dimanche, mai 28, 2006

Nos fanatiques
jouent-ils à
Jeanne d'Arc?

Dans mon billet d'hier, je mentionnais que l'un de mes inquisiteurs répand son fanatisme et son intolérance sur Internet en se masquant «courageusement» sous le pseudo de «Jean Dunois», qui était le nom d'un chef militaire français qui, au XVe siècle, était le compagnon d'armes de Jeanne d'Arc dans son combat contre les Anglais.

Voilà aujourd'hui que je découvre un autre fait relatif à l'histoire de Jeanne d'Arc, et qui semble indiquer qu'il n'y en aurait pas qu'un seul parmi les fanatiques qui me harcèlent sur Internet qui serait «inspiré» par la vie de celle qui entendait des «Voix Célestes». En effet, une certaine «Marianne Vaucouleurs» a elle aussi, au cours de la dernière année, consacré de son précieux temps à me diaboliser sur certains cyber-forums. Un exemple de sa prose délirante se trouve notamment sur cette page:
http://www.vigile.net/05-10/TL-8.html. D'ailleurs, le «Jean Dunois», la semaine dernière, qualifiait d'«écrit génial» cette exposition du délire de sa compagne d'armes...

Or, en lisant ce matin le premier tome de l'Essai sur les Moeurs de Voltaire, qui constitue une panorama exhaustif de l'histoire de la civilisation humaine faite par le grand auteur français, et qui démystifie la plupart des fables politico-religieuses qui servaient jusque-là d'interprétation de l'histoire humaine, je suis tombé sur ceci:

«Un gentilhomme des frontières de Lorraine, nommé Baudricourt, crut trouver dans une jeune servante de cabaret de Vaucouleurs un personnage propre à jouer le rôle de guerrière et d'inspirée. Cette Jeanne d'Arc, que le vulgaire croit être une bergère, était en effet une jeune servante d'hôtellerie, "robuste, montant à chevaux à poil, comme le dit Monstrelet, et faisant autres apertises que jeunes filles n'ont point accoutumé de faire". On la fit passer pour une bergère de dix-huit ans. Il est cependant avéré, par sa propre confession, qu'elle avait alors vingt-sept années. Elle eut assez de courage et d'esprit pour se charger de cette entreprise, qui devint héroïque. On la mena devant le roi à Bourges. Elle fut examinée par des femmes, qui ne manquèrent pas de la trouver vierge, et par une partie des docteurs de l'université et quelques conseillers du parlement, qui ne balancèrent pas à la trouver inspirée; soit qu'elle les trompât, soit qu'ils fussent eux-mêmes assez habiles pour entrer dans cet artifice: le vulgaire le crut, et ce fut assez.»

Au moment où j'avais découvert les écrits frénétiques que cette dame m'a dédiés, je me disais que «Vaucouleurs» était bien singulier pour un nom de famille. Je me doutais bien qu'il s'agissait d'un pseudo qui cachait le nom réel de cette auteure «inspirée», mais j'en étais alors resté là, jugeant inutile de tenter d'en chercher plus longtemps la signification.

Mais aujourd'hui, par cette oeuvre de Voltaire, tout s'éclaire: «Marianne», prénom attribué à la France, et «Vaucouleurs», nom du patelin d'où a été dénichée la cabarettière Jeanne d'Arc pour forger de toute pièce une légende mystico-politique ayant servi à faire adhérer les masses des crédules et superstitieux de l'époque aux intérêts et au maintien du pouvoir de ceux qui se servirent d'elle. (Notons en passant que l'Église catholique, ayant toujours eu une forte propension à canoniser les héros des fables qui servent à nourrir la superstition et l'ignorance des masses, n'a pas manqué de faire de Jeanne d'Arc une «Sainte»...).

Donc, par le choix de ce pseudonyme, notre «Marianne Vaucouleurs», Chevalière de l'Indépendance québécoise, est fort probablement une personne qui se considère tout aussi «inspirée» que Jeanne d'Arc et qui s'identifie intimement à elle, d'où le ton délirant des proses fanatiques qu'elle se plaît à répandre dans les cyber-forums.

Avec au Québec une «Marianne Vaucouleurs» bien épaulée dans son combat par cet autre Preux Chevalier de l'Indépendance, «Jean Dunois», nous savons désormais qu'au moins certains parmi nos fanatiques et inquisiteurs indépendantistes, dans leur psychisme troublé, s'indentifient à l'épopée racontée dans la fable de Jeanne d'Arc. Sans doute donc que notre «Marianne Vaucouleurs» et notre «Jean Dunois» québécois, à l'instar de l'héroïne et du héros légendaires dont ils se croient peut-être les réincarnations, prennent eux aussi leurs ordres de combat d'une «Voix Céleste» qui les enjoint à pulvériser impitoyablement ceux qui personnifient à leurs yeux, dans le Québec du XXIe siècle, les «Vils Anglais» et les «Vilains Ennemis de la Patrie Sacrée»...

Le fanatisme trouve toujours sa source dans un certain déséquilibre mental: les chances se montrent donc très bonnes que nos «Marianne Vaucouleurs» et «Jean Dunois» du Québec d'aujourd'hui nous en aient offert une nouvelle et éloquente démonstration...