samedi, mars 17, 2007

Matière à réflexions...

J'ai acheté cette semaine le livre Le fascisme en action (éditions du Seuil, collection Points H371) de Robert O. Paxton (photo ci-contre), historien et professeur à l'Université Columbia (New York). Paxton est une autorité reconnue internationalement pour son expertise sur l'histoire et l'idéologie du fascisme. J'avais découvert cet historien en visionnant le documentaire Je me souviens, d'Éric Scott, dans lequel Paxton défend la crédibilité de l'historienne québécoise Esther Delisle, contre laquelle, au cours des années 90, s'en était pris une certaine orthodoxie nationaliste.

En conclusion de son ouvrage, Robert O. Paxton définit dans les termes suivants les «passions mobilisatrices» qui sous-tendent l'émergence du fascisme :

"On peut définir le fascisme comme une forme de comportement politique marquée au coin d'une préoccupation obsessionnelle pour le déclin de la société, pour son humiliation et sa victimisation. (...) Beaucoup de ces idées (celles du fascisme) relèvent davantage du domaine des affects et des sentiments viscéraux que de celui de propositions raisonnées :

- la primauté du groupe, envers lequel les devoirs de chacun sont supérieurs à tous les droits, individuels ou universels, et la subordination à lui de l'individu ;


- la croyance que le groupe d'appartenance est une victime, sentiment qui justifie n'importe quelle action, sans limitations légales ou morales, menée contre les ennemis, internes ou externes ;

- la peur du déclin du groupe sous les effets corrosifs du libéralisme individualiste, ou des influences étrangères ;

- le besoin d'une intégration plus étroite, d'une communauté plus pure, par consentement si possible, ou par la violence exclusiviste, si nécessaire ;

- la beauté de la violence et l'efficacité de la volonté, quand elles sont consacrées à la réussite du groupe ;

- le besoin d'une autorité exercée par des chefs naturels, culminant dans un super-chef présent et national, seul capable d'incarner la destinée historique du groupe.

Selon cette définition, le fascisme (et les comportements correspondant à ces sentiments) existe encore aujourd'hui ; il existe dans tous les pays démocratiques. Renoncer aux institutions libres, en particulier à celles des groupes dont on se méfie, est un thème séduisant récurrent parmi les citoyens des démocraties occidentales. Pour avoir suivi l'itinéraire du fascisme, nous savons qu'il n'a pas besoin de lancer quelque «marche» spectaculaire sur une capitale pour prendre racine ; tolérer des décisions apparemment anodines touchant à la manière de traiter les ennemis nationaux y suffit."


Il me semble qu'il y a dans ces éléments de définition de quoi donner à réfléchir sur la réalité qui est, à bien des égards, la nôtre aujourd'hui... Mais bon, je laisse le tout à votre jugement et à votre libre réflexion...