jeudi, octobre 20, 2005

Falardeau: toujours aussi fumiste, haineux et antidémocrate

Plusieurs ont écouté la prestation du «Grand Homme» de nos amis indépendantistes, Pierre Falardeau, à l'émission «Tout le Monde en Parle», dimanche soir dernier. Le «Grand Homme» s'y est révélé bien égal à lui-même: grotesquement démagogue, fumiste, haineux, et antidémocrate. Et j'ajouterais même: inhumain. Encore une fois, cette caricature de «patriote» auto-proclamé s'est mis à proférer des énormités grotesques, dont certaines étaient carrément troublantes, sinon révoltantes, pour quiconque veut vivre dans une société humaine et démocratique, et pour qui la décence fait partie de son système de valeurs.

Sur l'assassinat de Pierre Laporte en octobre 1970, Falardeau a d'abord tenté de faire croire que M. Laporte serait mort par sa propre faute, parce qu'il se serait débattu et aurait tenté de s'enfuir des conditions sordides dans lesquelles il était maintenu par les militants felquistes qui l'ont kidnappé à la pointe d'un fusil. Le rapport d'autopsie indiquait pourtant que M. Laporte a bel et bien été étranglé, à l'aide de la chaînette qu'il portait au cou. Les felquistes l'ont mis à mort. La chose est bel et bien claire, et indéniable. Et le communiqué qu'ils avaient eux-mêmes émis pour annoncer leur crime exprimait bien nettement le fait qu'ils l'avaient assassiné.

La fumisterie de Falardeau ne s'est pas arrêtée là: pour banaliser cette mise à mort d'un être humain, Falardeau a employé le prétexte d'une fausse information ayant circulé dans certains médias faisant état de «tortures» employées contre M. Laporte durant sa captivité, tout cela pour banaliser le fait que M. Laporte a été étranglé. C'était comme si le fait qu'il n'ait pas été torturé minimisait la réalité de sa mise à mort. Hé, Falardeau: réveilles!!! On n'est pas des caves!!! Tes petits amis dont tu essaies pathétiquement de faire des «héros de la Nation», ils ont délibérément tué un être humain qui s'appelait Pierre Laporte, et ce n'est pas parce que quelques médias auraient diffusé à l'époque une fausse information - d'ailleurs vite démentie - que cela amoindrirait l'atrocité et l'inhumanité de ce qu'ils ont fait.

Évidemment, comme tout bon fumiste, Falardeau a senti le besoin de renchérir dans sa banalisation d'un meurtre, en établissant des comparaisons stupides entre la mise à mort de Pierre Laporte et les travailleurs qui meurent d'accidents du travail, ou les milliers de morts de la Commune de Paris en 1871, ou encore les victimes des guerres et des horreurs qui ne cessent d'être perpétrés dans le monde. Pas besoin d'être bien fûté pour comprendre que ces choses-là, tout aussi horribles soient-elles, n'ont strictement rien à voir avec le meurtre de Pierre Laporte. Et elles ne rendent en aucune façon ce meurtre moins répugnant et inhumain. Brouiller les cartes comme Falardeau l'a fait d'une façon aussi grossièrement malhonnête, c'est mentir sur la réalité, et c'est prendre les gens pour des idiots.

Falardeau a usé de tout un bel euphémisme en proférant ses insanités: il a dit «j'assume» la mort de Pierre Laporte. «Assumer»... Falardeau fait preuve d'une malhonnêteté intellectuelle des plus crasse. S'il «assumait» vraiment, il aurait le courage de dire que Pierre Laporte a été victime d'un meurtre, et il ne s'emploierait pas à banaliser ce fait, ni à le noyer dans toutes sortes d'événements sans rapport. Tant qu'à y être, pourquoi Falardeau n'a-t-il pas évoqué les massacres commis par Genghis Khan, Attila, Hitler, Staline et bien d'autres, tout cela pour essayer de nous faire croire que d'avoir tué Pierre Laporte, «Y a rien là!!!» ??? Tant de bêtise délibérée est renversant, surtout de la part d'un mec comme Falardeau, qui a été jusqu'à jouer les prétentieux en s'auto-proclamant «Intellectuel», dimanche soir...

Sur Michaëlle Jean, il lui fallait bien entendu afficher tout son mépris pour cette personne dont il n'a «rien à cirer», selon ses termes si élevés. Mais il nous a servi tout un numéro de bêtise et d'ignorance quand il s'est mis à attaquer Mme Jean parce qu'elle occuperait, selon lui, le même siège que les Colborne, Amherst, etc. Tout cela comme si l'histoire n'avait pas évolué depuis, comme si aussi les institutions et les mentalités ne se seraient pas transformées pas non plus. Selon Falardeau, tout est figé dans le passé, rien n'a bougé, rien n'évolue non plus. Si c'est comme ça, j'aimerais bien que Falardeau, ce pseudo grand «intellectuel», nous explique comment, en 2005, la Gouverneure générale du Canada pourrait faire pendre des gens.

Aussi, Falardeau a fait preuve d'un ridicule consommé lorsqu'il s'est mis à gueuler contre le «symbole» qu'est le poste de Gouverneur général. Si on suivait sa logique pas mal étroite et plutôt niaiseuse, on devrait alors croire que tous les «symboles» sont restés figés dans l'histoire passée, et qu'il faudrait uniquement les considérer pour ce qu'ils pouvaient représenter jadis. Ainsi, le Gouverneur général est le «symbole» de la Monarchie, décriait Falardeau, et c'est pour cela qu'on devrait cracher sur Michaëlle Jean...

Mais si le problème, c'est aux yeux de Falardeau bel et bien la Monarchie, pourquoi ne se lance-t-il pas dans une campagne pour changer le drapeau du Québec, qui est inspiré en droite ligne d'un drapeau qui fut le «symbole» de ralliement des monarchistes en lutte contre la Révolution Française et la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen?! La Fleur de Lys a été le symbole par excellence de la monarchie, française bien sûr, mais monarchie quand même. Et dire que c'est contre les «symboles» de la monarchie comme telle que Falardeau s'en prenait si rageusement dimanche soir!

Bien entendu, les autres fumistes et sophistes qui s'abreuvent du fiel de Falardeau comme si c'était du bon laid chaud vous diront que ces symboles, parce que reliés à leur «Cause Sacrée» du nationalisme identitaire et de l'indépendance, auraient eux, «évolué», et qu'ils signifient désormais autre chose. Mais leur logique devrait être appliquée également à ces autres symboles qui leur font si horreur, et qui, eux aussi, ont évolué, pour la simple raison que l'histoire humaine n'est pas et n'a jamais été stationnaire. (Quoique la monarchie, moi, j'en ai rien à foutre, qu'elle soit britannique, française, japonaise ou zouloue...). Mais bien sûr, comme ces «symboles» représentent ce qui leur tient lieu de «Grand Satan», je crains bien qu'ils soient trop aveuglés par leur fanatisme pour comprendre cela...

Et aussi, si on appliquait au nationalisme québécois la logique Falardienne d'une vision de l'histoire et du présent à ce point figés dans le passé, on devrait alors considérer que le nationalisme québécois non plus n'aurait pas évolué, et qu'il serait toujours rattaché aux thèses fascistes et antisémites qui inspiraient les pères fondateurs du nationalisme québécois contemporain, qui dans les années 30 se faisaient les fiers admirateurs de Mussolini, Salazar, Franco, pour ensuite soutenir Pétain, ce grand maître de la collaboration avec les nazis dans la France occupée de 1940 à 1944. (Et dire que Falardeau et ses pieux disciples ont l'indécence de nous traiter, nous fédéralistes francophones, de «collabos»!!! Pourtant, nos ancêtres idéologiques à nous, un Jean-Charles Harvey par exemple, étaient justement ceux qui défendaient ici la France libre, envers et contre tous les Gardiens de la Vulgate nationaleuse de leur temps qui bénissaient Pétain et chantaient ses louanges!!!).

Mais bon, ça non plus, nos fanatiques indépendantistes ne le comprendraient sans doute pas, et il vaut mieux donc les laisser se gargariser avec leur vision grossièrement tronquée de l'histoire, telle que léguée par le fasciste Lionel Groulx, grand auteur d'ouvrages édifiants comme «L'Appel de la Race» et «Notre Maître le Passé»; d'ailleurs, l'intelligentsia indépendantiste gravite toujours autour de la belle fondation dédiée au nom de ce zélé promoteur des thèses fascistes et à partir de laquelle ils ne cessent d'alimenter leurs belles «réflexions» sur le Québec d'aujourd'hui et de demain.

Toujours avide de se donner à lui-même des titres et décorations, Falardeau s'est qualifié de «pamphlétaire». Je fréquente depuis longtemps les oeuvres des véritables pamphlétaires d'hier et d'aujourd'hui, et je n'ai jamais rien trouvé d'elles qui puisse avoir quelque rapport que ce soit avec l'intolérance haineuse à la sauce Falardeau.

À moins d'oser prétendre qu'un vulgaire démagogue diffuseur de haine et d'intolérance comme Goebbels était un «pamphlétaire», Falardeau n'a certainement aucun droit à ce titre. Les vrais pamphlétaires sont des défenseurs des libertés et ils se battent surtout contre l'intolérance, la haine et le fanatisme, qui sont les trois déesses adorées par Falardeau, qui aussi aurait dû comprendre que la vulgarité et l'indécence sont des genres littéraires qui sont peu compatibles avec le genre pamphlétaire, aussi vigoureux et insolent soit ce dernier. Pour ceux qui doutent de mon propos, lisez des authentiques pamphlétaires, comme par exemple Arthur Buies, Jules Fournier et Louis Fréchette pour le Québec, ou Paul-Louis Courier ou Voltaire pour la France, et essayez de trouver dans leurs oeuvres des proses intolérantes et haineuses à la Falardeau; vous n'en trouverez jamais qui pourrait même s'en rapprocher.

Falardeau s'est aussi vanté des poètes qu'il lit et apprécie. Je connais assez bien les oeuvres d'au moins d'eux d'entre eux: Neruda et Aragon.

Neruda, j'aime pas beaucoup. Bien sûr, ses vers sont parfois beaux à en pleurer. Mais quand on sait que le communiste Pablo Neruda, durant la guerre civile espagnole, a froidement donné aux soviétiques des militants socialistes et anarchistes, qui se sont fait ensuite fait mettre à mort par les bons soins du NKVD de Staline, il y a de quoi se détourner d'un personnage aussi odieux et criminel, aussi grand poète fut-il, qui n'a par surcroît jamais émis le moindre regret pour les actes perfides qu'il a commis au nom de «La Cause».

Aragon était lui aussi communiste, et il fut même stalinien à ses heures. Mais lui, au moins, a été assez lucide et courageux pour s'opposer au stalinisme quand il était devenu évident que c'était là le régime d'un monstre inhumain. Aragon refusait aussi de glorifier l'inhumanité au nom de «La Cause», contrairement à Neruda, et aussi à Falardeau.

Dans l'oeuvre d'Aragon que je fréquente depuis plusieurs années, j'ai beau chercher, mais je ne trouve rien qui justifie l'inhumanité et la haine dont Falardeau se fait le zélé promoteur. Jamais par exemple Aragon ne célèbre la mort d'un homme, quel qu'il soit, contrairement à ce que Falardeau a fait de façon ignoble et inhumaine lors du décès de Claude Ryan en 2004.

En fait, on trouve des choses bien inspirantes dans l'oeuvre d'Aragon. Mais il faut croire qu'un type aveuglé par le fanatisme comme l'est Falardeau est bien incapable de se laisser toucher par une telle oeuvre. Par exemple, Aragon a émis une parole très riche de sens:

"Est-ce que c'est mal, d'avoir les yeux de l'avenir, pour regarder la vie?"

Je doute fort, qu'avec son obsession pour une conception de notre réalité présente et historique qui est totalement figée dans un passé dont il fait une interprétation des plus étroite et ethnocentrique, Falardeau puisse comprendre ce qu'Aragon a voulu signifier là.

Et aussi, lorsque Falardeau, dimanche soir, a parlé de manière méprisante et dédaigneuse de cette très vaste majorité de Québécois et Québécoises qui refusent sa violence ou sa haine, en disant d'eux «qu'ils veulent être les petits amis de tout le monde», cela démontre aussi qu'il ne comprend rien à Aragon, dont l'oeuvre contient des paroles comme:

"Un jour pourtant, un jour viendra, couleur d'orange, un jour de palme, un jour de feuillages au front, un jour d'épaule nue, où les gens s'aimeront, un jour comme un oiseau sur la plus haute branche".

Et aussi:

"Tout est remis en cause, du moment que l'homme de l'homme est comptable; Nous avons vu faire de grandes choses, mais il y en eut d'épouvantables, car il n'est pas toujours facile de savoir où est le mal où est le bien".

Ainsi donc, si on se laisse toucher par des vers tels «Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront», Falardeau viendra-t-il nous dire encore une fois que cela signifie que les Québécois et Québécoises qui rejettent sa haine ne sont tous que de vulgaires nouilles soumises qui «veulent être les petits amis de tout le monde»? Et quand Aragon dit, lui le communiste, «Nous avons vu faire de grandes choses, mais il y en eut d'épouvantables», il évoquait là les massacres et les horreurs commis au nom de la «Grande Cause» communiste, indiquant ainsi que, contrairement à l'attitude d'un Falardeau, il faut à tout prix éviter de se laisser aveugler jusqu'à l'inhumanité au nom de «La Cause».

De plus, Falardeau, qui justifie toute sa haine fielleuse au nom de ses «certitudes» qui viennent d'un esprit totalement bouché, est certainement le dernier au Québec, c'est le moins qu'on puisse dire, qui pourrait admettre que «ce n'est pas toujours facile de savoir où est le mal où est le bien»... Lui, ce chantre de l'intolérance haineuse, il prétend savoir où est le Mal: il est incarné par quiconque ne pense pas comme lui. Les fanatiques religieux de tout acabit en pâliraient d'envie...


Quant au «Tout est remis en cause du moment que l'homme de l'homme est comptable», eh bien, cette parole d'Aragon ne doit sûrement pas faire un pli à la conscience de Falardeau, qui ne remet strictement rien en cause de son fanatisme politique même si ses petits amis et «héros» du FLQ se sont rendus comptables de la mort de l'homme qu'ils ont froidement tué, et dont la tombe se trouve au lot U-1806 du cimetière Notre-Dame-des-Neiges, sur le Mont-Royal. Allez-y faire une visite, ça fait réfléchir... à moins de ne pas avoir ni de conscience, ni de coeur.

Moi, quand je lis Aragon, et tout autre écrivain ou penseur qui appelle à l'amour du genre humain et à la liberté, je me pose toujours la question de savoir comment, dans ma vie de tous les jours, je vais essayer de vivre ces valeurs, de les traduire dans ma vie concrète tout comme dans mes attitudes. Ces idées-là ne sont pas seulement esthétiques et jolies à lire où à prononcer. Elles doivent nous engager dans ce que nous sommes et dans ce que nous pouvons devenir; autrement elles n'auraient aucune valeur, ni portée, elles ne seraient que des phrases creuses.

Mais Falardeau et ses émules fanatiques n'y comprennent rien là non plus. Ils sont bien trop hypocrites pour cela: vous les verrez par exemple émus aux larmes en écoutant la sublime chanson de Raymond Lévesque, «Quand les hommes vivront d'amour», mais pourtant ils ne cesseront pas de répandre la haine et le mépris contre quiconque ne pense pas comme eux, ils traiteront de «pourriture» et saliront la réputation d'un adversaire politique au moment de sa mort, tout en justifiant ou banalisant le meurtre d'un être humain au nom de leur idéologie, comme ils le font concernant l'assassinat de Pierre Laporte.

Quand on sait tout cela, comment peut-on estimer et respecter des individus qui font la preuve de leur mépris pour la démocratie par leur mépris de la personne humaine dans leur adversaire, et qui en plus ont le culot de se réclamer de la liberté tout en la souillant de leur haine? De parfaits hypocrites, voilà de quoi il s'agit.

Et dire que bien des gens, au Québec, se taisent devant les propos d'un Falardeau, car ils craignent de se faire lancer de la boue publiquement par un individu aussi vil. Pourtant, de se faire insulter par un tel personnage et ses semblables devrait toujours être revendiqué comme un grand honneur!