lundi, mai 05, 2008




Une stupidité qui écoeure

La semaine dernière, les brutes épaisses auront donc récidivé. Après qu'une sépulture ait été vandalisée le weekend précédent au cimetière de Saint-Rémi-de-Napierville, voilà que les brutes (les mêmes ou d'autres, peu importe, ces deux actes relèvent de la même stupidité) s'en sont pris à l'édifice qui abrite la Légion canadienne, à Lachine, qu'ils ont, nuitamment bien sûr, barbouillé de leurs graffitis insipides et niais.

La Légion canadienne, ce n'est pas autre chose que l'endroit où fraternisent les vétérans de nos forces armées. Beaucoup parmi les membres de la Légion sont des gens bien de chez nous qui ont eu le courage, au cours de la Deuxième guerre mondiale, de s'enroler volontairement pour aller combattre la barbarie fasciste sur le sol européen, et cela tandis que nos élites nationalistes d'alors prônaient le point de vue pour lequel les bons c'était les fascistes, et que les méchants étaient les Anglos-Saxons-à-la-solde-de-la-"finance-juive". Le chef collabo Pétain, qui s'est assuré que la France reste bien à genoux devant les occupants nazis, était d'ailleurs un bien bon gars selon les Lionel Groulx, René Chaloult, Maxime Raymond et autres nationaleux du même acabit.

Mais là où je veux en venir, c'est à la répugnante écoeurantie que représente le geste posé par les brutes épaisses qui ont souillé les murs extérieurs de la Légion canadienne à Lachine. Tout ça, vraisemblablement, parce qu'il y a le mot "canadienne" dans le nom de l'association qu'il ont visée. Un réflexe d'épais, bien entendu. Mais ces crétins ont ainsi blessé en plein coeur des compatriotes qui se sont battus contre la bête immonde du fascisme, et à qui on doit aujourd'hui ces libertés dont nous jouissons dans notre société. En plus, les membres de la Légion canadienne regroupent certainement, à l'image de notre société démocratique, des gens de toutes les opinions politiques confondues, même sur la question nationale : ça, ces brutes étaient bien trop épaisses pour y songer le moindrement.

Aussi, en souillant de leur acte sordide ce symbole qu'est le lieu où fraternisent nos compatriotes vétérans, les brutes épaisses se sont aussi trouvés à souiller la mémoire de tous ces Québécois qui ont donné leur vie sur le champ de bataille durant la Deuxième guerre mondiale. Et ça, "je le prends très personnel", comme on dit chez nous...

Regardez la photo du jeune homme, ci-haut. Il s'appelait Réal Lamirande. À côté, c'est sa tombe, alors qu'il venait tout juste d'être enterré dans le cimetière de Groesbeek, en Hollande (la photo avait été envoyée à la famille par son amie de coeur hollandaise). Né à Louiseville, en Mauricie, Réal Lamirande est mort au combat à l'âge de 24 ans, le 24 février 1945, soit à peine deux mois avant la fin de la guerre. Frère de ma grand-mère maternelle, il s'était enrôlé volontairement, et pas pour des raisons économiques car il avait un bon travail.

En fait, mon grand-oncle s'était enrôlé contre l'avis de son milieu, lequel était influencé par l'idéologie clérico-nationaliste et pro-pétainiste qui sévissait en faisant croire à tout le monde au Québec que cette guerre ne nous concernait pas. Dans la société québécoise d'alors, les voix dissidentes opposées à cette lâcheté et à cette forme d'appui au fascisme étaient alors peu entendues, comme je le montrais récemment dans mon billet sur Louvigny de Montigny, grand homme de lettres de son vivant mais qui, depuis, a été complètement confiné dans l'oubli par l'histoire officielle.

Quelques semaines à peine avant sa mort, Réal Lamirande écrivait à sa soeur, ma grand-mère. Ma mère, sa nièce, n'avait alors que deux ans, et il ne l'avait vue que peu de temps avant sa traversée vers le front. Dans cette lettre, il expliquait à sa soeur les raisons de son enrôlement : "Si je suis ici, c'est surtout parce que je veux que ta fille vive libre. J'en ai assez vu ici pour me dire que j'ai bien fait de m'enrôler et que je suis où il faut que je sois." Je pense que je n'avais que 12 ou 13 ans quand j'avais lu cette lettre pour la première fois, et depuis, le souvenir de mon grand oncle, ce grand homme, m'est resté des plus précieux.

Réal Lamirande est l'un de ces milliers de braves soldats anonymes mais bien de chez nous qui n'auront pas cédé à la bêtise anti-participationniste répandue par les élites nationaleuses d'alors, et qui auront volontairement consenti au sacrifice de leur vie pour que nous tous, des générations plus tard, puissions vivre dans la liberté et dans la dignité. D'autres de ces héros, qui n'auront pas été tués sur le champ de bataille, seront quant à eux revenus chez nous, physiquement blessés, ou avec de bien pénibles souvenirs dans le coeur, dont celui de leurs frères d'armes morts à leurs côtés. Et ce sont ces héros-là, ceux qui sont revenus, qui se retrouvent régulièrement dans les salles de la Légion canadienne, pour fraterniser, et aussi pour se souvenir.

Alors oui, ça m'écoeure souverainement d'être obligé de constater que, tandis que Réal Lamirande, mon grand-oncle, avait consenti si lucidement au sacrifice ultime alors qu'il avait à peine 24 ans, nous avons aujourd'hui des brutes épaisses qui, par leur acte ignoble et stupide, osent, en pleine nuit donc lâchement, cracher sur la mémoire des plus courageux parmi nos compatriotes et poignarder en plein coeur leurs frères d'armes en souillant de leurs minables conneries le lieu où nos héros peuvent vivre leur fraternité.

Ces héros ont droit non seulement à notre respect, mais aussi à notre reconnaissance la plus profonde. Mais les brutes épaisses auront prouvé que "respect" et "reconnaissance", et je dirais même "décence", sont des mots tout à fait étrangers au vocabulaire sans doute bien limité des grotesques ignorants qu'ils se révèlent être...

mardi, avril 29, 2008


Paroles de brutes épaisses...

Les brebis enragées du forum du journal réactionnaire Le Québécois semblent s'être formalisées de mes récents commentaires au sujet de leurs conneries fanatiques, lesquelles m'ont incité à les désigner pour ce qu'elles sont : des brutes épaisses... Voir le sujet que le Dr. Patrick Bourgeois a ouvert là-dessus, c'est rempli de paroles de brutes épaisses, paroles tout aussi insipides et creuses, et bien sûr enragées, les unes que les autres...

Dr. Bourgeois : je ne répondrai pas aux autres niaiseries d'adolescent attardé que vous proférez sur mon compte. Mais sur un point, je vous dirai ceci : comprenez que oui, il est vrai que je ne suis pas tendre dans mes propos pour les gens de votre espèce. Et je n'ai aucun goût de l'être, d'ailleurs. C'est que vous et vos semblables êtes méprisables par votre rhétorique intolérante et haineuse, qui confine à l'hystérie la plus navrante. Et j'applique à votre cas la devise de Voltaire : "Ce qui est méprisable est dangereux tant qu'il n'est pas assez méprisé".

Notez, mon cher Dr. Bourgeois (quoique je doute que vous soyez capable de vous remettre en question sur quoi que ce soit, tellement aveuglé que vous êtes par votre rhétorique), que si je dis que l'Imam Falardeau est un crétin fanatisé, c'est que je peux citer des propos de lui-même qui le démontrent clairement. Par exemple, quand il affirme, dans un livre publié sous vos soins, Dr. Bourgeois, qu'il se retient de ne pas fesser sur les fédéralistes à coups de "2 X 4" ou de les découper à la chainsaw... Ou encore quand il écrit sa réjouissance suite à la mort de Claude Ryan, dans ce même livre publié fièrement par vous-mêmes, Dr. Bourgeois, et cela après que vous ayez déjà publié cet écrit effroyable et humainement répugnant dans votre journal. Aussi, vous avez approuvé il y a quelques jours la profanation d'une sépulture. Ou encore, quand vous et l'Imam Falardeau faites ce qu'on pourrait bien appeler du "Québécois Bashing" en traitant de "traîtres", de "vendus", de "fédérats", etc., tous les Québécois qui ont une pensée sur la question nationale qui a seul le tort de différer de la vôtre. Et c'est sans mentionner les allusions homophobes que vous faites plus que tolérer sur votre forum, notamment celles visant René-Daniel Dubois, il y a trois mois. Si tout cela n'est pas de l'intolérance haineuse, dites-moi donc, Dr. Bourgeois, de quoi il pourrait bien s'agir...

Aussi, je respecte les indépendantistes démocrates, et il y en a même bon nombre que j'estime profondément. Mais je n'ai aucun respect pour les réactionnaires et les fumistes de votre genre, Dr. Bourgeois. Je trouve dans vos propres écrits amplement de matière pour démontrer clairement que oui, vous êtes un réactionnaire et un fumiste de la pire espèce, doublé d'un intolérant haineux pour tous ceux qui ne pensent pas comme vous. C'est pourquoi, d'ailleurs, je renvoie toujours à des liens vers vos propres écrits, car on y trouve la preuve flagrante de votre caractère intolérant et haineux. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que bien des indépendantistes ne ressentent que de la honte face aux pseudo-guerilleros en manque de sensations fortes de votre espèce...

Oh ! Dr. Bourgeois, je vous ai traité de fumiste... Je démontrerai sous peu pourquoi je vous désigne comme tel, à partir de ce que vous avez déclaré à l'émission de Christiane Charette, tout récemment...

L'une de ces brutes épaisses affirme que je serais en train de me chercher une candidature au parti libéral, ou encore il y a cet autre abruti qui prétend que je me chercherais une job chez le "Grand Satan" Gesca... Que ces abrutis se détrompent : je ne serai jamais candidat à quelque élection que ce soit, la politique partisane ne m'intéressant pas car je veux rester libre. Et je n'ai pas besoin de job, je me débrouille très bien dans la vie avec le type de travail que j'ai choisi. Pour des gens comme ces abrutis fanatisés, on ne peut avoir une autre opinion que la leur sans avoir de motifs ayant rapport avec de quelconques gains matériels. L'intolérance qu'inculque le Dr. Bourgeois à ses brebis suiveuses, c'est ça, entre autres...

Il y a aussi une certaine Danièle Fortin qui me traite d'épais parce que, selon cette analphabète fonctionnelle qui déploie généralement un français écrit exécrable, l'abrégé de "Docteur" s'écrit "Dr" et non "Dr." (avec un point). La dame vient d'asséner tout un coup d'épée dans l'eau : en français, on peut mettre un point ou ne pas en mettre. À preuve, cette page Wikipédia sur le Dr. Réjean Thomas... qui est, lui, un indépendantiste respectable, soit dit en passant...

Une certaine "Émilienne" cite à tort et à travers Hannah Arendt. Elle a cependant mal lu son Hitler : le nazisme, c'est le nationalisme exacerbé à l'extrême. N'importe quel cours de politique 101 peut le faire comprendre... Aussi, "Émilienne" viendra-t-elle nous expliquer pourquoi, durant la 2e guerre mondiale, les ultranationalistes de France (dont le chef de file était Charles Maurras, de l'Action Française et inspirateur de Groulx) étaient dans le camp de la collaboration avec le nazisme, et aussi pourquoi nos nationaleux à nous au Québec étaient tous pâmés d'admiration pour le régime collaborationiste de Pétain, sans mentionner leur antisémitisme répugnant et idiot ?

Louis Desjardins, qui utilise le pseudo de Harfang_QC sur le forum du journal réactionnaire Le Québécois, semble avoir douté que je publie son commentaire. C'est fait, dans mon billet précédent. Et "cet osti de sophiste-là", comme il a bellement écrit à mon sujet (en passant, il faut écrire "hostie", mon cher M. Desjardins), lui a aussi répondu... J'ai toutefois bien hâte de voir si et comment il me répondra à son tour.

Enfin, certaines de ces brutes épaisses ont affirmé que je leur fais de la pub gratuite. Eh oui, c'est bien vrai... Mais c'est parce que je veux que les gens puissent constater d'eux-mêmes, en lisant les délirantes rhétoriques haineuses sans cesse déployées sur le site du journal Le Québécois, que les réactionnaires sont encore bel et bien à l'oeuvre au Québec d'aujourd'hui...

samedi, avril 26, 2008


Les brutes épaisses à l'oeuvre...

Eh bien ! pas plus tard que dans mon billet d'hier soir, je mentionnais les brutes épaisses et autres débiles fanatisés qui s'adonnent à leur rage idiote dans le forum du journal réactionnaire Le Québécois. Je ne pressentais pourtant pas que, dans les heures qui suivraient, certaines de leurs émules, tout aussi épaisses, commettraient l'acte ignoble et répugnant de profaner une sépulture...

Bien entendu, le Grand Vicaire de l'Imam Falardeau, le Dr. Patrick Bourgeois, approuve, en appelant ça à sa manière, c'est à dire bêtement, un "graffiti politique", tel qu'on peut le lire sur le forum de son journal réactionnaire. Il semble que Jean Dorion, président de la Société Saint-Jean-Baptiste, aurait quant à lui désapprouvé, quoique du bout des lèvres. Hypocrisie, évidemment, car jamais on ne verra Dorion condamner la caution que son supporter le Dr. Bourgeois vient d'exprimer à l'égard de l'acte bas et répugnant de ces brutes épaisses, dont plusieurs admirateurs ont déjà chanté les louanges dans le forum du journal réactionnaire du Dr. Bourgeois. Vous le verrez bien: Dorion et les leaders du mouvement nationaliste, ténors du PQ et du Bloc y compris, ne feront que déplorer timidement, histoire de paraître, hypocritement comme toujours, "démocrates, progressistes et ouverts", mais jamais ils ne dénonceront clairement un tel acte comme, en toute décence humaine, ils devraient pourtant le faire, et ils s'en prendront encore moins à ceux qui, dans leurs rangs, en cautionnent les auteurs.

Mais en plus, si on porte quelque attention à la photo ci-dessus, on constate que la profanation est double : non seulement une sépulture aura été profanée, mais aussi le nom de Louis-Joseph Papineau, dont ces brutes méprisables ont grossièrement détourné la mémoire en la récupérant au profit de leurs sinistres desseins.

Ça en dit long sur la pitoyable ignorance de ces minables. Louis-Joseph Papineau aura tout au long de sa vie montré éloquemment qu'il était foncièrement un libéral, un démocrate, un libre-penseur, qui luttait pour les libertés fondamentales. Il n'était absolument pas un promoteur du fanatisme ethnique, du totalitarisme, voire du crétinisme qui caractérisent les auteurs de l'acte perpétré la nuit dernière au cimetière de Saint-Rémi-de-Napierville.

Ces brutes épaisses, ces parfaits héritiers de l'obscurantisme, ignorent sans doute que Papineau était l'un des chefs de file de l'Institut Canadien de Montréal, qui regroupait les Louis-Antoine Dessaulles, Arthur Buies, Joseph Doutre, Aristide Filiatrault et tant d'autres libre-penseurs de la deuxième moitié du 19e siècle, ceux-là même qui luttaient courageusement contre les fanatismes de toute sorte. Et parions que la plupart de nos crétins fanatisés n'en ont jamais même entendu les noms...

Ces libres-penseurs et promoteurs de l'esprit des Lumières, qu'incidemment l'idole de ces brutes réactionnaires, Lionel Groulx, avait outrageusement dénigrés et caricaturés dans ses "oeuvres" mystificatrices, luttaient pour la liberté de pensée et d'expression, donc pour le droit de chacun dans notre société à exprimer ses vues sans subir d'ostracisme et sans être muselé de quelque manière que ce soit. Louis-Joseph Papineau, adversaire résolu de la bêtise fanatique, était leur principal inspirateur. Quelle honte de voir aujourd'hui les descendants idéologiques de ses ennemis obscurantistes associer son noble nom à un acte aussi ignoble, un acte qui reflète tout ce qu'il avait combattu, un acte qui souille outrageusement sa mémoire.

Enfin, vous aurez aussi noté que ces imbéciles ont, encore une fois, prouvé qu'ils ne savent même pas écrirement correctement le français, ne serait-ce que sur les quelques mots que ces ignares auront inscrits sur le caveau de la famille Trudeau. Ils ont en effet mis "TRAÎTE", au lieu de "TRAÎTRE", et de l'autre côté du mausolée, ils ont écrit "BÂTART", au lieu de "BÂTARD"...

Ce n'est pas la première fois que ces insignifiants guerilleros de la langue française montrent qu'ils ne savent même pas employer correctement notre langue. Que l'on regarde dans les forums dans lesquels ils étalent leur bêtise sur le web, et on verra que la plupart de leurs semblables massacrent constamment notre langue en dévoilant un niveau d'écriture que pourrait aisément dépasser un enfant de 8 ans le moindrement appliqué. De fait, comme on peut le constater sur son forum, le journal réactionnaire Le Québécois est particulièrement doué dans l'art d'attirer ce genre d'ignares dans son enclos.

Et après, ces crétins tentent de nous faire croire que c'est pas amour pour la langue française et par préoccupation pour sa survie que, partout où ils le peuvent, ils répandent leur bêtise en paroles et en actes tout aussi méprisables les uns que les autres...

(Photo : David Boily, La Presse)

vendredi, avril 25, 2008

Maman,
fais-moi peur !

Eh ben ! Le petit troupeau des brebis enragées du journal réactionnaire Le Québécois, organe officiel des plus zélés parmi les disciples du Grand Inquisiteur l'Imam Pierre Falardeau (photo ci-contre), a bêlé en choeur à mon sujet ces derniers temps...

Un ami m'a fait part ce soir d'une page que le Dr. Patrick Bourgeois, commissaire-psychiatre en chef du centre de rééducation pénitentiaire des délinquants idéologiques québécois, avait lancée à mon sujet dans le forum dudit journal réactionnaire, il y a quelques semaines, dans la foulée de mes escarmourches récentes avec Paul Henri Frenière, le bientôt célèbre Béotien de Saint-Hyacinthe.

Allez voir sur la page en question du forum des réactionnaires, ça vole très haut... Ça en dit surtout long sur le niveau d'intelligence de ces brutes épaisses. Vous pourrez notamment prendre connaissance du très brillant et édifiant commentaire d'un certain Pierre-Luc Benoît, celui dont le profil est doté d'une photo de nul autre que "Monsieur Votes Ethniques", en l'occurence l'ineffable Jacques Parizeau (preuve que ce genre d'hurluberlu hyper-zélé à la Pierre-Luc Benoît n'a pas de personnalité qui lui appartienne en propre, au point de ne pouvoir s'identifier qu'à l'image d'un autre...)

Un tout petit peu plus bas, on retrouve un autre commentaire, d'un certain Éric (bien entendu, un autre anonyme car ces crétins fanatisés ont en commun d'être trop lâches pour afficher à découvert leur bêtise réactionnaire), qui a écrit, en parlant de moi bien sûr : "Un jour, ce sera son tour ...................."

Mon tour de quoi, au juste, Monsieur le courageux anonyme Éric ? Ce que peut signifier votre longue série de points de suspension m'intéresse...

Un autre de ces zozos a même pris soin d'ajouter ma photo de profil Facebook, histoire sans doute qu'on puisse éventuellement me repérer sur la rue...

Tout ça me fait dire, en riant très fort : "MAMAN, FAIS-MOI PEUR !"

Non mais, ces pauvres crétins et insignifiants, incapables qu'ils sont d'accepter qu'un autre puisse penser différemment d'eux-mêmes (ce qui n'est pas difficile à trouver, pourtant, car ils ne forment qu'une petite secte de débiles légers, que même la majorité des indépendantistes ne peuvent sentir tellement ils leur font honte), peuvent-ils vraiment s'imaginer qu'ils vont me faire peur avec leurs petites menaces à la con, ou encore que je vais me mettre à surveiller mes arrières quand je marche sur la rue, pour le cas où quelques-unes de leurs brutes voudraient m'assaillir à coups de "2 X 4" et de chainsaw, ces armes de prédilection de leur Guide Spirituel l'Imam Falardeau ?

Dire que des députés du Parti québécois et du Bloc québécois soutiennent financièrement cette bande de brutes épaisses, par leurs publicités qu'ils encartent fièrement dans leur journal réactionnaire et qui sont payées à même les fonds publics puisque l'argent provient des budgets alloués par l'État aux bureaux de députés... Comme c'est beau l'esprit soi-disant "démocratique, progressiste et ouvert" du PQ et du Bloc ! Mais au fond, ça ne me surprend guère que ces deux partis soutiennent un torchon aussi réactionnaire, car j'ai toujours trouvé que leur discours est essentiellement hypocrite, en cette matière comme en bien d'autres...

Parlant d'hypocrisie, justement... Le Dr. Patrick Bourgeois, dans son commentaire, semble penser que j'aurais abandonné mon projet de livre sur les manoeuvres frauduleuses du camp du OUI, formé exclusivement de "plus blancs que neige" paraît-il, durant le référendum de 1995...

Mais que le Dr. Bourgeois ne se réjouisse pas trop vite... C'est juste que mon enquête m'a fait découvrir tellement de faits inattendus, lesquels sont incroyablement plus nombreux et importants que ce que je croyais au départ. Tout cela donc, qui est fondé sur des preuves solides et irréfutables, n'a fait que retarder ma rédaction. Et puisque je ne dispose pas des moyens financiers de MM. Philpot et Lester, je ne peux pas me permettre de rédiger ce livre à plein temps, car il faut, moi, que je gagne ma vie de chaque jour...

Donc, Dr. Bourgeois, patience, je compléterai ce travail avant la fin de la présente année, et je vous assure que vous en aurez plus que pour votre argent... et aussi que ça va rager encore plus fort, si tant soit peu que la chose puisse s'avérer possible, dans le forum de votre journal réactionnaire...

mardi, avril 22, 2008

Besoin d'air...

Passionné d'astronomie, notamment parce que cette science permet de relativiser bien des choses quant à notre monde qui n'est pas bien gros, je ne rate jamais un nouveau livre d'Hubert Reeves. Je me suis donc précipité en librairie le weekend dernier pour mettre la main sur les Mémoires d'Hubert Reeves, intitulés Je n'aurai pas le temps, qui viennent tout juste de paraître.

Je suis tombé sur un passage qui, je pense, vaut la peine d'être relevé. Parlant en pages 149-150 de l'effervescence des années 1960 au Québec, Hubert Reeves rappelle que cette période "fut aussi celle de l'avènement du fait français sur le plan social." Il raconte avoir d'abord vu très positivement un tel changement. Mais Reeves poursuit son propos en évoquant certaines réalités qui, il me semble, donnent beaucoup à réfléchir. Même si ce qu'il raconte a eu lieu il y a plus de quarante ans, beaucoup de faits indiquent que nous sommes encore, au Québec, aux prises avec le profond malaise qu'il évoque et qui l'avait fait chercher d'autres horizons :

"Mais cet engouement francophile avait une contrepartie dont je pris progressivement la mesure. Bientôt s'imposa, chez plusieurs professeurs de l'université de Montréal, l'idée que nous devions utiliser comme manuels de classe uniquement des livres en français. C'était sans tenir compte du fait que, pour chaque matière, on pouvait facilement trouver dix livres en anglais contre un seul en français. Notre rôle d'enseignant étant de donner à nos étudiants québécois la meilleure formation scientifique possible, il importait, me semble-t-il, de leur fournir le matériel scolaire le plus adéquat. Ma position me semblait plus profitable à nos élèves que celle de mes collègues, qui refusaient les manuels en anglais. Elle me valut quelques remarques aigres qui me pesèrent et me donnèrent envie d'aller voir ailleurs et chercher une ambiance moins plombée par ces tendances nationalistes.

Besoin d'air

Le paroxysme fut atteint au cours de la préparation d'un nouveau projet. Les physiciens de notre département caressaient l'idée de construire un accélérateur de particules sur le site de l'université. Cet instrument permettrait à nos chercheurs et à nos étudiants d'entreprendre des travaux originaux sur place, mettant Montréal sur la carte des centres de recherche en physique nucléaire. Cette entreprise coûteuse reçut l'aval des autorités gouvernementales, qui suggéraient d'y associer les physiciens de McGill, l'université anglaise de la ville. Elles promettaient d'augmenter les subsides de façon importante si ce programme conjoint était accepté. Grogne chez plusieurs de mes confrères : quelle langue parlerait-on dans ce laboratoire ? Vraisemblablement surtout l'anglais. Alors, pas question de collaborer avec McGill. Résultat : le programme conjoint fut refusé. J'en fus navré et plus que jamais décidé à prendre un peu d'air..."


Ce que raconte Hubert Reeves dans ces lignes donne en effet à réfléchir, ne trouvez-vous pas ? Combien y a-t-il de ces Québécois d'envergure comme Reeves qui, étouffant sous les coups de butoir du nationalisme obligatoire et de la bêtise identitaire, étouffaient ici et ont dû "prendre un peu d'air" ailleurs ? Combien y en a-t-il encore de nos jours ?

Aussi, nos nationaleux vont-ils se mettre à traiter à son tour Hubert Reeves de "traître", de "vendu", d'adepte du "Québec Bashing", de "collabo" et autres qualificatifs du même niveau que celui que leur inspire ce crétinisme qui les rend toujours si satisfaits d'eux-mêmes, et cela tout simplement parce qu'Hubert Reeves n'aura fait qu'exprimer librement sa pensée ? La contribution significative du grand Québécois qu'est Hubert Reeves à la culture scientifique et intellectuelle du Québec et de tout le monde de la francophonie se fera-t-elle cracher dessus parce que Reeves aura osé affirmer une telle hérésie ? Se verra-t-il lui aussi banni de la "patrie" par les nationalistes sectaires ?

À suivre, donc...

Hubert Reeves, Je n'aurai pas le temps, Paris, Les éditions du Seuil, 2008.

jeudi, avril 17, 2008

L'Affaire
Esther Delisle:
les points
sur les "i"
enfin en ligne

Il était à peu près temps ! C'est que depuis le temps où, un peu partout sur le web, les nationaleux poursuivent leurs calomnies et leurs campagnes de discrédit contre la chercheure Esther Delisle, coupable à leurs yeux d'avoir mis en relief les faits quant aux origines réactionnaires, racistes et fascisantes de leur mouvement, on ne trouvait pas en ligne de texte de fond ni d'étude ripostant aux détracteurs de Mme Delisle et mettant les points sur les "i" quant à la foncière malhonnêteté intellectuelle desdits détracteurs.

C'est qu'à chaque fois qu'est évoqué le sombre passé mis en lumière par les travaux de Mme Delisle, on se fait servir jusqu'ici essentiellement des "gna gna mauvaise-méthodologie-c'est ça-qu'y-z-ont-dit", "gna gna Gary Caldwell", "gna gna L'Agora", "gna gna, Gérard Bouchard", "gna gna elle-a-pas-mis-ça-dans-le-contexte-y-z'ont-dit-ça-aussi", "gna gna, gna gna..." Jusqu'à présent, nous étions donc essentiellement en présence de ce qu'on pourrait, en quelque sorte, qualifier de litanies répétées béatement par des dévots qui n'examinent jamais ce que disent leurs guides spirituels.

Mais évidemment, au delà des "gna gna", aucune réponse quant au fond et aux réalités des problèmes soulevés par Mme Delisle n'était présentée. Et aussi, nous avions toujours affaire aux mêmes perpétuelles vénérations de la prétendue "objectivité irrrrrrréprochaaaaaable, ma chère" de professeurs et d'intellectuels "ré-pu-tés"... qui ont surtout en commun d'être réputés pour leur nationalisme inconditionnel, comme entre autres Gérard Bouchard (qui a critiqué sans avoir lu, faut le faire, mais ce n'est pas la première fois qu'il fait ça, comme je le montrerai un des quatre), Jean-François Nadeau, Jacques Dufresne, Louis Cornellier le Pieux, etc. Et à leur rangs s'est ajouté Gary Caldwell, réputé, lui, pour son ultra-conservatisme et pour sa farouche
opposition à tout ce qui peut ressembler de près ou de loin au libéralisme politique...

Mais, parmi les pourfendeurs de Delisle l'Infidèle, on trouve aussi, last but not least, Pierre Trépanier, fils spirituel de Lionel Groulx et de l'autre réac du temps, l'historien d'extrême-droite Robert Rumilly ; il est d'ailleurs à noter que, dans Les Cahiers de la Jeune Nation, et cela en ne remontant pas plus loin dans le temps que dans les années 1990, Trépanier déplorait "l'écrasement ignominieux des fascismes" (!!!) Le nationalisme d'aujourd'hui conserve de bien "beaux esprits" parmi ses "penseurs", n'est-ce pas ? Mais évidemment, personne n'aura pour si peu, même dans les "trrrrèèèès objectifs" milieux académiques québécois, cherché noise à Trépanier, cet autre professeur "trrrrèèèès objectif". Il faut dire qu'en ces milieux-là, les procès, on se les réserve pour des Esther Delisle...

Évidemment aussi, le nationalisme québécois d'aujourd'hui aurait "changé", il serait devenu "moderne, progressiste et ouvert"... On n'a pourtant jamais entendu aucun nationaliste "moderne, progressiste et ouvert" critiquer, ou même se formaliser un peu, de la tristesse inconsolable d'un Pierre Trépanier pour l'écrasement des fascismes... Rien de surprenant là-dedans, toutefois : quand on admire un réactionnaire et anti-démocrate comme Pierre Falardeau, ce bouffon sinistre et grotesque, ou encore qu'on défend bec et ongles la mémoire d'un gourou raciste et fasciste comme Lionel Groulx, on peut certes faire preuve de compréhension pour la tristesse de Trépanier. Après tout, ce sont des "Patriotes", des patriotes autoproclamés peut-être, mais des patriotes quand même... mais qui sont surtout de la patrie de tous ceux qui pensent pareil... Et gare aux hérétiques, ceux-là on te les excommunie en un rien de temps de la patrie nationaliste : "Arrière, Satan !!! Sus à l'infidèle !"

J'exagère ? Pas sûr... Qu'est-ce que les nationaleux disent de quiconque les critique eux et le nationalisme (qui n'est pourtant qu'une rhétorique) et cela même si le critique est un Québécois de souche, pure laine et tout ce que vous voudrez dans le même registre ? Immanquablement, ils hurlent qu'il est "contre le Québec", qu'il fait du "Québec bashing", qu'il chie sur ses "congénères", qu'il est un "vendu", un "traître"... Tout ça parce qu'il n'y a selon nos nationaleux que la conception nationaliste du Québec qui soit tolérable et qui ait droit de cité sur le territoire québécois : T'es pas nationaliste, donc t'es pas Québécois, donc... Ouste ! Hors de la Patrie, misérable impur !!!

Au fait, eux qui carburent tellement à l'Histoire, pourquoi les nationalistes, tous "modernes, progressistes et ouverts" bien sûr, craignent-ils tellement toute critique de leur conception de l'histoire, pourquoi s'épouvantent-ils autant devant l'effort d'aborder et d'analyser notre histoire telle qu'elle était ? C'est qu'on peut soupçonner que certains mythes, auxquels ils tiennent tellement parce qu'ils servent à justifier leur rhétorique, risqueraient de prendre le bord... Et quand on a la foi, ça peut devenir périlleux tout ça...

Mais bon, revenons-en à nos moutons (pas ceux de la Saint-Jean-Baptiste, bien sûr)... Jamais un intervenant académique réellement neutre et qui se soit sérieusement penché sur les travaux en question, n'aura pourtant condamné Mme Delisle, qui a même reçu la caution (qui vaut pas mal plus que toute la liste au complet ci-dessus mentionnée) de Robert Paxton, l'une des plus grandes sommités académiques mondiales en matière d'étude du fascisme et de l'extrême-droite. M. Paxton, de l'Université Columbia, est d'ailleurs interviewé dans l'éclairant documentaire Je me souviens, du réalisateur montréalais Éric Scott.

Jusqu'à présent donc, nous ne pouvions trouver en ligne aucun document critiquant les affirmations des poncifs nationaleux et des allumeurs de bûchers. Mais c'est maintenant chose faite : la percutante postface que l'écrivain et ex-dramaturge Pierre K. Malouf avait écrite à l'occasion de la sortie, en 2002, des Essais sur l'imprégnation fasciste au Québec, d'Esther Delisle, et dans laquelle Malouf montre les contradictions et les entourloupettes des détracteurs de Mme Delisle, est désormais accessible à tous et en un seul clic.

Pour les intéressés, c'est ici : http://leffetdelisle.blogspot.com/. Le texte est découpé en six parties pour favoriser la lecture, et il est possible d'en demander par courriel la version en format Word à l'auteur.

Au moins, les gens peuvent désormais avoir facilement accès aux deux côtés de la médaille, et se faire leur propre jugement, ce dont personne ne saurait se plaindre... à moins d'avoir l'esprit volontairement bouché.

lundi, avril 14, 2008

1905 au Québec :
Seul contre
l'antisémitisme

Nos nationaleux ignorent beaucoup de faits quant à l'histoire des Québécois, particulièrement celle de ces Québécois qui ont le plus lutté pour nos libertés fondamentales et pour la modernisation de notre société. De ceux-là, pour tout dire, ils ne savent rien.

C'est qu'ils préfèrent s'adonner au culte de crapules racistes et réactionnaires, dont Lionel Groulx reste le plus en vue de nos jours. Ils lui accordent même le titre de "Grand Homme de notre histoire", "d'éveilleur de la conscience nationale des Québécois", et autres proclamations creuses du même acabit et caractéristiques de leur servilité à l'égard de ceux à qui ils confient le rôle de penser à leur place. Leur Groulx, ils y tiennent mordicus et ils le défendent toujours bec et ongles. Leur argument-massue, mais qui se révèle plutôt piteux à l'examen, consiste à justifier le caractère ignoble des thèses racistes et fascistes de Groulx en invoquant niaiseusement le "contexte" qui était le sien.

Ainsi, à en croire nos fumistes nationaleux, le "contexte" d'où aurait émergé Groulx faisait en sorte qu'on ne pouvait alors qu'être, par exemple, antisémite, parce que dans ce temps-là tout le monde l'aurait été. Même chose pour l'idéologie réactionnaire et le fascisme de Groulx et de ses sbires. Outre le fait que cette prétention constitue, en soi, une insulte à la mémoire de l'ensemble nos aïeux ayant vécu à cette époque, une étude le moindrement minutieuse des faits historiques montre qu'il s'agit là d'une grossière fausseté.

Des Québécois humanistes et progressistes qui condamnaient, par exemple, l'antisémitisme, il y en avait bel et bien, et cela dès le début du 20e siècle. Pour donner une idée du courage d'un Québécois qui, dès 1905, s'était tenu debout contre cette bêtise monstrueuse qu'est l'antisémitisme, j'ai cru bon de reproduire ici cet extrait des Mémoires de Télesphore-Damien Bouchard, dont j'avais évoqué la biographie dans La Presse, le 9 mars dernier.

Ça se passe donc en 1905, au moment des pogroms de Russie et d'Ukraine, où des paysans juifs viennent d'être massacrés par milliers. Bouchard, dans son journal libéral de Saint-Hyacinthe, L'Union, riposte à un article terriblement antisémite (et imbécile) paru dans le journal réactionnaire et clérico-nationaliste Le Travailleur, de Chicoutimi. L'auteur de cet ignoble écrit avait caché sa véritable identité en se voilant derrière un pseudonyme, Le Petit Poucet. (Décidément, il semble bien que nos nationaleux d'aujourd'hui, dont bon nombre emploient sur le web ce subterfuge déshonorant qu'est l'anonymat pour se permettre de calomnier leurs adversaires, s'inscrivent dans une véritable tradition...)

Voici donc la riposte de T.-D. Bouchard au minable Petit Poucet, tel qu'il le raconte dans ses Mémoires (chers nationaleux qui liront ces lignes, soyez avertis, vous qui n'aimez guère les écrits qui dépassent deux ou trois phrases, le texte de Bouchard est plutôt long) :


"Le sentiment des réactionnaires de l'époque, tout comme celui que professent les réactionnaires d'aujourd'hui contre la France, ne saurait être qualifié de xénophobie puisque nous sommes de descendance française. Chez eux c'était, comme c'est encore maintenant, du pur fanatisme religieux. C'était aussi ce fanatisme, plutôt que la haine de l'étranger, qui animait les réactionnaires de1905 contre nos concitoyens de langue anglaise et contre les Juifs.

Les Juifs ne jouissaient pas d'une grande influence dans le domaine politique de la province et du pays, et les cléricaux les attaquaient ouvertement. Un autre article du journal Le Travailleur de Chicoutimi me permettra d'illustrer les appels aux préjugés de race et de religion auxquels on avait recours pour soulever les Canadiens français contre leurs compatriotes d'origine juive. Je les trouvais tellement honteux et condamnables que je résolus de me constituer le seul défenseur, dans la presse française de la province, d'une classe de citoyens vilipendée si bassement par un des organes attitrés des réactionnaires du temps.

L'auteur de la diatribe du Travailleur signait "Petit Poucet". Voici, selon lui, le programme qu'il adopterait s'il était un dictateur politique :

"En outre, je mettrais tout en oeuvre pour éloigner de notre cher pays le plus redoutable de tous les fléaux, la plaie des peuples, la juiverie. Je ne commettrais pas l'inconcevable sottise de persister à recevoir à bras ouverts, pourrais-je dire, une race méprisable qui cherche sans cesse à étouffer la vraie civilisation, à anéantir le christianisme, à miner les nations, qui porte au front l'indélébile caractère de son horrible crime, et qui, déicide à travers les âges, s'efforce partout de détruire la religion divine fondée par Celui que sa haine a cloué sur la croix du calvaire".

Cet article du champion politico-religieux des réactionnaires du Saguenay m'inspira les commentaires suivants:

"Décidément, Petit Poucet n'a pas dû frémir à la lecture des horreurs que les sauvages russes de son espèce viennent de commettre dans les rangs des Juifs en massacrant des hommes, des femmes, des vieillards et des enfants parce qu'ils étaient de la prétendue race maudite. Petit Poucet a dû bondir d'indignation en apprenant que Wilfrid Laurier, un de nos grands hommes canadiens-français, avait prononcé un discours dans une assemblée convoquée dans le but de venir en aide aux malheureuses victimes de ces atrocités, qui ont enlevé au gouvernement russe toutes les sympathies qui lui restaient encore, malgré son despotisme outrancier.

Cette haine des Juifs dont le coeur de Petit Poucet est rempli, à quoi donc peut-on l'attribuer si ce n'est aux préjugés les plus aveugles ? Est-ce que les Juifs d'aujourd'hui sont responsables d'un crime qui aurait été commis par un certain nombre de leurs compatriotes, il y a dix-neuf cent ans ? Son Dieu, qu'il dit souverainement juste, pourrait-il faire peser sur la centième génération le crime d'un fou quelconque ? Nos lois, qui ne sont qu'humaines, ne sont pas assez barbares pour rendre le fils responsable des actes de son père, et on voudrait que la divinité punisse éternellement tout un peuple pour le crime des habitants d'une seule ville !

Petit Poucet ignore-t-il que ce phénomène politique et ethnologique qui s'est produit chez les Juifs est commun à un grand nombre d'autres peuples ? Que reste-t-il aujourd'hui des Huns, des Gaulois, des Francs et de tant d'autres nations qui sont disparues ? Ces peuples, si puissants un jour, n'existent plus et ils n'ont certainement pas crucifié leurs dieux. Que reste-t-il des Indiens qui habitaient notre pays ? Leur disparition aurait-elle été, elle aussi, la conséquence d'un déicide ?

Petit Poucet, apprends que la haine des Juifs est due chez toi à un des préjugés les plus injustes, et surtout apprends que parmi les Juifs, il y a des hommes fort honnêtes, comme il y a aussi de la canaille chez les Canadiens français. Tous les peuples sont constitués de la même façon ; tous ont leurs panthéons et leurs prisons.

Il y a un grand nombre de Canadiens français qui ne perdraient pas leur temps s'ils étudiaient et s'ils tâchaient d'imiter l'esprit d'économie d'une certaine classe de Juifs, leur sobriété et leur esprit de travail. Si certains d'entre eux s'enrichissent, c'est qu'ils économisent les quelques sous qu'il gagnent péniblement au lieu de les boire à l'auberge du coin ; de nombreux Canadiens français deviendraient également riches s'ils suivaient leur exemple.

Petit Poucet se dira évidemment qu'il n'est pas le seul à détester les Juifs. Malheureusement, ce n'est que trop vrai. Il ne s'ensuit pas pour cela qu'il ait raison. Les plus grandes erreurs sont ordinairement celles qui sont le fait du plus grand nombre. Les juifs se consolent en pendant que, dans tous les pays, il existe des gens éclairés qui les estiment, et dont le pays est le monde, dont la patrie est l'humanité, et leurs concitoyens, les gens de bien.

Petit Poucet n'est pas encore grand ; son estomac n'est pas assez bien conformé pour lui permettre de manger suffisamment de soupe et il ne le deviendra jamais. Sa patrie, heureusement, ne souffrira en aucun temps du fait que lui et ses semblables resteront toujours petits."

Télesphore-Damien Bouchard, L'Union (Saint-Hyacinthe), 1905, cité dans Mémoires, tome 2, Montréal, éditions Beauchemin, 1960, pp. 100-102.

C'est lorsque j'avais découvert qu'en 1905, au temps même où l'antisémitisme le plus pourri et le plus crasse étaient répandus chez nous par des ignorants fanatisés, on avait chez nous un digne compatriote, T.-D. Bouchard, pour se tenir debout contre cette peste morale, que j'ai compris l'importance de sortir de l'oubli où il est resté confiné un personnage d'une telle noblesse et d'un tel courage. Son action et son engagement, contrairement à ceux de ses adversaires réactionnaires, nous honore tous parce qu'il était, comme Louvigny de Montigny, l'un des meilleurs parmi les nôtres.

C'est de l'inspiration que l'on peut tirer de la pensée et de l'oeuvre d'un T.-D. Bouchard dont les Québécois démocrates ont besoin aujourd'hui. Mais pourtant, à peu près personne ne le connaît, tandis que l'infect Lionel Groulx est commémoré partout, en plus d'être devenu une icône à laquelle bien mal venu serait celui qui oserait lui toucher.

Aussi, quand on lit les propos de Bouchard, on comprend que le peuple avait quand même accès à de l'information juste et éclairée sur la réalité des choses quant aux prétentions ignobles des discours antisémites qui faisaient rage dans ce temps-là. D'ailleurs, le peuple de chez nous n'a, pour l'essentiel, jamais suivi nos xénophobes du temps. Les élites clérico-nationalistes étaient, elles, xénophobes. Pas le peuple.

dimanche, avril 13, 2008


L'antifascisme lucide d'un
grand écrivain québécois
... inconnu

Connaissez-vous Louvigny de Montigny (1876-1955), le Monsieur que l'on voit les bras et les jambes croisés, le deuxième à partir de la droite au premier rang de la photo ci-dessus ?

Il y a de fortes chances que non, car ce Monsieur, tout important écrivain et dramaturge québécois qu'il fût en son temps, n'avait guère de penchants pour l'idéologie réactionnaire et fasciste des cléricaux-nationalistes du genre Lionel Groulx, Maxime Raymond et Roger Varin, dont je mentionnais les "belles oeuvres" dans mon billet d'il y a deux jours.

Voici en tout cas ce que dit de lui le site des archives de l'université de Montréal, qui cependant ne fait aucunement état de son oeuvre théâtrale assez importante :

"Louvigny de Montigny est né à Saint-Jérôme en 1876. Il fait ses études au Collège Sainte-Marie et à la Faculté de droit de l'Université Laval à Montréal. Il s'oriente vers le journalisme. Il est fondateur et rédacteur en chef du journal Les débats et de la Gazette municipale. Il participe à la fondation de l'École littéraire de Montréal dont il est le premier secrétaire-archiviste (1895). Poète, il publie dans les journaux montréalais. Il est traducteur au Sénat du Canada de 1910 à 1955. Membre de la Société des écrivains canadiens, il en assume la vice-présidence pendant quelques années. Il est nommé chevalier de la légion d'honneur en 1925. Il fait connaître Maria Chapdelaine de Louis Hémon qu'il découvre dans le journal parisien Le temps. Les essais et les contes de Louvigny de Montigny dépassent les frontières du Québec, son livre La revanche de Maria Chapdelaine est couronné par l'Académie française (1937). Son essai Au pays de Québec remporte le prix Ernesta Stern (1945). Collaborateur de La Presse, il s'est surtout intéressé au problème de la langue française au Canada."

Les Louvigny de Montigny du Québec, dont le souvenir dort dans les archives universitaires, auront été tout simplement évacués de la version officielle de notre histoire. Leur apport à notre culture aussi... J'aurais d'ailleurs préféré trouver une photo où l'on pourrait mieux percevoir les traits de Louvigny de Montigny, mais il n'y a rien d'autre sur le Net. Ce personnage qui a joué un rôle important pour la culture de chez nous et son rayonnement international, ayant notamment été, avec Nelligan, fondateur de l'École littéraire de Montréal, et ayant aussi été "rien que" celui qui aura fait connaître le roman Maria Chapdelaine, est à toutes fins utiles complètement éliminé de notre histoire et de notre culture.

(Pour pouvoir trouver les oeuvres de Louvigny de Montigny, qui n'ont jamais été rééditées, on en est réduit à fouiner dans les bonnes librairies de livres anciens, ou en scrutant la liste de cette page d'
Abebooks, d'où on peut les commander par la poste chez des libraires dont la plupart sont établis au Québec.)

Pardon : Louvigny n'aura en fait pas tout-à-fait été oublié... Lionel Groulx le mentionne dans ses Mémoires, écrits à la fin des années cinquante et au début des années soixante. C'est que Louvigny de Montigny avait osé critiquer, dans les années 1920, le roman minable et raciste de Groulx, L'Appel de la Race. Le bon chanoine évoque donc son nom, en page 88 du tome 2 de ses Mémoires, en soulignant que de Montigny "était associé à une Juive". N'oublions pas que nous sommes, au moment où Groulx écrivait ces lignes, à la fin des années 1950, alors que nous savions combien il pouvait être malséant de proférer quelque parole à connotation antisémite que ce soit, vu les événements de la deuxième guerre mondiale. Puis Groulx, croyant que d'avoir relevé le fait que de Montigny était marié à une Juive suffirait à discréditer sa critique, tente péniblement et d'une manière qui ne convainc personne qui soit le moindrement fûté, de faire fi de ladite critique. Et après cela, "Groulx n'était pas antisémite", se complaisent toujours à prétendre ceux qui le vénèrent encore de nos jours et qui s'enorgueillissent de voir des édifices universitaires, un Cégep et une station de métro dédiés à un personnage aussi ignoble.

Mais passons... Un fait intéressant par rapport à Louvigny de Montigny est une préface qu'il avait écrite à un de ses livres, Au pays de Québec, écrit en 1943, justement la même année où Roger Varin présentait à Maxime Raymond le bel ouvrage dont je vous parlais dans mon billet d'avant hier. La guerre faisait encore rage. Cette préface, Louvigny l'avait adressée à son petit-fils, qui n'avait alors pas encore un an. En voici un extrait significatif :

« La vie t'enseignera, mon cher enfant, qu'un homme de saine conscience s'apparente à tout son prochain, qu'il devient citoyen du monde, et peut jouir à coeur ouvert des bénéfices qu'à maints égards lui procurent ses congénères de n'importe quel coin de la vaste terre, seulement dans la mesure où lui-même respecte leur éthique particulière, reconnaît leurs bonnes intentions, participe à leurs souffrances et à leurs joies.

J'ai résisté à l'ironie qui me poussait à décrire des états d'âme que la guerre a suscités parmi nos gens : benêts et vaniteux coloniaux qui tiennent rigueur de leur infériorité à la France aussi bien qu'à l'Angleterre, prêcheurs de l'isolationnisme, racoleurs de votes, profiteurs des calamités publiques. Le cautère de la caricature conviendrait mieux à ces trublions qui ont fait de leur mieux pour saboter notre élan national, en ergotant sur la légitimité de cette guerre, du conflit déclenché, à leur avis, pour assurer la suprématie financière ou politique d'une puissance qui nous est étrangère sur une autre qui nous l'est tout autant.

Les millions de victimes innocentes de l'horreur nazie n'intéressent nullement ces messieurs. (...) Cette prostitution de la guerre ne les révolte en rien. Il leur est égal que le boisseau nazi étouffe le génie français qui a assuré et continue d'assurer la survivance au pays de Québec. Les exploiteurs du patriotisme perverti se manifestent dans tous les pays du monde, et les nôtres ne présentent pas d'originalité qui vaille qu'on la souligne.

Si peu que durent nos grelus écrits, je me suis donné bien garde de prolonger d'un jour la mémoire de ces agitateurs et de ces récalcitrants qui, dans le péril mondial et l'angoisse universelle, se comportent plus bêtement que des autruches. Efforçons-nous, au contraire, à les faire oublier au plus vite, afin de laisser le champ libre à l'Histoire ; il lui appartient d'attester l'ardeur de nos armées volontaires qui sont allées à l'ennemi pour préserver de la barbarie notre civlisation méditerranéenne, pour défendre de loin notre pays de Québec et le Canada tout entier, qui ont inscrit le nom canadien au rôle de l'honneur et ont fort allongé la liste des héros dont nous pouvons nous réclamer. »


Après avoir lu pareil écrit, on comprend pourquoi Lionel Groulx ne pouvait porter un Louvigny de Montigny dans son coeur et qu'il ne put s'empêcher, même à la fin des années cinquante, de le stigmatiser comme étant "associé à une Juive", le mélange des races étant précisément la prétendue "horreur suprême" que Groulx avait voulu dénoncer dans son roman pourri "L'Appel de la race"... que Louvigny avait eu l'effronterie de critiquer, plus de 35 ans plus tôt.

Quand les nationaleux utilisent le prétexte du "contexte" pour justifier l'idéologie réactionnaire et d'extrême-droite de ces minables crapules qui leur servent de héros, de même que leur parti-pris pro-fasciste durant la guerre, ils se révèlent au mieux d'une ignorance tout à fait crasse, et au pire d'une révoltante hypocrisie. En plus, ils se moquent de nous, en nous prenant tous pour des cruches épaisses qu'ils n'ont qu'à remplir de leurs préjugés et de leurs faussetés quant à l'histoire réelle.

C'est que des esprits humanistes, démocrates, libres-penseurs, des esprits donc qui surent, au contraire des nationaleux réacs, faire preuve, eux, de décence humaine devant la nécessité de combattre la barbarie fasciste, nous en avions bel et bien plein au Québec. Louvigny de Montigny était l'un de ceux-là, comme le montre cet extrait de sa préface à Au pays de Québec. Et ils étaient tous issus du même "contexte" historique que nos leaders nationalistes réactionnaires, sauf qu'ils auront, eux, fait le choix de lutter contre la barbarie du fascisme, au lieu d'en chanter les louanges comme Lionel Groulx, Maxime Raymond, Roger Varin et consorts...

Les nationalistes, en nous privant de la connaissance de la vie et de l'oeuvre des vrais champions de nos libertés, et en leur refusant toute commémoration alors qu'ils ne cessent de vénérer le souvenir des crapules qui servaient de leaders à leur mouvement réactionnaire, nous ont volé notre propre histoire. En plus, ce qu'ils ont fait au souvenir de nos hommes et femmes de culture qui étaient anti-réactionnaires, témoigne de la haine de la culture qui, je suis l'un de ceux qui le croient profondément, est consubstantielle à la rhétorique nationaliste. Tout cela ne devrait-il pas pouvoir choquer, au moins un peu, les Québécois ? Il est plus que temps qu'ils s'ouvrent enfin les yeux, il me semble...

Mais je me console en me disant que c'est la première fois, par le moyen de ce modeste blogue, que cet écrit de Louvigny de Montigny se voit diffusé sur le web. Un peu comme une bouteille lancée à la mer, j'espère que d'autres le liront, et qu'ils le feront connaître à leur tour. Ce ne serait que rendre justice à Louvigny de Montigny que de contribuer à ce que ce grand homme de culture, qui fut l'un des meilleurs des nôtres, sorte enfin de l'oubli dans lequel il a été maintenu jusqu'ici...

"Je me souviens", qu'y disent...

samedi, avril 12, 2008

Le libre-penseur
et le
bouffon réac...

D'abord le libre-penseur : dans le magazine VOIR du 3 avril, un très éclairant article de Christian Saint-Pierre, qui relate brièvement mais adéquatement le contenu du coffret DVD-livre Un sur mille, dédié à l'oeuvre et à la pensée du dramaturge René-Daniel Dubois. Mais que les potentiels intéressés soient bien avertis : ce coffret, c'est de la dynamite qui pulvérise la pensée unique à la québécoise et ses interdits. Âmes frileuses s'abstenir...

Ensuite, le bouffon réac : cette semaine dans l'autre hebdomadaire culturel, le ICI Montréal, le chroniqueur Michel Vézina (qui vient de publier un roman : La machine à orgueil) nous dévoile le fond de sa pensée au sujet du Guide Spirituel de nos réactionnaires, l'Imam Pierre Falardeau. Extrait de la chronique Bord en Bord :

" (...) Ça n'a rien à voir, mais j'ai croisé André Brassard il y a quelques jours rue Masson. Toujours aussi moqueur, toujours l'oeil aussi baveux et aussi magnifiquement intelligent. Ce regard impétueux et goguenard me manque dans le paysage artistique. Pas assez de lui, et trop de Falardeau. J'ai beau essayer de l'ignorer, mais l'omniprésence de sa grande face d'âne mal dentu me hérisse le poil des sourcils ! Ce bonheur qu'il a à arborer sa connerie, aveuglé derrière sa carotte d'épouvante, incapable de se rendre compte qu'à force de traiter tout le monde de con, c'est sa propre imbécillité qu'il met en scène."

J'aurais jamais pu si bien dire moi-même. Quin toé, Falardeau le bouffon réac... Le propos de Vézina me rappelle toutefois celui de Voltaire: "Ce qui est méprisable est dangereux tant qu'il n'est pas assez méprisé"...

vendredi, avril 11, 2008



Mes amis nationaleux
vont être jaloux...

En bouquinant aujourd'hui (en fait en mettant sens-dessus-dessous une superbe librairie d'occasions peu connue mais pleine de trésors, Bibliomanie, rue Ste-Catherine Ouest), j'ai obtenu une récolte plus qu'intéressante.

D'abord, un volume comprenant l'intégralité des pièces du procès de la cause judiciaire, en 1893, de la Canada-Revue contre l'archevêque de Montréal. La Canada-Revue était une publication littéraire montréalaise animée par des esprits libres, dont le grand Louis Fréchette, qui ne tenaient pas à se laisser museler par la censure cléricale. Procès épique que celui-là, qui montre combien la liberté de penser au Québec était combattue par les cléricaux-nationaleux, et aussi combien les gens d'esprits libres savaient se battre brillamment contre la pensée unique du temps. Soulignons en passant que ce livre fut publié en 1894, en français et sous les soins de l'anticlérical Aristide Filiatrault qui en a organisé le contenu, par un éditeur anglophone, John Lovell & Son... probablement un autre de ces ogres anglos qui, aux dires de nos nationaleux, se sont toujours évertués à étouffer la culture francophone de chez nous...

J'ai fait plein d'autres trouvailles inespérées, mais celle qui est de loin la meilleure s'avère d'une tout autre mouture que ce livre que je viens de mentionner ; en fait, cette trouvaille est surtout d'un très grand intérêt pour mes bons amis nationaleux (précision, au cas où : par nationaleux, je veux dire les nationalistes sectaires comme Paul-Henri Frenière le Béotien de Saint-Hyacinthe, le bouffon enragé Pierre Falardeau, l'Anonyme Martyr Nationaleux, les "Jean Dunois" et "Marianne Vaucouleurs" du site Vigile, la gang du journal Le Québécois et autres réactionnaires et illuminés du même acabit. Ceux qui sont démocrates dans la mouvance indépendantiste et qui se montrent capables de discuter ou débattre intelligemment, je les appelle indépendantistes, tel que je l'ai précisé à quelques reprises dans ce blogue).

Mes amis nationaleux vont en baver de jalousie : la trouvaille en question, c'est un petit livre, publié en 1943 à Montréal par les éditions Fides, d'une très haute valeur historique. Son titre est très touchant : Pétain dans ses plus beaux textes. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Pétain, Philippe de son prénom, était un maréchal de l'armée française qui, lors de l'invasion allemande de la France en 1940, avait pris la tête d'un régime ultraréactionnaire et d'extrême-droite, appelé régime de Vichy, qui avait collaboré avec les nazis pour mieux étouffer la France démocratique et progressiste, c'est-à-dire cette France de la République et des Lumières. Sur la photo ci-haut, on peut voir Pétain, à gauche, serrant la main d'Hitler à Montoire, le 24 octobre 1940, jour où Pétain annonça la politique de collaboration de son régime avec l'occupant nazi.

Durant les années d'occupation nazie de la France, l'intelligentsia nationaliste québécoise se pâmait de ferveur pour le régime collaborationniste et pro-nazi de Pétain. Lionel Groulx vantait constamment les mérites et chantait la gloire de ce régime correspondant parfaitement à ses rêves réactionnaires, dont, soit dit en passant, se réclamait il n'y a pas très longtemps le directeur du journal réactionnaire Le Québécois et fidèle parmi les fidèles disciples de l'Imam Falardeau, l'ineffable docteur Patrick Bourgeois, qui invoquait béatement "le rêve de Lionel Groulx" pour parler du beau genre de société que lui et ses semblables cherchent de nos jours à imposer aux Québécois.

Si je vous disais que mes amis nationaleux vont en baver de jalousie, les pauvres, c'est que l'exemplaire que j'ai acheté aujourd'hui de ce livre, publié dans la Collection du message français, dont la charmante vocation consistait à diffuser chez nous les écrits de l'extrême-droite collaborationniste française, est très spécial. En effet, en page 3 du livre, on retrouve, imprimée, la mention suivante:

Roger Varin, directeur de la COLLECTION DU MESSAGE FRANÇAIS, a fait tirer de cet ouvrage cent dix exemplaires, dont dix exemplaires hors-commerce, sur papier coquille teinté, numérotés de I à X, le premier exemplaire réservé à
MONSIEUR MAXIME RAYMOND

CHEF DU BLOC POPULAIRE CANADIEN

et cent exemplaires sur papier coquille blanc
numérotés de 1 à 100.

Cet ouvrage est publié selon une permission spéciale du chef de l'État français, le Maréchal Pétain, accordée au directeur de la COLLECTION DU MESSAGE FRANÇAIS.


Figurez-vous donc que l'exemplaire que j'ai acheté aujourd'hui est numéroté du chiffre romain I, et qu'il porte la dédicace suivante, écrite à la main:

Monsieur Raymond,
Écoutons le Maréchal qui nous invite à la plus haute espérance.
Roger Varin, 29 mai 1943

Juste à droite, en guise de présentation de l'émouvant recueil de discours du chef de la collaboration avec les nazis en France, nous trouvons le texte suivant, dont le lyrisme n'est pas sans similitude avec celui des textes publiés de nos jours dans le journal réactionnaire Le Québécois :

Nous formons un groupe de jeunes. Et nous croyons - à cause de leur logique, de leur force intérieure et de leur orientation vers le Vrai But - que les harangues reproduites dans ces pages se trouvent les plus belles de l'Histoire.

Elles composent - pour nos temps d'aujourd'hui - un message sain, solide, conforme à la vérité, le plus digne peut-être de figurer dans celle collection du message français.

Le programme de rénovation spirituelle et matérielle qu'elles proposent devrait inspirer nos coeurs dans la reconstruction nécessaire de notre pays.


Eh oui ! c'est donc moi, l'affreux rouge, celui que les nationaleux réactionnaires désignent, dans le délire de leurs fantasmes, comme le "vil scélérat" et "mercenaire de la plume" "grassement payé" par les "forces immondes qui ne songent qu'à assujettir le Québec", qui suis désormais le propriétaire de cette superbe pièce de collection faisant partie du plus beau patrimoine littéraire de nos nationaleux réactionnaires. Je peux comprendre l'immense frustration que nos nationaleux doivent ressentir en songeant au fait que je souille de mes mains sales et gluantes ce joyau littéraire propre à nourrir leur ferveur réactionnaire, et qui, pour cette raison, aurait dû leur revenir à eux.

Rappelons que Maxime Raymond, à qui cet exemplaire fut solennellement remis, était le chef du Bloc populaire canadien, un parti ultranationaliste, ultracatholique et crypto-fasciste qui s'opposait farouchement à la participation du Canada à la guerre contre la barbarie nazie. C'est que, pour ce parti dont Lionel Groulx était le maître à penser, les méchants c'était les Anglais, et les fascistes étaient les bons. Après sa carrière politique qui prit fin en 1949, Maxime Raymond a admirablement su continuer à se dévouer pour le rayonnement de l'idéologie réactionnaire : fondateur de la Fondation Lionel-Groulx, du nom du gourou des réactionnaires et autour de laquelle gravite toujours l'essentiel de notre intelligentsia nationaliste, Raymond n'aura entre autres pas manqué de s'impliquer dans les campagnes visant à protéger des traîtres à leur nation, assassins de résistants français et collabos nazis "réfugiés" au Québec après la guerre, dont le sinistre Bernonville.

Il est également à souligner qu'était inséré dans le précieux exemplaire dont je suis désormais l'indigne propriétaire, un vieil article de journal prenant la défense de Pétain durant son procès après la Libération, et que Maxime Raymond avait vraisemblablement découpé afin de le conserver précieusement, ce qui indique assez clairement que sa dévotion pour Pétain se poursuivait même après qu'aient été pleinement dévoilés les faits entourant son régime tyrannique et la réalité de sa trahison à l'égard de son propre pays.

Remarquons également que certains héros plus contemporains à nous du mouvement nationaliste, Camille Laurin et Denis Lazure par exemple, étaient eux aussi de fervents défenseurs de Bernonville et des autres collabos "réfugiés" chez nous. Laurin approchait la trentaine à cette époque, donc ce n'était pas une simple erreur de jeunesse, et Lazure avait environ 25 ans. Les deux ne se sont jamais dédits de leur édifiant engagement en faveur de ces crapules collabos. Sur l'affaire des collabos réfugiés français "réfugiés" au Québec, ceux et celles qui veulent en savoir plus liront avec intérêt le livre d'Yves Lavertu : L'Affaire Bernonville, éditions VLB, 1994. Ils visionneront avec autant d'intérêt le documentaire d'Éric Scott, Je me souviens.

D'où, je dois dire, mon plus grand amusement quand j'entends de nos jours nos nationaleux réactionnaires traiter de "traîtres", de "collabos" ou de "valets de l'occupant" les Québécois francophones qui commettent l'hérésie de s'opposer à leurs "rêves" totalitaires... Au vu et au su de l'histoire de leur propre mouvement qui avait pris la défense de vrais traîtres, de vrais collabos et de vrais valets de l'occupant, le moins qu'on puisse dire, c'est que ce n'est pas une poutre que nos nationaleux réactionnaires ont dans l'oeil, mais plutôt un édifice de cinquante étages... :-)

P. S. : Bibliophiles à la recherche de trésors, allez faire un tour à la librairie Bibliomanie (514-933-8156), où j'ai déniché ce joyau et bien d'autres vieux ouvrages de qualité et rares. En plus de l'immensité du choix, son propriétaire est un Monsieur très gentil et passionné de son métier avec qui j'ai trouvé plaisir à discuter longuement...