«Vertueuse» hypocrisie: nouvelles preuves
Voilà que la nouvelle sort: dans son rapport déposé aujourd'hui auprès du Directeur général des élections du Québec, le juge à la retraite Jean Moisan révèle que le Parti Québécois a reçu, de 1995 à 2000, $96 400 en contributions illégales de Groupaction.
Tandis que le PQ et les indépendantistes attaquaient et insultaient les fédéralistes et TOUS les libéraux en les accusant d'être TOUS des «corrompus», les dirigeants de ce parti savaient donc bel et bien qu'ils avaient reçu de l'argent sale de la part de Jean Brault, qui était d'ailleurs un membre du PQ et un fier indépendantiste, tel qu'il l'avait affirmé lors de sa comparution devant la commission Gomery. Les dirigeants du PQ ont donc fait preuve d'une grande hypocrisie en insultant ainsi tous les fédéralistes, alors qu'eux aussi ont profité du même genre de magouille.
Bien entendu, on peut déjà prévoir la riposte des indépendantistes: ce devait être un juge fédéraliste et libéral qui a produit ce rapport, et ceci même si c'est le Directeur Général des élections du Québec, nommé au moment où le PQ était encore au pouvoir, qui a rendu public ce même rapport. Ou encore, ils diront que l'argent illégalement reçu par le PQ n'est qu'une goutte d'eau en comparaison avec les fédéralistes, ce à quoi on peut leur répondre que si le PQ s'est permis comme il l'a fait d'accuser tous les fédéralistes de corruption et qu'il se drapait dans une «vertu» des plus hypocrite tout en encaissant allègrement les cadeaux de Jean Brault, c'est que ce parti n'a de leçon de morale à donner à personne.
D'autres clameront que le «vrai scandale», ce serait les $250 millions payés par le fédéral pour «laver le cerveau» des Québécois. Mais j'aurai bientôt des petites nouvelles pour ces gens: les opérations de publicité et de propagande partisane du PQ alors qu'il était au pouvoir, surtout durant l'année précédant le référendum de 1995, dépassaient largement cette somme, et furent payées à même les fonds publics. J'ai fait venir des documents dans le cadre de la loi sur l'accès à l'information, et je suis en train d'en rédiger un survol pénétrant, qui comprend également les firmes qui ont bénéficié de ces contrats de cette publicité gouvernementale qui relevait de la propagande pure et simple. Ainsi, on verra bien qui peut prétendre jouer les détenteurs du monopole absolu de la vertu, et là aussi, nos indépendantistes radicaux apprendront qu'ils auraient à se retenir avant d'accuser les seuls fédéralistes d'être des adeptes du «lavage de cerveau»...
Mais l'épisode révélé aujourd'hui ne devrait réjouir personne, mais plutôt inviter tout le monde à réfléchir sur le fait que dès qu'il y a des enjeux de pouvoir, la corruption et la tentation d'utiliser les fonds publics à des fins partisanes ou malhonnêtes surgissent très rapidement. AUCUN parti, AUCUN camp politique n'est à l'abri de ce genre de manoeuvre. Aussi, chacun devrait réfléchir et regarder ce qui se passe dans son propre camp avant de proférer des accusations grossières contre tous ceux qui sont de l'autre camp. Ce n'est pas parce que certains corrompus se retrouvent, hélas inévitablement, dans un parti que l'ensemble des militants de ce même parti devraient subir des insultes comme les torrents d'insultes que les fédéralistes ont subi depuis deux ans.
En fait, il faut toujours se méfier de quiconque prétend au monopole de la pureté et ne voit de mal que dans ses adversaires. C'est toujours là le signe d'un certain aveuglement, et surtout d'une certaine hypocrisie. De mon côté, je n'ai jamais hésité à dénoncer les agissements de certains dans le camp fédéraliste (plusieurs billets de ce blogue en témoignent), parce que je crois qu'il faut savoir faire le ménage dans son propre camp, et cela en tout temps.
Le PQ savait que Groupaction lui versait de l'argent illégalement
Jocelyne Richer
Presse Canadienne
Québec
21 juin 2006
La direction du Parti québécois (PQ) était au courant que Groupaction lui avait versé, illégalement, des sommes, pour un montant total de 96 400 $, entre 1995 et 2000, selon l'enquête menée par le juge à la retraite Jean Moisan, pour le compte du Directeur général des élections (DGE). «Le parti connaissait cette situation et il fermait les yeux», écrit le juge, dans son rapport remis au DGE et rendu public mercredi. Si le juge se montre sévère envers le Parti québécois, il exonère de tout blâme le premier ministre et chef du Parti libéral du Québec (PLQ) Jean Charest.
Il en vient à la conclusion qu'«aucune preuve suffisamment solide et convaincante» porte à croire qu'il a reçu 50 000 $ de Groupaction, en 1998, pour financer sa campagne, lors de l'élection générale, contrairement à ce qu'affirmait Jean Brault, durant la Commission Gomery. Le PLQ a cependant reçu 8325 $ de Groupaction, mais contrairement à ce qui s'est passé au PQ, rien ne prouve que les autorités du parti étaient au courant, selon le juge Moisan.
Ce dernier formule toute une série de recommandations, visant à resserrer le contrôle du financement des partis politiques. Ainsi, pour mettre fin aux «contributions déguisées», on devrait permettre aux personnes morales — incluant les compagnies — de contribuer à hauteur de 15 000 $ annuellement au financement des partis politiques, alors qu'actuellement toute contribution est interdite. De plus, le montant maximal des contributions individuelles aux partis politiques devrait passer de 3000 $ à 5000 $. Cependant, toute contribution individuelle devrait être accompagnée d'une déclaration signée attestant que la personne ne sera pas remboursée ou compensée d'aucune façon.