lundi, octobre 31, 2005

Réponses aux commentaires laissés sur Cyberpresse

Plusieurs personnes ont laissé des commentaires sur Cyberpresse, en réaction à mon article du 29 octobre. Je reproduis quelques-unes de ces réponses, avec mes propres commentaires et réactions en caractères bleus:

Monique Desautels:

Vous rêvez en couleurs, convaincre les séparatistes! On ne raisonne pas une émotion. Avec cet utopique projet de séparation, cette berlue collective, cette obsession de référendum (le neverendum), comme disait si bien Madame Sheila Copps dans sa chronique de mardi dernier dans le Journal de Montréal, ils font fuir tous les investisseurs sérieux, à cause du climat politique précaire.

Si tu es fédéraliste, c'est que tu hais le Québec, voilà leur sentiment.

Essayons une image: Une maison et un lieu.La maison c'est: le Québec. Le lieu où se trouve la maison c'est: le Canada.J'aime ma maison (Québec) et j'aime par-dessus tout le lieu où elle se trouve (Canada).Ce qu'on me propose c'est de garder ma maison, mais d'en changer l'emplacement. Aimeriez-vous ça vous si on vous imposait d'exproprier votre maison de Laval à St-Henri? Ça n'a aucun sens.

Le Canada a été décrété le deuxième meilleur pays au monde pour y vivre. On fait l'envie de tous. Pays pacifique et respecté dans le monde entier. Pays d'une superficie incroyable, de richesse naturelles inouies, de liberté, de sécurité, de paix et d'à peine 32 millions d'habitants. Quel paradis quand on songe à la ville de Mexico qui a elle seule regroupe 50 millions d'habitants. Qui a envie de quitter un tel paradis? Faudrait vraiment avoir perdu la raison.

Que les émotifs se calment un peu.Vous pouvez tous parler français ici, vous êtes libres, vous êtes chez-vous. Depuis des décénies que les Premiers Ministres fédéraux sont des Québécois, vous avez votre propre parti à Ottawa, le Bloc, la gouverneure générale est Québécoise et le Canada est décrété pays bilingue. Que vous faut-ils de plus pour vous sentir reconnus?

Les séparatistes croient que s'ils rapatriaient tous leurs pouvoirs ils réussiraient. Malgré la cuisante leçon de la réussite des provinces de l'ouest, ils restent convaincus que c'est impossible pour le Québec de réussir au sein du Canada. C'est d'une telle mauvaise foi.Deux paliers de gouvernements, moi ça me plaît et ça me rassure! On se protège ainsi de la dictature.

Le fédéralisme est le plus bel outil de démocratie qui soit. Regardez la tyrannie qu'impose la Société St-Jean Baptiste aux artistes... si vous acceptez un prix de la Gouverneure générale vous passez pour un traître... quelle oppression!Puis, on a beaucoup plus de poids face à l'international avec le Canada que si on faisait cavalier seul. Soyons lucides!Dans quelques années, on sera tous d'accord pour dire que le gouvernement Charest aura été le meilleur gouvernement qu'on a connu depuis des décénies. Une équipe de ministres remarquables. Une façon de gérer qui va dans le sens du manifeste Pour un Québec lucide.

Quant au fédéral, le rapport Gomery nous dira si ce gouvernement est aussi corrompu que les séparatistes le croient. Tous les intimés sont québécois... ne l'oublions pas. Il est possible qu'un petit groupe de fonctionnaires soient à la base de tout ce scandale, sans que la faute rejaillisse sur les libéraux. Faudrait pas déterrer tous les scandales du gouvernement péquiste... vous seriez autrement renversés.

Je suis Canadienne-française et fière de l'être. J'aime le Québec et j'aime le Canada. Mais si j'avais à chosir un jour, je choisirais le Canada. Pourquoi? Je reviens à mon exemple cité plus haut: maison/lieu. Parce que le lieu où je vis est plus important que la maison que j'habite.

Chère Madame Desautels,

Je rêve peut-être en couleurs, comme vous dites, mais à tout le moins il faut faire l'effort de comprendre et de nous adresser à la société québécoise. Et quant aux indépendantistes, on devrait pouvoir réussir à dialoguer et débattre respectueusement avec ceux parmi eux qui sont authentiquement démocrates et ouverts, et il y en a quand même pas mal parmi eux.

Je suis d'accord avec vous concernant les scandales. Ce ne sont pas TOUS les libéraux, ni TOUS les fédéralistes, qui sont des corrompus. Et il est vrai que je suis en train, avec toute une équipe, de fouiller certains dossiers où le PQ et le Bloc ont fait preuve de corruption financière et de malhonnêteté. Ici, le problème n'est pas les options politiques, fédéraliste ou souverainiste. Le pouvoir corrompt, dit-on. Alors, changeons le pouvoir. Les deux côtés du débat y gagneraient.


Marcelin Gélinas:

Non mais, quel bavardage... Les Québécois étouffent dans ce Canada autoritaire, obtus, malhonnête, strangulateur et asphyxiant.

Ça ira bien au Nord des États-Unis le jour où le peuple québécois décidera de faire du reste du Canada non plus un maître à qui se soumettre (au surplus, par le truchement des «Québécois d'Ottawa»! - dixit JF Lisée), mais un partenaire avec lequel il échange d'égal à égal.Nous nous détestons dans le même lit. En revanche, rien ne s'oppose à ce que nous devenions de fort bons amis et voisins. Chacun dans son «home».

Tous les discours verbeux et larmoyants n'y changeront rien. Pas plus celui des Daniel Laprès (un Français qui au demeurant s'inclut dans le «Nous» québécois alors qu'aux dernières nouvelles il était toujours résidant de l'Ontario: il faut dire que ce n'est pas la première fois que monsieur tente de refiler des couleuvres aux auditoires qu'il s'invente*) que celui des Stéphane Dion (ce 28 octobre dans «La Presse»), toujours aussi condescendant, parternalisme et arrogant. Clinicien demandé de toute urgence...!

Je donne à peu près raison à M. Laprès (par l'esprit sinon dans la lettre) sur un point: Il n'y pas meilleur vendeur de l'Indépendance du Québec que les Pierre Pettigrew et ces Stéphane Dion (et autres individus de même farine: Denis Coderre, Lucienne Robillard, André Ouellet, Jean Pelletier et al.).Hormis, peut-être, le Federal Governement of the Liberal Party. Tout entier.Sans oublier, bien sûr, Daniel Laprès lui-même. Mais ça, il ne semble guère s'en rendre compte. Mais peu importe, au fond...

Bref, M. Laprès : Words, Words, Words.Le peuple québécois devra tôt ou tard s'assumer comme adulte. C'est-à-dire: comme Nation.Big Bang ! tant que vous voudrez... Morale de l'histoire : Les babils de gens qui adorent s'écouter écrire font long feu face à l'Histoire des peuples et des Nations.Décidément, je comprends de mieux en mieux que les milieux politiques se soient libérés de vos services après embauche en coup de vent...MG* De la formidable mauvaise foi en ceci: http://www.vigile.net/05-10/3.html, qui l'amène forcément à se faire «ramasser» comme cela:

http://64.233.161.104/search?q=cache:yD7P9gqBZsQJ:www.vigile.net/05-5/13-jlg.doc (optez pour le codage «Unicode» - "Présentation" dans le menu - si la typographie laisse à désirer sur votre écran).

Et si vous avez encore un peu de temps pour vous distraire, voire vous taper sur les cuisses, allez donc fouiner de ce côté-ci: http://www.ledevoir.com/2005/05/10/commentaires/0505111512550.html?272

Qui sait, ça fera peut-être peur aux enfants lundi prochain!

Cher Monsieur Gélinas,

Vos insultes ne m'affectent pas du tout, l'insulte étant l'arme des faibles. En fait, vous devriez changer de registre, car vous ne faites que prouver votre incapacité à opposer des arguments à mon propos. Surtout, vous faites partie, comme une certaine dame Vaucouleurs, de ces indépendantistes et nationalistes enragés et fanatisés que, en tant que fédéraliste, je souhaite qu'ils soient plus entendus, tellement vos propos couvrent votre option politique de ridicule. Donc, parlez, parlez, vous nous aidez beaucoup...

Ceci dit, vous me diffamez grossièrement: j'ai travaillé six ans comme conseiller auprès de deux ministres des Affaires étrangères, ce qui est plutôt long. Et j'ai décidé de quitter par moi-même, mon ministre étant d'ailleurs déçu de me voir partir. C'était tout simplement que je ne me reconnaissais pas du tout en Paul Martin et son entourage, qui constituent (sauf de très rares exceptions au Cabinet) l'une des plus médiocres équipes à diriger le pays depuis le début de la Confédération. Mais une calomnie aussi minable que celle que vous vous permettez de proférer à mon égard ne m'affecte pas non plus.

Ce qui est plus grave, c'est cette autre diffamation grotesque qui montre aussi toute votre xénophobie: je suis né à Montréal, mes ancêtres Laprès sont arrivés au Québec en 1672, je ne suis pas citoyen Français et je n'ai jamais vécu en France. Je ne suis pas Ontarien non plus, car je vis toujours à Montréal. Prenez donc vos informations correctement avant de proférer vos insanités, car si vos opinions sont aussi fondées que vos sources d'information, vous donnez une bien piètre image de votre crédibilité.

À la rigueur, même si j'étais né en France ou au Kamtchaka du Sud, et remplissais les conditions de voteur Québécois, cela ne m'enlèverait pas le droit de m'exprimer sur notre débat national... à moins que vous soyez un adepte de la «préférence québécoise», à la manière d'un Le Pen qui, en France, parle de «préférence française»...


Donc, faites attention, votre propos sent la xénophobie à plein nez et pue la diffamation.

Enfin, j'invite les lecteurs à aller voir l'article d'un certain Jean-Luc Gouin sur le lien de Vigile.net que M. Gélinas a la bonté de reproduire dans son commentaire. Ce M. Gouin m'accuse de «déployer l’art de souffler l’hélium dans le condom de la jouissance paligraphique», mais si vous lisez son texte au ton hyper-prétentieux rempli de concepts philosophico-sémantico-théorico-psychologiques fort mal digérés, et qui en plus demande trois bouteilles de Tylenol pour passer à travers, je vous garantis que vous allez vous tordre de rire, compte tenu de l'immense projection psychologique qu'exprime cette accusation amusante de ce M. Gouin... En somme, l'arroseur copieusement arrosé... par lui-même!!!


Joe Trudel:

En ce qui concerne le texte de M. Laprès, j'admire votre énergie et je suis d'accord avec la plupart de vos points. Mais je ne dirais pas que «les propos de la plupart des ministres fédéraux du Québec [dénotent une] incapacité navrante à rejoindre et inspirer le public québécois».
Par exemple, les propos de Pierre Pettigrew sur «les bleus qui se nourrissent de méfiance et les rouges qui embrassent la confiance» qui unissent dans leur nationalisme rétrograde les nationalistes de Duplessis, la Société Saint-Jean-Baptiste et les souverainistes actuels, m'est semblée intéressante. Je pense que le gros problème ce ne sont pas les politiciens, mais l'opinion publique et les médias qui dénigrent le fédéralisme.


Cher Monsieur Trudel,

Je crois que le ministre Pettigrew est l'un des plus médiocres représentants fédéraux actuels. J'ai lu son discours de Trois-Rivières et il m'a paru démagogique et réactionnaire. Il est allé jusqu'à prétendre que le mouvement souverainiste est xénophobe, alors que ce n'est qu'une frange minime du mouvement qui l'est. D'ailleurs, nous fédéralistes avons nos propres xénophobes, Diane Francis par exemple, et Pettigrew devrait les combattre s'il voulait être crédible. Il y a de l'intolérance bien réelle contre les fédéralistes québécois, une intolérance haineuse et fanatique proférée par les Pierre Falardeau et ses disciples, avec la complaisance de l'intelligentsia et des leaders politiques indépendantistes. Pettigrew n'en a pas parlé, alors que c'est celle-là qui mine présentement notre climat démocratique. Se tromper de cible, c'est se tirer dans le pied...


Jacques Noël:

Falardeau, l'un de nos plus brillants intellos, ramené au niveau de «brute fanatique». On ne peut pas dire que vs faites dans la dentelle avec ceux qui ne pensent pas comme vous!

Pour ce qui est de l'avenir de la francophonie dans votre beau grand Canada bilingue, voici la tendance historique:

1867: Le Canada comptait 42 % de francophones, appelés alors Canadiens et Acadiens (faut jamais oublier que les Anglais nous ont volé jusqu'à notre nom!).

1901: Sous l'effet des premières grandes vagues d'immigration, le % tombe à 31 %

1961: Juste à la fin du babyboom et des familles de 12 enfants vivants à table, les Canadiens français, comme on disait maintenant, ne font plus que 26 %

2005: On est rendu à 22 %. Bientôt un cinquième du pays qu'on a nommé et fondé. Pas de chambre à gaz ici, pas de déportation: on nous a noyés sous l'immigration. Et ça continue. Cette année, le Canada a accueilli plus d'immigrants qu'il y a d'Acadiens au Nouveau-Brunswick! Merci beaucoup pour votre beau programme....

Cher Monsieur Noël,

Prenez un recueil des déclarations de Falardeau (je m'en suis fait un très complet à partir de ses livres et articles, passages à la télé et radio, etc.) ce soi-disant «brillant intellectuel», et prenez aussi un dictionnaire. Regardez la définition de «brute», «intolérance», «fanatisme» et «haine», et vous verrez bien que cet homme est une brute fanatique et intolérante qui sème ouvertement la haine et qui en est même très fier. Enfin, au sujet d'un homme qui écrit qu'il se retient de «fesser» les fédéralistes «à coups de 2 X 4» et de «les découper à la chain-saw», on ne peut qu'affirmer qu'il s'agit là bel et bien d'une brute.

Quant à la diminution du pourcentage de francophones au pays, eh bien, prônez donc une politique de natalité, ce n'est pas de la faute des fédéralistes et encore moins des anglophones de Red Deer en Alberta si on fait moins de bébés qu'avant. De plus, je doute fort que ce serait une bonne chose de revenir au temps où le clergé imposait ses vues à notre société en prenant les femmes pour des machines à engrosser. Le processus de décroissance démographique que vous mentionnez s'est d'ailleurs déroulé au fur et à mesure de la diminution du poids paralysant de l'influence cléricale et de l'avènement de la libération des femmes, ce dont je ne me plaindrais sûrement pas...

Enfin, quant aux francophones des autres provinces, dites-vous bien que nous, Québécois, n'avons fait que très peu pour développer des liens et des échanges à tous les niveaux avec eux, ce qui aurait aidé à leur renforcement. Les souverainistes, d'ailleurs, n'y gagneraient rien et c'est pourquoi ils les ignorent littéralement, car les francophones hors-Québec constituent leur mauvaise conscience, donc ils préfèrent occulter le fait que si le Québec se sépare, 1 million de francophones hors-Québec seront menacés de disparition, ce qui n'est pas la meilleure façon de renforcer le fait français en Amérique. Quand arrêterons-nous enfin de nous laver les mains concernant le sort de ces compatriotes qui partagent notre histoire, notre culture, notre langue, et notre pays?


Ghalem Ben Nouna:

Merci pour ces propos très pertinents, aussi faut-il souligner qu'on a l'impression que tout le monde tourne en rond au Québec, même les séparatistes.

Ce qui manque au pays, c'est un nouveau parti rassembleur des nouveaux leaders inspirants et surtout un nouveau projet de société.Tel que disait Jack Lang, «je préfère la réforme à la révolution, car les lendemains des révolutions sont incertains alors qu'en reformant on bâtit sur les aquis». C'est-à-dire une grande puissance mondiale et membre du G8.On oublie souvent ça. Concernant le monopole de la langue et de la culture, je voudrais dénoncer le contrôle quasi total des séparatistes des médias francophones, surtout hertziens, nous n'avons pas de tribune pas d'accès, on subit le martelage inssesant du discours séparatiste teinté d'idéologie d'extrême gauche.


Cher Monsieur Ben Nouna,

Je ne peux que crier avec vous contre le manque de leadership inspirant du côté fédéraliste. Il faut pourtant le susciter, autour d'un projet rassembleur. J'espère que vous en serez, car au fond, le leadership qui nous fait présentement défaut, c'est à nous tous, citoyens fédéralistes, de le prendre, à partir de là où nous sommes.

Il est vrai que l'idéologie indépendantiste exerce un quasi monopole dans les médias. Même La Presse publie les textes de l'intolérant Pierre Falardeau, probablement par crainte de subir ses foudres haineuses, alors qu'on devrait s'en foutre!!!

Mais ceci dit, je ne crois pas que l'idéologie indépendantiste est d'extrême-gauche. Landry et Parizeau sont des gens de droite, leur bilan ministériel le démontre amplement, et la droite existe bel et bien au PQ et au Bloc. Bien entendu, ces gens-là nous servent jusqu'à plus soif le discours de la «solidarité sociale», mais quand ils sont au pouvoir, ils font l'exact contraire. En cela, ils sont d'une très grave duplicité. Par exemple, le gouvernement du PQ, de 1976 à 1985, ne donnait que 133$ par mois aux assistés sociaux de 18 à 30 ans, et c'est le libéral Robert Bourassa qui a ensuite accordé aux jeunes la parité avec les adultes. Et aussi, à partir de 1994, les coupures dans les services sociaux étaient du même niveau que celles que Harris imposait en Ontario. Le PQ n'est pas progressiste, mais essentiellement étatiste et technocratique. Et je ne suis pas de ceux qui croient que l'étatisme et le technocratisme sont synonymes de progrès social, et c'est la raison pour laquelle j'ai adopté avec le temps le libéralisme politique comme philosophie, car elle est fondée sur la primauté des droits et de la dignité de l'individu, et en cela elle requiert aussi des éléments forts de justice sociale.

De toute façon, le nationalisme est une idéologie essentiellement conservatrice, malgré les dénégations habituelles des souverainistes, et un jour il faudra bien amorcer un vrai débat là-dessus. Enfin, je suis plutôt de centre-gauche moi-même, et je pense que les deux camps devraient refléter une vraie diversité idéologique, ce qui n'est pas le cas jusqu'ici, en particulier pour ce qui concerne le camp fédéraliste, qui s'est trop laissé identifier avec les mieux nantis.



Marianne Vaucouleurs:

«LES VERBIGÉRATIONS DE DANIEL LAPRÈS» - Ou comment présenter des discours de propagande sous couverte d'argumentation «éthique» Votre disposition pour ainsi dire viscérale à «inoculer» chez vos «ennemis idéologiques» votre propre haine personnelle de ceux-ci (car vous adorez étaler votre prolixe prose sur toutes les tribunes qui tombent sous vos yeux), haine que vous avez toujours l'extrême culot de présenter avec pompes (ah... quel labeur de trouver une idée à peu près cohérente ici ou là dans tout ce fatras de mots qui n'en finit jamais) et sous forme intellectuellement acceptable.

Respect, tolérance, ouverture, démocratie, intégrité intellectuelle, débat..., etc. sont en effet autant de vocables que vous utilisez à satiété et que, «visiblement», vous présentez en paravent pour mieux fouler aux pieds ces «valeurs chéries» - et ce, constamment - dans le fond même de votre discours (lorsque l'on a la générosité - intellectuelle - d'aller jusqu'au bout de vos serpentins constrictors sans nous laisser broyer par l'ennui).Mais il est vrai qu'ici, au Québec, on est devenu passablement imperméable à ce type d'entreprise, que l'on a tellement connu depuis une quarantaine d'années: se faire traiter de tous les noms par le biais de discours doucereux qui prônent les plus nobles valeurs pour laisser entendre que les tenants de la libération du Québec en sont fondamentalement dénués. Ce qui se ramène à peu près à la dialectique suivante, si «on fait» brachylogique: la CIVILISATION CANADIENNE d'une part (ouverture, grandeur d'âme, tolérance, générosité, accueil, universalité, démocratie, le multi...n'importe quoi, etc.), La TRIBALITÉ QUÉBÉCOISE d'autre part (les valeurs opposées, pardi!). Et il est vrai que la plupart du temps il s'agit tout bêtement d'une extraordinaire malhonnêteté intellectuelle.

Comme quoi on peut atteindre à la plus vulgaire primarité (le discrédit de l'Autre par tous les moyens) sous le couvert des plus belles envolées littéraires inspirées par les plus nobles idéaux de l'humanité. C'est vieux comme le monde, certes, mais parfois it works yet... D'où la perpétuelle renaissance de gens comme vous, M. Laprès, qui s'efforcent de confondre leur préférence idéologique, très intéressée, avec les sommets de la pensée ouverte et généreuse.Comme disait l'immense Goethe il y a maintenant deux cents ans, et un demi-siècle avant Marx, «L'idéologie d'une époque est l'idéologie des maîtres de cette époque».

Quel est le «truc»? Convaincre le plus grand nombre que «mon» intérêt est aussi le «vôtre»... À la différence - vous en êtes la démonstration irréfutable, M. Daniel Laprès - que le procédé est désormais à la portée de tous. Compte tenu de l'accès libre à la parole publique dans une société qui chérit la liberté et la démocratie comme la nôtre, la québécoise, il est possible pour tout un chacun, en effet, de tenter de se dénicher un auditoire à «travailler au corps». Suffit d'avoir son ballot de phrases tout fin prêt dans sa garde-robes, avoir du temps ensuite, beaucoup de temps, et, probablement aussi, se trouver - de manière ponctuelle ou en permanence, c'est selon - dans un état chronique de désoeuvrement avancé.Et une p'tite commandite émanant de notre bon vieux gouvernement libéral canadien corrompu, en appoint, ça ne ferait pas de mal non plus, faut dire. J'imagine que vous ne me contredirez pas au moins sur ce point.

Enfoncer sa partisanerie, étriquée et négatrice de l'«autre», à grands coups de valeurs universelles: Ce peut être amusant, rasoir, distrayant, soporifique, ridicule, selon les cas et les sensibilités de l'auditeur, ou que sais-je encore. Sauf que par-delà un certain seuil (la «répétition du même» jusqu'à l'acharnement, la démonisation du «différent», etc.), ça devient du fanatisme. Un fanatisme qui ne s'exprime pas forcément par le biais de yeux exorbités ou d'une veine cave exposée jusqu'à la l'exhibitionnisme, mais c'est celui qui est le plus répugnant de tous.Parce qu'il se présente masqué derrière une tolérance qu'il exige de tous hormis de lui-même. C'est le fanatisme du jésuite.Ce 30 octobre 2005, à la faveur du 10e anniversaire du «référendum volé» par vos amis purs comme jeunes vierges...

Chère Madame Vaucouleurs,

Ravi d'avoir encore de vos nouvelles! Mais vous devriez au moins renouveler vos écrits au lieu de recycler vos vieux courriels, car ce qui vous dites ici n'est qu'une répétition de quelques extraits de l'interminable logghorée verbale que vous m'aviez envoyée par courriel en juin dernier (8 pages lorsque imprimées!!!), et qui depuis ne cesse de faire rire mes amis, surtout les souverainistes parmi eux, lorsque je leur montre votre prose. Bon, c'est vrai que ça les gêne un peu d'avoir des gens comme vous dans leur camp, mais au moins vous savez les faire sourire en même temps, ce qui est tout à votre mérite...

Ceci dit, en matière de fanatisme, vous souffrez gravement de projection psychologique, c'est assez évident à vous lire; aussi, vous m'accusez d'avoir le «fanatisme du Jésuite», mais vous devriez savoir que ce sont les Jésuites qui ont joué un rôle moteur dans l'expansion au Québec de l'idéologie nationaliste identitaire qui vous émoustille tant (voir, entre autres, la biographie de René Lévesque par Pierre Godin, tome 1). Projection, Madame Vaucouleurs, projection...

Enfin, vous ne savez pas lire, du moins si vous prétendez vous référer au contenu de mon texte, auquel vous ne vous montrez pas capable de répondre en rien. Vous ne savez me faire qu'un procès d'intention, en plus de présenter à mon sujet une pseudo-analyse relevant du plus cheap genre de psychologie de pacotille. Dites-vous bien que si jamais j'ai besoin d'un psy, j'irai voir un professionnel sain d'esprit, ce que vous n'êtes sûrement pas...

Sur le site de Vigile.net, vous avez encore une fois recyclé votre courriel de juin, en reproduisant ce même texte que vous avez reproduit dans Cyberpresse, mais en y ajoutant cette fois un lien sur mes comptes de dépenses de fonction lorsque je travaillais comme conseiller politique, lien que j'ai d'ailleurs moi-même reproduit dans ce blogue.

Toute l'ampleur de votre malhonnêteté morale et intellectuelle est révélée par votre geste, car vous osez laisser sous-entendre ainsi que ces dépenses, qui ne couvraient que le transport et l'hébergement, ainsi que des photocopies, location d'ordinateurs, etc., servaient à remplir mon compte de banque, affirmation diffamatoire que vous faites juste après avoir évoqué le scandale des commandites. En fait, vous faites un lien entre le scandale des commandites et mes dépenses de fonction, ce qui vous expose à des poursuites pour libelle diffamatoire, vous et le site Vigile.net, une option que je considère sérieusement car il doit y avoir des limites au droit de diffamer quelqu'un à cause de ses opinions politiques, ce qui est d'ailleurs une tactique totalitaire bien connue.

En fait, savez-vous à combien est présentement mon compte de banque? Je vais vous le dire: un gros $52.02, car je vis et ai toujours vécu modestement, sinon frugalement. Je vis avec environ $1500 net par mois, que je gagne fort honorablement, et j'entends continuer ainsi car j'y trouve beaucoup de liberté. Voyez-vous, je ne suis pas achetable, chère Madame Vaucouleurs: je n'ai rien pour moi, et je ne veux rien, ayant même l'ambition de ne pas mourir riche. Alors, vous vous mettez un doigt dans l'oeil lorsque vous essayez de me faire passer pour un individu avide d'argent. Encore une fois, projection, Madame Vaucouleurs, projection...

Ceci dit, votre attitude plutôt minable et vile en dit long sur le fait que tout ce que vous savez faire puisque vous n'avez aucun argument valable, c'est de salir vos adversaires en mentant effrontément. Méthode digne des Nazis que la vôtre, chère Madame Vaucouleurs, qui entache aussi les responsables du site où vous avez publié une telle diffamation.

Donc, meilleure chance la prochaine fois...


Marc Trudel:
Je dis bravo à Daniel Laprès. Si on pouvait le cloner, on le clonerait pcque ça prend des jeunes comme lui pour contrebalancer la propagande séparatiste qui a envahi les médias par artistes et certains journalistes (!) interposés.

Merci Monsieur Trudel, vous êtes amusant. Mais si vous demandiez à ceux qui me côtoient à longueur de journée, mon coloc par exemple, si ce serait une bonne chose que de me cloner, celui-ci, bien que fédéraliste, protesterait très fort!!! Mon ex-conjointe protesterait elle aussi avec énergie, même si elle est restée une grande amie... Me cloner, ce serait provoquer une catastrophe nationale qui plongerait le pays dans le chaos et l'anarchie!!! ;-)))

Plus sérieusement, il faudrait que chacun parmi nous, fédéralistes québécois, se lève et ait le courage de ses convictions et de ses valeurs. Ainsi, on contribuerait au débat, et on ferait avancer, sinon notre cause, au moins notre société et notre vie démocratique. On ne doit plus rien attendre de la part de nos leaders politiques actuels, qui sont présentement trop nuls; à nous tous et toutes, citoyens concernés, de prendre notre part de leadership dans ce qu'il faut construire.

C'est maintenant le temps pour les esprits à la fois progressistes, libéraux et fédéralistes de mettre de l'avant de nouvelles idées et de nouveaux leaders. Il est fini le temps de la timidité.


Jean-Charles Morin:
Quel discours pompeux et vide! Je ne ressent aucune empathie pour vous. Pour paraphraser la célèbre chanson de Louise Forestier (air connu): «Pourquoi parler, quand on a rien à dire? Pourquoi pleurer, quand tous les autres veulent rire (de vous)?»
Les fédéralistes, adeptes inconditionnels d'une idéologie en cul-de-sac qu'ils s'entêtent à agripper comme une dernière bouée, sont les seuls responsables de leur malheurs. Quand vont-ils finalement s'apercevoir qu'ils font partie du problème et non de la solution?

Cher Monsieur Morin,

Merci de votre contribution très riche et substantielle au débat. Vos arguments sont superbement développés et riches de perspectives inouïes pour l'avenir radieux de notre société, et la profondeur et le génie de votre pensée ne peuvent qu'éblouir le lecteur jusqu'à l'aveuglement. Heureusement qu'il y a des gens comme vous pour illuminer les pauvres ignares et aliénés que sont les fédéralistes de mon espèce...


Michel Lebel
Sur l'essentiel, je partage votre point de vue. L'immense majorité des députés fédéraux, y inclus ceux du Bloc, ne sont pas des intellectuels, mais des pragmatiques, des concrets. Paul Martin, Jean Lapierre, Stephen Harper et Jack Layton ne sont pas des Trudeau!

Jean Charest et son ministre Pelletier défendent l'autonomie provinciale et plus de pouvoirs et d'argent du fédéral. C'est de bonne guerre, mais comme le fédéral ne peut pas toujours dire oui, la perception que la population peut avoir, par médias interposés, est que le fédéralisme est un nid à chicanes perpétuelles. Ce qui est en partie vrai, encore faut-il expliquer qu'il est normal, voire souhaitable, qu'il y ait des divergences entre les deux ordres de gouvernement. Qu'une certaine tension entre ceux-ci peut être bénéfique pour les citoyens.

Et de façon concomitante, il faut également montrer les avantages de vivre dans une société multinationale et multiculturelle.Il ne faut pas aussi oublier que le PQ est toujours sur le mode souverainiste ou référendaire. Il n'existe et ne vit que pour cela. Le fédéralisme, quant à lui, se vit concrètement tous les jours, avec ses succès et échecs. Le fédéralisme est une organisation politique exigeante, jamais parfaite, mais qui permet une unité territoriale élargie, dans la diversité. C'est aussi une philosophie qui demande de voir grand et généreux. C'est le régime politique de l'avenir pour la planète. Les Nations Unies préfigurent un fédéralisme mondial. Pourquoi le Canada ne servirait-il pas de modèle?


Cher Monsieur Lebel,

J'apprécie votre propos, qui est (et là je suis sérieux) très riche et plein d'ouverture sur l'avenir. Cependant, je ne veux surtout pas d'un autre Trudeau! Trudeau est mort il y a 5 ans, il a quitté le pouvoir il y a 21 ans, et on n'a pas besoin d'un autre comme lui. On devrait plutôt regarder vers l'avenir au lieu de se raccrocher à un passé révolu.

Il nous faut des leaders qui ne soient pas arrogants comme l'était Trudeau, et qui soient aussi moins doctrinaires. Je ne veux pas d'«intellos», mais plutôt des leaders qui veulent que l'État fédéral serve vraiment les citoyens de ce pays (ce qu'il est loin de faire présentement), et qui sont en politique pour améliorer les conditions de vie des gens et pour aucune autre chose.

La seule inspiration qui me vienne à l'esprit est la politique comme le faisait le regretté sénateur américain Paul Wellstone (voir:
www.wellstone.org) Si on avait de tels leaders dans notre camp, comme fédéralistes on progresserait pas mal, et le Québec et le Canada aussi.


Marc Granger:

J'en ai plus qu'assez de ces démagogues fanatiques qui, sentant la soupe chaude pour leur cher Canada, voudraient faire porter le blâme des commandites à tous les Québécois.
N'en déplaise aux fédéralistes, ce scandale est un scandale fédéraliste créé par des agences de communication fédéralistes exécutant des contrats de publicité fédéraliste pour leurs amis fédéralistes d'un parti fédéraliste, le tout pour mousser l'option fédéraliste.Vous me faites penser à messieurs Brault et Guité: «Si je tombe, je ne tomberai pas tout seul!»

Cher Monsieur Granger,

Je ne comprends vraiment pas pourquoi vous semblez dire que je fais porter le scandale des commandites sur les Québécois. Je n'ai jamais rien dit ou écrit qui puisse se rapprocher de cela. D'ailleurs, je me sens aussi insulté que vous lorsque j'entends des choses pareilles.

Mais ceci dit, ce scandale n'est pas un «scandale fédéraliste» comme vous dites, mais plutôt un scandale provoqué par une poignée de parasites et de voleurs, qui ont utilisé la cause fédéraliste pour se remplir les poches. Comme fédéraliste, je ferais accuser ces sinistres individus de haute trahison si je le pouvais, car les dégâts provoqués par leurs crimes ont gravement fragilisé l'unité de notre pays.

Autrement, devrait-on dire que d'autres scandales qui ont touché des indépendantistes comme Oxigène 9; les emprunts bancaires bidon effectués par les candidats du Bloc Québécois en 2000 pour se faire rembourser par les payeurs de taxes beaucoup plus que leurs dépenses électorales réelles; les études sur la faisabilité de la souveraineté, faites par Parizeau et payées par le public, dans lesquelles plein de consultants péquistes se sont graissés les pattes; les dépenses de fonction pharaonesques de nombreux députés du Bloc Québécois révélées il y a moins d'un mois, le tout au détriment des contribuables; etc., etc., etc.

Donc, cher Monsieur Granger, devrait-on dire que ces scandales sont des «scandales souverainistes»? Je dis que non, car je ne suis pas un démagogue. Là-aussi, ce sont des scandales de profiteurs et de parasites. Rien de plus.

Alors, soyez honnête et moins démagogique dans vos accusations SVP, car vous connaissez l'adage: "Qui crache en l'air..."

samedi, octobre 29, 2005

Réponse de M. Jean-Marc Chevalier

M. Jean-Marc Chevalier a fait paraître ce matin sur le site Cyberpresse.ca cette réponse à mon article de la rubrique Québec Grand Angle, et à laquelle je réagis plus bas:

Votre démarche ne peut qu'être positive pour tout le monde au bout du compte; il faut qu'une vision de l'avenir donne la priorité au bien commun, mais je crois qu'il faut d'abord rendre justice à tous les intervenants.

Vous sous-entendez que les souverainistes ont le monopole de l'intimidation et de la diffamation, mais il me semble que, en tant que souverainiste, moi aussi j'ai gagné le droit de me sentir intimidé avec les accusations de racisme et d'ethocentrisme qui furent lancées très facilement contre le mouvement souverainiste pendant des années; accusations qui semblent heureusement s'êtrent essouflées avec le temps.

Vous affirmez ensuite que les politiciens fédéralistes ont laissé le monopole de la défense de la culture francophone aux souverainistes, mais pour ma part, je ne vois pas quelles actions possibles, pour la défense du fait français au Canada, ont été négligées par les fédéralistes francophones; ils ont fait tout ce qu'ils ont pu pour convaincre le reste du pays de se rendre bilingue.

Si je vous interprète correctement, vous demandez aux fédéralistes de défendre une vision de progrès social auprès des québécois. Le hic, c'est que le débat actuel tend fortement à placer dans le même camp les souverainistes avec les militants plus socialistes et dans le camp adverse, les fédéralistes avec l'élite économique et les néo-libéraux.Si les fédéralistes évoluent vers un discours social plus fort, je ne pourrais qu'applaudir; cela donnerait des chances à un avenir plus positif pour tout le monde, avec ou sans la souveraineté. Malheureusement, le reste du Canada ne semble pas s'orienter sur cette voie et le Québec n'a peut-être pas le poid pour y changer quelque chose.

Cher Monsieur Chevalier,

D'abord, j'apprécie hautement le ton, ouvert et constructif, de votre commentaire. Avec des gens comme vous, on peut débattre dans un climat démocratique, dont le respect mutuel est une condition essentielle. Votre attitude vous fait honneur, ainsi qu'à votre option politique.

J'espère de tout coeur me faire bien comprendre: je ne prétends absolument pas que les souverainistes ont le monopole de l'intimidation et de la diffamation. Bien au contraire, il y a parmi eux une majorité très nette de gens sincères, ouverts et respectueux de la démocratie. Je le dis d'ailleurs avec vigueur dans mes autres articles sur ce blogue. Ce que je dénonce toutefois, c'est la complaisance de l'intelligentsia et de plusieurs leaders indépendantistes à l'égard des tenants de la haine, du fanatisme et de l'intolérance, incarnées par des Pierre Falardeau et ses émules extrémistes, que l'on retrouve notamment dans des cercles comme ceux du journal Le Québécois, qui est financé en large partie à même les fonds publics via les budgets de publicité des parlementaires bloquistes et péquistes. Là-dessus, j'entends rester d'une fermeté implacable, car il faut être intolérant contre l'intolérance. Il est tragique que le mouvement souverainiste ne semble pas capable de se dissocier de ces gens-là (contrairement à l'attitude d'un René Lévesque), qui minent l'esprit de l'ouverture et de la démocratie québécoises, et dont les souverainistes eux-mêmes devraient s'inquiéter de l'influence, car elle entache sérieusement leur option. On ne peut prétendre construire un pays inclusif et ouvert à la diversité si on tolère dans nos camps respectifs la promotion de la haine de quiconque ne pense pas comme soi.

Ceci dit, vous avez raison quant à ceux qui accuseraient l'option souverainiste d'être raciste ou ethnocentrique. Bien que fédéraliste convaincu, je crois qu'il s'agirait là d'une réelle diffamation, qui nuirait à la qualité démocratique du débat sur l'enjeu national. Je crois toutefois que nous devrions ouvrir un débat élargi sur le nationalisme en tant qu'idéologie, et aussi sur le fait que le nationalisme est devenu quasi obligatoire au Québec, tellement son hégémonie est dominante. Car de mon côté, je suis loin d'être convaincu qu'il faille absolument embrasser une idéologie exclusive comme le nationalisme pour assumer pleinement sa langue, sa culture et son identité. Il y a sûrement d'autres approches que le nationalisme qui peuvent permettre de rester ce qu'on est, et même de l'être encore plus, culturellement et socialement, tout en s'affirmant, individuellement et collectivement. Il serait peut-être utile que les souverainistes et les fédéralistes débattent sereinement de cette question, et recherchent d'autres manières d'aborder le débat sur l'avenir de notre société, tout en privilégiant le bien commun auquel vous et moi sommes attachés.

Je vous sais gré de reconnaître les efforts des fédéralistes pour rendre le pays bilingue, ce qui est une manière de promouvoir le fait français au pays. Mais à mon avis, cette réalisation est bien loin d'être suffisante. Il y a toute la place des francophones dans le Canada, en termes de poids et d'influence politique, qui devrait être davantage explorée. Aussi, nous fédéralistes n'avons pas dit grand chose jusqu'ici sur les manières dont nous-mêmes voulons assumer notre langue et notre culture francophones, ce qui va bien au-delà du bilinguisme. Par exemple, où sont les efforts pour renforcer la solidarité et la coopération entre francophones hors-Québec et francophones québécois? Le fédéral devrait pourtant encourager et soutenir les efforts dans cette direction, mais il n'y fait strictement rien. Aussi, il y a toute l'action des citoyens francophones du Canada au sein de la Francophonie internationale, qui devrait elle aussi être encouragée, par le biais de la société civile, et qui permetttrait à la francophonie canadienne, dans toute sa diversité, d'influencer l'évolution de notre monde via les institutions multilatérales et la société civile mondiale. En tout cas, il y a là, il me semble, tout un chantier qui n'a guère été exploré. Mais ne pourrait-on pas au moins en dresser les plans?

Ayant été conseiller des ministres des Affaires étrangères Lloyd Axworthy et Bill Graham, je peux toutefois affirmer que ces deux ministres issus du Canada dit «anglais» avaient appuyé de tout leur poids des projets que j'avais initiés en ce sens, car ils croyaient en l'importance du rôle des francophones dans l'influence canadienne dans le monde, et je me souviens que Bill Graham avait même affirmé publiquement que les Québécois étaient en large partie responsables de ce que l'identité canadienne dans le monde porte de meilleur. Mais, paradoxalement, tous ces efforts ont été platement abandonnés par leur successeur, le ministre Pierre Pettigrew, un Québécois francophone; d'où en bonne partie mes critiques assez virulentes contre la médiocrité qui règne actuellement chez la plupart des ministres fédéraux du Québec, critiques qui ne me valent pas beaucoup d'amis dans ces cercles-là. Mais je me dis que si on n'est pas capable d'être à nous-mêmes les juges les plus impitoyables de notre propre camp, on ne pourra progresser, ni contribuer à l'amélioration de notre société et des conditions de ceux qui y vivent, ce qui devrait être la principale raison d'être de l'engagement politique, qui doit primer sur nos idéologies respectives. De plus, la langue de bois, toujours stérile, n'apporte rien à la crédibilité de toute option politique, et encore moins les slogans insipides fabriqués par ceux que j'ai toujours appelé les «charlatans de la communication».

Sur le plan des valeurs sociales, je ne crois pas que les souverainistes en ont le monopole, et encore moins que le reste du Canada ait le monopole du néolibéralisme, même s'il est vrai que les partis qui défendent le fédéralisme au Québec sont plutôt insensibles à ces questions pourtant cruciales pour le bien-être de tous nos concitoyens. Souvenons-nous que le néolibéralisme a l'idéologie libre-échangiste comme catalyseur. Or, au Québec, on doit se souvenir que c'est Jacques Parizeau et Bernard Landry qui, dès le début des années 80 (voir le dernier tome de la biographie de René Lévesque par Pierre Godin) se sont fait les premiers champions du libre-échange tout azimut, alors que l'élite intellectuelle et culturelle du Canada dit «anglais» était farouchement contre.

C'est pourquoi je vois une certaine duplicité dans le fait que M. Parizeau et plusieurs souverainistes s'agitent partout contre le rouleau compresseur de la mondialisation économique. Souvenons-nous aussi que M. Parizeau avait même accepté un contrat du gouvernement conservateur de Mulroney pour procéder à des études qui justifiaient le libre-échange, et il a même par la suite déclaré publiquement que le libre-échange allait affaiblir le Canada et c'est pourquoi il l'appuyait. Aujourd'hui, il prétend que le Québec doit se séparer car son identité est menacée par la mondialisation des marchés. Donc, le pyromane se fait pompier; je regrette d'avoir à le dire durement, mais il est rare de trouver plus hypocrite que ça. Il y a là une tentative assez grossière de récupération politique du mouvement altermondialiste, qui est assez influent au Québec, en jouant sur les peurs des gens de perdre leur identité culturelle. Personnellement, je crois que nous pouvons avoir assez confiance en nous-mêmes pour prendre toute notre place au sein du Canada et même y jouer un rôle de leader, et aussi pour faire face, en solidarité avec nos compatriotes des autres provinces, au défi de la mondialisation, l'union me paraissant plus forte que le repli sur soi. Ceci dit, je ne prétends pas avoir raison, mais au moins on devrait pouvoir en débattre.

Enfin, il y a des progressistes partout au Canada, notamment chez ces francophones hors-Québec qui ont les mêmes racines que les nôtres mais que nous avons tout simplement éjectés de notre équation de l'enjeu national, en semblant nous foutre du fait que si nous nous séparons, 1 million de francophones risquent de disparaître de la carte dans un avenir prévisible, ce qui est une façon douteuse de promouvoir le fait français en Amérique. Souverainistes et fédéralistes devraient être tous concernés par cette dimension-là, et ne pas se contenter de vagues solidarités de façade, purement verbales et qui ne se traduisent pas en des actes concrets. Que fédéralistes et indépendantistes se regardent dans le miroir, en toute honnêteté, et se demandent ce qu'ils ont fait de concret pour établir de vraies solidarités avec nos compatriotes francophones des autres provinces. Là aussi, on devrait dresser des plans: collaborations institutionnelles, échanges culturels approfondis et mutuels, stratégies politiques communes, etc. ce ne sont pas les éléments concrets qui manquent; il ne s'agit que de s'y mettre vraiment.

Je vis cette dimension de manière quotidienne. Mon colocataire est un étudiant Franco-Manitobain, en maîtrise en science politique à l'UQAM. Eh bien, à chaque semaine, il m'arrive avec des histoires choquantes d'étudiants qui lui disent qu'il est un «Anglais» (même si son accent n'est pas anglais du tout!), ou qu'il est un «Canadian». Pareil mépris est révoltant, et trop fréquent pour ne pas être souligné. En tant que Québécois, cela me fait honte de voir quelqu'un ayant la même culture, la même langue, et les mêmes ancêtres que les nôtres, être carrément mis de côté comme un étranger, ou encore subir la condescendance de Québécois qui osent se dire meilleurs «patriotes» que les «traîtres» fédéralistes. Et imaginez-vous que nous parlons ici de gens étant rendus à des études universitaires avancées...

Les Québécois devraient donc reconnaître qu'ils ont des alliés au Canada dit «anglais» (y compris le million de francophones qui y vivent), et ils devraient au moins dialoguer avec eux, en se départissant de cette attitude assez chauvine du «Nous on est plus progressistes et plus solidaires qu'eux», ce qui est faux et il suffit de voyager dans tout le Canada pour s'en rendre compte. Pas besoin de se prétendre meilleur que les autres pour être conscients de notre identité et de notre spécificité. Ceci dit, même si je ne sens pas cette attitude dans votre propos, Monsieur Chevalier, elle n'en fait pas moins partie du discours trop souvent tenu par les leaders souverainistes et leurs acolytes bien-pensants des milieux culturels et académiques.

En tout cas, je vous remercie, Monsieur Chevalier, de votre contribution constructive au débat, car l'ouverture d'esprit et le respect qui vous animent pouvaient se répandre davantage dans l'espace public québécois, je sens qu'on aurait enfin des chances de contribuer au mieux-être de notre société, et ce peu importe de quel côté nous sommes.

Pour un Big Bang fédéraliste

Texte paru sous le titre «Les fédéralistes doivent parler» dans la rubrique Québec Grand Angle de La Presse, samedi le 29 octobre 2005, p. A27

Daniel Laprès
L’auteur est membre fondateur du Réseau canadien pour le libéralisme et la démocratie

Que les fédéralistes québécois se l’admettent enfin : pour rejoindre les Québécois, ils doivent rompre radicalement avec certaines pratiques et l’insignifiance qui affecte le discours de leurs représentants politiques actuels. Il n’y a d’ailleurs qu’à écouter les propos de la plupart des ministres fédéraux du Québec pour s’apercevoir de leur incapacité navrante à rejoindre et inspirer le public québécois. D’évidence, l’initiative ne viendra pas de leur côté, tellement la médiocrité y tient lieu de loi. Un effort vigoureux de lucidité et de créativité politique s’impose donc.

Le scandale des commandites est porteur de grandes leçons, dont la principale est que plus jamais le camp fédéraliste ne doit se laisser prendre en otage par des parasites et voleurs qui ont profité de son absence de créativité politique pour s’en mettre plein les poches aux dépens des contribuables. En fait, par-delà l’aspect criminel de ce révoltant épisode, il faut comprendre que c’est non pas avec de l’argent ou de vulgaires slogans publicitaires cuisinés par des firmes de communication, mais par la vigueur et la pertinence de nos idées, et par notre présence sur le terrain, que nous pourrons rejoindre les Québécois et les convaincre que le Canada est un chantier dans lequel ils ont un rôle important à exercer.

Nous ne devons nous en prendre qu’à nous-mêmes pour notre recul auprès de l’opinion. Il y a d’abord la peur qu’ont encore les fédéralistes de s’exprimer. Il est vrai qu’il peut être intimidant et éprouvant de se faire constamment matraquer à coups d’accusations d’être des «traîtres», «vendus», «collabos», etc. par les brutes fanatiques et intolérantes à la Pierre Falardeau, qui minent la démocratie au Québec avec la lamentable et lâche complaisance de l’intelligentsia et des leaders politiques indépendantistes. Mais il est tout aussi vrai que c’est en ayant le courage de nos convictions et en tenant tête aux démagogues haineux et intolérants, tout en respectant les opinions des souverainistes décents et démocrates, que nous pourrons le mieux incarner les valeurs et idéaux démocratiques et humanistes qui nous animent.

Il y a aussi le fait que nous avons laissé aux indépendantistes le monopole des enjeux de la langue, de la culture et de l’identité francophones. Pourtant, il est aberrant de se restreindre à l’idéologie nationaliste identitaire pour assumer notre langue et notre culture, et pour assurer leur avenir. Nous, Québécois fédéralistes, avons le droit de croire que l’adhésion au Canada est compatible avec le désir d’assumer notre identité linguistique et culturelle. Il nous faut toutefois oser exposer nos idées sur cet enjeu crucial, ce que nous avons plutôt mal fait jusqu’ici. Notre idéal n’est pas le repli identitaire, mais la volonté de construire un projet commun avec des gens à la langue et à la culture différentes de la nôtre. Donc, qu’on en parle, et que l’on démontre notre détermination à développer l’influence francophone dans un pays qui est encore inachevé et où tout reste à faire.

Il nous faut également sortir du conservatisme et du conformisme frileux qui caractérisent trop le camp fédéraliste. Pourtant, l’idée fédéraliste, contraire au repli stérile sur soi, est par définition progressiste et audacieuse, et elle requiert une conception de la politique qui favorise réellement la dignité humaine et l’équité sociale. Mais les partis libéraux provinciaux et fédéraux s’en sont rendus littéralement étrangers. Renouons avec ce libéralisme audacieux et inclusif qui était jadis la marque des esprits libéraux qui ont construit notre société libre et démocratique. Inspirons-nous du regretté sénateur américain Paul Wellstone – un authentique et impénitent libéral progressiste que nous devrions prendre en exemple, selon qui la politique n’a nul autre objectif que de rendre meilleure la vie des gens. Assumons donc cette idée dans nos pratiques et notre discours, et notre option n’en deviendra que plus pertinente et inspirante aux yeux de nos concitoyens. En un mot, il nous appartient de redonner à notre option tout le sens audacieux et rassembleur qui lui fait présentement défaut.

Mais pour cela, il faut rompre avec la médiocrité, et innover. C’est un véritable Big Bang que, sans plus attendre, les fédéralistes doivent déclencher dans leur culture, leurs pratiques et leur discours. Faute de quoi, nous nous condamnons à l’échec, un échec qui engagera notre seule responsabilité.

jeudi, octobre 20, 2005

Falardeau: toujours aussi fumiste, haineux et antidémocrate

Plusieurs ont écouté la prestation du «Grand Homme» de nos amis indépendantistes, Pierre Falardeau, à l'émission «Tout le Monde en Parle», dimanche soir dernier. Le «Grand Homme» s'y est révélé bien égal à lui-même: grotesquement démagogue, fumiste, haineux, et antidémocrate. Et j'ajouterais même: inhumain. Encore une fois, cette caricature de «patriote» auto-proclamé s'est mis à proférer des énormités grotesques, dont certaines étaient carrément troublantes, sinon révoltantes, pour quiconque veut vivre dans une société humaine et démocratique, et pour qui la décence fait partie de son système de valeurs.

Sur l'assassinat de Pierre Laporte en octobre 1970, Falardeau a d'abord tenté de faire croire que M. Laporte serait mort par sa propre faute, parce qu'il se serait débattu et aurait tenté de s'enfuir des conditions sordides dans lesquelles il était maintenu par les militants felquistes qui l'ont kidnappé à la pointe d'un fusil. Le rapport d'autopsie indiquait pourtant que M. Laporte a bel et bien été étranglé, à l'aide de la chaînette qu'il portait au cou. Les felquistes l'ont mis à mort. La chose est bel et bien claire, et indéniable. Et le communiqué qu'ils avaient eux-mêmes émis pour annoncer leur crime exprimait bien nettement le fait qu'ils l'avaient assassiné.

La fumisterie de Falardeau ne s'est pas arrêtée là: pour banaliser cette mise à mort d'un être humain, Falardeau a employé le prétexte d'une fausse information ayant circulé dans certains médias faisant état de «tortures» employées contre M. Laporte durant sa captivité, tout cela pour banaliser le fait que M. Laporte a été étranglé. C'était comme si le fait qu'il n'ait pas été torturé minimisait la réalité de sa mise à mort. Hé, Falardeau: réveilles!!! On n'est pas des caves!!! Tes petits amis dont tu essaies pathétiquement de faire des «héros de la Nation», ils ont délibérément tué un être humain qui s'appelait Pierre Laporte, et ce n'est pas parce que quelques médias auraient diffusé à l'époque une fausse information - d'ailleurs vite démentie - que cela amoindrirait l'atrocité et l'inhumanité de ce qu'ils ont fait.

Évidemment, comme tout bon fumiste, Falardeau a senti le besoin de renchérir dans sa banalisation d'un meurtre, en établissant des comparaisons stupides entre la mise à mort de Pierre Laporte et les travailleurs qui meurent d'accidents du travail, ou les milliers de morts de la Commune de Paris en 1871, ou encore les victimes des guerres et des horreurs qui ne cessent d'être perpétrés dans le monde. Pas besoin d'être bien fûté pour comprendre que ces choses-là, tout aussi horribles soient-elles, n'ont strictement rien à voir avec le meurtre de Pierre Laporte. Et elles ne rendent en aucune façon ce meurtre moins répugnant et inhumain. Brouiller les cartes comme Falardeau l'a fait d'une façon aussi grossièrement malhonnête, c'est mentir sur la réalité, et c'est prendre les gens pour des idiots.

Falardeau a usé de tout un bel euphémisme en proférant ses insanités: il a dit «j'assume» la mort de Pierre Laporte. «Assumer»... Falardeau fait preuve d'une malhonnêteté intellectuelle des plus crasse. S'il «assumait» vraiment, il aurait le courage de dire que Pierre Laporte a été victime d'un meurtre, et il ne s'emploierait pas à banaliser ce fait, ni à le noyer dans toutes sortes d'événements sans rapport. Tant qu'à y être, pourquoi Falardeau n'a-t-il pas évoqué les massacres commis par Genghis Khan, Attila, Hitler, Staline et bien d'autres, tout cela pour essayer de nous faire croire que d'avoir tué Pierre Laporte, «Y a rien là!!!» ??? Tant de bêtise délibérée est renversant, surtout de la part d'un mec comme Falardeau, qui a été jusqu'à jouer les prétentieux en s'auto-proclamant «Intellectuel», dimanche soir...

Sur Michaëlle Jean, il lui fallait bien entendu afficher tout son mépris pour cette personne dont il n'a «rien à cirer», selon ses termes si élevés. Mais il nous a servi tout un numéro de bêtise et d'ignorance quand il s'est mis à attaquer Mme Jean parce qu'elle occuperait, selon lui, le même siège que les Colborne, Amherst, etc. Tout cela comme si l'histoire n'avait pas évolué depuis, comme si aussi les institutions et les mentalités ne se seraient pas transformées pas non plus. Selon Falardeau, tout est figé dans le passé, rien n'a bougé, rien n'évolue non plus. Si c'est comme ça, j'aimerais bien que Falardeau, ce pseudo grand «intellectuel», nous explique comment, en 2005, la Gouverneure générale du Canada pourrait faire pendre des gens.

Aussi, Falardeau a fait preuve d'un ridicule consommé lorsqu'il s'est mis à gueuler contre le «symbole» qu'est le poste de Gouverneur général. Si on suivait sa logique pas mal étroite et plutôt niaiseuse, on devrait alors croire que tous les «symboles» sont restés figés dans l'histoire passée, et qu'il faudrait uniquement les considérer pour ce qu'ils pouvaient représenter jadis. Ainsi, le Gouverneur général est le «symbole» de la Monarchie, décriait Falardeau, et c'est pour cela qu'on devrait cracher sur Michaëlle Jean...

Mais si le problème, c'est aux yeux de Falardeau bel et bien la Monarchie, pourquoi ne se lance-t-il pas dans une campagne pour changer le drapeau du Québec, qui est inspiré en droite ligne d'un drapeau qui fut le «symbole» de ralliement des monarchistes en lutte contre la Révolution Française et la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen?! La Fleur de Lys a été le symbole par excellence de la monarchie, française bien sûr, mais monarchie quand même. Et dire que c'est contre les «symboles» de la monarchie comme telle que Falardeau s'en prenait si rageusement dimanche soir!

Bien entendu, les autres fumistes et sophistes qui s'abreuvent du fiel de Falardeau comme si c'était du bon laid chaud vous diront que ces symboles, parce que reliés à leur «Cause Sacrée» du nationalisme identitaire et de l'indépendance, auraient eux, «évolué», et qu'ils signifient désormais autre chose. Mais leur logique devrait être appliquée également à ces autres symboles qui leur font si horreur, et qui, eux aussi, ont évolué, pour la simple raison que l'histoire humaine n'est pas et n'a jamais été stationnaire. (Quoique la monarchie, moi, j'en ai rien à foutre, qu'elle soit britannique, française, japonaise ou zouloue...). Mais bien sûr, comme ces «symboles» représentent ce qui leur tient lieu de «Grand Satan», je crains bien qu'ils soient trop aveuglés par leur fanatisme pour comprendre cela...

Et aussi, si on appliquait au nationalisme québécois la logique Falardienne d'une vision de l'histoire et du présent à ce point figés dans le passé, on devrait alors considérer que le nationalisme québécois non plus n'aurait pas évolué, et qu'il serait toujours rattaché aux thèses fascistes et antisémites qui inspiraient les pères fondateurs du nationalisme québécois contemporain, qui dans les années 30 se faisaient les fiers admirateurs de Mussolini, Salazar, Franco, pour ensuite soutenir Pétain, ce grand maître de la collaboration avec les nazis dans la France occupée de 1940 à 1944. (Et dire que Falardeau et ses pieux disciples ont l'indécence de nous traiter, nous fédéralistes francophones, de «collabos»!!! Pourtant, nos ancêtres idéologiques à nous, un Jean-Charles Harvey par exemple, étaient justement ceux qui défendaient ici la France libre, envers et contre tous les Gardiens de la Vulgate nationaleuse de leur temps qui bénissaient Pétain et chantaient ses louanges!!!).

Mais bon, ça non plus, nos fanatiques indépendantistes ne le comprendraient sans doute pas, et il vaut mieux donc les laisser se gargariser avec leur vision grossièrement tronquée de l'histoire, telle que léguée par le fasciste Lionel Groulx, grand auteur d'ouvrages édifiants comme «L'Appel de la Race» et «Notre Maître le Passé»; d'ailleurs, l'intelligentsia indépendantiste gravite toujours autour de la belle fondation dédiée au nom de ce zélé promoteur des thèses fascistes et à partir de laquelle ils ne cessent d'alimenter leurs belles «réflexions» sur le Québec d'aujourd'hui et de demain.

Toujours avide de se donner à lui-même des titres et décorations, Falardeau s'est qualifié de «pamphlétaire». Je fréquente depuis longtemps les oeuvres des véritables pamphlétaires d'hier et d'aujourd'hui, et je n'ai jamais rien trouvé d'elles qui puisse avoir quelque rapport que ce soit avec l'intolérance haineuse à la sauce Falardeau.

À moins d'oser prétendre qu'un vulgaire démagogue diffuseur de haine et d'intolérance comme Goebbels était un «pamphlétaire», Falardeau n'a certainement aucun droit à ce titre. Les vrais pamphlétaires sont des défenseurs des libertés et ils se battent surtout contre l'intolérance, la haine et le fanatisme, qui sont les trois déesses adorées par Falardeau, qui aussi aurait dû comprendre que la vulgarité et l'indécence sont des genres littéraires qui sont peu compatibles avec le genre pamphlétaire, aussi vigoureux et insolent soit ce dernier. Pour ceux qui doutent de mon propos, lisez des authentiques pamphlétaires, comme par exemple Arthur Buies, Jules Fournier et Louis Fréchette pour le Québec, ou Paul-Louis Courier ou Voltaire pour la France, et essayez de trouver dans leurs oeuvres des proses intolérantes et haineuses à la Falardeau; vous n'en trouverez jamais qui pourrait même s'en rapprocher.

Falardeau s'est aussi vanté des poètes qu'il lit et apprécie. Je connais assez bien les oeuvres d'au moins d'eux d'entre eux: Neruda et Aragon.

Neruda, j'aime pas beaucoup. Bien sûr, ses vers sont parfois beaux à en pleurer. Mais quand on sait que le communiste Pablo Neruda, durant la guerre civile espagnole, a froidement donné aux soviétiques des militants socialistes et anarchistes, qui se sont fait ensuite fait mettre à mort par les bons soins du NKVD de Staline, il y a de quoi se détourner d'un personnage aussi odieux et criminel, aussi grand poète fut-il, qui n'a par surcroît jamais émis le moindre regret pour les actes perfides qu'il a commis au nom de «La Cause».

Aragon était lui aussi communiste, et il fut même stalinien à ses heures. Mais lui, au moins, a été assez lucide et courageux pour s'opposer au stalinisme quand il était devenu évident que c'était là le régime d'un monstre inhumain. Aragon refusait aussi de glorifier l'inhumanité au nom de «La Cause», contrairement à Neruda, et aussi à Falardeau.

Dans l'oeuvre d'Aragon que je fréquente depuis plusieurs années, j'ai beau chercher, mais je ne trouve rien qui justifie l'inhumanité et la haine dont Falardeau se fait le zélé promoteur. Jamais par exemple Aragon ne célèbre la mort d'un homme, quel qu'il soit, contrairement à ce que Falardeau a fait de façon ignoble et inhumaine lors du décès de Claude Ryan en 2004.

En fait, on trouve des choses bien inspirantes dans l'oeuvre d'Aragon. Mais il faut croire qu'un type aveuglé par le fanatisme comme l'est Falardeau est bien incapable de se laisser toucher par une telle oeuvre. Par exemple, Aragon a émis une parole très riche de sens:

"Est-ce que c'est mal, d'avoir les yeux de l'avenir, pour regarder la vie?"

Je doute fort, qu'avec son obsession pour une conception de notre réalité présente et historique qui est totalement figée dans un passé dont il fait une interprétation des plus étroite et ethnocentrique, Falardeau puisse comprendre ce qu'Aragon a voulu signifier là.

Et aussi, lorsque Falardeau, dimanche soir, a parlé de manière méprisante et dédaigneuse de cette très vaste majorité de Québécois et Québécoises qui refusent sa violence ou sa haine, en disant d'eux «qu'ils veulent être les petits amis de tout le monde», cela démontre aussi qu'il ne comprend rien à Aragon, dont l'oeuvre contient des paroles comme:

"Un jour pourtant, un jour viendra, couleur d'orange, un jour de palme, un jour de feuillages au front, un jour d'épaule nue, où les gens s'aimeront, un jour comme un oiseau sur la plus haute branche".

Et aussi:

"Tout est remis en cause, du moment que l'homme de l'homme est comptable; Nous avons vu faire de grandes choses, mais il y en eut d'épouvantables, car il n'est pas toujours facile de savoir où est le mal où est le bien".

Ainsi donc, si on se laisse toucher par des vers tels «Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront», Falardeau viendra-t-il nous dire encore une fois que cela signifie que les Québécois et Québécoises qui rejettent sa haine ne sont tous que de vulgaires nouilles soumises qui «veulent être les petits amis de tout le monde»? Et quand Aragon dit, lui le communiste, «Nous avons vu faire de grandes choses, mais il y en eut d'épouvantables», il évoquait là les massacres et les horreurs commis au nom de la «Grande Cause» communiste, indiquant ainsi que, contrairement à l'attitude d'un Falardeau, il faut à tout prix éviter de se laisser aveugler jusqu'à l'inhumanité au nom de «La Cause».

De plus, Falardeau, qui justifie toute sa haine fielleuse au nom de ses «certitudes» qui viennent d'un esprit totalement bouché, est certainement le dernier au Québec, c'est le moins qu'on puisse dire, qui pourrait admettre que «ce n'est pas toujours facile de savoir où est le mal où est le bien»... Lui, ce chantre de l'intolérance haineuse, il prétend savoir où est le Mal: il est incarné par quiconque ne pense pas comme lui. Les fanatiques religieux de tout acabit en pâliraient d'envie...


Quant au «Tout est remis en cause du moment que l'homme de l'homme est comptable», eh bien, cette parole d'Aragon ne doit sûrement pas faire un pli à la conscience de Falardeau, qui ne remet strictement rien en cause de son fanatisme politique même si ses petits amis et «héros» du FLQ se sont rendus comptables de la mort de l'homme qu'ils ont froidement tué, et dont la tombe se trouve au lot U-1806 du cimetière Notre-Dame-des-Neiges, sur le Mont-Royal. Allez-y faire une visite, ça fait réfléchir... à moins de ne pas avoir ni de conscience, ni de coeur.

Moi, quand je lis Aragon, et tout autre écrivain ou penseur qui appelle à l'amour du genre humain et à la liberté, je me pose toujours la question de savoir comment, dans ma vie de tous les jours, je vais essayer de vivre ces valeurs, de les traduire dans ma vie concrète tout comme dans mes attitudes. Ces idées-là ne sont pas seulement esthétiques et jolies à lire où à prononcer. Elles doivent nous engager dans ce que nous sommes et dans ce que nous pouvons devenir; autrement elles n'auraient aucune valeur, ni portée, elles ne seraient que des phrases creuses.

Mais Falardeau et ses émules fanatiques n'y comprennent rien là non plus. Ils sont bien trop hypocrites pour cela: vous les verrez par exemple émus aux larmes en écoutant la sublime chanson de Raymond Lévesque, «Quand les hommes vivront d'amour», mais pourtant ils ne cesseront pas de répandre la haine et le mépris contre quiconque ne pense pas comme eux, ils traiteront de «pourriture» et saliront la réputation d'un adversaire politique au moment de sa mort, tout en justifiant ou banalisant le meurtre d'un être humain au nom de leur idéologie, comme ils le font concernant l'assassinat de Pierre Laporte.

Quand on sait tout cela, comment peut-on estimer et respecter des individus qui font la preuve de leur mépris pour la démocratie par leur mépris de la personne humaine dans leur adversaire, et qui en plus ont le culot de se réclamer de la liberté tout en la souillant de leur haine? De parfaits hypocrites, voilà de quoi il s'agit.

Et dire que bien des gens, au Québec, se taisent devant les propos d'un Falardeau, car ils craignent de se faire lancer de la boue publiquement par un individu aussi vil. Pourtant, de se faire insulter par un tel personnage et ses semblables devrait toujours être revendiqué comme un grand honneur!

dimanche, octobre 16, 2005

Appel à la tenue d’un Gala annuel des Prix Falardeau


Vous connaissez sans doute les divers galas annuels de remise de prix dont le public québécois a la chance d’être régulièrement abreuvé à la télé : les prix Gémeaux, les prix Félix, les prix Jutra, les Métrostar, etc., etc.


Ces galas visent à récompenser l’excellence et les meilleures performances du monde de la création culturelle et artistique. En somme, à tout seigneur tout honneur, et c’est très bien comme cela. C’est la raison pour laquelle il faut toujours se féliciter de la tenue de ces galas et de la remise de ces prix, qui souvent favorisent une saine émulation dans les divers champs de la création.

Or, il faut bien reconnaître que ce ne sont pas tous les secteurs de la création qui jouissent de la chance d’être ainsi reconnus et célébrés pour leur haute valeur. De nombreux artisans s’activent donc dans leur domaine, sans que quelque reconnaissance que ce soit leur soit jamais attribuée. C’est là une injustice contre laquelle il faut s’insurger, et que nous devons d’urgence corriger.

L’initiative que j’ai l’honneur de vous présenter aujourd’hui vise justement à pallier à ce manque qui ne rend pas justice à certains talents dont, pourtant, le rayonnement est bel et bien perceptible dans notre société, et particulièrement dans la sphère publique québécoise. Ainsi, il devient de plus en plus évident que l’intolérance, le fanatisme et la haine sont constamment déployés avec une belle énergie et avec une créativité impressionnante contre les tenants d’une certaine opinion politique, et ce à cause même de leurs opinions.

Pour être plus précis, il faut bien reconnaître qu’au Québec, ce sont les francophones fédéralistes qui se trouvent le plus souvent visés par cette édifiante triade de sentiments dégradants que sont l’intolérance, la haine et le fanatisme. En effet, dès que certains osent affirmer publiquement leur point de vue d'une flagrante hérésie par rapport à l'approche nationaleuse et indépendantiste, ils se voient aussitôt exposés à un foisonnement prodigieux d’insultes et de calomnies : «minables», «traîtres», «vendus», «laquais du Canada anglais», «pourritures», «crapules», «corrompus», etc., etc., etc. Il n’y a qu’à s’abonner à certaines publications (comme le journal Le Québécois par exemple) ou à visiter régulièrement certains forums indépendantistes pour percevoir l’émouvante créativité de la frange intolérante, fanatique et haineuse du mouvement indépendantiste, lorsqu’il s’agit de nier tout droit à la liberté d’expression en réprimant l’opinion hérétique à grands coups de matraques faits d’insultes et de calomnies.

Le grand cinéaste Pierre Falardeau, notre «intellectuel» et patriote auto-proclamé «national», incarne le mieux sur notre scène publique cette tendance intolérante, fanatique et haineuse. D’ailleurs, le puissant penseur qu'est le Grand Homme Falardeau revendique si fièrement ces beaux sentiments qui donnent une idée très convaincante de la profondeur de son humanisme et de son attachement à la démocratie, qu’il se fait une gloire d’haïr quiconque ne pense pas comme lui, en s’en vantant même publiquement. Je l’ai d’ailleurs entendu dire, à l’émission «Arcand» sur TVA l’an passé : «Si t’es contre moi, j’t’haïs». On ne peut mieux persuader son prochain qu’avec de tels propos…

Le Grand Homme qu’est Pierre Falardeau n’est toutefois pas isolé avec son attitude haineuse qui prépare certainement des lendemains harmonieux et paisibles à notre si douce société québécoise. Ce serait d'ailleurs insulter le Grand Homme que de le considérer comme un marginal. Ainsi, on peut trouver un certain réconfort dans le fait que le Grand Homme a bel et bien son troupeau de disciples, qu'il est toujours attendrissant de voir s'abreuver dévotement à ses paroles en dégustant son fiel de la même manière que les veaux s'adonnent à la têtée du pis maternel : on peut les trouver en grand nombre chez les dirigeants du journal Le Québécois, et dans plusieurs cercles indépendantistes, y compris au sein du Parti québécois et du Bloc québécois, qui le vénèrent tel un Moïse guidant le Peuple Élu vers la Terre Promise.

Comme autres indices du phénomène grandissant de non-marginalisation du Grand Homme et de ses tendances intolérantes, fanatiques et haineuses, on peut se référer à tous ces médias constamment avides de l’inviter sur leurs plateaux, parce qu’avec le Grand Homme Pierre Falardeau, ils sont automatiquement assurés de pouvoir offrir un «bon show», tout en obtenant des cotes d’écoute à la hauteur du phénomène si édifiant qu'il ne cesse d'incarner avec une noblesse d'âme et un humanisme toujours touchants.

De plus, l’intelligentsia indépendantiste ne rougit jamais de s’afficher en compagnie du Grand Homme, ceci sans mentionner la belle complaisance de leaders politiques tels Jacques Parizeau, Bernard Landry et Gilles Duceppe, qui ne ratent jamais une occasion de faire leurs courbettes serviles et flagorneuses devant le Grand Homme qu’est - on ne le répétera jamais assez - Pierre Falardeau, ce champion et ce fier porte-étendard «national» de l’intolérance, du fanatisme et de l’intolérance.

Donc, il faut absolument que celui qui a l'illustre mérite d'incarner, à lui seul, le véritable foyer d’un tel rayonnement de l'intolérance, du fanatisme et de la haine, soit célébré à la hauteur de ses prodigieux talents, et aussi que ses disciples soient récompensés à leur juste valeur pour leurs efforts inlassables visant à semer la haine et à miner ce mal immonde et pervers qu'est à leurs yeux le libre droit à l'expression pour ceux qui ne pensent pas comme eux.

C’est pourquoi, après diverses consultations intensives avec des gens fort nombreux, j’annonce aujourd’hui la création des Prix Falardeau, qui seront solennellement remis lors de la tenue d’un Gala annuel, dont le premier aura lieu l’automne prochain.

Ce Gala, qui se déroulera dans l’ambiance joyeuse et festive requise pour ce genre d’événement, sera conçu à l’image des grands galas télévisés que nous voyons régulièrement à la télé. L’audience, que nous évaluons déjà à environ 500 personnes (qui s'arrachent déjà les places disponibles), devra être revêtue de ses plus beaux atours : les dames en robe de gala, les messieurs en smoking et nœud papillon. Il y aura une grande scène, un maître de cérémonie, un orchestre «Big Band Music», toutes les paillettes qu’il faudra, etc.

Les lauréats de chacune des catégories des Prix Falardeau seront révélés par une personnalité différente, qui ouvrira sur scène une enveloppe scellée, et ce après que les différentes personnes mises en nomination pour chacun des prix auront eu leur image projetée sur grand écran, avec un commentaire, accompagné d'une douce musique d'ambiance, expliquant l'honneur de leur présence sur la liste des finalistes. La musique de l'orchestre Big Band, quant à elle, retentira avec force dès que le nom du lauréat de chaque catégorie sera annoncé.

Un jury, constitué de 15 personnes, est déjà constitué pour l’attribution des prix. Le processus de sélection sera effectué avec une grande rigueur, la nomination de chaque lauréat devant être fondée sur des faits bien tangibles et documentés.

Quant aux diverses catégories des Prix Falardeau, il s’agira de :

1) La déclaration verbale la plus haineuse contre un fédéraliste francophone.

2) Les propos publiés les plus haineux contre le même genre de cible.

3) Le leader politique le plus complaisant à l’égard de la frange intolérante, fanatique et haineuse du mouvement indépendantiste.

4) L’animateur de radio ou de télé le plus complaisant à l’égard des personnalités proférant l’intolérance, le fanatisme et la haine contre les fédéralistes francophones.

5) L’insulte la plus méprisante et la plus haineuse lancée contre les fédéralistes francophones.

6) La personne la plus insultée et calomniée par la frange intolérante, fanatique et haineuse du mouvement indépendantiste.

7) Enfin, le Grand Prix Falardeau sera attribué à la personnalité qui se sera révélée sur la place publique québécoise comme ayant été la plus intolérante, fanatique et haineuse durant l’année écoulée. (À noter qu'il est d'ailleurs fort possible que le Grand Homme Pierre Falardeau lui-même soit le lauréat de ce Grand Prix nommé en son honneur).


Les Prix Falardeau seront constitués comme suit, et ce après que nous nous soyons inspirés des propres déclarations verbales et écrites du Grand Homme :

Les prix numéros 1, 2, 3, 4, 5 recevront le «2 X 4 d’Or», c’est-à-dire d’authentiques planches de 2 X 4 payées par la rédaction du journal Le Québécois (c’est l’engagement qui aurait été apparemment été pris récemment par son rédacteur en chef lui-même, M. Patrick Bourgeois), et qui seront recouvertes d’une belle et étincelante peinture dorée.

Le prix numéro 6, réservé à la personne la plus insultée et calomniée par la frange intolérante, fanatique et haineuse du mouvement indépendantiste, sera une splendide sculpture, réalisée par le grand artiste Herménégilde Tranchemontagne, représentant un personnage ayant subi le «passage aux 2 X 4», lequel personnage qui, ayant les dents cassées et la tête sous d'épais bandages, sera également doté de jolies béquilles et de confortables plâtres aux bras et aux jambes.

Enfin, le Grand Prix Falardeau, attribué à la personnalité qui dans l'année se sera distinguée le plus pour son intolérance, son fanatisme et sa haine, sera nulle autre chose qu’une superbe «chain saw», peinte de couleur platine, et dont l’inspiration (tout comme pour les 2 X 4, d'ailleurs) provient directement d’un article sorti tout droit du puissant cerveau de ce splendide intellectuel auto-proclamé qu'est notre Grand Homme Pierre Falardeau, et qui a été fièrement
reproduit en pages 105-106 du livre «Voler de ses propres ailes», publié aux éditions du journal Le Québécois, et dans lequel le Grand Homme exprime sa frustration d’avoir à se retenir de «fesser à coups de 2 X 4» ou de «découper à la chain saw» ses affreux ennemis fédéralistes.

Pour le cas où les lauréats seraient absents de l’audience du Gala, leurs prix leur seront tout de même remis en bonne et dûe forme, que ce soit à leur résidence ou à leurs bureaux, probablement en présence de journalistes qui pourront refléter dans les médias le joyeux événement ainsi que le grand honneur qui leur sera ainsi fait.


Donc, le jury d'honneur est déjà constitué. Ses quinze membres ont pour mandat de scruter toutes les publications et les forums internet des indépendantistes, de même que les médias en général, pour dépister les finalistes pour chacune des catégories des Prix Falardeau, de même que pour en déterminer les heureux lauréats.

Aussi, un comité organisateur est formé, afin d'assurer au Gala annuel des Prix Falardeau reçoive tout le rayonnement public et médiatique qu'il mérite, tout en étant chargé de s'assurer du bon déroulement de l'événement, ainsi que du plaisir de tous ceux et celles qui auront le bonheur et le privilège d'y prendre part, dans la joie et l'hilarité générales.

À suivre donc... (car ceci n'est pas une blague, l'événement aura bel et bien lieu).

vendredi, octobre 14, 2005

Commentaire reçu sur la polémique avec le journal Le Québécois

J'ai reçu le commentaire suivant sur l'article que j'ai publié dans La Presse du 1er octobre et la réponse bien singulière du journal Le Québécois. Son auteur, un professeur d'université montréalais, m'autorise à vous le partager, mais j'ai choisi de ne pas livrer son nom de famille, pour lui éviter certains ennuis éventuels; je précise que je ne partage pas entièrement l'analyse présentée dans ce commentaire, mais celle-ci mérite tout de même réflexion:


«Cher Daniel,

J’ai enfin pu lire ton article sur Cyberpresse, ainsi que la réplique du journal visé. Cette réplique parle d’elle-même : les injures y pleuvent autant que les incohérences.

Ce qui m’inquiète le plus, personnellement, en tant que professeur de philosophie, c’est que personne ne semble admettre que, par essence et par définition, tout nationalisme est exclusion. Le nationalisme mène inéluctablement à l’exclusion de tout ce qui est étranger : les langues, les cultures, les personnes venues d’ailleurs. C’est un reliquat de l’esprit de clocher qui s’est développé au Moyen Âge en Europe autour du fief du seigneur, et avant cela, dans les tribus, dès la plus haute Antiquité. C’est le pain quotidien de ceux qui ont une peur paranoïaque de perdre ce qu’ils ont ou de voir se transformer ce qu’ils ont (insécurité).

C’est la même racine du mal, à savoir le manque d’empathie, qui fait qu’un père n’acceptera pas les choix de ses enfants, mais voudra leur imposer les siens (égoïsme, possessivité).

Le mal, c’est la volonté de détruire l’autre parce qu’il ne vous ressemble pas ; sa cause, c’est l’impossibilité de se « mettre à la place de l’autre » (donc l’empathie), ne serait-ce qu’un instant, pour l’écouter et se demander si, par hasard, il n’aurait pas raison, s’il ne nous apprendrait pas quelque chose que nous ignorions.

C’est ce même manque d’empathie qui est encore la cause des guerres saintes et de ce sentiment bizarre qu’est celui de se considérer comme un « peuple élu ».

C’est d’autant plus bizarre de voir se développer le nationalisme ici, chez les Québécois, qui n’a jamais été un peuple élu, contrairement aux Japonais, aux Allemands (dixit la boucle du ceinturon des soldats allemands : « Gott mit uns »), aux Anglais et aux Américains, aux Huns, pour ne nommer que ceux-là.

Je me rassure en me disant que les jeunes Québécois, parmi lesquels on trouve les plus fanatiques séparatistes, sont en fait victimes d’une confusion : ils confondent indépendance et agitation. Du moment que ça bouge et que ça change, c’est bon. Il faut seulement leur faire comprendre que le changement désiré les implique pour toute leur vie, et leurs enfants aussi. Alors, ils se calment. Le changement est normal, il est inéluctable et souhaitable, mais à une condition : c’est que nous en restions maîtres. Si le changement nous dépasse, alors nous tombons dans le chaos. Il faut que la raison (le cerveau) domine les sentiments (le cœur) ; or, le nationalisme est vécu ici comme un sentiment, non comme un raisonnement, car tout raisonnement pousse nécessairement l’homme actuel à reconnaître que l’internationalisme, la multiethnicité et le multiculturalisme sont en train de transformer le Québécois pure laine, depuis la révolution tranquille, en citoyen du monde.

L’indépendance, de toute façon, ne se fera jamais, et surtout pas avec le PQ. L’indépendance n’est qu’une carotte que l’on agite devant la face des jeunes Québécois pour les faire braire ou voter PQ. Une fois au pouvoir, le PQ s’arrange toujours pour perdre les référendums ou mettre l’idée d’indépendance de côté jusqu’aux prochaines élections, à l’occasion desquelles on sort de nouveau la carotte du réfrigérateur. Le PQ n’a jamais voulu l’indépendance ; il n’a voulu que le pouvoir, et tous les avantages qui viennent avec. Si le Québec devenait indépendant, le PQ n’aurait plus de carottes ni de programme, et ne pourrait presque plus se distinguer du PLQ. Ce qui donne sa couleur bleue au PQ, c’est cette idée d’indépendance ; c’est ce qui fait que le PLQ apparaît comme fade aux yeux des jeunes ; ôtez-lui cette idée, et il devient aussi fade que le PLQ. Ce qu’ignorent les jeunes, c’est que tout parti politique est fade, parce qu’il doit rallier toutes sortes d’individus sans nécessairement leur laver le cerveau avec une idéologie nationaliste. Un tel parti n’est pas dangereux. Ce qui est dangereux c’est le parti qui adopte une idéologie nationaliste. On a vu ce que cela donnait sous l’Allemagne nazie ou, aux États-Unis, sous des Républicains enragés. C’est cela qu’il faut combattre.

Il faut parfois laisser les chiens japper pour qu’ils se calment. Plutôt que de donner l’occasion inespérée d’une tribune à des crétins comme ceux que tu dénonces dans ton article, tu aurais dû consacrer toutes tes énergies à montrer les bienfaits du multiculturalisme. Ces gens-là ne peuvent parler que de ce qu’ils connaissent. Or, ils ne connaissent pas grand-chose, sinon ils n’écriraient pas d’injures ; l’injure et la violence restent les armes du faible et du pauvre. Rien ne sert de tenter de convaincre les gens de voter contre l’indépendance ; il faut plutôt les convaincre de voter pour le fédéralisme et même l’ouverture des frontières. En général, d’un point de vue de psychologie des masses, les gens aiment mieux suivre une idée dans laquelle ils se sentent bien, dans leur droit, et en accord avec la planète, que suivre une idée qui heurte tout le monde et exclut la terre entière ; ils aiment mieux suivre la raison que le cœur. Il faut leur montrer le chemin de la raison.

Ainsi, l’intolérance nationaliste fera place à la tolérance naturelle des Québécois, eux qui sont si conscients et si fiers du melting pot québécois actuel – un véritable modèle face à tous les peuples élus qui pratiquent l’exclusion.

N’oublie pas l’idée centrale du livre d’Yves Michaud, Violence et Politique (Gallimard, 1978, 231 p.) – pas le Michaud d’ici : celui-là enseigne la philosophie à l’Université de Montpellier III – « La violence engendre nécessairement la violence, jamais la paix. »

J’ai bien hâte de te voir jeudi prochain.

Fraternellement.
Jacques»

mercredi, octobre 12, 2005

Sur le Canada dit «Anglais»...

Je commence aujourd'hui par une longue citation:

«Un événement, qui date de vingt ans, allait me convaincre d'écrire cette histoire: le 16 octobre 1970, juste avant l'aube, la police et des soldats en uniforme envahirent une ville endormie. Munis de pouvoirs extraordinaires, ils s'introduisirent dans les domiciles, fouillèrent les appartements, et, toujours aussi arbitrairement, emportèrent ce qu'ils voulaient, emmenant aussi avec eux des citoyens. Environ quatre cent cinquante personnes furent arrêtées. La police avait reçu l'ordre de mettre la main sur des suspects; ce qu'elle fit, les gardant à vue sans qu'aucune accusation ne soit portée contre eux et refusant même de fournir quelque explication que ce soit.

Où se trouve donc cette ville? Dans une dictature militaire, ou dans un gouvernement "démocratique" totalitaire de l'Europe de l'Est? Non. Dans mon propre pays, le Canada, une des démocraties les plus paisibles et les plus stables du monde... Un groupe plus ou moins défini, le Front de libération, avait fait son apparition au Québec et commis quelques actes terroristes mineurs, émettant des communiqués et kidnappant deux personnages politiques (l'un des kidnappings s'achevant par un meurtre brutal). La panique, puis la paralysie du gouvernement de la province qui s'ensuivirent poussèrent le gouvernement fédéral à mettre en branle des procédures extraparlementaires aux conséquences tragiques. (...) Étonnamment, les suspensions des libertés civiles ne souleva pas de protestation majeure du grand public. Qui plus est, des sondages révélèrent que quatre Canadiens sur cinq approuvaient ces mesures franchement antidémocratiques. En une nuit, le Canada avait fait fi des libertés et des droits démocratiques qu'il défendait depuis toujours à la face du monde.

Profondément troublé par ce désaveu inattendu de libertés conquises avec peine, je décidai de faire la série télévisée et l'ouvrage d'accompagnement que vous avez entre les mains.»

Donc, qui croyez-vous est l'auteur de ces lignes? Jacques Brault, créateur de l'excellent film «Les Ordres» sur les exactions et abus commis durant la Crise d'Octobre? Non. Il s'agit de Patrick Watson, un Canadian anglais ayant toujours vécu à Toronto, personnalité très en vue au Canada anglais, ancien animateur-vedette de la CBC, et ex-président du conseil d'administration de CBC/Radio-Canada.

Cette citation est tirée de la préface du livre «La lutte pour la démocratie» (éd. Québec-Amérique, 1988), signé par M. Watson pour accompagner la série de dix émissions télévisées sur le même sujet et qu'il a produite et diffusée en français et en anglais.

Donc, nous avons là un vrai «bloke» de Toronto, comme on a tendance à les nommer ici, qui fut tellement révolté et indigné par les abus et l'arbitraire perpétrés durant la crise d'Octobre qu'il décida de produire une série télévisée pour sensibiliser le public sur la nécessité de rester vigilants quant à préservation de nos droits. Et ce «bloke» très connu au Canada anglais a réagi ainsi face à une oppression perpétrée contre des Québécois.

Je désire aussi vous parler de Kenneth McRoberts. Vous le connaissez? Si non, il est le principal du College Glendon, le seul collège universitaire bilingue au Canada. Expert des enjeux constitutionnels, il a notamment écrit: «Un pays à refaire: l'échec des politiques constitutionnelles canadiennes» (éd. Boréal, 1999), dans lequel il attaque durement les disciples de Trudeau et ceux qui au Canada anglais refusent de reconnaître la spécificité du Québec. Un autre «bloke» de Toronto, ce Monsieur McRoberts.

Connaissez-vous Gordon Robertson? Si non, il a été Greffier du Conseil privé à Ottawa, c'est-à-dire qu'il était à la tête de la bureaucratie fédérale, sous Trudeau. Lisez ses mémoires: «Memoirs of a Very Civil Servant» (Ottawa University Press, 2001), et vous verrez combien durement il critique ceux qui refusent de reconnaître la spécificité du Québec, et aussi combien il égratigne Trudeau.

Vous connaissez sans doute Bill Graham, l'actuel ministre de la Défense, avec qui j'ai eu l'honneur de travailler lorsqu'il était aux Affaires étrangères. Savez-vous que Bill Graham a reçu la Légion d'Honneur, décernée par François Mitterrand, pour sa contribution au rayonnement de ... la culture française en Ontario !!! Eh oui, avant de faire de la politique, Bill Graham, cet autre «bloke» de Toronto, s'était investi, souvent en payant de sa poche, pour créer l'Alliance française de Toronto (la plus dynamique en Amérique selon le Quai d'Orsay). Bill Graham a aussi reçu, en 2003, le Prix d'Honneur de la Société d'Histoire de Toronto, une organisation francophone, pour son appui constant à la vie culturelle francophone de Toronto. Bill Graham s'est ainsi toujours battu, avec bien d'autres anglophones (d'autres «blokes») à ses côtés, et côte à côte avec des francophones, pour que le français vive en Ontario. D'ailleurs, on doit aussi en grande partie à Bill Graham la création du Théâtre français de Toronto.

Il y a aussi David Peterson, ex-premier ministre de l'Ontario, qui a courageusement pris d'énormes risques politiques en appuyant à fond le Québec durant l'époque de Meech. Et aussi son successeur Bob Rae, qui s'est montré un allié fidèle du Québec par la suite, et qui n'en appuya pas moins Meech. Je pense aussi au regretté Joe Ghiz, ex-premier ministre de l'Ile-du-Prince-Edward, qui appuya Meech à un point tel qu'il en vint presque aux mains contre un autre libéral comme lui, le doctrinaire fanatique Clyde Wells, premier ministre de Terre-Neuve qui a tout fait pour faire torpiller sournoisement Meech. Aussi, je pense aux huit législatures provinciales qui avaient appuyé les revendications du Québec à Meech.

Je pense aussi à des organisations très militantes et ayant de nombreux membres, comme «Parents for French», qui font une promotion inlassable de l'enseignement du français dans les écoles du Canada anglais.

Enfin, je pense à un citoyen comme Dave Burns de Vancouver, moins connu mais qui est le père de Sebastian Burns, un jeune Canadien injustement condamné aux États-Unis à cause de pratiques sournoises et malhonnêtes de la GRC, des pratiques répugnantes qui baffouent ignoblement les droits de la personne, et qui jettent une véritable honte sur tout le Canada (voir dans la liste de liens de ce blogue). Dave Burns décida, à 55 ans, de se mettre tout seul à apprendre le français parce qu'il considérait comme anormal de ne pas connaître l'autre langue officielle de son pays. Aujourd'hui, 10 ans plus tard, il parle couramment le français et est devenu un avide consommateur des productions culturelles et télévisuelles québécoises.

Je pourrais vous citer des dizaines et des dizaines d'autres exemples de gens, connus ou non, du Canada dit «anglais», qui sont de véritables amis du Québec et du fait français, qui se sont toujours montrés solidaires de nous.

Il fut un temps où, plus jeune, moi aussi je voyais le Canada dit «anglais» seulement par la lorgnette des quelques xénophobes qui y sévissent. Je me souviens par exemple combien j'avais été outragé par cette scène du drapeau québécois qui se faisait piétiner par un petit groupe d'imbéciles, à Brockville, au lendemain de l'échec de Meech. J'étais tellement outragé que je ne voyais dans cet acte odieux qu'une image représentant l'ensemble du Canada dit «anglais». Pour moi, tous les Canadiens dits «anglais» étaient comme ces imbéciles.

Or, si je fus alors insulté de ce piétinement du drapeau québécois, j'avais toutefois oublié qu'ici, cela faisait déjà des années que certains autres imbéciles, ceux-là les nôtres, s'amusent à brûler des drapeaux canadiens, et personne ne trouve quelque chose à en redire. Cette réaction de ma part fut donc essentiellement hypocrite, car je blâmais tout le Canada dit «anglais» pour le geste d'un petit groupe d'imbéciles, mais je n'avais jamais réagi lorsque j'ai été, ici, témoin de scènes où nos imbéciles à nous s'amusent à brûler
le drapeau canadien. Deux poids, deux mesures, donc...

Plus tard, j'ai eu l'occasion de réfléchir un peu plus à tout cela. Je me suis même mis à voyager au Canada dit «anglais». Certes, j'y ai vu quelques rares crétins xénophobes. Mais ils m'ont fait penser assez vite à ceux qu'on trouve au Québec, comme partout ailleurs dans le monde.

En fait, j'y ai surtout connu des gens venant de tous les milieux sociaux et culturels, qui se montraient vivement intéressés à mieux comprendre ce que nous vivons au Québec et qui nous sommes, en plus d'éprouver une réelle amitié pour la réalité francophone du Canada. Et très souvent, je les ai entendus me dire que ce serait une honte à leurs yeux si le Québec perdait son caractère français, et que pour cette raison ils appuyaient les efforts visant à préserver la langue et la culture française au Québec, de même que partout au Canada.

Quand on apprend à aborder l'enjeu national autrement que par la seule lorgnette des leaders politiques, qui ont presque tous une tendance à diviser pour mieux régner, et ce quel que soit leur parti ou idéologie, mais plutôt en abordant le «vrai monde», c'est-à-dire les gens qui font ce pays, j'en suis arrivé à comprendre que oui, il existe au Canada anglais énormément de gens qui, bien qu'ayant une autre langue ou culture que la mienne, partagent des valeurs qui me sont chères, et qui pour moi sont essentielles: la dignité humaine, l'ouverture et la tolérance, l'acceptation des différences, la justice.

Avant mon identité culturelle et linguistique, que j'assume pleinement sinon farouchement dans ma vie de tous les jours, j'ai choisi de privilégier des valeurs humaines, un attachement à l'idéal démocratique, au pluralisme, aux droits et à la dignité humaine. Ces valeurs sont belles et bien vivantes au Canada.

Nous pouvons au Canada montrer à la face du monde que deux héritages linguistiques peuvent surmonter leurs différences et construire un projet commun. Mais pour cela, il faut refuser l'étroitesse d'esprit, et surtout une conception malsaine et exclusive de l'identité. On peut très bien pleinement assumer sa langue et sa culture, et bâtir un même pays avec des gens issus d'une autre langue et d'une autre culture.

Mais pour y arriver, il faut le vouloir, et là-dessus, on a encore du chemin à faire. J'espère juste qu'on ne s'enlisera pas plus longtemps dans les chemins hasardeux de l'égoïsme «national», c'est-à-dire cette idéologie exclusive fondée sur un nationalisme identitaire qui, ne l'a-t-on pas assez vu dans l'histoire, a commis tellement de ravages et provoqué tellement de haines.

J'en ai aussi assez de cette espèce de chauvinisme qui fait prétendre à plusieurs Québécois que «nous on a une culture et qu'eux n'en ont pas», que «nous on a une différence et qu'eux n'en ont pas», etc., etc., comme si diminuer les autres, c'était se grandir. Quand on est sûr de soi et de son identité, on n'a pas besoin d'adopter une attitude aussi culturellement stérilisante et débilitante. Il s'agit de voyager un peu dans ce pays pour voir que plusieurs cultures y vivent, plusieurs modes de vie, qui diffèrent des nôtres, mais qui aussi ne nous sont pas totalement étrangers, loin s'en faut. Et ce n'est pas diminuer ce que nous sommes que d'admettre cela. Bien au contraire.

Bien entendu, le Canada n'est pas parfait. Son gouvernement fédéral non plus - j'en sais quelque chose! Il y a, il y aura toujours des correctifs et des améliorations à apporter à un pays aussi diversifié qu'est le Canada. Ce pays reste à faire, et je suis parmi ceux qui pensent que le meilleur est au-devant de nous. Si on le veut. Nous, Québécois, avons dans le Canada dit «anglais» de très nombreux alliés, qui partagent avec nous des valeurs humaines et sociales qui nous sont mutuellement fondamentales, et qui peuvent servir de base pour ré-inventer un pays, qui est, tout de même, sous plusieurs aspects et même malgré ses limites, le plus performant du G8.

Et certains voudraient foutre tout ça en l'air. Pourquoi? Parce qu'on craint les autres, l'«Autre», celui qui est différent de nous? Ce serait là ramer à contre-courant de l'histoire, particulièrement dans le monde interdépendant qui est le nôtre. D'ailleurs, je ne vois rien de mal à ce que le Québec et le Canada dit «anglais» soient INTERdépendants...

En somme, tant qu'il y aura au Canada dit «anglais» des gens qui partagent et assument ces valeurs qui me semblent fondamentales pour constituer un pays, donc tant qu'il y aura au Canada des Patrick Watson, des Kenneth McRoberts, des Gordon Robertson, des Bill Graham, des David Peterson, des Bob Rae, des Joe Ghiz, des «Parents for French», des Dave Burns, eh bien je le dis: leur pays sera toujours le mien.

Et je ne compte ni m'en cacher, ni m'en repentir.