dimanche, mars 26, 2006

Autre réaction sur Cyberpresse...

Je réponds ici à une certaine Mme Julie, qui a laissé toute une prose sur Cyberpresse, quoique sous le couvert de l'anonymat:

Julie
DANIEL LAPRÈS - OU L'ÉLOGE DE LA SUJÉTION DU QUÉBÉCOIS... LIBRE

Au demeurant, pour avoir lu ici ou là plusieurs des «prises de position» de ce (ex ?) fonctionnaire fédéral Daniel Laprès (un ami de Nelson «MBA» Guillemette et de Farid Kodsi, peut-être bien...?) - et il est vrai par ailleurs que les journaux de Gesca adorent publier les textes de ce type d'individu en leurs pages, tout comme ceux, au reste, du triste juriste québécois Patrice Garant, maintenant propagandiste au service du Canada: www.action-nationale.qc.ca/achaud/garantparizeau.htm et www.vigile.net/06-3/21.html#16 -, eh bien j'y ai plutôt vu un doué de la plume quant à l'art de la mauvaise foi.

Mme Julie, je n'ai jamais été fonctionnaire fédéral, plutôt conseiller politique durant 6 ans, ce qui, bien entendu, doit représenter à vos yeux le summum de l'horreur, compte tenu du fait que mon opinion diffère de la vôtre sur la question nationale. Je note que, pour les gens comme vous, quiconque pense différemment ne peut, par définition, qu'être de mauvaise foi. Ainsi, un universitaire comme M. Garant, qui n'a commis que le crime de se prononcer publiquement, est réduit au rang d'un «propagandiste» fédéral.

Aussi, votre titre est bien bizarre: selon vous, j'incarnerais «l'éloge de la sujétion du Québécois... libre». Premièrement, de quelle «sujétion» parlez-vous? Les Québécois seraient de pauvres victimes assujetties? Ce discours de braillard représente en fait un mépris des Québécois réels. Aussi, comment un «Québécois... libre» peut-il être l'objet d'une sujétion, si vous le dites «libre» en même temps? Et enfin, sur cette question de liberté, ne pensez-vous pas que les fédéralistes ont le droit, au Québec, d'exprimer leurs opinions? Vraisemblablement, votre réponse serait négative, car tous les procès d'intention que vous faites représentent un déni du droit à l'expression libre.

Quant aux journaux de Gesca, qui ne seraient selon vous que consacrés à la propagande fédéraliste, sachez que je suis le seul fédéraliste sur les 4 collaborateurs de la rubrique «Québec Grand Angle». Évidemment, à vous lire, on comprend que n'importe quel citoyen qui ose exprimer des idées fédéralistes serait, nécessairement, un vil propagandiste. Heureusement que la propagande est totalement étrangère au mouvement indépendantiste, car votre camp, à vous lire, n'est consacré qu'à la vertu la plus immaculée!!! Vous les indépendantistes êtes des saints, et nous fédéralistes sommes des diables: ça me rappelle le climat qui sévissait ici à une certaine époque de domination cléricale: le Ciel est Bleu, l'Enfer est Rouge...

Tout ça pour vous dire que votre propos me semble d'un simplisme déconcertant...


Sa technique semble être toujours la même:

1) séduire l'auditoire avec des idées nobles et universelles que nul ne songerait contester;

2) idées qu'il utilise ensuite pour justifier, étayer et appuyer ses propres opinions bien personnelles. Qui, incidemment, on s'en doutait un peu, vont toujours dans le sens: i) de la promotion du Canada, et ii) de la dénonciation de la libération du peuple québécois.

Bon, voilà que Mme Julie décèle une «technique», comme si exprimer son opinion en requérrait une. Ben non, Mme Julie, il ne suffit qu'à dire ce qu'on pense, comme on le pense, et c'est tout. C'est pas plus compliqué que ça, croyez-moi. Et le jour où vous essaierez vous-mêmes d'exprimer des idées (ce que hélas vous n'avez pas fait dans votre lettre), vous verrez que ça marche bel et bien, sans autre technique que celle d'exprimer ce qui vient de votre esprit et de votre coeur.

Sur le plan des idées «nobles et universelles» comme vous dites, je vous remercie d'au moins les qualifier ainsi. Évidemment, mes idées font de moi un fédéraliste. Mais je n'ai jamais prétendu que les fédéralistes détiennent le monopole des idées «nobles et universelles». Ce qui serait intéressant cependant, ce serait de voir des indépendantistes comme vous commencer à adopter une éthique de débat qui soit «noble et universelle», c'est-à-dire en évitant de recourir à l'insulte, aux procès d'intention ou aux attaques personnelles gratuites, et aussi en choisissant d'accepter le fait qu'en démocratie, on peut différer d'opinion tout en respectant l'adversaire.

Je promeus le Canada, je confesse bien volontiers cet affreux péché. Mais de là à faire de moi, comme vous le faites, un «dénonciateur de la libération du peuple québécois», vous divaguez pas mal. Vous êtes tenue de vous expliquer un peu plus avant de vous sentir le droit de proférer de tels slogans creux et insignifiants.

D'abord, quand et où aurais-je dénoncé la «libération du peuple québécois»? Aussi, de quelle «libération» parlez-vous? «Libération» pour qui? Pour la technocratie à la québécoise et les élites syndicales et bureaucratiques qui bloquent encore tout débat public au Québec?

Puisque vous parlez de «libération», où est l'oppression ici, dites-le moi SVP, et ne vous contentez pas de proférer seulement des slogans creux. Fondez vos propos sur des faits bien réels et bien tangibles. Parlez-moi des vraies chaînes et des vrais soldats qui opprimeraient les Québécois, et dites-moi où on peut les trouver.

Aussi, e
n quoi et pour qui l'indépendantisme et le nationalisme identitaire qui sont les vôtres sont synonymes de «libération» ? La libération dont vous parlez est-elle seulement synonyme de concentration de tous les pouvoirs aux mains de l'appareil d'État québécois? Je brûle d'envie de vous lire sur ces questions, Mme Julie...

Une fois qu'on a retiré toutes les dentelles et colifichets qui dissimulent le noeud de l'argumentaire, on retrouve au fond du coffre à vêtements toujours la même armature:

a) le Canada est l'incarnation par excellence des grandes valeurs philosophiques de notre temps. Et les saloperies du PLC ne seraient, somme toute, que des... incidents de parcours qui n'atteignent en rien à la «magnificence» du régime fédéral.

b) En regard à ce pays extraordinaire, le Québec (le Québec indépendant, s'entend: car il est bien mignon ce Québec quand, mais seulement quand, il accepte de se soumettre à la volonté du Rest of Canada) serait une entité plutôt tribale toujours à un jet de pierre de l'intolérance, du fanatisme et du fascisme. Sans compter, assurément - isn't it my dear? - la faillite économique.

Je peux vous répondre, Mme Julie, que je ne suis pas de ceux qui prônent une image idyllique ou idéale du Canada. Contrairement aux indépendantistes qui rêvent d'une Terre Promise dépourvue de toute contradiction et sans aucun problème de société, je suis un fédéraliste qui croit que le Canada est bien imparfait, et que si l'action politique existe, c'est pour changer ce qui est à changer pour le mieux-être de chaque personne qui vit dans ce pays. Une société ou un pays sans contradictions, cela n'existe pas et n'existera jamais. Vous savez, on peut être d'une opinion tout en étant critique de son propre camp. Mais cela, il est vrai qu'on peut douter que vous puissiez le comprendre, puisque vous semblez croire que les indépendantistes auraient le monopole de la vertu.

Et oui, le groupuscule de parasites et de voleurs à la source du scandale des commandites n'est pas représentatif ni de tout le parti libéral, ni, encore moins, de tout le Canada. Évidemment, ici encore, vous voyez tout sous l'angle de la pureté: les indépendantistes, selon vous, sont purs et sans tache, tandis que les fédéralistes ne sont que des ignobles corrompus obsédés par l'annihilation du peuple québécois. Ceci dit, comment réagissez-vous aux scandales de corruption commis par des gens du PQ, comme le scandale d'Oxigène 9, entre de nombreux autres? Comment réagissez-vous aussi aux nombreuses preuves d'incurie administrative qui ont marqué les années de pouvoir du PQ, comme par exemple les centaines de millions gaspillés en pure perte dans la Gaspésia? Est-ce comme cela qu'on «libère» un peuple?

Sur le Québec comme «entité tribale», c'est vous qui le dites, pas moi. Trouvez où j'aurais dit des choses pareilles, et on en rediscutera. Et oui, l'intolérance et le fanatisme existent au Québec. Mais elle n'est pas le fait de la vaste majorité des Québécois eux-mêmes, mais plutôt d'esprits bornés et sectaires comme le vôtre, Mme Julie, pour qui tous ceux ce qui ne pensent pas comme vous incarnent l'Ennemi du Peuple.

Bien franchement, Daniel Laprès est à peu près ce que j'ai lu de plus malhonnête au plan intellectuel depuis... Claude Ryan. Je dirais que c'est un type qui aimerait bien «faire à la Trudeau», mais dont les faibles moyens ne le rendent que plus ridicule. (Je crois que c'est aussi ce qui attend M. Ignatieff, mais n'anticipons pas pour le moment...)Cela dit, comme personne n'est intégralement répugnant ou foncièrement mauvais, je dois admettre candidement que dans l'art de la mauvaise foi M. Laprès est moins primaire que Denis Coderre ou Pierre Pettigrew. Cet homme n'est donc pas un échec complet. Et je m'en réjouis pour lui.

Ici encore, tout ce qui ne vas pas dans le sens de votre option politique est «malhonnête». Donc, Claude Ryan était «malhonnête». Et je suis à mon tour «malhonnête». Les fanatiques de n'importe quelle religion ou idéologie voient les choses de la même manière que vous, Mme Julie. Aussi, détrompez-vous: Trudeau est loin d'être un modèle à suivre pour moi, car je lui reproche la même attitude que celle que vous démontrez: doctrinarisme, certitude de détenir «La Vérité», et aussi dénigrement systématique de quiconque ne pense pas comme soi.

Au fond, tout le monde sait que l'insulte est l'arme des faibles. Donc à vous aussi, je dois dire que vos propos ne sont pas très forts. Vous n'avez présenté, Mme Julie, aucun argument pour faire contrepoids à ce que j'avance. Vous vous cantonnez dans les procès d'intention, les accusations gratuites et les insultes. Mais en avez-vous des idées, Mme Julie? Si oui, faites-en preuve, au moins un peu. Et je suis sûr que cela ne vous serait pas impossible, si vous acceptez de faire un petit effort.

Et finalement, félicitations pour votre anonymat!!! Ça en dit long sur le courage que vous avez de vos idées... Moi, je suis de ceux qui n'ont pas honte de leurs convictions, et qui pour cette raison s'expriment à visage découvert. Vous affirmez que je suis de mauvaise foi, mais que dire de ceux qui se cachent pour attaquer quelqu'un qui pense différemment d'eux? Et c'est vous qui me taxez de malhonnêteté intellectuelle? Pas fort, Mme Julie, vraiment pas fort...