mercredi, avril 18, 2007



Il faut s'engager


J'ai reçu beaucoup de courriels depuis l'article que j'ai publié dans La Presse de dimanche dernier, et je suis très heureux de constater que beaucoup de gens partagent les préoccupations que j'y ai exprimées sur la nécessité de préserver et de défendre la laïcité dans l'espace public de notre société, de même que nos valeurs de liberté et de démocratie, tout en protégeant la liberté absolue de conscience et d'expression. Certains m'ont même envoyé des textes très bien construits et argumentés, mais que malheureusement ils n'ont pas pu faire publier. Ceci indique que beaucoup de personnes ont le désir de contribuer au débat de façon positive, et c'est bon signe.

J'ai cependant l'impression que bien des gens se sentent encore isolés par rapport à cet enjeu crucial, et voudraient apporter leur contribution. Ce fait m'a fait beaucoup réfléchir ces derniers jours. Comme plusieurs, je constate que, le plus souvent, les médias ne publieront pas les textes ou lettres que les citoyens et citoyennes leur envoient sur ce sujet. Aussi, on est pris avec la tendance "politically correct" qui fait en sorte que les bien-pensants dominent sur la place publique, ce qui fait qu'il devient difficile de rappeler certains faits essentiels ou principes fondamentaux, sans faire de concession par rapport à l'obscurantisme, à l'intégrisme et au fanatisme. Ou encore, ce sont les démagogues réactionnaires, racistes et xénophobes qui se font entendre et qui profitent de ce genre de situation pour imposer leurs vues qui outragent la conscience humaine.

Il faut également prendre en compte le fait que ce ne sont pas les partis politiques ni les gouvernements qui, en ce moment, sont les mieux placés pour défendre les principes laïques et démocratiques que, de peine et de misère, notre société a fini par se donner. Par exemple, on se souvient que, récemment, André Boisclair avait osé dire qu'il fallait enlever le crucifix de l'Assemblée nationale, ce sur quoi il avait entièrement raison (une fois n'est pas coutume, mais là-dessus, j'étais bel et bien totalement d'accord avec lui !), surtout quand on sait que ce crucifix n'y est pas pour des raisons prétendument "historiques" comme le clament certains fumistes, mais tout simplement parce qu'en 1937, le despote Maurice Duplessis l'y avait fait installer pour consacrer l'alliance de l'Église et de l'État. Pourtant, malgré la pertinence de sa position, André Boisclair a dû reculer sous la pression. Ceci indique que, tous partis confondus, les politiciens sont trop lâches pour faire les gestes qui s'imposent, et que les partis sont trop sclérosés ou trop peureux pour adopter les mesures nécessaires à la préservation de nos libertés fondamentales.

Il faut quand même défendre nos libertés et nos valeurs, et pour cela, il faut s'engager. Chacun et chacune de nous ne peut pas se contenter de seulement parler ou de protester tout en restant isolé dans son coin.

Pour ma part, j'ai résolu la question il y a deux semaines à peine, en signant mon adhésion au Mouvement Laïque Québécois (MLQ), car cette organisation me paraît être la seule qui aborde la question des menaces posées par l'intégrisme religieux d'une manière humaniste, progressiste, ouverte et responsable, tout en étant très ferme et sans concession sur les principes. Mais je croyais que le MLQ, qui existe depuis 25 ans, avait beaucoup plus de membres qu'il n'en a en réalité, ce qui m'a surpris, et ce qui indique aussi combien, pour promouvoir nos libertés fondamentales, cette organisation, qui arrive pourtant à faire un remarquable travail de conscientisation, a besoin de tout le soutien qu'elle mérite, et aussi de la participation active du plus grand nombre possible de citoyens et de citoyennes dont les préoccupations correspondent pourtant bel et bien à celles partagées par la majorité de notre population.

L'enjeu est clair : si les humanistes et les progressistes ne prennent pas, le plus tôt possible, le leadership sur la question de la montée de l'intégrisme religieux chez nous, ce sont les réactionnaires, les xénophobes et les racistes qui vont s'en occuper pour nous. Et les conséquences risquent à terme d'en être assez effroyables.

Personnellement, je n'ai pas senti le besoin de partager toutes les vues exprimées par le MLQ sur toutes les questions sur lesquelles il s'est prononcé jusqu'ici. D'ailleurs, le MLQ regroupe des gens qui partagent des vues diversifiées sur les autres enjeux de société, et cela est très bien ainsi. Mais sur le fond et sur les principes, je partage entièrement les orientations de cette organisation, et j'ai décidé de lui exprimer mon soutien en en devenant un membre actif.

Si vous voulez faire vous aussi votre part, partager vos idées tout en contribuant à renforcer la laïcité et les libertés dans notre société, et aussi combattre les dérives et récupérations réactionnaires, obscurantistes et xénophobes, je vous invite à considérer de devenir vous aussi membre du MLQ. C'est là poser un geste citoyen concret, qui permet aussi de joindre vos efforts à ceux et celles qui veulent défendre et promouvoir nos libertés dans notre société, et aussi combattre l'intégrisme et le fanatisme religieux.

Pour adhérer au MLQ, c'est très simple : vous allez sur son site web et, dans la colonne de gauche, vous cliquez sur "Pour nous joindre", pour ensuite cliquer sur "Adhésion au MLQ et abonnement au bulletin". En devenant membre, vous devenez ainsi automatiquement abonné au bulletin du MLQ, qui a pour nom "Cité Laïque" et qui est en fait une publication d'une très haute qualité qui procure une large panoplie d'informations pertinentes et utiles à la réflexion et à l'action.

Quelles que soient leurs sensibilités sur d'autres questions, les démocrates qui veulent que notre société reste libre et ouverte peuvent trouver dans le MLQ un lieu adéquat pour sortir de leur isolement, et aussi pour jouer leur rôle de citoyens et de citoyennes vigilants et conscients du fait que notre démocratie et nos libertés ont besoin d'être défendues et renforcées. Il en va de la responsabilité de chacun d'apporter sa pierre à l'édifice.