mardi, février 14, 2006

Le seul et unique Martin Beaudin-Lecours


Martin Beaudin-Lecours, dont je fais l'agréable connaissance aujourd'hui même, a eu l'amabilité de m'informer qu'il a publié un texte critique à mon égard sur son blogue, que je viens de visiter et qui, au demeurant, semble fort intéressant.

Je lui réponds ici-bas (mes propres commentaires en lettres italiques bleues suivront chaque paragraphe du texte de M. Beaudin-Lecours), mais d'entrée de jeu, je veux expliquer pourquoi j'intitule cette réponse "Le seul et unique Martin Beaudin-Lecours". C'est que M. Beaudin-Lecours fait partie de ces gens qui semblent ressentir le besoin de toujours faire mettre aux autres une peau qui n'est pas la leur, comme si ça ne pouvait suffire que d'être soi-même, tout simplement. En ce qui me concerne, j'ai bien assez d'avoir à me subir moi-même et à parler en mon propre nom sans avoir à porter en plus l'identité d'un autre.

Ainsi donc, selon M. Beaudin-Lecours, je serais un «nouveau Alain Dubuc», un «nouveau René-Daniel Dubois»!!! J'ai très peu en commun avec M. Dubuc, qui est pas mal plus à droite que moi. Mais moi, «un autre René-Daniel Dubois»?... Ouffff!!!! Déjà, être un Dubuc sans en être un, c'est déjà énorme, et là, avoir à être en plus un Dubois, disons que c'est bien trop (même si je me sens plus d'affinités idéologiques avec Dubois qu'avec Dubuc!) !!! On me fait chausser des pointures bien trop grandes pour moi, à moins qu'on veuille me rendre schizoïde (il est vrai que plusieurs, dans leur maladie mentale, sont persuadés qu'ils sont Napoléon, Jésus-Christ, etc., mais je vous assure que je n'en suis pas encore là, ni même au simple dédoublement de personnalités, qui est un stade moins élevé dans la hiérarchie de la folie...)

Donc, je m'adresse non pas à un quelconque «nouveau Lionel Groulx», ou à un «nouveau Pierre Bourgault» ou à un «nouveau» qui que ce soit d'autre, mais au seul et unique Martin Beaudin-Lecours, car l'univers entier a mis 14,5 milliards d'années depuis le Big Bang pour n'en produire qu'un seul, tout comme elle l'a fait pour un seul moi-même (et Dieu merci, quand je serai crevé, il n'y en aura pas d'autre!!!).

Enfin, j'imagine, de toute façon, que M. Beaudin-Lecours sera d'accord avec moi sur le fait qu'un seul soi-même dans tout l'univers espace-temps, c'est bien assez, voire presque trop!

Le prochain Alain Dubuc?

Par Martin Beaudin-Lecours
http://martinbeaudinlecours.com/2006/02/12/le-prochain-alain-dubuc


Bon, c’est connu, La Presse a un fort penchant fédéraliste. Ses éditorialistes s’unissent pour défaire l’argumentaire souverainiste et réduire l’importance des appuis à la souveraineté dès que l’occasion se présente. Alain Dubuc, en particulier, réinvente le Canada régulièrement et n’hésite pas à utiliser des arguments à la limite de la démagogie pour dénigrer le mouvement souverainiste.

Il est vrai que la ligne éditoriale de La Presse est fédéraliste. Si on devait condamner ce journal pour cette unique raison que sa page éditoriale a une ligne politique (mais pas ses chroniqueurs, ex: Pierre Foglia), ne devrait-on pas condamner Le Devoir pour sa ligne indépendantiste et nationaliste? J'avoue que je ne perds guère de temps à dénoncer Le Devoir, car c'est le droit de chaque journal de décider de son orientation politique, même si toutefois je pourrais m'amuser à vous paraphraser parfaitement, M. Beaudin-Lecours:

«Bon, c'est connu: Le Devoir a un fort penchant indépendantiste. Ses éditorialistes s'unissent pour défaire l'argument fédéraliste et réduire l'importance des appuis au fédéralisme dès que l'occasion se présente. Michel Venne, en particulier, réinvente le Québec régulièrement et n'hésite pas à utiliser des arguments à la limite de la démagogie pour dénigrer le mouvement fédéraliste

Sauf que, en disant seulement cela, je n'aurais pas démontré grand chose...

Donc, je ne commencerai pas à diaboliser les éditorialistes du Devoir, ayant bien d'autres chats à fouetter. Pour ce qui est des arguments «à la limite de la démagogie» d'Alain Dubuc, je veux bien qu'on le dénonce si c'est le cas, mais ceci devrait être fait de façon rigoureuse. Je veux dire: vous devez prendre un argument de M. Dubuc, et démontrer ensuite
en quoi, pourquoi et comment son propos serait démagogique. Autrement, il serait triste d'avoir à vous dire que c'est plutôt vous, M. Beaudin-Lecours, qui sombrez dans la démagogie, car la démagogie consiste aussi à lancer des énormités accusatoires sans appuyer celles-ci d'aucun fondement.

Dans son forum, La Presse laisse plus de places au souverainistes qui osent y écrire. Faut bien que son forum paraisse neutre! Sauf qu’à voir combien de fois ils ont publié ces derniers mois les textes de Daniel Laprès, on se demande s’ils n’ont pas trouvé le digne successeur d’Alain Dubuc.

Dans sa rubrique «Québec Grand Angle», il y a 4 panelistes: Mathieu Laberge, Stéphane Kelly, Geneviève Nootens et moi-même. À ce que je sache, je suis le seul fédéraliste face à trois «souverainistes». Et La Presse m'a publié une fois par mois depuis octobre, tout comme pour chacun des trois autres panelistes.

Ce Daniel Laprès est membre du Réseau démocratique canadien. “Réseau” et “canadien”, déjà ça sonne “multiculturalisme canadien”. En plus son texte parait dans une série intitulée “Québec grand angle” sous le gand titre “Le nationalisme obligatoire”. Mmmmm, ça pue… Et à lire le sous-titre, on ne peut plus se tromper, on va encore casser du sucre sur le dos des souverainistes: “Que dire de cette tendance à faire de notre “différence” un absolu qui justifierait le démantèlement du Canada?”

Ah bon?! Là vous m'étonnez! En quoi le mot «Réseau» conduit-il à «multiculturalisme»? Vous éveillez ma curiosité... Vous jouissez sûrement de connaissances étymologiques que je ne possède pas. Et «Canadien», ce n'est peut-être pas un terme qui vous plaît, et c'est votre droit. Mais ce n'est pas synonyme de «nazi», quand même! Que le titre de cet article «pue», ça, c'est selon l'odorat de chacun. Comme vous êtes nationaliste, vous ne devez pas aimer, en effet... Enfin, pour le «cassage de sucre», les débats existent pour cela, en autant que ça ne sombre pas dans la haine et la déshumanisation de celui qui a un point de vue opposé. À moins que vous soyez, M. Beaudin-Lecours, un adepte fervent de la pensée unique?

L’article n’est pas commencé qu’on voit déjà tous les sous-entendus. “Québec grand angle” pour suggérer une vision plus globale qu’à l’habituel, trop sectaire. “Nationalisme obligatoire” indique qu’on se plaindra du sentiment d’ostracisme que vivent ceux “qui osent penser différement” comme René-Daniel Dubois. Et “démantèlement du Canada”, pour une petite dose de culpabilisation. Le projet souverainiste est de faire du Québec un pays, pas de démanteler le Canada!

Vous voyez hélas des complots où il n'y en a pas. «Québec Grand Angle», c'est le nom donné à la rubrique à laquelle participent également 3 «souverainistes». Il n'y a pas de causalité entre le titre d'une rubrique et le titre d'un article. Lisez tous les autres articles de mes 3 collègues, et essayez de faire un lien entre le titre de la rubrique et ces derniers. Vous devrez alors faire preuve d'un contorsionnisme prodigieux.

Nationalisme obligatoire, oui. Penser en dehors des canons de l'orthodoxie nationaliste a son prix au Québec. Pensez à Esther Delisle, par exemple, dont la carrière universitaire a été détruite, après avoir publié son ouvrage «Le Traître et le Juif», qui démontrait le fascisme de Lionel Groulx, du Devoir et de l'élite québécoise des années 30 et 40, le tout avec documentation et citations détaillées à l'appui, et non pas tirées de leur contexte... Si vous voulez vérifier par vous-mêmes, mentionnez son nom, au détour d'une conversation, dans un couloir de faculté d'histoire; on vous répondra d'emblée que «c'est une folle, gravement atteinte de maladie mentale». Évidemment, on n'a pas de certificat médical pour appuyer de tels propos, mais le fait est que Mme Delisle a été éjectée du circuit universitaire. René-Daniel Dubois a subi le même sort, dans son domaine à lui. Et Guy Bertrand, lorsqu'il était fédéraliste, était un fou lui aussi. Maintenant qu'il est revenu à ses premières amours, c'est-à-dire au PQ, voilà qu'il n'est plus fou... Touché par la grâce indépendantiste, en quelque sorte!

Moi-même, lorsque j'ai commis mon tout premier article dans cette rubrique de La Presse, j'ai eu droit sans tarder à la matraque de la calomnie, cette tactique totalitaire bien connue et dont sont friands le journal Le Québécois et autres émules du réactionnaire Pierre Falardeau. Voyez ma réponse à cette bande de joyeux drilles : http://lapresd.blogspot.com/2005/10/les-gens-du-journal-le-qubcois-ont-eu.html et ceci sans mentionner les attaques d'une certaine Marianne Vaucouleurs, dont le délire me gênerait si j'étais indépendantiste: http://lapresd.blogspot.com/2005/11/quand-dlire-dlire-fort.html


Et il ne s'agit là que d'une seule parmi les formes d'ostracisme qui frappent les fédéralistes. «Traîtres», «Vendus», ça vous dit quelque chose? Pensez-vous que c'est plaisant de se faire traiter ainsi, comme si on n'avait pas le droit, au Québec, de penser que le fédéralisme canadien peut être compatible avec l'engagement pour notre langue et notre culture françaises? Dites-moi si c'est démocratique de lancer des accusations aussi haineuses et infâmantes contre ceux qui pensent autrement. Votre point de vue à ce sujet m'intéresse, M. Beaudin-Lecours. Et n'allez pas seulement me dire que nous serions des paranos (des fous, encore une fois!) parce que nous dénonçons ces pratiques qui s'opposent à l'esprit démocratique le plus élémentaire.

Démantèlement du Canada, oui aussi. Vous dites que vous voulez faire du Québec un pays, et il est d'ailleurs possible que ce soit parce que, comme M. Duceppe le dit, le Québec est «différent». La réalité des choses, c'est que pour ce faire, vous allez démanteler le Canada, qui est notre pays à nous aussi, les francophones qui l'avont découvert, exploré et fondé. Parlez-moi de l'Ouest, des Maritimes, de l'Ontario, et de ce qui leur arriverait une fois que le Québec couperait le Canada en deux. Mais bien sûr, on s'en fout! C'est pas notre problème! Vive l'égoïsme national!!!! ... Mais désolé, cette approche n'est pas la mienne...

Aussi, une question: pourquoi ne vous dites-vous pas pour ce que vous cherchez, «faire du Québec un pays», ce qui signifie être indépendantiste, et non pas «souverainiste». Pourquoi vous et tous les autres vous masquez-vous par le terme de «souverainisme», alors qu'en théorie politique, celui-ci concerne tout autre chose que le projet des soi-disant «souverainistes» québécois, qui, pour l'instant à en croire l'engouement des leaders politiques indépendantistes pour un État hyper-bureaucratisé et tentaculaire, risque fort de provoquer une «décentralisation» d'Ottawa vers une surcentralisation à Québec? Parlez-en donc aux responsables de nos régions pour voir ce qu'ils en pensent... mais vous risqueriez de rencontrer des surprises....
(tout ceci sans mentionner un autre concept fourre-tout et obligatoire: le fameux «modèle Québécois», qui date de 40 ans et qui devrait apparemment resté figé jusqu'à la fin des temps!)

Pour ce qui me concerne, je préfère investir ce pays qui est le nôtre, et y prendre toute notre place, qui serait grande si on le voulait, plutôt que de me replier dans l'égoïsme et la vanité «nationales», et aussi plutôt que renoncer à l'idée qu'un même pays construit avec des cultures diverses pourrait avoir une valeur d'exemplarité dans le monde d'aujourd'hui. C'est mon choix, vous avez le vôtre. Donc nos choix s'opposent. Mais assumons au moins leur signification et leur portée réelles.



Et voilà, l’exercice commence par la dérision: le “Québec-est-une-Nation” est comparé à un “mantra qu’on répète sans trop poser de questions”. Puis on parle de notre monde “où sont souvent attisés les divisions ethniques et religieuses, avec leur cortège d’intolérance et de fanatismes, tout cela au nom de la sacro-sainte différence identitaire”.

Une chance que les indépendantistes ne s'adonnent jamais, eux, à la dérision! Sinon, «mort de rire» deviendrait une expression littérale, et nous devrions alors assister aux funérailles des principaux leaders de l'intelligentsia indépendantiste! «Le-plus-meilleur-pays-du-monde», le «Rest-of-Canada», «les-Montagnes-Rocheuses», en voilà des formes dérisoires constamment à la bouche des indépendantistes pour ridiculiser leurs opposants. Si vous avez l'épiderme trop sensible lorsqu'il s'agit d'être ironique, et si vous croyez que la dérision est une mauvvaise méthode, j'ai bien hâte de vous lire en train de la dénoncer lorsqu'elle est employée par les leaders indépendantistes. Les occasions ne vous manqueront pas.

Oui, notre monde est un cortège d'intolérance et de fanatismes. Et je suis de ceux qui pensent que le culte des «différences» y joue un grand rôle. Du moins c'est l'analyse du monde réel qui m'y amène. Et je suis loin d'être le seul. regardez ce que le philosophe basque Fernando Savater en dit lui aussi, et il est loin, très loin, d'être le seul à dire ces choses: http://www.unesco.org/courier/2001_07/fr/dires.htm

(Au fait, Fernando Savater vit depuis des années sous les menaces de mort du groupe séparatiste et terroriste basque ETA, qui a assassiné plus de 800 personnes en 30 ans. Au cours des dernières années, il y a eu au Québec deux basques, accusés d'actes violents en Espagne, emprisonnés à cause d'une demande d'extradition de l'Espagne (leur extradition a finalement eu lieu en juin 2005). On a alors vu toute notre belle élite «démocratique» et «culturelle», les plus grands noms de la politique indépendantiste, du mouvement syndical, de la scène artistique aussi, se coaliser, signer des pétitions, publier des textes collectifs dans les journaux pour empêcher l'extradition de ces deux personnes.

Par contre, on n'a vu personne au Québec, strictement personne, pétitionner pour la défense de Fernando Savater et exiger de l'ETA qu'elle laisse tomber ses menaces de mort à son endroit. Que c'est beau, l'amour de la liberté et des peuples «libres»!!! Mais à bas la liberté des personnes qui s'expriment ouvertement contre la violence terroriste!!! Qu'elles aillent se faillent mitrailler par les «combattants héroïques de la Nation»!!! Soyons solidaires avec les «libérateurs» de l'ETA et au diable ses 800 victimes et celles encore à venir !!! Ce ne sont que des «traîtres» qui ont reçu la mort que méritent tous les «traîtres» à la Nation!!! Et pendant ce temps-là, la plupart de ces «beaux esprits» qui appuyaient les deux basques accusés de violences sont membres d'organisations comme «Les Artistes pour la Paix» (Luc Picard, par exemple) et se gargarisent de leur amour pour la démocratie... L'hypocrisie sait ici se faire tellement édifiante...


Et ensuite Laprès de reprocher à “l’élite intellectuelle indépendantiste” sa “complaisance à l’égard des positions intolérantes et haineuses de la frange la plus réactionnaire et antidémocratique du mouvement nationaliste, qu’incarne par exemple un Pierre Falardeau”. Pierre Falardeau!

Oui. Et je maintiens mon propos, d'autant plus qu'à la croire, l'élite indépendantiste serait tellement «démocratique», «tolérante» et «ouverte». Pour vous en convaincre, je ne vous recommande pas de lire les mémoires de Trudeau, mais plutôt le livre «Voler de ses propres ailes», du journal Le Québécois, dirigé par des disciples de Falardeau, le champion réactionnaire du fanatisme et de l'intolérance au Québec. Vous y verrez une série impressionnante de textes haineux et intolérants, qui cèlebrent même la mort d'un être humain ou qui inspirent à la violence contre les fédéralistes francophones. Le tout avec une jolie postface signée Bernard Landry, des contributions de Jacques Parizeau, Gilles Duceppe, plus plein de bons et doux artistes et intellectuels «humanitaires» qui cautionnent cette haine et cette intolérance par leur signature. Si vous voulez, M. Beaudin-Lecours, prétendre qu'il n'y a dans cet ouvrage ni intolérance et ni haine, le fardeau de la preuve est de votre côté. Et aussi, vous m'expliquerez comment on pourrait justifier la participation de tous ces «beaux esprits» à un tel bréviaire de l'intolérance haineuse.

Puis de parler de son coloc franco-manitobain qui, même s’il étudie à l’UQAM, se sent exclus de la Nation québécoise “comme si lui et le million d’autres francophones hors-Québec n’existaient pas”. Pauvre ti-pit!

Franchement, M. Beaudin-Lecours, votre propos fait la preuve 2+2 = 4 que vous vous foutez éperduement des francophones hors-Québec. J'ai pris cet exemple car il est parfois important de parler de la vie concrète, des gens concrets. La politique, d'ailleurs, gagnerait à prendre davantage en compte les situations humaines concrètes. Et briser un pays par exemple, ce serait aussi atteindre des situations humaines concrètes. De plus, mon coloc n'est pas le seul francophone hors-Québec que je connais et de qui je me sens solidaire, en paroles ET en actes.

Mais ceci dit, parlons donc des «vraies affaires»: au lieu de dénigrer mon coloc Franco-Manitobain, vous devriez au moins nous dire ce que vous entrevoyez, vous, pour développer davantage de solidarités entre le Québec et nos compatriotes francophones des autres provinces, et ce que vous envisagez de faire concrètement, vous-mêmes, en ce sens. J'espère de tout coeur que vous saurez faire mieux que les dénigrer ou de vous foutre d'eux, sinon serait-ce que l'avenir de communautés qui partagent notre histoire et notre culture ne vous intéresse pas?

Finalement Laprès conclu qu’il faudra bien que quelqu’un ose poser des questions qui méritent de ne pas être étouffées comme “faut-il absolument être nationaliste pour assumer son identité linguistique et culturelle”? Comme si cette question était nouvelle! Arrive en ville Daniel! Ça fait 20 ans que les intellos à la Stéphane Dion la posent et répondent, comme par hasard, non.

Stéphane Dion est l'un de ceux qui disent que le Québec est une nation. Il dit même que la loi 101 est une bonne chose. Mais il a été tellement dépeint comme le «Vilain» absolu que ce genre de propos de sa part n'ont guère circulé au Québec. Donc, votre exemple est loin d'être suffisant. Je suis connu (parlez-en à ma libraire!) comme étant un avide chercheur de tout ce qui se dit et se publie sur ce genre de question. Je n'ai trouvé que peu de choses. Rien, en fait.

Donc, vous semblez fort mieux informé que moi, M. Beaudin-Lecours; donc, je vous supplie de me transmettre les références exactes, et je vous jure que je ferai amende honorable et me rétracterai si un tel débat élargi comme celui que j'appelle a bel et bien eu lieu. Et ce faisant, vous me rendrez un immense service, d'où la promesse de mon éternelle reconnaissance à votre égard, car je suis réellement avide de toute réflexion qui pourrait alimenter un tel débat.

Daniel Laprès tient un blogue, que je viens de découvrir pour vous donner la référence. Je ne sais si c’est suite à ses textes précedemment publiés dans La Presse, mais il a reçu une tonne de commentaires insultants alors il a fermé les valves aux commentateurs anonymes. Il aurait dû le faire dès le départ, comme moi! Cet incident a dû confirmer sa piètre opinion des souverainistes puisqu’il écrivait dans une de ses multiples charges anti-souverainiste intitulée “L’imposture”:

Nous en sommes donc rendus là au Québec : au lieu de débattre de ses idées, il suffit de lancer en pâture les noms de certaines personnes du camp adverse pour que, sans autre argument ou démonstration, l’auditoire se mette à exprimer sa hargne rageuse. C’est avec une telle logique qu’on nourrit l’intolérance, d’autant plus que, dans le cas évoqué ici, les personnes visées étaient désignées en tant qu’«ennemis du Québec», et ce pour la simple raison que leur point de vue diffère de celui des indépendantistes.

En effet, j'ai dû couper le sifflet aux lanceurs d'insultes grotesques et aux faiseurs de menaces. Leur propos est totalement inutile. Par contre, j'ai apprécié sur mon blogue les discussions avec des indépendantistes convaincus, mais respectueux et capables d'une attitude démocratique.

En clair, Daniel Laprès vient faire la leçon aux indépendantistes, se surprend que certains réagissent émotivement, leur reproche d’ostraciser ceux qui pensent différement (i.e. les fédéralistes) et en vient à dénigrer l’affirmation de la différence elle-même. Logique. Mais vide.
Il faudrait peut-être que Laprès comprenne qu’on n’arrive pas chez quelqu’un en supposant que celui-ci n’a jamais pensé à ce qu’on présente d’emblée comme une “pensée différente”. Et c’est en soi insultant et méprisant de suggérer que les souverainistes ne se posent pas questions, qu’ils sont intolérants, qu’ils n’ont pas d’arguments et que la pensée unique règne dans leur camp. Faudrait qu’il comprenne aussi que ce n’est pas parce que la cause souverainiste n’est pas totalement basée sur la raison qu’elle en devient déraisonnable.

Je ne prétends certes pas «faire la leçon» ni aux indépendantistes, ni à qui que ce soit d'autre. Je dis ce que je pense, c'est tout, et c'est bien assez. Ceux qui réagissent «émotivement», comme vous dites M. Beaudin-lecours, sont en fait des fanatiques aveuglés par leur idéologie. Mais ceci dit, est-ce que vous jugez que les leaders du Bloc et du PQ, lorsqu'ils appellent à la haine et au mépris des individus qui ne pensent pas comme eux, c'est-à-dire leurs opposants politiques, réagissent eux aussi «émotivement»? En politique, ne devrait-on pas faire preuve de plus de dignité?

Enfin, regardez aussi ce que je dis dans mon blogue sur certains fédéralistes: Trudeau, Pettigrew, etc. Vous verrez bien que je sais être tout aussi dur sur des représentants de mon propre camp. Je vous souhaite d'en faire autant contre les tendances sectaires et intolérantes qui défigurent votre propre option.

Alors, maintenant Laprès va pouvoir se poser en nouvelle victime des méchants séparatistes, comme le dramaturge René-Daniel Dubois, qui est passé cette semaine à l’émission “Il va y avoir du sport”. Dubois, je ne l’aimais pas beaucoup et je me méfiais du courant “américanisation de l’histoire nationale” auquel il participait avec Jacques Godbout dans Le sort de l’Amérique, mais je le respectais comme intellectuel qui cherchait à déboulonner des mythes. Sauf que 10 ans plus tard, sa rhétorique m’est apparue totalement vide elle aussi. Facile de dénoncer la pensée unique et le fait que le débat national occulte tout pour ensuite s’abstenir de s’avancer sur quelque sujet que ce soit en prétextant vouloir parler du principe même du droit à la différence.

Intéressant... Dès que Dubois s'est ouvertement exprimé sur sa méfiance à l'égard du nationalisme, «l'intellectuel» qui, selon vous, «cherchait à déboulonner les mythes», a sombré dans une «rhétorique» qui, subitement, vous est «apparue vide elle aussi». Ainsi, Dubois aurait dû en rester au domaine de la fiction pure et désincarnée, se contenter de l'esthétique théâtrale, sans jamais poser de regard critique sur la société qui est la sienne, et où le nationalisme exerce une influence hégémonique. Applaudir béatement à cette hégémonie et flatter la foule dans le sens du poil, quoi. Toute critique du nationalisme n'étant, selon vous, que du «vide» et rien d'autre, je serais curieux de savoir ce que c'est que le «plein». Des fleurdelysés dans toutes les pièces des maisons, la «Fierté Nationale», ou d'autres vaches sacrées? Si vous voulez, parlons des personnes, du développement libre de toutes leurs facultés, des conditions qui sont nécessaires à ce but, et laissez-moi tranquille avec les discours, si «pleins» selon vous, de la «Gloire Nationale»...

Je vais vous le dire comme je le pense: et René-Daniel Dubois et Daniel Laprès intellectualisent le sentiment de rejet qu’ils ressentent depuis que leur gros égo les aie fait péter plus haut que le trou. S’ils ne partagent pas le sentiment de la majorité des Québécois d’origine canadienne-française, soit. Mais qu’ils ne viennent pas donner des leçons en pensant que le peuple dira passivement “ah ouin, t’as raison, j’n'y avais pas pensé!”… La culpabilisation, l’infantilisation et la négation non plus ne ferront pas changer d’opinion les “âmes perdues”. Ça fait des années que les souverainistes se font reprocher tous les maux de la terre par les fédéralistes.
Daniel Laprès prochain Alain Dubuc ou prochain René-Daniel Dubois?

Moi, un «gros ego»? Pour affirmer cela, il vous faudrait me connaître, alors que nous ne nous sommes jamais rencontrés, alors je me demande bien où vous avez pris cela, puisque les gens qui me fréquentent semblent croire que je suis tout sauf un gros ego. Je ne suis qu'un petit paquet d'os bien maigrelet et chétif, et je suis un fervent d'astronomie, ce qui aide beaucoup à relativiser l'importance de son ego, qu'il soit personnel ou «national». Je vous signale aussi que je n'ai pas mis ma photo sur mon blogue, moi, car j'y trouve peu d'intérêt pour les gens.

Enfin, je vous paraphrase de nouveau sur le fait que «ça fait des années que les fédéralistes se font reprocher tous les maux de la terre par les indépendantistes». Toujours la faute à Ottawa, toujours la faute aux «Anglais», etc. etc. Cette rhétorique de votre part en valait bien une autre, non?!

En tout cas, merci tout de même, M. Beaudin-Lecours, pour votre commentaire et pour vos critiques, et au plaisir de croiser le fer avec vous de nouveau. Votre blogue me paraît bien intéressant sous plusieurs angles, et j'y reviendrai volontiers.