiculisé publiquement («Mère Térésa David», donc une nounoune épaisse et bien naïve, adepte d'un «humanitarisme larmoyant» selon les termes de Falardeau qui, il est vrai, est un fier promoteur de la haine déshumanisante). Ce qui est la manière moderne, pour les tenants du «nationalisme ouvert et inclusif» à la sauce inquisitrice du «Grand Homme» Falardeau, de mettre quelqu'un au bûcher...

Et ça continue, mes amis: «Parlant de pieds, Monsieur Laprès de La Presse (Tiens, tiens, me voici employé de La Presse! Mais c'est vrai qu'y connait tout, qu'y sait tout, notre «Grand Homme...) devrait retourner à Ottawa le plus rapidement possible pour écrire les discours du Pettigrew des Classels, comme le surnomme Daniel Lemire. Ça urge! Il en aurait bien besoin ce minuscule ministre libéral formé à la dure par le pontifical Claude Ryan.»

Là, malheureusement notre «Grand Homme» vient de se tirer dans le pied (s'cusez, je pouvais pas la manquer, celle-là, elle est trop facile!) à grands coups de bazooka. Il tente de m'associer à Pierre Pettigrew, alors que je l'ai pourtant moi-même durement critiqué dans La Presse, et ici même dans ce blogue:

http://lapresd.blogspot.com/2005/11/pettigrew-cest-assez-pierre-pettigrew.html


C'est que notre «Grand Homme», je vous le disais, est un fanatique. Et comme tout bon fanatique, il n' est juste pas capable d'imaginer dans sa petite tête, ou même d'imaginer ne serait-ce qu'un tout petit peu, qu'on puisse être d'une option politique tout en étant capable de critiquer, même durement, les représentants de son propre camp, ou de ne pas être d'accord tout le temps avec notre camp et se donner la liberté de le dire. Alors, désolé, mais notre cher «Grand Homme» vient, encore une fois, de se couvrir de ridicule, parce qu'il est trop ignare pour s'informer ou pour vérifier avant de publier des inepties réactionnaires dans des livres.

Au fond, le gros problème de notre «Grand Homme», c'est que son fanatisme rétrécit considérablement son champ de vision. Ça le rend pas mal étroit d'esprit, ou encore, plutôt constipé, au moins dans ce qu'il dit et écrit (d'où peut-être son recours fréquent à la scatologie: il faut bien que ça sorte, d'une manière ou d'une autre!). Sauf qu'il ne s'en rend pas compte, et comme il est entouré de disciples qui ne font que le vénérer et qui l'assurent qu'il est un héros génial, il ne peut pas se remettre en question. En plus, comme on sait qu'il n'y a à peu près personne au Québec qui a le culot de riposter à ses niaiseries réactionnaires, le «Grand Homme» se croit omniscient et aussi infaillible que le Pape. Et évidemment, il n'est pas capable de douter de lui-même, parce qu'un fanatique, ça ne doit pas douter de rien.

Si j'étais indépendantiste, je ne serais pas très content d'avoir un tel réactionnaire comme porte-étendard de ma cause. Parce que quand on a besoin de pareils fanatiques pour promouvoir sa cause, ou encore qu'on ne dit rien pour les dénoncer, c'est que celle-ci ne doit pas valoir bien cher, quand on gratte un peu sous le vernis. Et si, comme fédéraliste, j'étais le moindrement machiavélique, des «Grands Hommes» comme Falardeau, j'en inventerais, parce que ça discrédite l'autre bord. Mais j'aime trop la liberté et la démocratie pour vouloir d'autres démagogues haineux dans notre société, et je reconnais qu'il y a bien plus de démocrates sincères que de fanatiques haineux dans le camp indépendantiste.

Mais le problème pour les indépendantistes qui se prétendent démocrates, c'est qu'ils ne disent rien devant la haine falardienne, même si ça salit pas mal leur idéal, au point qu'ils ne se rendent pas compte que c'est devenu un de leurs talons d'Achille. Ça les aiderait s'ils se souvenaient un peu mieux de René Lévesque qui, lui, avait le courage de s'opposer aux réactionnaires haineux comme Falardeau. En fait, il ne pouvait même pas les sentir. Dommage qu'il ait été oublié, du moins dans cet aspect-là.

mardi, février 14, 2006

Le seul et unique Martin Beaudin-Lecours


Martin Beaudin-Lecours, dont je fais l'agréable connaissance aujourd'hui même, a eu l'amabilité de m'informer qu'il a publié un texte critique à mon égard sur son blogue, que je viens de visiter et qui, au demeurant, semble fort intéressant.

Je lui réponds ici-bas (mes propres commentaires en lettres italiques bleues suivront chaque paragraphe du texte de M. Beaudin-Lecours), mais d'entrée de jeu, je veux expliquer pourquoi j'intitule cette réponse "Le seul et unique Martin Beaudin-Lecours". C'est que M. Beaudin-Lecours fait partie de ces gens qui semblent ressentir le besoin de toujours faire mettre aux autres une peau qui n'est pas la leur, comme si ça ne pouvait suffire que d'être soi-même, tout simplement. En ce qui me concerne, j'ai bien assez d'avoir à me subir moi-même et à parler en mon propre nom sans avoir à porter en plus l'identité d'un autre.

Ainsi donc, selon M. Beaudin-Lecours, je serais un «nouveau Alain Dubuc», un «nouveau René-Daniel Dubois»!!! J'ai très peu en commun avec M. Dubuc, qui est pas mal plus à droite que moi. Mais moi, «un autre René-Daniel Dubois»?... Ouffff!!!! Déjà, être un Dubuc sans en être un, c'est déjà énorme, et là, avoir à être en plus un Dubois, disons que c'est bien trop (même si je me sens plus d'affinités idéologiques avec Dubois qu'avec Dubuc!) !!! On me fait chausser des pointures bien trop grandes pour moi, à moins qu'on veuille me rendre schizoïde (il est vrai que plusieurs, dans leur maladie mentale, sont persuadés qu'ils sont Napoléon, Jésus-Christ, etc., mais je vous assure que je n'en suis pas encore là, ni même au simple dédoublement de personnalités, qui est un stade moins élevé dans la hiérarchie de la folie...)

Donc, je m'adresse non pas à un quelconque «nouveau Lionel Groulx», ou à un «nouveau Pierre Bourgault» ou à un «nouveau» qui que ce soit d'autre, mais au seul et unique Martin Beaudin-Lecours, car l'univers entier a mis 14,5 milliards d'années depuis le Big Bang pour n'en produire qu'un seul, tout comme elle l'a fait pour un seul moi-même (et Dieu merci, quand je serai crevé, il n'y en aura pas d'autre!!!).

Enfin, j'imagine, de toute façon, que M. Beaudin-Lecours sera d'accord avec moi sur le fait qu'un seul soi-même dans tout l'univers espace-temps, c'est bien assez, voire presque trop!

Le prochain Alain Dubuc?

Par Martin Beaudin-Lecours
http://martinbeaudinlecours.com/2006/02/12/le-prochain-alain-dubuc


Bon, c’est connu, La Presse a un fort penchant fédéraliste. Ses éditorialistes s’unissent pour défaire l’argumentaire souverainiste et réduire l’importance des appuis à la souveraineté dès que l’occasion se présente. Alain Dubuc, en particulier, réinvente le Canada régulièrement et n’hésite pas à utiliser des arguments à la limite de la démagogie pour dénigrer le mouvement souverainiste.

Il est vrai que la ligne éditoriale de La Presse est fédéraliste. Si on devait condamner ce journal pour cette unique raison que sa page éditoriale a une ligne politique (mais pas ses chroniqueurs, ex: Pierre Foglia), ne devrait-on pas condamner Le Devoir pour sa ligne indépendantiste et nationaliste? J'avoue que je ne perds guère de temps à dénoncer Le Devoir, car c'est le droit de chaque journal de décider de son orientation politique, même si toutefois je pourrais m'amuser à vous paraphraser parfaitement, M. Beaudin-Lecours:

«Bon, c'est connu: Le Devoir a un fort penchant indépendantiste. Ses éditorialistes s'unissent pour défaire l'argument fédéraliste et réduire l'importance des appuis au fédéralisme dès que l'occasion se présente. Michel Venne, en particulier, réinvente le Québec régulièrement et n'hésite pas à utiliser des arguments à la limite de la démagogie pour dénigrer le mouvement fédéraliste

Sauf que, en disant seulement cela, je n'aurais pas démontré grand chose...

Donc, je ne commencerai pas à diaboliser les éditorialistes du Devoir, ayant bien d'autres chats à fouetter. Pour ce qui est des arguments «à la limite de la démagogie» d'Alain Dubuc, je veux bien qu'on le dénonce si c'est le cas, mais ceci devrait être fait de façon rigoureuse. Je veux dire: vous devez prendre un argument de M. Dubuc, et démontrer ensuite
en quoi, pourquoi et comment son propos serait démagogique. Autrement, il serait triste d'avoir à vous dire que c'est plutôt vous, M. Beaudin-Lecours, qui sombrez dans la démagogie, car la démagogie consiste aussi à lancer des énormités accusatoires sans appuyer celles-ci d'aucun fondement.

Dans son forum, La Presse laisse plus de places au souverainistes qui osent y écrire. Faut bien que son forum paraisse neutre! Sauf qu’à voir combien de fois ils ont publié ces derniers mois les textes de Daniel Laprès, on se demande s’ils n’ont pas trouvé le digne successeur d’Alain Dubuc.

Dans sa rubrique «Québec Grand Angle», il y a 4 panelistes: Mathieu Laberge, Stéphane Kelly, Geneviève Nootens et moi-même. À ce que je sache, je suis le seul fédéraliste face à trois «souverainistes». Et La Presse m'a publié une fois par mois depuis octobre, tout comme pour chacun des trois autres panelistes.

Ce Daniel Laprès est membre du Réseau démocratique canadien. “Réseau” et “canadien”, déjà ça sonne “multiculturalisme canadien”. En plus son texte parait dans une série intitulée “Québec grand angle” sous le gand titre “Le nationalisme obligatoire”. Mmmmm, ça pue… Et à lire le sous-titre, on ne peut plus se tromper, on va encore casser du sucre sur le dos des souverainistes: “Que dire de cette tendance à faire de notre “différence” un absolu qui justifierait le démantèlement du Canada?”

Ah bon?! Là vous m'étonnez! En quoi le mot «Réseau» conduit-il à «multiculturalisme»? Vous éveillez ma curiosité... Vous jouissez sûrement de connaissances étymologiques que je ne possède pas. Et «Canadien», ce n'est peut-être pas un terme qui vous plaît, et c'est votre droit. Mais ce n'est pas synonyme de «nazi», quand même! Que le titre de cet article «pue», ça, c'est selon l'odorat de chacun. Comme vous êtes nationaliste, vous ne devez pas aimer, en effet... Enfin, pour le «cassage de sucre», les débats existent pour cela, en autant que ça ne sombre pas dans la haine et la déshumanisation de celui qui a un point de vue opposé. À moins que vous soyez, M. Beaudin-Lecours, un adepte fervent de la pensée unique?

L’article n’est pas commencé qu’on voit déjà tous les sous-entendus. “Québec grand angle” pour suggérer une vision plus globale qu’à l’habituel, trop sectaire. “Nationalisme obligatoire” indique qu’on se plaindra du sentiment d’ostracisme que vivent ceux “qui osent penser différement” comme René-Daniel Dubois. Et “démantèlement du Canada”, pour une petite dose de culpabilisation. Le projet souverainiste est de faire du Québec un pays, pas de démanteler le Canada!

Vous voyez hélas des complots où il n'y en a pas. «Québec Grand Angle», c'est le nom donné à la rubrique à laquelle participent également 3 «souverainistes». Il n'y a pas de causalité entre le titre d'une rubrique et le titre d'un article. Lisez tous les autres articles de mes 3 collègues, et essayez de faire un lien entre le titre de la rubrique et ces derniers. Vous devrez alors faire preuve d'un contorsionnisme prodigieux.

Nationalisme obligatoire, oui. Penser en dehors des canons de l'orthodoxie nationaliste a son prix au Québec. Pensez à Esther Delisle, par exemple, dont la carrière universitaire a été détruite, après avoir publié son ouvrage «Le Traître et le Juif», qui démontrait le fascisme de Lionel Groulx, du Devoir et de l'élite québécoise des années 30 et 40, le tout avec documentation et citations détaillées à l'appui, et non pas tirées de leur contexte... Si vous voulez vérifier par vous-mêmes, mentionnez son nom, au détour d'une conversation, dans un couloir de faculté d'histoire; on vous répondra d'emblée que «c'est une folle, gravement atteinte de maladie mentale». Évidemment, on n'a pas de certificat médical pour appuyer de tels propos, mais le fait est que Mme Delisle a été éjectée du circuit universitaire. René-Daniel Dubois a subi le même sort, dans son domaine à lui. Et Guy Bertrand, lorsqu'il était fédéraliste, était un fou lui aussi. Maintenant qu'il est revenu à ses premières amours, c'est-à-dire au PQ, voilà qu'il n'est plus fou... Touché par la grâce indépendantiste, en quelque sorte!

Moi-même, lorsque j'ai commis mon tout premier article dans cette rubrique de La Presse, j'ai eu droit sans tarder à la matraque de la calomnie, cette tactique totalitaire bien connue et dont sont friands le journal Le Québécois et autres émules du réactionnaire Pierre Falardeau. Voyez ma réponse à cette bande de joyeux drilles : http://lapresd.blogspot.com/2005/10/les-gens-du-journal-le-qubcois-ont-eu.html et ceci sans mentionner les attaques d'une certaine Marianne Vaucouleurs, dont le délire me gênerait si j'étais indépendantiste: http://lapresd.blogspot.com/2005/11/quand-dlire-dlire-fort.html


Et il ne s'agit là que d'une seule parmi les formes d'ostracisme qui frappent les fédéralistes. «Traîtres», «Vendus», ça vous dit quelque chose? Pensez-vous que c'est plaisant de se faire traiter ainsi, comme si on n'avait pas le droit, au Québec, de penser que le fédéralisme canadien peut être compatible avec l'engagement pour notre langue et notre culture françaises? Dites-moi si c'est démocratique de lancer des accusations aussi haineuses et infâmantes contre ceux qui pensent autrement. Votre point de vue à ce sujet m'intéresse, M. Beaudin-Lecours. Et n'allez pas seulement me dire que nous serions des paranos (des fous, encore une fois!) parce que nous dénonçons ces pratiques qui s'opposent à l'esprit démocratique le plus élémentaire.

Démantèlement du Canada, oui aussi. Vous dites que vous voulez faire du Québec un pays, et il est d'ailleurs possible que ce soit parce que, comme M. Duceppe le dit, le Québec est «différent». La réalité des choses, c'est que pour ce faire, vous allez démanteler le Canada, qui est notre pays à nous aussi, les francophones qui l'avont découvert, exploré et fondé. Parlez-moi de l'Ouest, des Maritimes, de l'Ontario, et de ce qui leur arriverait une fois que le Québec couperait le Canada en deux. Mais bien sûr, on s'en fout! C'est pas notre problème! Vive l'égoïsme national!!!! ... Mais désolé, cette approche n'est pas la mienne...

Aussi, une question: pourquoi ne vous dites-vous pas pour ce que vous cherchez, «faire du Québec un pays», ce qui signifie être indépendantiste, et non pas «souverainiste». Pourquoi vous et tous les autres vous masquez-vous par le terme de «souverainisme», alors qu'en théorie politique, celui-ci concerne tout autre chose que le projet des soi-disant «souverainistes» québécois, qui, pour l'instant à en croire l'engouement des leaders politiques indépendantistes pour un État hyper-bureaucratisé et tentaculaire, risque fort de provoquer une «décentralisation» d'Ottawa vers une surcentralisation à Québec? Parlez-en donc aux responsables de nos régions pour voir ce qu'ils en pensent... mais vous risqueriez de rencontrer des surprises....
(tout ceci sans mentionner un autre concept fourre-tout et obligatoire: le fameux «modèle Québécois», qui date de 40 ans et qui devrait apparemment resté figé jusqu'à la fin des temps!)

Pour ce qui me concerne, je préfère investir ce pays qui est le nôtre, et y prendre toute notre place, qui serait grande si on le voulait, plutôt que de me replier dans l'égoïsme et la vanité «nationales», et aussi plutôt que renoncer à l'idée qu'un même pays construit avec des cultures diverses pourrait avoir une valeur d'exemplarité dans le monde d'aujourd'hui. C'est mon choix, vous avez le vôtre. Donc nos choix s'opposent. Mais assumons au moins leur signification et leur portée réelles.



Et voilà, l’exercice commence par la dérision: le “Québec-est-une-Nation” est comparé à un “mantra qu’on répète sans trop poser de questions”. Puis on parle de notre monde “où sont souvent attisés les divisions ethniques et religieuses, avec leur cortège d’intolérance et de fanatismes, tout cela au nom de la sacro-sainte différence identitaire”.

Une chance que les indépendantistes ne s'adonnent jamais, eux, à la dérision! Sinon, «mort de rire» deviendrait une expression littérale, et nous devrions alors assister aux funérailles des principaux leaders de l'intelligentsia indépendantiste! «Le-plus-meilleur-pays-du-monde», le «Rest-of-Canada», «les-Montagnes-Rocheuses», en voilà des formes dérisoires constamment à la bouche des indépendantistes pour ridiculiser leurs opposants. Si vous avez l'épiderme trop sensible lorsqu'il s'agit d'être ironique, et si vous croyez que la dérision est une mauvvaise méthode, j'ai bien hâte de vous lire en train de la dénoncer lorsqu'elle est employée par les leaders indépendantistes. Les occasions ne vous manqueront pas.

Oui, notre monde est un cortège d'intolérance et de fanatismes. Et je suis de ceux qui pensent que le culte des «différences» y joue un grand rôle. Du moins c'est l'analyse du monde réel qui m'y amène. Et je suis loin d'être le seul. regardez ce que le philosophe basque Fernando Savater en dit lui aussi, et il est loin, très loin, d'être le seul à dire ces choses: http://www.unesco.org/courier/2001_07/fr/dires.htm

(Au fait, Fernando Savater vit depuis des années sous les menaces de mort du groupe séparatiste et terroriste basque ETA, qui a assassiné plus de 800 personnes en 30 ans. Au cours des dernières années, il y a eu au Québec deux basques, accusés d'actes violents en Espagne, emprisonnés à cause d'une demande d'extradition de l'Espagne (leur extradition a finalement eu lieu en juin 2005). On a alors vu toute notre belle élite «démocratique» et «culturelle», les plus grands noms de la politique indépendantiste, du mouvement syndical, de la scène artistique aussi, se coaliser, signer des pétitions, publier des textes collectifs dans les journaux pour empêcher l'extradition de ces deux personnes.

Par contre, on n'a vu personne au Québec, strictement personne, pétitionner pour la défense de Fernando Savater et exiger de l'ETA qu'elle laisse tomber ses menaces de mort à son endroit. Que c'est beau, l'amour de la liberté et des peuples «libres»!!! Mais à bas la liberté des personnes qui s'expriment ouvertement contre la violence terroriste!!! Qu'elles aillent se faillent mitrailler par les «combattants héroïques de la Nation»!!! Soyons solidaires avec les «libérateurs» de l'ETA et au diable ses 800 victimes et celles encore à venir !!! Ce ne sont que des «traîtres» qui ont reçu la mort que méritent tous les «traîtres» à la Nation!!! Et pendant ce temps-là, la plupart de ces «beaux esprits» qui appuyaient les deux basques accusés de violences sont membres d'organisations comme «Les Artistes pour la Paix» (Luc Picard, par exemple) et se gargarisent de leur amour pour la démocratie... L'hypocrisie sait ici se faire tellement édifiante...


Et ensuite Laprès de reprocher à “l’élite intellectuelle indépendantiste” sa “complaisance à l’égard des positions intolérantes et haineuses de la frange la plus réactionnaire et antidémocratique du mouvement nationaliste, qu’incarne par exemple un Pierre Falardeau”. Pierre Falardeau!

Oui. Et je maintiens mon propos, d'autant plus qu'à la croire, l'élite indépendantiste serait tellement «démocratique», «tolérante» et «ouverte». Pour vous en convaincre, je ne vous recommande pas de lire les mémoires de Trudeau, mais plutôt le livre «Voler de ses propres ailes», du journal Le Québécois, dirigé par des disciples de Falardeau, le champion réactionnaire du fanatisme et de l'intolérance au Québec. Vous y verrez une série impressionnante de textes haineux et intolérants, qui cèlebrent même la mort d'un être humain ou qui inspirent à la violence contre les fédéralistes francophones. Le tout avec une jolie postface signée Bernard Landry, des contributions de Jacques Parizeau, Gilles Duceppe, plus plein de bons et doux artistes et intellectuels «humanitaires» qui cautionnent cette haine et cette intolérance par leur signature. Si vous voulez, M. Beaudin-Lecours, prétendre qu'il n'y a dans cet ouvrage ni intolérance et ni haine, le fardeau de la preuve est de votre côté. Et aussi, vous m'expliquerez comment on pourrait justifier la participation de tous ces «beaux esprits» à un tel bréviaire de l'intolérance haineuse.

Puis de parler de son coloc franco-manitobain qui, même s’il étudie à l’UQAM, se sent exclus de la Nation québécoise “comme si lui et le million d’autres francophones hors-Québec n’existaient pas”. Pauvre ti-pit!

Franchement, M. Beaudin-Lecours, votre propos fait la preuve 2+2 = 4 que vous vous foutez éperduement des francophones hors-Québec. J'ai pris cet exemple car il est parfois important de parler de la vie concrète, des gens concrets. La politique, d'ailleurs, gagnerait à prendre davantage en compte les situations humaines concrètes. Et briser un pays par exemple, ce serait aussi atteindre des situations humaines concrètes. De plus, mon coloc n'est pas le seul francophone hors-Québec que je connais et de qui je me sens solidaire, en paroles ET en actes.

Mais ceci dit, parlons donc des «vraies affaires»: au lieu de dénigrer mon coloc Franco-Manitobain, vous devriez au moins nous dire ce que vous entrevoyez, vous, pour développer davantage de solidarités entre le Québec et nos compatriotes francophones des autres provinces, et ce que vous envisagez de faire concrètement, vous-mêmes, en ce sens. J'espère de tout coeur que vous saurez faire mieux que les dénigrer ou de vous foutre d'eux, sinon serait-ce que l'avenir de communautés qui partagent notre histoire et notre culture ne vous intéresse pas?

Finalement Laprès conclu qu’il faudra bien que quelqu’un ose poser des questions qui méritent de ne pas être étouffées comme “faut-il absolument être nationaliste pour assumer son identité linguistique et culturelle”? Comme si cette question était nouvelle! Arrive en ville Daniel! Ça fait 20 ans que les intellos à la Stéphane Dion la posent et répondent, comme par hasard, non.

Stéphane Dion est l'un de ceux qui disent que le Québec est une nation. Il dit même que la loi 101 est une bonne chose. Mais il a été tellement dépeint comme le «Vilain» absolu que ce genre de propos de sa part n'ont guère circulé au Québec. Donc, votre exemple est loin d'être suffisant. Je suis connu (parlez-en à ma libraire!) comme étant un avide chercheur de tout ce qui se dit et se publie sur ce genre de question. Je n'ai trouvé que peu de choses. Rien, en fait.

Donc, vous semblez fort mieux informé que moi, M. Beaudin-Lecours; donc, je vous supplie de me transmettre les références exactes, et je vous jure que je ferai amende honorable et me rétracterai si un tel débat élargi comme celui que j'appelle a bel et bien eu lieu. Et ce faisant, vous me rendrez un immense service, d'où la promesse de mon éternelle reconnaissance à votre égard, car je suis réellement avide de toute réflexion qui pourrait alimenter un tel débat.

Daniel Laprès tient un blogue, que je viens de découvrir pour vous donner la référence. Je ne sais si c’est suite à ses textes précedemment publiés dans La Presse, mais il a reçu une tonne de commentaires insultants alors il a fermé les valves aux commentateurs anonymes. Il aurait dû le faire dès le départ, comme moi! Cet incident a dû confirmer sa piètre opinion des souverainistes puisqu’il écrivait dans une de ses multiples charges anti-souverainiste intitulée “L’imposture”:

Nous en sommes donc rendus là au Québec : au lieu de débattre de ses idées, il suffit de lancer en pâture les noms de certaines personnes du camp adverse pour que, sans autre argument ou démonstration, l’auditoire se mette à exprimer sa hargne rageuse. C’est avec une telle logique qu’on nourrit l’intolérance, d’autant plus que, dans le cas évoqué ici, les personnes visées étaient désignées en tant qu’«ennemis du Québec», et ce pour la simple raison que leur point de vue diffère de celui des indépendantistes.

En effet, j'ai dû couper le sifflet aux lanceurs d'insultes grotesques et aux faiseurs de menaces. Leur propos est totalement inutile. Par contre, j'ai apprécié sur mon blogue les discussions avec des indépendantistes convaincus, mais respectueux et capables d'une attitude démocratique.

En clair, Daniel Laprès vient faire la leçon aux indépendantistes, se surprend que certains réagissent émotivement, leur reproche d’ostraciser ceux qui pensent différement (i.e. les fédéralistes) et en vient à dénigrer l’affirmation de la différence elle-même. Logique. Mais vide.
Il faudrait peut-être que Laprès comprenne qu’on n’arrive pas chez quelqu’un en supposant que celui-ci n’a jamais pensé à ce qu’on présente d’emblée comme une “pensée différente”. Et c’est en soi insultant et méprisant de suggérer que les souverainistes ne se posent pas questions, qu’ils sont intolérants, qu’ils n’ont pas d’arguments et que la pensée unique règne dans leur camp. Faudrait qu’il comprenne aussi que ce n’est pas parce que la cause souverainiste n’est pas totalement basée sur la raison qu’elle en devient déraisonnable.

Je ne prétends certes pas «faire la leçon» ni aux indépendantistes, ni à qui que ce soit d'autre. Je dis ce que je pense, c'est tout, et c'est bien assez. Ceux qui réagissent «émotivement», comme vous dites M. Beaudin-lecours, sont en fait des fanatiques aveuglés par leur idéologie. Mais ceci dit, est-ce que vous jugez que les leaders du Bloc et du PQ, lorsqu'ils appellent à la haine et au mépris des individus qui ne pensent pas comme eux, c'est-à-dire leurs opposants politiques, réagissent eux aussi «émotivement»? En politique, ne devrait-on pas faire preuve de plus de dignité?

Enfin, regardez aussi ce que je dis dans mon blogue sur certains fédéralistes: Trudeau, Pettigrew, etc. Vous verrez bien que je sais être tout aussi dur sur des représentants de mon propre camp. Je vous souhaite d'en faire autant contre les tendances sectaires et intolérantes qui défigurent votre propre option.

Alors, maintenant Laprès va pouvoir se poser en nouvelle victime des méchants séparatistes, comme le dramaturge René-Daniel Dubois, qui est passé cette semaine à l’émission “Il va y avoir du sport”. Dubois, je ne l’aimais pas beaucoup et je me méfiais du courant “américanisation de l’histoire nationale” auquel il participait avec Jacques Godbout dans Le sort de l’Amérique, mais je le respectais comme intellectuel qui cherchait à déboulonner des mythes. Sauf que 10 ans plus tard, sa rhétorique m’est apparue totalement vide elle aussi. Facile de dénoncer la pensée unique et le fait que le débat national occulte tout pour ensuite s’abstenir de s’avancer sur quelque sujet que ce soit en prétextant vouloir parler du principe même du droit à la différence.

Intéressant... Dès que Dubois s'est ouvertement exprimé sur sa méfiance à l'égard du nationalisme, «l'intellectuel» qui, selon vous, «cherchait à déboulonner les mythes», a sombré dans une «rhétorique» qui, subitement, vous est «apparue vide elle aussi». Ainsi, Dubois aurait dû en rester au domaine de la fiction pure et désincarnée, se contenter de l'esthétique théâtrale, sans jamais poser de regard critique sur la société qui est la sienne, et où le nationalisme exerce une influence hégémonique. Applaudir béatement à cette hégémonie et flatter la foule dans le sens du poil, quoi. Toute critique du nationalisme n'étant, selon vous, que du «vide» et rien d'autre, je serais curieux de savoir ce que c'est que le «plein». Des fleurdelysés dans toutes les pièces des maisons, la «Fierté Nationale», ou d'autres vaches sacrées? Si vous voulez, parlons des personnes, du développement libre de toutes leurs facultés, des conditions qui sont nécessaires à ce but, et laissez-moi tranquille avec les discours, si «pleins» selon vous, de la «Gloire Nationale»...

Je vais vous le dire comme je le pense: et René-Daniel Dubois et Daniel Laprès intellectualisent le sentiment de rejet qu’ils ressentent depuis que leur gros égo les aie fait péter plus haut que le trou. S’ils ne partagent pas le sentiment de la majorité des Québécois d’origine canadienne-française, soit. Mais qu’ils ne viennent pas donner des leçons en pensant que le peuple dira passivement “ah ouin, t’as raison, j’n'y avais pas pensé!”… La culpabilisation, l’infantilisation et la négation non plus ne ferront pas changer d’opinion les “âmes perdues”. Ça fait des années que les souverainistes se font reprocher tous les maux de la terre par les fédéralistes.
Daniel Laprès prochain Alain Dubuc ou prochain René-Daniel Dubois?

Moi, un «gros ego»? Pour affirmer cela, il vous faudrait me connaître, alors que nous ne nous sommes jamais rencontrés, alors je me demande bien où vous avez pris cela, puisque les gens qui me fréquentent semblent croire que je suis tout sauf un gros ego. Je ne suis qu'un petit paquet d'os bien maigrelet et chétif, et je suis un fervent d'astronomie, ce qui aide beaucoup à relativiser l'importance de son ego, qu'il soit personnel ou «national». Je vous signale aussi que je n'ai pas mis ma photo sur mon blogue, moi, car j'y trouve peu d'intérêt pour les gens.

Enfin, je vous paraphrase de nouveau sur le fait que «ça fait des années que les fédéralistes se font reprocher tous les maux de la terre par les indépendantistes». Toujours la faute à Ottawa, toujours la faute aux «Anglais», etc. etc. Cette rhétorique de votre part en valait bien une autre, non?!

En tout cas, merci tout de même, M. Beaudin-Lecours, pour votre commentaire et pour vos critiques, et au plaisir de croiser le fer avec vous de nouveau. Votre blogue me paraît bien intéressant sous plusieurs angles, et j'y reviendrai volontiers.
Le nationalisme obligatoire

Par Daniel Laprès

Article paru dans La Presse du 11 février 2006, p. A-25, dans le cadre de la rubrique «Québec Grand Angle».


Durant la récente campagne électorale, Gilles Duceppe est souvent revenu sur le thème de la «Différence». En gros, ça donnait ceci: «On-vous-aime-bien-les-Canadiens-anglais-mais-nous-les-Québécois-sommes-différents-de-vous-donc-on-se-sépare», le tout enrobé du désormais obligatoire : «Le-Québec-est-une-Nation», devenu une espèce de mantra qu’on répète sans trop se poser de questions.

Sur la «Différence» d’abord, il y aurait pourtant beaucoup à discuter. Que le Québec soit «différent» des autres provinces canadiennes, c’est l’évidence même des choses, et il serait idiot de ne pas le reconnaître. Mais que dire de cette tendance à faire de cette «différence» un absolu qui justifierait le démantèlement du Canada? Qu’on regarde le monde d’aujourd’hui, où sont souvent attisées les divisions ethniques et religieuses, avec leur cortège d’intolérance et de fanatismes, tout cela au nom de la sacro-sainte «différence» identitaire. Mais j’entends déjà pousser les hauts cris de nos indépendantistes et nationalistes, dont plusieurs sont éminemment doués dans l’art de simuler l’indignation: «Parler ainsi, c’est insulter les Québécois!» Pourtant, je ne fais là que poser certaines questions et, de toute façon, ce n’est pas la société québécoise que je questionne, mais seulement le culte de la «différence» auquel s’adonnent certains leaders politiques d’ici.

À moins que soit interdite chez nous la liberté de penser et de débattre, ces dérives identitaires devraient donc au moins en inciter quelques-uns à réfléchir sur le phénomène pas très rassurant qu’elles entraînent pour une humanité dont nous aussi, au Québec, faisons partie. Bien sûr, certains prétendent que le Québec serait immunisé contre ce genre de phénomène, comme si nous étions au-dessus de tous les autres peuples de la planète, alors qu’en réalité nous ne sommes ni pires, ni meilleurs qu’eux. S’il en était autrement, comment alors expliquer l’appui et la complaisance, tacites mais bien réels, de l’élite politique et intellectuelle indépendantiste à l’égard des positions intolérantes et haineuses de la frange la plus réactionnaire et antidémocratique du mouvement nationaliste, qu’incarne par exemple un Pierre Falardeau, ce «marginal» autoproclamé qui est pourtant célébré par nombre de dirigeants de partis aussi influents que le PQ et le Bloc, et devant lequel se prosternent les médias?

Sur la question de la «Nation», on pourrait aussi s’interroger. Que les Québécois se distinguent par la langue et la culture françaises, cela saute aux yeux. Mais est-ce suffisant pour faire du Québec une «Nation»? Une certaine confusion règne à ce sujet chez les indépendantistes eux-mêmes, car si certains évoquent un nationalisme «territorial», d’autres, dont l’influence n’est pas à négliger, se revendiquent de considérations essentiellement ethniques. Pour démontrer davantage jusqu’à quel point cette confusion peut mener, je peux évoquer l’exemple de mon coloc, un Franco-Manitobain qui étudie en science politique à l’UQAM, où il est constamment exposé au débat national québécois. Lui qui pourtant a grandi et étudié en français dans sa province natale, lui dont le nom est Simard et qui de ce fait a les mêmes origines, la même langue, et la même culture que les francophones du Québec, lui qui en plus est issu d’une communauté dont l’histoire est intimement liée au Québec, lui donc me disait récemment qu’il se sent carrément exclu de la «Nation» québécoise. Tout ceci comme si lui et le million d’autres francophones hors-Québec n’existaient pas, comme si également ils devaient représenter le moindre de nos soucis, tandis que leur avenir linguistique est pourtant étroitement lié à la participation du Québec au sein du Canada.

Ce dernier exemple bien concret rappelle que tout cet engouement pour la «Différence» et la «Nation» qui a été imposé dans le débat politique québécois soulève des questions qui méritent d’être débattues, et non pas étouffées. Mais le nationalisme a tellement adopté chez nous les apparences d’une idéologie obligatoire que, pour y parvenir, il faudra bien que certains osent faire preuve d’hérésie en posant ouvertement certaines questions, dont celles-ci : faut-il absolument être nationaliste pour assumer son identité linguistique et culturelle? À l’heure des haines ethniques et religieuses, est-il si insensé de concevoir que des gens aux origines et cultures différentes puissent participer à un pays comme le Canada?

Dans le Québec d’aujourd’hui, il faudrait que davantage d’hérétiques prennent la parole, pour que ces questions, et bien d’autres, puissent enfin être posées. Car une société sans hérésie, c’est une société qui refuse de progresser.