«Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire, c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho contre son âme aux applaudissement imbéciles.» JEAN JAURÈS
Dans La Presse du dimanche 5 mars, on trouve un long article concernant la campagne au Québec de Belinda Stronach. Au fait, La Presse n'aurait pu trouver un meilleur titre que celui qu'elle a choisi pour chapeauter l'article de Joël-Denis Bellavance: «Belinda Stronach place ses pions». En effet, à lire l'article, on constate que c'est bel et bien de vulgaires pions qu'il s'agit, en fait de pions qui, étant à vendre, ont tout simplement été achetés par la canditate milliardaire au leadership du parti libéral du Canada.
Mettons les choses au clair tout de suite: Belinda Stronach a bien le droit de se présenter au leadership du PLC. Ce sont seulement les méthodes de recrutement dont elle a fait preuve jusqu'ici qui me dégueulent. Il est vrai que j'espère de tout coeur que Bob Rae va présenter sa candidature. Je connais l'homme depuis 8 ans, et j'ai eu la chance de travailler avec lui sur l'unité nationale, et j'ai ainsi pu mesurer sa valeur, qui est bien réelle. Aussi, Bob Rae est absolument opposé à l’idée d’acheter qui que ce soit. Bob est l'un des rares candidats potentiels qui, depuis 10 ans, ont fait preuve d'un vrai leadership en faveur de l'unité nationale. Il n'a pas attendu de se retrouver en situation de pouvoir politique pour donner de son temps, de ses ressources et de son énergie, afin de s'engager dans la cause de l’unité de notre pays. Et il a une connaissance réelle de la société québécoise.
Mais il y a aussi d'autres très bons candidats potentiels qui méritent considération et respect. Michael Ignatieff par exemple, dont les idées sur l'unité nationale sont importantes et très fortes, et qui est aussi apte à contribuer à renouveler profondément le parti libéral. Donc, même si mon premier choix est Bob Rae, j’espère quand même que d’autres candidats se présenteront pour offrir un vrai débat d’idées dans le parti, au lieu du vide béant que nous connaissons aujourd’hui dans ce domaine.
En fait, les candidats de la trempe de Rae et d'Ignatieff sont nécessaires, car le parti libéral doit opérer certaines ruptures radicales à l'égard des pratiques qui l'ont conduit au désastre qui l’afflige aujourd’hui. En fait, le parti libéral du Canada est aujourd'hui menacé d'être carrément rayé de la carte au Québec. Et ceux qui ont présidé à cette catastrophe sont justement les pions pro-Stronach dont parle l'article de Bellavance dans La Presse d'aujourd'hui.
Ainsi, Richard Mimeau, ex-directeur général du PLC-Q et l'un des chefs d'orchestre du désastre permanent qui affecte le parti depuis bien trop d'années, et aussi, malheureusement je dois dire, Brigitte Legault, présidente des Jeunes Libéraux fédéraux du Québec, se sont empressés de joindre le camp Stronach, grasse rémunération à l'appui. Car quand on se comporte comme un pion, c’est là la chose à faire, puisque c'est toujours le grand plaisir des richissimes personnages avides de pouvoir que de manier des pions. Ce qui nécessite argent sonnant, et le plus est alors toujours le mieux. Car il paraît qu'il y a des pions qui ont, au lendemain même de l'annonce du départ de Paul Martin, affirmé à qui veut l'entendre qu'ils valent bien de l'argent dans une campagne au leadership et qu'en conséquence, ils se vendront au plus offrant. Puisque Mme Stronach est le seul candidat n'ayant pas à se poser aucun souci de financement pour la course au leadership (vous irez voir le superbe loft qui sert à sa campagne dans le Vieux-Montréal!!!) on retrouve donc, comme par hasard, ces mêmes pions dans le camp Stronach. Comme c'est beau, ne trouvez-vous pas?
M. Mimeau et Mme Legault savent pourtant très bien que Belinda Stronach, qui n'a jamais été foutue d'apprendre le français et qui ne connaît rien au Québec et aux Québécois, n'entraînera aucun vote de plus pour le parti libéral au Québec lors de la prochaine élection fédérale. Ils savent aussi que le parti, une fois rayé de la carte, ne pourra plus contribuer à renforcer les chances du camp fédéraliste au Québec. Mais bon, Mme Stronach paie, et elle paie bien. Alors on lui trouve subitement toutes les vertus. Tant d'hypocrisie est tout simplement dégoûtant et révoltant.
Ces gens-là savent aussi que si, par un énorme malheur, Belinda Stronach est élue chef du parti libéral, les premiers qui sableront le champagne ce soir-là seront les stratèges du Bloc Québécois, qui ne demandent rien de mieux qu'un adversaire unilingue anglais qui ne connaît rien au Québec. Mais de cela aussi, nos pions se foutent éperdument. Ils préfèrent donc faire le lit du Bloc. Mais au fond, on n'a pas à s'en étonner, car quand on est un pion et qu'on se vend si aisément, on adopte de ce fait l'attitude de celui qui se prostitue. Et dans ce cas-là, un lit, cela peut s'avérer bien pratique, quitte à ce que ce soit celui du parti qui menace le plus le parti libéral et qui est engagé à détruire le Canada. Au fait, qui sait, nos pions pourraient éventuellement même se vendre au Bloc, si un jour ils y trouvaient leur intérêt. Car ces gens-là viennent de prouver que leur seule motivation en politique, c'est de se vendre au plus offrant afin de pouvoir continuer à jouer les roitelets minables tout en servant leurs seuls intérêts personnels.
Enfin, dans l'article de La Presse, le pion Richard Mimeau est cité ainsi, en parlant de la candidate à laquelle il s'est si élégamment vendu: «Denis Coderre peut bien dire qu'elle ne parle pas français. Mais je ne suis pas sûr qu'il puisse faire le même genre de téléphones que Belinda peut faire sur la planète», faisant de cette manière allusion aux relations personnelles entretenues par Mme Stronach avec Bill Clinton (ce qui est une remarque plutôt stupide, car au fond on peut douter que les dirigeants de pays comme la France, la Grande-Bretagne, le Pakistan, l'Inde, la Chine, la Russie, etc., aient jamais entendu parler de Mme Stronach).
Mais ce qu'un pion comme M. Mimeau ne peut pas comprendre, c'est que le parti libéral a avant tout besoin d'être dirigé par un leader qui, au lieu d'être connecté uniquement avec les Bill Clinton de ce monde et de s'en vanter, est surtout connecté avec les citoyens et citoyennes de notre pays, tout en ayant leur mieux-être réellement à coeur, et qui l'a démontré par ses actes et ses engagements. Ce qui disqualifie Belinda Stronach dès le départ. Aussi, elle était où, Mme Stronach, dans le débat sur l'unité nationale, particulièrement depuis le dernier référendum de 1995 alors que le pays a failli s'effondrer? Quelle a été sa contribution dans cet enjeu crucial pour le Canada? Réponse: rien. Strictement rien.
Il faut espérer que les vrais libéraux, ceux qui ont réellement à coeur le renouveau du parti et, surtout, l'unité canadienne, auront avant longtemps un sursaut radical contre ce genre de pratiques et ses adeptes, contre lesquels il faut ni plus ni moins que déclarer la guerre. Le parti libéral a cruellement besoin d'un vrai renouveau, et celui-ci passe par des gens pour qui la politique est avant quoi que ce soit d'autre une affaire d'engagement pour améliorer le sort de nos concitoyens et concitoyens, et qui aussi feront passer l'intérêt de leur pays avant leur intérêt particulier.
Donc, le parti a besoin de bien autre chose que de vulgaires pions qui se vendent au plus offrant.Il faut que les libéraux se mobilisent et se réveillent, en déclarant la guerre à ces manières de faire qui avilissent la politique. Faute de quoi, si les pratiques du camp Stronach atteignent en bout de ligne leur objectif, le parti sera rayé de la carte au Québec. Et il l'aura alors bien mérité.